Le blogue de Richard Hétu

L’enquête de la commission de la Chambre des représentants sur le 6-Janvier a déjà démontré que Donald Trump est fort capable d’ignorer les conseils des membres les plus compétents et équilibrés de son entourer pour se tourner vers ceux qui lui disent ce qu’il veut entendre, peu importe qu’ils soient compétents ou non. Ainsi, quand des responsables de sa propre administration ou de son équipe de campagne lui ont dit et répété qu’il avait épuisé tous les recours pour renverser les résultats de l’élection présidentielle de 2020, il s’est tourné vers des avocats et des alliés sulfureux qui lui ont raconté qu’il pouvait notamment demander à Mike Pence de bloquer la certification de la victoire de Joe Biden. On connaît la suite désastreuse qui pourrait valoir à Trump d’être inculpé à Washington et en Géorgie en lien avec ses efforts pour rester au pouvoir.

Dans le cas des documents classifiés, c’est encore pire, dans un certain sens. Trump a refusé d’écouter les conseils de plusieurs de ses avocats, qui l’ont prié de rendre aux Archives nationales et au ministère de la Justice les documents classifiés qui se trouvaient en sa possession après sa présidence. Selon un nouvel article du Washington Post, il s’est plutôt fier à un certain Tom Fitton, président du groupe Judicial Watch (photo), qui n’est même pas avocat. Fitton a réussi à convaincre Trump que la loi baptisée Presidential Records Act ne l’obligeait pas à restituer les documents qu’il avait transférés de la Maison-Blanche à Mar-a-Lago. Et Trump l’a cru !

Comment a-t-il réussi un tel « exploit » ? Fitton a expliqué à Trump que Bill Clinton s’était retrouvé dans une situation semblable à la sienne après sa présidence. L’ancien président démocrate avait rangé dans un tiroir où il remisait ses bas les bandes d’enregistrement de ses conversations avec l’historien Taylor Branche s’étant déroulées à la Maison-Blanche vers la fin de sa présidence. En 2009, Judicial Watch a intenté une poursuite pour forcer Clinton à rendre ces bandes aux Archives nationales en tentant de faire valoir qu’il s’agissait de documents présidentiels devant être restitués au gouvernement américain en vertu du Presidential Records Act.

Judicial Watch a perdu cette cause. En 2012, une juge fédérale a conclu que les enregistrements étaient des documents personnels et non présidentiels, au même titre que les journaux que tiennent les occupants de la Maison-Blanche pendant leur présidence.

C’est donc en rappelant cette histoire n’ayant aucun rapport que Fitton a persuadé Donald Trump qu’il n’était pas obligé de rendre les documents classifiés aux Archives nationales et au ministère de la justice. Et c’est pourquoi Trump et ses alliés républicains font souvent référence ces jours-ci au soi-disant « Clinton sock drawer case » pour se défendre dans l’affaire des documents classifiés. Un exemple récent :

Trump: Bill Clinton Kept 79 Audio Tapes in ‘Sock Drawer’ Containing U.S. Military, Foreign Policy Discussions pic.twitter.com/osEw8s8CwI

— Alexandra Datig | Front Page Index 🇺🇸 (@alexdatig) June 14, 2023

L’Associated Press remet les pendules à l’heure dans cet article concernant cette histoire qui est aussi loufoque que l’idée d’empiler des boîtes de documents classifiés dans une salle de bain de Mar-a-Lago.

P.S. : La quatrième journée de la deuxième campagne de financement de ce blogue en 2023 se poursuit de plus belle. Comme je l’ai noté dans un billet précédent, un effort soutenu sera nécessaire au cours des deux dernières journées pour atteindre l’objectif. Merci à tous ceux qui ont déjà contribué, de même qu’aux autres qui passeront à l’action aujourd’hui !

(Photo Getty Images)