Le blogue de Richard Hétu

Jared Kusher a fait rire de lui la semaine dernière lorsqu’il a qualifié de «réussite» la réponse du gouvernement américain à la pandémie de coronavirus. Le même jour, le nombre de cas de contamination a dépassé le cap du million aux États-Unis et celui des décès le total des soldats américains tués lors de la guerre du Vietnam. Ce qu’on ne savait pas, c’est que le gendre et conseiller du président allait être accusé d’avoir contribué à un «chaos bureaucratique» dans un aspect important de cette réponse, comme on peut le lire dans une enquête du New York Times.

Mise en contexte : à la mi-mars, après plusieurs semaines d’inaction, Donald Trump a confié à l’Agence fédérale de gestion des urgences (FEMA) la réponse du gouvernement à la COVID-19. L’agence devait notamment trouver de nouvelles sources d’approvisionnement pour regarnir un stock d’équipements médicaux sur le point de s’épuiser.

Peu après, Jared Kushner a mis sur pied une équipe de jeunes bénévoles pour faire le tri entre les sources potentielles d’approvisionnement, histoire d’identifier les plus crédibles et de les orienter vers la FEMA. Ces jeunes volontaires étaient issus pour la plupart de sociétés de capital-risque ou de fonds d’investissement spéculatifs. Selon le New York Times, ils ont accordé la priorité aux «tuyaux» fournis par les alliés et associés du président, qui n’étaient pas toujours désintéressés.

Les bénévoles se devaient d’inscrire ces tuyaux sur une feuille de calcul appelée «V.I.P. Update». Parmi ces très importantes personnes figuraient des élus républicains du Congrès, le jeune militant conservateur Charlie Kirk et une ancienne participante de l’émission Apprentice.

Dans un cas particulièrement troublant, l’équipe de Kushner a encouragé l’État de New York à verser 65 millions de dollars à un ingénieur de Silicon Valley en échange de 1000 respirateurs. N’ayant pas vu un seul de ces respirateurs, l’État tente de ravoir ses 65 millions.

Pendant ce temps, un médecin de Caroline du Sud ayant des contacts bien établis avec un fournisseur d’équipements médicaux de Chine ne parvenait pas à fournir son «tuyau» à la FEMA. Il ne faisait pas partie des VIP préférées de l’équipe de Kushner.

L’accusation de «chaos bureaucratique» a été formulée par un lanceur d’alerte qui s’est confié au New York Times sous le couvert de l’anonymat. Celui-ci a mis les problèmes du groupe de Kushner sur le compte de l’inexpérience et la désorganisation. Il a dénoncé la situation dans un mémo dont le Washington Post a d’abord fait état mardi et qui est aujourd’hui entre les mains du Congrès.

Au bout du compte, les «tuyaux» identifiés par les jeunes bénévoles de Jared Kushner ont mené à un nombre négligeable de contrats, selon le lanceur d’alerte.

Le Times précise que la FEMA fait normalement appel à des experts en logistique issus de l’armée ou d’autres agences fédérales lorsqu’elle affronte une crise hors de l’ordinaire. La méfiance de la Maison-Blanche à l’égard de toute expertise gouvernementale a sans doute contribué au rôle de Jared Kushner dans sa plus récente «réussite».

(Photo Getty Images)