Le blogue de Richard Hétu

L'Amérique dans tous ses états

Personne ne sera surpris d’entendre dire que Kamala Harris ne suscite pas le plus grand enthousiasme chez les démocrates après ses deux premières années à la vice-présidence. C’est même le contraire : invisible la plupart du temps, l’ancienne sénatrice de Californie suscite des doutes et des questions. Mais rares sont les têtes d’affiche du parti qui expriment ces doutes ou ces questions en public. C’est pourtant ce que la sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren a fait samedi lors d’une interview accordée à une station radiophonique de Boston.

Interrogée à savoir si Joe Biden devrait solliciter un second mandat en 2024, Warren a répondu : « Oui, il devrait se présenter de nouveau. » Mais elle s’est montrée hésitante lorsqu’on lui a demandé si Kamala Harris devrait être sa colistière. « Je veux vraiment m’en remettre à ce qui rend Biden à l’aise dans son équipe. »

Tout en assurant qu’elle aimait bien la vice-présidente, la sénatrice a ajouté : « Mais ils doivent – ils doivent être une équipe. »

Le lendemain de cette entrevue, en réalisant la controverse suscitée par ses propos, Warren a senti le besoin de publier une déclaration d’appui à Kamala Harris : « Je soutiens pleinement la réélection du président et du vice-président ensemble, et je n’ai jamais eu l’intention d’insinuer le contraire. »

Le fait est que les hésitations d’Elizabeth Warren concernant Kamala Harris sont éloquentes. À tort ou à raison, la vice-président n’est pas perçue comme un atout indéniable pour Joe Biden et les démocrates. Plusieurs voient en elle une politicienne vulnérable (ou maladroite), tout en déplorant le sexisme ou le racisme dont elle fait l’objet. « Les gens sont prêts à lui tomber dessus pour n’importe quoi – le moindre faux pas, la moindre gaffe, tout ce qu’elle dit – et elle ne bénéficie donc probablement pas du bénéfice du doute », dit une de ses admiratrices citée dans un article du Washington Post sur le sujet.

La même personne ajoute : « Le fait qu’elle ne soit pas très douée pour la communication n’aide pas. »

Peut-on penser que cette réalité n’était pas présente dans la tête de Warren quand elle a hésité à soutenir Harris ?

Si Biden ne sollicitait pas un deuxième mandat, Harris serait en théorie la grande favorite dans la course à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de 2024. Mais serait-elle vraiment la candidate qui pourrait offrir à son parti les meilleures chances de conserver la Maison-Blanche ? On devine déjà la réponse d’Elizabeth Warren.

(Photo Getty Images)



27 réflexions sur “Les hésitations d’Elizabeth Warren concernant Kamala Harris

  1. gl000001 dit :

    Misogynie systémique en politique ?

    1. Achalante dit :

      Oui. Certains hommes sont incapables d’accepter qu’une femme puisse leur donner des ordres. Les femmes, c’est supposé obéir aux hommes, pas le contraire! 🤪

      1. gl000001 dit :

        Tout à fait d’accord avec … vous. 😉
        J’ai souvent eu de patronnes. Pas de problèmes avec elles sauf une ou deux moins compétentes. Même proportions d’incompétents chez les hommes.

  2. Igreck dit :

    Je dirais aussi « racisme » qui semble bien ancré dans la mentalité 🇺🇸. Il n’y a qu’à voir le lynchage d’hommes de couleur qui semble ne jamais disparaître. Ce cancer qui ronge le pays est un gage d’échec à faire de cette société un endroit pour vivre en paix et heureux. Et dire que le droit au bonheur est inscrit en toute lettre dans leur constitution ☹️ L’hypocrisie est aussi une tare commodément présente chez eux⁉️

  3. NStrider dit :

    « Le fait est que les hésitations d’Elizabeth Warren concernant Kamala Harris sont éloquentes »
    Il y a des fois où il ne faut pas pousser le bouchon trop loin, après tout ces bien Freud qui a dit : « Quelques fois un cigare n’est qu’un cigare. »

    1. NStrider dit :

      * c’est

  4. monsieur8 dit :

    On veut tous aimer Mme Harris, on voudrait tous qu’elle soit sur la voie rapide pour devenir candidate en 2024.

    Mais… on ne la voit pas, on ne sait presque rien de sa contribution au gouvernement, de son implication. Au début du mandat, Mme Harris a été chargée de trouver des solutions à la crise migratoire. Je crois me rappeler qu’elle a fait quelques voyages en Amérique Centrale.
    Et puis ? On ne sait pas. Pas eu de nouvelles.

    SVP, aidez-nous à vous apprécier Mme Harris ! (Dé)montrez-nous que vous êtes prête à diriger le pays; parce que pour le moment, ce n’est pas très clair.

    1. gl000001 dit :

      J’étais moins connaissant de la politique dans le temps d’Obama, mais est-ce que Joe Biden était plus présent à l’époque que madame Harris présentement ? Je pose la question ! Mon souvenir de Joe Biden était souvent du style « Ha oui. Le VP, c’est Joe Biden ».

      1. monsieur8 dit :

        Il me semble qu’on les voyait plus souvent ensemble. Aussi, on a bien rit de Pence la plante verte inutile…
        Mais il reste qu’on a vu plus souvent la plante verte que Mme Harris.

        Remarquez que ce n’est pas un gage de travail efficace; mais en politique, la base, c’est d’être visible. Il me semble.

      2. gl000001 dit :

        On l’a vu à la fin du mandant ou il avait la dure tâche de vanter le travail de son Maître. Mais avant … moyennement, il me semble. C’est juste une perception.

    2. Igreck dit :

      Il ne faut pas oublier que Harris a été prisonnière de la situation voulant que le Sénat soit à 50-50 (un merci particulier à Sinema et l’autre TdC) ce qui l’obligeait à être constamment disponible pour gagner des votes importants pour les Dems.

  5. Layla dit :

    Moi, je voyais Kamala Harris AG, à mon avis elle n’a pas visé un poste où elle aurait relevé des défis à sa mesure, je pense qu’elle aurait été beaucoup plus dans son élément au service de la justice.

  6. _renaud dit :

    Tasser Harris ça ferait mal mais ce serait payant pour 2024.

    Et elle ne serait définitvement pas la grande favorite dans la course à l’investiture démocrate si Biden ne se présente pas.

    En fait j’en avait déjà parlé et je le crois encore, je pense que le dossier de Harris va devenir de plus en plus sensible à l’approche de 2024.

    D’un côté elle n’aidera pas Biden s’il veut se faire élire et de l’autre Biden n’aura pas vraiment d’autre choix que de l’endosser s’il décide de ne pas se présenter.

    D’accord également avec l’article du WAPO. C’est un peu l’analyse que j’ai de Harris. Elle est compétente mais peu habile en communication et quand on ajoute le vieux fond sexiste et raciste aux USA elle devient une cible facile.

  7. Layla dit :

    Pour ce qui est de l’opinion de Mme Warren ça fait un bout qu’elle est out pour moi, plus précisément depuis les débats pour la présidence , pour moi, rien à voir avec son âge.

  8. Bidulen dit :

    Madame Harris serait une excellente sénatrice! Je la soutiendrais sans réserve…en 2024.

  9. POLITICON dit :

    Harris m’a toujours paru hésitante en entrevue et elle ne donne pas l’impression d’avoir l’âme d’une politicienne. J’aime les politiciens qui savent se défendre avec de bons arguments, qui foncent et qui ont un leitmotiv qui accrochent un pan des électeurs. Elle était la bonne colistière, il fallait une femme, il fallait du sang neuf mais son mutisme depuis 2 ans me laisse un goût amer. Elle ne va pas aux barricades, ne défend les politiques de Joe avec énergie et conviction. Elle semble attendre que les 4 ans passent, évitant de faire des gaffes afin peut-être de lorgner la présidence si Joe fait défection pour 2024.

    Son travail à la vice-présidence ressemble à de l’opportunisme, tout simplement. Et c’est vrai, depuis l’assermentation de Joe, il n’y a pas d’équipe à la maison blanche. Kamala ne sait tout simplement pas susciter l’énergie et l’enthousiasme nécessaire pour défendre l’agenda démocrate, soutenir et appuyer Joe dans les moments difficiles. J’espère qu’on ne verra pas le ticket Biden-Harris pour 2024. Peut-être qu’un autre choix s’impose.

  10. brady4u dit :

    @richardhetu

    Vous écrivez :

    « Si Biden ne sollicitait pas un deuxième mandat, Harris serait en théorie la grande favorite dans la course à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de 2024. »

    Comment en arrivez-vous à cette conclusion ?

    Kamala Harris s’est faite sortir du ring au premier round du premier débat de 2020 par Tulsi Gabbard.

    Avocate, elle serait sans doute bien placée pour aller relever d’autres défis à une cour de circuit.

    Et il y a cette manie de crier à la mycogénie et au racisme lorsqu’une femme de couleur n’arrive pas à se montrer à la hauteur de la fonction qu’elle occupe.

    Pete Buttigieg ou Amy Klobuchar sont disponibles.

    Il est dommage que Michelle Obama soit aux abonnés absents.

    Par ailleurs, dire : « On veut tous aimer Mme Harris, on voudrait tous qu’elle soit sur la voie rapide pour devenir candidate en 2024. » relève de l’humour noir ou d’une forme particulière de jovialisme.

    1. brady4u
      Spéculations gratuites digne de Fox…
      Rien ne dérive vers cette vision…

      Pourquoi douter de Harris en fonction de la vision machiste de la politique américaine….
      le poste de V-P est une chose…
      le poste de Président, en 2023, une autre…

      faire des liens vaseux laisse voir une rupture avec la réalité qui confronte la traditionnelle vision républicaine et celle, peureuse, des démocrates qui essaient de voir autre chose…

  11. Achalante dit :

    Effectivement. C’est dommage, elle aurait été une meilleur présidente que Joe Biden, mais un moment donné, il faut arrêter d’ouvrir des portes à la critique. Et puis, plus tu es vieux, plus tes idées, qui étaient progressistes (ou au moins, de bon ton) il y a cinquante ans, se retrouvent controversées aujourd’hui. Donc le risque de squelettes dans le placard augmente.

  12. galgator dit :

    Les démocrates jouent avec le feu car ils n’ont aucune relève qui perce actuellement pour prendre la relève de Biden qui selon moi est trop âgé pour continuer le mandat. À un moment donné, il faut laisser la chance au plus jeune. Mais les américains sont souvent très conservateurs dans leur choix. Et c’est très dommage!

    1. galgator
      C’est donc avantage démocrate!!!!
      trump ne vaut rien….

      1. galgator dit :

        J’aurai aimé quand même qu’il laisse la chance à la relève

  13. La relative absence de Harris du pouvoir est une volonté de Biden, du parti par paresse ou d’elle???

    La politique américaine est ce qu’elle est…
    on virera pas fou…

    Harris a eu un rôle marginal… ok…
    mais l’âge de Biden a assurément joué dans ce rôle… Fallait donner une image dominante, « mâle » compte tenue de la suite des choses…

    Harris est-elle victime de la faiblesse de Biden..??

    Depuis quand le rôle de VP est-il si majeur et incontournable, sinon de part l’âge des potentiels Présidents!!

    Si Biden et Trump avaient 50 ans , on se balancerait de l’âge de la VP… réflexe macho de notre part???

  14. Caisse dit :

    Je regarde son comportement son attitude, je compare avec le dernier en lice, le républicain Pence, est-on certain qu’elle ne remplie pas bien son rôle? Je rêve et c’est pas peu dire! Kamela Harris candidate(démocrate) à la présidence contre Nicki Haley candidate (républicain) à la présidence. Les States à la porte d’un changement de siècle.

  15. Le role d’un VP c’Est de ne pas etre a l’avant plan.
    Pence l’avait bien compris – et on le surnomme la plante verte.

    Alors que Mme Harris soit discrete, invisible ne m’importe peu – elle se ferait tout autant incendié si elle prendrait trop de place.

    C’est ces réponse creuse que j’aime pas.
    Des phrases reuse qui ne disent rien.

    Elle est VP par ce qu’elle est l’amie du président. Le président sait qu’il ne recevras pas un couteau dans le dos de ca part.
    Autrement…

  16. Gilles Morissette dit :

    Tous reconnaissent que KH a des lacunes.

    Elle n’est pas charismatique, elle dégage une piètre image (parfois injuste), elle manque de visibilité, de « punch », et elle est loin d’être une bonne communicatrice.

    Cependant, le procès d’intention qu’on lui fait présentement a de forts relents d’intolérance, de misogynie et j’irais même jusqu’à dire de racisme.

    Tiendrait-on les mêmes propos si c’était un homme ou un femme blanche? Permettez moi d’en douter.

    Dommage que Mme Warren que j’aime bien, tombe dans ce piège.

    Ce faisant, elle contribue à alimenter la division alors que les Démocrates ont plus que jamais besoin d’être unis et soidaires face aux Républicains.

    Ce sera au président Biden et à lui seul, de prendre la décision de garder ou non KH sur le « ticket de 2024 ».

    Le rôle de V-P n’est pas le plus « glamour » au sein d’un administration. Plus souvent qu’autrement, il sert de « frappeur désigné » (terme de baseball).

    Son rôle est des plus ingrats pour ne pas dire méconnu.

  17. brady4u dit :

    @Gilles Morissette

    Mike Pence est un homme blanc qui a grandi dans la religion catholique avant de devenir un chrétien évangélique.

    On ne s’est pas privé de le critiquer et je me demande pourquoi on devrait s’abstenir de critiquer Kamala Harris sauf si l’on veut donner une prime au genre et à l’origine ethnique.

    Joe Biden a bien aidé Barack Obama; ils avaient tous deux l’air de deux compères.

    Il faut remonter à Dick Cheney pour trouver un vice-président qui était LE vrai leader politique, ce qui n’a pas empêché qu’on le critique pour l’intervention en Irak et pour le Patriot Act.

    Les Pères fondateurs, lorsqu’ils ont rédigé la constitution, ont voulu que le vice-président soit la personne qui obtiendrait le deuxième plus grand nombre de voix au Collège électoral, voulant ainsi rassembler les deux plus grands courants politiques.

    Depuis que le poste est attribué à toutes fins utiles par celui ou celle qui devient président, il est devenu au mieux inutile, puisque le VP peut être viré à chaque cycle électoral par le président sortant ou le candidat du même parti qui veut lui succéder.

    La politique qui a naguère attiré des personnes de haut niveau a maintenant une force d’attraction très limitée.

    Si Joe Biden est réélu, il aura 86 ans à la fin de son second mandat et il ne se dégage toujours pas de candidat naturel pour 2028.

    Du côté républicain, ce n’est pas mieux; l’ère Trump, d’une façon ou de l’autre, va se terminer au plus tard en 2028.

    Trump n’aime pas les gens qui lui font de l’ombre; alors, qui choisira-t-il comme candidat à la vice-présidence pour 2024, s’il emporte l’investiture ?

    Le choix de Mike Pence en 2016 lui a permis d’apprivoiser l’establishment républicain et Washington.

    Pour 2024, il aura besoin de plus de dynamisme.

    Se sentirait-il menacé par Nikki Haley ou Condoleezza Rice ?

    Haley est au début de la cinquantaine et Rice aura 70 ans quelques jours après la prochaine élection présidentielle.

    Il va en couler de l’eau dans le Potomac d’ici à ce que l’on sache.

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