Le blogue de Richard Hétu

Une tuile de plus est tombée sur la National Rifle Association (NRA). Ce matin, NPR publiait un article sur la « culture de la peur » et sur les mauvaises conditions de travail que subissent les employés; les salaires y sont bas alors que la NRA multiplie les coupes dans son fonds de pension. Ces révélations ne doivent pas être confondues avec de simples accusations sur de mauvaises pratiques de ressources humaines : elles arrivent à un moment où la gestion financière de la NRA est remise en cause.

Wayne LaPierre, directeur de la NRA, est accusé d’avoir dilapidé les fonds de l’influent lobby de façon frivole. Un de ses dénonciateurs, l’ancien président de l’organisation, Oliver North, avait menacé de rendre publiques ces informations durant la rencontre annuelle de la NRA en avril dernier. LaPierre s’est défendu, accusant d’extorsion North, qui a choisi de ne pas solliciter un deuxième mandat. De son côté, LaPierre a été réélu, mais le scandale ne s’est pas arrêté pour autant.

Vendredi dernier, des documents divulgués à la presse sont revenus ajouter des accusations de mauvaises gestions contre LaPierre, notamment pour une séance de magasinage à 39 000 dollars. Pas mal pour un dirigeant qui dénonçait jadis le train de vie de ses opposants. Ainsi, de nouvelles voix au sein du conseil d’administration demandent sa démission. Les documents nous apprennent aussi que les finances de la NRA sont tirées vers le rouge par des frais légaux qui explosent : la NRA a payé 24 millions de dollars à une seule firme d’avocats en un an. La NRA cumule les problèmes juridiques, notamment une poursuite liée à un conflit avec une firme de publicité responsable de la chaîne de télévision NRATV.

De plus, la procureure générale de l’État de New York et plusieurs autres instances gouvernementales ont lancé des enquêtes sur la gestion des fonds de la NRA. En parallèle, les revenus de l’organisation se sont effondrés, alors qu’elle a connu une diminution de ses dons de 55 millions de dollars en 2018. 

Ajoutons l’affaire de l’espionne russe Maria Butina ou les nombreuses attaques en provenance des survivants de la fusillade de l’école secondaire Parkland, il s’agit presque d’une litote de dire que la NRA est en crise. 

Évidemment, du côté NRA, on rétorque que l’organisation subit les assauts des libéraux et que l’objectif est d’affaiblir le second amendement. La rhétorique ne semble pas fonctionner avec les appels renouvelés à la démission de LaPierre. Et, visiblement, alors que le PDG souillé par les récentes allégations s’est souvent présenté contre un pourfendeur d’une élite corrompue et que son organisation se dit défendre l’Américain moyen, on réalise que cet argumentaire ne s’applique pas aux propres politiques internes de son organisation.

(Photo AP)