Le blogue de Richard Hétu

L'Amérique dans tous ses états

Par 7 voix contre 2, la Cour suprême a confirmé ce jeudi la validité d’une loi de 1978 visant à maintenir les Amérindiens adoptés dans leurs tribus et leurs traditions. Il s’agit d’une victoire majeure pour les tribus amérindiennes, qui craignaient de voir s’ouvrir une brèche dans les principes qui leur permettent de se gouverner elles-mêmes. Seuls les juges conservateurs Clarence Thomas et Samuel Alito se sont opposés à cette décision.

L’affaire est complexe. Elle concerne un couple de chrétiens évangéliques du Texas qui ont adopté en 2016 un garçon de moins d’un an né d’une mère Navajo et d’un père Cherokee après que l’échec du placement de l’enfant dans les tribus respectives des parents biologiques. Deux ans plus tard, la mère Navajo a accouché d’une fille qui été placée dans une famille d’accueil. Quand le couple texan a voulu adopter l’enfant, la tribu Navajo a choisi de confier sa garde aux grands-parents de la mère biologique, point de départ d’une dispute que la Cour suprême vient de trancher.

Le couple texan avait fait valoir que la loi de 1978 viole les principes d’égalité de protection devant la loi et constitue une discrimination à l’égard des enfants autochtones et des familles non autochtones qui souhaitent les adopter, parce qu’elle repose sur un placement fondé sur la race. La tribu Navajo a répliqué en affirmant que la loi protège des entités politiques et non raciales. Faire fi de cette distinction, ont-il ajouté, mettrait en péril tous les droits tribaux aux États-Unis.

« Les questions sont complexes », a écrit la juge Amy Coney Barrett, auteure de la décision majoritaire. « Mais l’essentiel est que nous rejetons toutes les contestations de la loi par les pétitionnaires, certaines sur le fond et d’autres pour défaut de qualité à agir. »

Les dirigeants de plusieurs tribus ont salué cette « victoire majeure » dans une déclaration conjointe : « Nous espérons que cette décision mettra un terme aux attaques politiques visant à diminuer la souveraineté tribale et à créer une instabilité dans la législation indienne, qui persistent depuis trop longtemps. »

La loi de 1978 baptisée Indian Child Welfare Act avait pour but de remédier à l’héritage des mauvais traitements infligés aux enfants amérindiens, dont des centaines de milliers ont été séparés de leur tribu pour être élevés par des familles n’ayant aucun lien avec leur culture.

P.S. : La quatrième journée de la deuxième campagne de financement de ce blogue en 2023 est bien engagée. Comme je l’ai noté dans un billet précédent, un effort soutenu sera nécessaire au cours des deux dernières journées pour atteindre l’objectif. Merci à tous ceux qui ont déjà contribué, de même qu’aux autres qui passeront à l’action aujourd’hui !

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(Photo Reuters)

19 réflexions sur “Cour suprême : « victoire majeure » pour les tribus amérindiennes

  1. Anizev dit :

    « Seuls les juges conservateurs Clarence Thomas et Samuel Alito se sont opposés à cette décision ».
    Etes-vous surpris ?

    1. gigido66 dit :

      Trop sclérosés dans leurs positions radicales rétrogrades pour penser à évoluer.
      Ils ne jugent plus, ils n’évaluent plus, ils ne voient pas l’évolution de la société qui s’est faite pendant que leur vision était plongée dans leur rétroviseur. Alors en vase clos, leur cerveau se rejoue les mêmes litanies, les mêmes arguments et ne les pousse pas, par paresse ou par confort, à regarder en dehors de leur chambre d’échos.
      Et ils rendent ainsi une décision qui les conforte dans leur immobilité et leurs vieilles idées passées date.

      1. Haïku dit :

        @gigido66
        Fort bien formulé ! 👌👍

      2. gigido66 dit :

        Bien sûr, je parle de Alito et Thomas…

    2. MarcB dit :

      J’ai l’impression que Thomas et Alito regardent de quel côté votent les juges progressifs, et votent l’inverse!

  2. jeani dit :

    J’ai l’impression que jennie lui a souvent dit NON, il ne semble pas comprendre qu’il est là pour aider les plus démunis et non, les plus crétins (chrétiens).

    Il ne s’aperçoit pas qu’il est souvent seul dans son coin.

    Mais, quel taré!

  3. MarcB dit :

    Wow! Je suis d’accord avec ACB! C’est rare.

    “Quand le couple texan a voulu adopter l’enfant, la tribu Navajo a choisi …”
    Pas certain de comprendre pourquoi le couple Texan pensait pouvoir outrepasser cette décision. Dans les cas où un enfant doit être mis en adoption, ce sont les services sociaux appropriés qui décident où ira l’enfant.

    Dans ce cas, la tribu est une instance appropriée, au même titre que la DPJ au Québec.

  4. Alexander dit :

    Si Alito et Thomas étaient tous deux mis à la retraite, je serais curieux de voir le changement de dynamique que ça amènerait à la SCOTUS. Selon les décisions, on voit quand même que les 4 autres juges « conservateurs » sont plus nuancés dans leurs jugements. Les deux premiers, je pense que c’est juste peine perdue. Deux épines dans le pied du législatif américain (y a d’autres expressions similaires moins gentilles mais, sur un blogue poli comme celui-ci, je m’abstiendrai).

  5. gl000001 dit :

    Il y a une autre bataille légale. Les républicains veulent élever un totem à la mère qui a refusé d’avorter. Ils disent qu’un totem, c’est comme une statue. Les autochtones sont choqués parce qu’un totem, c’est bien plus que ça. Les répus les traitent de woke.
    (blague bien sur)

  6. ERIC P dit :

    Bonnes nouvelles pour ces gens. Mais attention, le mot « tribu » est très mal perçu au Québec; on parle de « peuples » ou de « communautés autochtones ». Je me suis fait traité de raciste pour ce mot, je vous sauve…

  7. Toile dit :

    C’est un peu bizarre pour moi. Quand on parle de confier la garde d’un enfant, plus souvent qu’autrement on réfere à la garde physique. Et même si l’on parlait de garde physique, cela n’enleve en rien la responsabilité parentale. Ici, le clan indien n’a surement pas autorité pour modifier seul cette garde légale. De confier l’enfant à sa famille élargie correspond tout à fait au maintien de ses racines. Un projet possible s’il repose sur le consentement parental. Un projet d’adoption c’est une rupture totale et définitive. Le couple texan serait devenu les parents légaux. Manifestement, le maintien de ses racines prime. Le couple a peut être prioriser leurs propres bien être plutôt que celui de l’enfant. Et rien n’empêche le maintien des liens de la fratrie.

  8. Toile dit :

    Oups…et même si on parlait de garde légale…

  9. Toile dit :

    https://www.lapresse.ca/international/etats-unis/2023-06-15/la-cour-supreme-valide-une-loi-sur-l-adoption-des-enfants-autochtones.php
    ————-
    – « Cette loi fixe des normes pour retirer des enfants autochtones à leurs parents et prévoit qu’ils soient placés ou adoptés, en priorité, auprès de familles de leur nation ».

    – « Dans son arrêt, la Cour suprême ne tranche pas ce débat : elle juge que les plaignants n’ont pas prouvé qu’ils étaient légitimes en droit pour soulever cet argument. La question pourrait donc revenir ultérieurement ».

  10. treblig dit :

    HS ( mais je trouve ça important)

    Et alors ? Ces 17 enregistrements qui impliquent Biden dans une cause de corruption de 5 millions, ils sont où?

    Euh.. Chuck Grassley et Ron Johnson ne les trouvent pas. En fait, ils ne sont pas sûrs qu’ils existent vraiment, personne ne les a entendu. Sauf peut-être le FBI. Enregistrements, s’ils existent, qui n’impliquent personne, surtout pas Biden selon ces 2 sénateurs républicains.

    Une autre balloune qui se dégonfle.

    1. gl000001 dit :
  11. spritzer dit :

    La même journée où je viens de réserver à la bibliothèque le livre: Blood Meridian: Or the Evening Redness in the West de Cormac McCarthy qui est décédé cette semaine.
    https://www.amazon.com/Blood-Meridian-Evening-Redness-West/dp/0679728759/ref=sr_1_1?keywords=Blood+Meridian&qid=1686858661&sr=8-1

    1. Haïku dit :

      @Spritzer
      J’ai beaucoup apprécié deux films basés sur des livres de Cormac McCarthy.
      “The Road” et “No Country for Old Men”. 👍

      1. spritzer dit :

        Je n’ai pas vu The Road, il est un peu moins bien coté que No Country for Old Men, mais les frères Cohen sont durs à battre.

  12. Gilles Morissette dit :

    Bravo pour cette belle victoire pour les communautés autochtones.

    La SCOTUS vient encore de nous surprendre avec cette décision .Tant mieux

    Est-ce annonciateur d’une mauvaise nouvelle, le genre qu’on veut passer en douçe? On verra.

    Rien à faire avec Alito et Thomas. Ce sont deux vieux dinosaures complètement dépassé qui ne s’aperçoivent que le monde a changé.

    Comm on dit: « Ils sont morts mais on a oublié de leurs dire ».

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