Le blogue de Richard Hétu

L'Amérique dans tous ses états

Dans la foulée du meurtre de George Floyd à Minneapolis en 2020, Ibram X. Kendi, qui avait fait paraître un an plus tôt le best-seller How to Be an Antiracist, est devenu un point de référence dans le débat sur la question raciale aux États-Unis. L’Université de Boston a confirmé son statut d’intellectuel incontournable en lui confiant la direction de son nouveau Centre de recherche antiraciste, dont le financement devait atteindre près de 55 millions de dollars grâce à des dons (à lui seul Jack Dorsey, cofondateur de Twitter, a fourni 10 millions de dollars).

Trois ans plus tard, le Centre de recherche antiraciste, dont l’objectif était de « comprendre, expliquer et résoudre l’iniquité et l’injustice », a licencié récemment la quasi-totalité de son personnel. « Plusieurs anciens membres du personnel affirment que la mauvaise gestion des fonds, le taux élevé de roulement du personnel et la désorganisation générale ont affecté le centre depuis sa création », a rapporté la semaine dernière le Daily Free Press, journal étudiant de l’Université de Boston.

Une enquête a été ouverture sur l’utilisation des fonds reçus, qui ne semblent avoir contribué ni à la publication de travaux de recherche originaux ni au lancement de programmes d’études sur l’antiracisme. De nombreux commentateurs conservateurs se sont bidonnés en racontant le fiasco d’une des têtes d’affiche de ce « wokisme » dont ils n’ont de cesse de dénoncer. « Le but a toujours été d’exploiter la culpabilité blanche des libéraux et des grandes entreprises qu’ils dirigent pour remplir les poches des escrocs », a-t-on pu lire sous la plume d’un chroniqueur du Washington Examiner.

Michelle Goldberg, chroniqueuse libérale au New York Times, revient sur ce fiasco dans un texte où elle compare l’enthousiasme éphémère ou superficiel des donateurs du centre de recherche de l’Université de Boston au lent et patient travail des frères Koch, qui ont tissé leur toile sans attendre une personnalité charismatique pour soutenir les causes qu’ils ont fini par faire triompher.

Au moment de se retrouver à la tête du nouveau centre de recherche de l’Université de Boston et d’un budget doté de plusieurs dizaines de millions de dollars, Ibram X. Kendi n’avait aucune expérience comme gestionnaire. Dans une déclaration publiée lundi sur X, il a laissé entendre qu’il était lui-même victime d’une forme de racisme. « Les dirigeants de couleur et les femmes dirigeantes sont souvent soumis à des normes différentes et leur autorité est régulièrement sapée ou remise en question. Mais je veux vivre dans un monde où tous les dirigeants de nouvelles organisations ont le temps d’avoir des problèmes de croissance et de se développer. Je veux vivre dans un monde où nous construisons et soutenons tous des organisations antiracistes. Tant que nous n’aurons pas construit ce monde, le travail crucial du Centre de recherche sur l’antiracisme se poursuivra », a-t-il écrit.

(Photo Getty Images)

28 réflexions sur “Le fiasco d’un héros de l’antiracisme

  1. Philippe Deslauriers dit :

    Ben… si il a été capable d’écrire un livre il est donc capable de gérer le budget de 55 million d’un centre de recherche universitaire sur un sujet social très controversé. Non?

    1. jeani dit :

      Combien de super « chefs » font faillite avec leurs restaurants?

      Un bon cook ne fait pas un bon gestionnaire.

  2. jeani dit :

    « De nombreux commentateurs conservateurs se sont bidonnés  »

    Ben oui, ce n’est pas dans se groupe que l’on retrouve la plus grande concentration de « white supremacist »?

    Leurs yeux se détournent lorsque le suprémaciste-en-chef se fait aller le mâche patate.

    Crédibles ces chers CONservateurs!

    1. jeani dit :

      Dans CE groupe, ben sûr!

    2. lanaudoise dit :

      Qui s’est avéré un tellement bon gestionnaire, n’est-ce pas. Combien de faillites, au juste? Malgré un véritable festival de crochitudes?

  3. lechatderuelle dit :

    encore une fois tout se mélange…
    la mauvaise gestion est la responsabilité de qui?
    Quels étaient les objectifs de ce groupe, les échéances…
    ça se bâti comment un groupe sur l’antiracisme? pas clair…

    ça semble être un projet garroché pour profiter de l’effervescence du moment…

    que la droite se bidonne n’est guère étonnant… ils adorent afficher leur manque de classe et leurs raccourcis intellectuels
    Le but a toujours été d’exploiter la culpabilité blanche des libéraux et des grandes entreprises qu’ils dirigent pour remplir les poches des escrocs », a-t-on pu lire sous la plume d’un chroniqueur du Washington Examiner.
    Wow!!!
    Ah le racisme enrobé en se victimisant… infect…

    le gars n’était pas un gestionnaire… alors pourquoi lui faire gérer autant de millions?

    ça arrive souvent quand des décisions sont émotives et non pas rationnelles…
    L’Université a voulu se faire une « image »en sautant dans le train, sans savoir ce qu’impliquait leur « bonne idée »…
    L’idée était bonne… pas la manière, ni la structure…

    1. kintouai dit :

      Depuis le temps, on connaît la chanson : c’est la faute des autres ! (et, surtout, des Blancs, responsables de tous les maux de la Terre!)

      Ils commencent vraiment à faire ch… toutes ces saletés de wokes. Non contents de rendre les Blancs responsables de leur paresse, de leur incompétence, ils veulent maintenant obliger la majorité (90%) à s’adapter à eux (certaines minorités soi-disant racisées ne représentant que 1% de la population). Et, comme toutes les anciennes victimes, ils deviennent arrogants, dogmatiques, voire fanatiques.

      C’est ce qui arrive quand des salopards comme Québec Suicidaire privilégient la défense de l’individuel contre le collectif. Nous nous retrouvons dans une société où rien ne compte que la petite personne, petite personne qui exige tout, mais qui ne veut rien donner en retour.

      Nous sommes véritablement en plein effondrement de la civilisation. Quand une ost… de femme voilée, instrumentalisée consciemment ou inconsciemment par des salopards d’islamistes arriérés et fanatiques, va crier des insultes à un homosexuel dans une manifestation, nous avons vraiment atteint le fond du baril.

      1. nefer111 dit :

        À te lire, « atteindre le fond du baril », tu sais en osti de quoi tu parles fucking zouf !

      2. kintouai dit :

        nefer111

        Le « fucking zouf » te remercie pour ton attaque personnelle. Quand on est trop débile pour avoir des arguments, on insulte. Continue de japper comme ton avatar. «Les chiens hurlent, la caravane passe ! »

      3. nefer111 dit :

        La seule qui jappe c’est la pute qui ta malheureusement mis au monde 😂🖕🏽

  4. MarcB dit :

    « Ibram X. Kendi n’avait aucune expérience comme gestionnaire »

    Personne ne va demander au meilleur plombier du monde de faire une chirurgie cardiaque, ni à un cardiologue de débloquer sa toilette. Ibram X. Kendi est fort probablement quelqu’un de très brilliant et passionné, mais le mettre en charge de gérer 55M$ n’est pas une synécure. On peut « apprendre sur le tas » comment gérer de petits fonds, mais 55M$ demande une gestion professionelle. Ibram X. Kendi aurait pu rester le porte-étendard mais nommer des gestionnaires aguerris, l’a-t-il fait?

    Ibram X. Kendi se dit victime de racisme… Pour moi c’est une excuse facile. Est-ce que les dirigeants de couleurs sont traités différemment? Peut-être, mais le résultat reste que 55M$ en dons semblent s’être envolé en fumée. Si Ibram X. Kendi veut défendre sa gestion, qu’il nous montre des résultats.

    Par contre, il serait intéressant de savoir si l’Université de Boston a fourni à Ibram X. Kendi les ressources pour l’aider à combler son manque d’expérience en gestion, et si ce dernier a accepté cette aide.

  5. Mathieu Surprenant dit :

    L’Université a fait preuve d’amateurisme incroyable en laissant un tel poste a quelqu’un qui n’avait pas l’exprérience comme gestionnaire, ou même chercheur. Surtout en le laissant aller sans grande surveillance selon toute apparence. À croire que c’étaitplus un coup de marketing qu’un projet sérieux.

    Et le jeune homme n’a pas été plus sage en acceptant le poste. Quoi que pour sa défense il croyait sans doute bien faire sans savoir dans quoi il s’embarquait.

  6. Philippe Deslauriers dit :

    Aussi incensé que cela puisse paraitre, alors que je cherchais un emplois, la plupart des offres d’emploi en gestion de projet, requiert un diplome universitaire en n’importe quoi d’autre que en gestion.

    Par ce que si tu a un diplome universtaire c’est que tu seras automatiquement un bon gestionnaire.
    Même si tu n’as aucune formation en gestion.

  7. Gilles Morissette dit :

    Ce fiasco est la preuve qu’on ne confie pas la gestion d’une entreprise d’une telle envergure a quelqu’un qui n’a AUCUNE expérience en affaires.

    Ibram X est certainement brillant, plein de bonne volonté qui croit en ces idées. Cependant, il faut un certain doigté et un sens des affaires pour réussir dans ce genre d’entreprises.

    L’Université de Boston a nettement manqué de vigilance, de jugement, de discernement dans cette histoire.

    Le pire dans tout ça est que cet échec rejaillira sur la cause que défend Ibram X.

    Quant aux enfoirés de néo-conservateurs, ils seraient bien avisés de regarder dans leur propre cour, notamment avec la feuille de route de Matricule PO1135809 en matière de faillites et d’escroquerie.

    On parle ici de plusieurs millions de dollars perdus, d’associés et d’employés floués.

    1. Tiger Mulligan dit :

      Effectivement il y a pas mal plus à se bidonner d’un supposé expert en gestion (le bien nommé matricule PO11780) qui lui n’a pas juste foirer un programme mais une université au complet !!! Sans compter le reste….

      1. Haïku dit :

        Bon rappel ! 👌

      2. Bartien dit :

        Pas donné à tout le monde de faire banqueroute avec un casino !!!

  8. littlerob dit :

    De l’article de la Dailyfreepress: «C’est difficile pour moi d’imaginer comment on pouvait jeter 30 million $ par les fenêtres en deux ans, » disait le Pr Spencer Piston de Boston University. (It’s pretty hard for me to imagine they blew through $30 million in two years.)

    Hihihi. Pas pour moi, Pr Piston.

  9. Clement8484 dit :

    Un à utre 55 M $ pourrait être consacrée à la star écrivaine qui a inventé le choix de genre qui un peu comme l’âme … est hors du corps et de la biologie mais qui doit être LA priorité sociale

  10. michel dit :

    JE pense que ce dossier a été mal évalué et mat dirigé, par cette université, des le début , je ne comprend pas comment ces gens ont pue donné toute la responsabilité ,financière à cette personne sans expérience aucune, 55 millions ces tout une somme à gérer, franchement cela est aberrant, irresponsable.

  11. NStrider dit :

    Y’a-t-il quelqu’un qui commente sur ce blogue qui a vécu le « rat race » des chercheurs universitaires et qui peut expliquer mieux que je ne saurais le faire la tempête parfaite dans laquelle se sont retrouvés le chercheur, l’institution et les donateurs ?

    Ce que je peux affirmer avec mon imparfaite connaissance de ce milieu, c’est que d’être responsable d’une chaire de recherche, ne constitue pas le rêve d’un chercheur mais son fantasme le plus grand, celui pour lequel il a tant étudié, s’est fait ch*** comme doctorant en faisant des recherches pour la gloire des autres et passé sa vie à se battre contre ses collègues pour obtenir des fonds pour publier et se faire reconnaître par ses collègues et son milieu.
    Alors si vous pensez qu’il dira : Hum, je vais y penser, lorsque l’on lui offre le Saint-Graal vous n’avez aucune idée de la compétitivité malsaine du milieu.

    Vous pensez qu’il va, lui, l’expert sur un sujet X s’entourer de personnes qui vont lui dire quoi faire ? C’est bien mal connaître la psyché humaine et de surcroit celle d’une star/diva du système. C’est lui et lui seul qui s’est élevé sur ce piédestal, alors vous pensez bien que les conseil des autres…

    Quant à l’institution, comme le chercheur, elle n’a obtenu et ne maintient sa réputation qu’à coups de publications innovantes et de congrès qui la mettent en exergue.

    Il y deux endroits où je n’aurais jamais voulu gérer. Le milieu hospitalier et le milieu universitaire. Pourquoi ? Parce que les gestionnaires de ces institutions n’ont pas grand-chose à dire devant le SAVOIR des experts. Pour l’avoir vu à quelques reprises, toutes les suggestions d’encadrement sont perçues comme des entraves au SAVOIR et à la liberté académique.

    Quant aux donateurs de se voir associer à une star, sur un sujet « hot », qui trône dans les médias, c’est certain que ça les attire, que d’être associé à un « grande cause » ça flatte l’égo et ça permet de continuer à faire beaucoup d’argent en se donnant bonne conscience.

    1. xnicden dit :

      👏👏

    2. MarcB dit :

      « …n’ont pas grand-chose à dire devant le SAVOIR des experts »

      Yep! Un collègue qui menait un projet informatique dans un hôpital m’a conté que lorsqu’est venu le temps de parler de sécurité informatique, un des médecins a pris la parole et a dit: « La sécurité informatique, c’est important! Donc on va confier cela à un médecin! »

      1. gl000001 dit :

        Même chose à Hydro-Québec « dans le temps », ou ça prenait un ingénieur dans tous les projets informatiques. Lors de la phase 2 des projets, l’inégnieur était largué comme toutes les chose inutiles. Ca a beaucoup changé depuis.

      2. Philippe Deslauriers dit :

        Un de mes autres exemple de mauvais gestionnaire est les hopitaux gérer par des medecin

        Il sont p-e très compétent dans le domaine de la médecine… mais la gestion demande d’autre type de compétence qu’il n’ont pas.

  12. michel dit :

    message@ je vous félicite vous avez écrit tout un texte je vous donne raison sur tout vous avez tout compris et vous nous avez biens expliqué le contexte particulier . wow wow wow bravo

  13. chrstianb dit :

    Je travaille pour un institut universitaire qui a des fonds de même ampleur. Il faut des mécanismes de surveillance internes pour la bonne gestion et faire le suivi des objectifs. Ici, on a un conseil des gouverneurs composé d’universitaires externes à l’institut (indépendance) qui supervise le conseil d’administration qui lui-même chapeaute plusieurs comités: qualité, gestionnaires de projets, achats et services, communication, bourses pour les étudiants, offre de services techniques professionnels…
    On a des métriques qui évaluent la performance des projets et des services pour l’atteinte des objectifs.
    Sans ces mécanismes, c’est un foutoir…

  14. gl000001 dit :

    Et tous les millions des PAC républicains qui ne font que chi** sur les démocrates. Ca c’est de l’argent jeté par les fenêtres !!

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