Le blogue de Richard Hétu

William Barr voulait s’assurer que tout le monde connaisse son opinion sur l’affaire des documents classifiés de Mar-a-Lago. Après avoir affirmé vendredi sur Fox News que Donald Trump n’avait aucune raison « légitime » d’avoir de tels documents dans son club privé de Palm Beach, il a répété à peu près la même lors d’interviews accordées au New York Times et au Wall Street Journal. Quelle mouche a piqué celui qui a tout fait pour protéger l’ancien président républicain pendant qu’il était procureur général des États-Unis ?

Comme je n’ai pas accès à ses pensées privées, je me contenterai de citer quelques-unes de ses déclarations, en commençant par une des plus odorantes, disons-le comme ça, offerte au Times : « Je pense que c’est une connerie. Je ne pense pas qu’un expert indépendant soit nécessaire. » Barr n’a évidemment pas employé le mot « connerie » mais l’expression « crock of shit » pour tourner en ridicule la demande de Donald Trump à une juge fédérale de Floride de nommer un expert indépendant pour passer en revue les documents saisis par le FBI, histoire de déterminer si certains d’entre eux peuvent rester confidentiels.

Sur Fox News, Barr a corrigé l’animatrice Sandra Smith, qui reprenait les principaux arguments de Trump et de ses alliés.

« Non, je ne peux pas penser à une raison légitime pour laquelle [les documents] pourraient être sortis du gouvernement, loin du gouvernement, s’ils sont classifiés », a-t-il dit. « Les gens disent que [la perquisition] était sans précédent, mais c’est aussi sans précédent pour un président de prendre toutes ces informations classifiées et de les mettre dans un club privé. »

« People say this was unprecedented. Well, it’s also unprecedented for a POTUS to take all this classified information & put ’em in a country club, ok? And how long is the govt going to try to get that back? » — Bill Barr bodies Trump on Fox News even as anchors try to defend him pic.twitter.com/7HqOvf9xvp

— Aaron Rupar (@atrupar) September 2, 2022

Mais Barr n’avait pas fini. Il a également démoli l’argument de Trump et de ses avocats selon lequel l’ex-président avait déclassifié les documents retrouvés à Mar-a-Lago.

« Si, en fait, il s’est tenu au-dessus de dizaines de boîtes, sans vraiment savoir ce qu’elles contenaient, et a dit : “Je déclassifie tout ce qu’il y a là”, ce serait un tel abus et une telle imprudence que ce serait presque pire que de prendre les documents », a-t-il déclaré. « Ce que les gens ne comprennent pas, c’est que les documents, qu’ils soient classifiés ou non, appartiennent toujours au gouvernement et vont aux archives. »

Quant aux autres documents saisis, ils étaient « saisissables en vertu du mandat parce qu’ils montrent les conditions dans lesquelles les informations classifiées étaient détenues », a soutenu Barr.

L’ex-procureur général a en outre déclaré que le ministère de la Justice avait été « naisié » (« jerked around ») par Trump et ses avocats avant de se résoudre à demander un mandat de perquisition pour fouiller certaines pièces de Mar-a-Lago.

Cela dit, Barr n’est pas en faveur de poursuites contre Trump pour entrave à une enquête ou violation de la loi sur l’espionnage, qui interdit la possession non autorisée de secrets de sécurité nationale.

« Ils doivent penser à l’impact sur le pays du précédent créé par le procès d’un ancien président », a déclaré Barr au Times.

Bien sûr, on peut conclure que Barr n’a pas changé sur le fond. Même si ce qu’il dit à propos des documents classifiés de Mar-a-Lago est accablant pour Trump, sa position n’est guère différente de celle qu’il avait adoptée dans l’affaire russe. Peu importe ses agissements, Trump ne peut pas être inculpé.

(Photo capture d’écran)