Tordu de rire, René Lévesque s’était caché derrière son bureau pour éviter d’être capté par la caméra, selon cet article publié sur le site de Radio-Canada lors du dixième anniversaire du décès de Camil Samson, orateur haut en couleur. On y rappelait comment le chef du Rassemblement créditiste du Québec avait provoqué l’hilarité à l’Assemblée nationale lors d’un débat sur la fluoration de l’eau (on trouve ici un clip de son envolée pittoresque). Mais ce n’est pas le plus célèbre trait d’humour politique, thème de la troisième et dernière campagne de financement de ce blogue en 2023, que l’on cite généralement à propos de l’émule de Réal Caouette.
« C’est arrivé en 1970 mais je m’en rappelle encore », écrit Jacques Bellehumeur dans la section des commentaires de ce blogue. « “Le Québec est au bord du précipice ; faisons un pas en avant avec le Crédit social !” Citation célèbre attribuée à Camil Samson. »
Le mot « attribué » est justifié ici. Il s’agit bien sûr d’une des bonnes blagues des Cyniques, quatuor d’humoristes québécois né pendant la Révolution tranquille. Certaines de ses blagues sont inoubliables, dont la parodie de ce Camil Samson à qui André Dubois faisait dire : « Le Québec est au bord du gouffre : le Crédit social va lui faire faire un pas en avant. »
C’est peut-être arrivé en 1970…
Mais revenons au clip évoqué dans l’amorce de ce billet. On y entend aussi Camil Samson exprimer avec sa verve bien personnelle tout le populisme de cette partie du Québec qui résistait aux changements de la Révolution tranquille, dont la déconfessionnalisation des écoles publiques : « On sort le bon Dieu des écoles pour rentrer des athées ! On sort le bon Dieu des écoles pour rentrer la drogue ! On sort le bon Dieu des écoles pour rentrer le sexe ! »
Ah oui ? J’ai raté tout ça, comme d’habitude. Et vous ?
Avouez que ça fait du bien de rire un peu. Mais ce n’est pas tout. Il reste encore quelques heures à ceux et celles qui ne l’ont pas déjà fait pour contribuer à cette campagne de financement pendant sa première journée. Et merci de tout coeur à ceux et celles qui l’ont déjà fait.
(Photo Presse Canadienne)
J’ai commencé à écouter les Cyniques à environ 5 ans. Je riais parce que les autres riaient. J’ai vraiment compris les blagues en vieillissant. J’apprenais quelque chose sur la vie et je riais de la blague que je venais finalement de comprendre. Dans le cours d’histoire en secondaire 3, le prof parle d’un homme politique (Duplessis ou Johnson, je ne me souviens plus) et je ne peux m’empêcher de rire. La prof demande ce qui se passe et je lui dis que je viens de comprendre une blague des Cyniques. Elle connaissait exactement la blague. On a bien rigolé.
C’est toujours utile d’avoir un frère dans la BARNAK…
1970, j’avais 14 ans. Un peu trop jeune pour la politique.
On a le même âge. Mes parents parlaient de politique tous les jours, et même de Duplessis décédé depuis dix ans. A six ans, j’ai fait scandale, ayant reconnu à haute voix Béke (Diefenbaker); les voisins, des bleus, n’étaient pas contents.
Moi itou !
C’est bien la première fois qu’un de vos textes me fait sourire.
Il y a la fois où Camille Samson avait éjecté accidentellement son dentier lors d’une allocution en Chambre… pas drôle pour lui mais hilarant pour les autres…
« On sort le bon Dieu des écoles pour rentrer des athées ! On sort le bon Dieu des écoles pour rentrer la drogue ! On sort le bon Dieu des écoles pour rentrer le sexe ! »
Camil Samson a vraiment affirmé celà. Il lui est même arrivé, lors d’une allocution enflammée, de perdre son dentier, d’où sa phrase « vaut mieux perdre son dentier que perdre la tête »
Au niveau fédéral, il y avait aussi son mentor Réal Caouette. Personnage tout aussi truculent. Lors d’une campagne électorale, il avait fait imprimer du matériel électoral qu’on a appelé « les piasses à Caouette » de même format et ressemblant au dollar canadien. J’étais enfant et cela m’amusait bien d’avoir des vraies « piasses» dans mes poches.
Pour rentrer le chesse, mesdames et mechieux.
Blague du lundi à lire avec l’accent de Camil Chamchon:
Quelle est la différence entre le catéchisme et la catéchèse ?
La différence est dix. Quatre et six font dix et quatre et seize font vingt. Vingt moins dix donne dix !!
Samson, Caouette, De Santis, même combat.
En 1976, lors du premier gouvernement « péquisssssse »de René Levesque, l’l’ineffable Jean Chrétien prenait plaisir à se moquer du PQ en parlant de la « Piasse à Levesque » car , à cette époque, le dollar canadien commençait à perdre de sa valeur comparé au dollar américain…imaginez s’il fallait que le Québec se sépare, combien vaudrait la piasse à Levesque??? Cinquante cents???
Jean Chrétien a déjà que la piasse à Lévesque vaudrait 60 cents. Devinez quoi, le 21 janvier 2002, le dollar à Chrétien était à 61,79 cents, le niveau le plus bas jamais enregistré.
C’est bien Camille Samson qui a perdu son dentier lorsqu’il a dit qu’on a fait rentrer le sexxx au Cégep… une vidéo existe de l’événement
Difficile de démêler réalité et légende. Avec Camille Samson, c’était le festival des énormités.
Ce que j’ai trouvé:
3 février 1973 Paul Charpentier perd son dentier lors d’un discours au congrès créditiste
https://www.facebook.com/watch/?v=10156251303296052
Oups! On voit bien que mes souvenirs de jeunesse avaient quelques carences… Je suis désolé de n’avoir pas vu votre contribution avant de mettre la mienne mais je salue votre extrait qui m’a permis de revoir (et de corriger) ce qui m’avait tellement surpris et fait rire à l’époque.
J’ai eu la chance de tomber sur un tweet donnant son nom.
Samson et le Bon Dieu sorti des écoles. Profs barbus et jeunes qui se baignent sans capots de poil
Qu’est ce qu’un ‘péniche »? C’est l’organe sexuelle de Camille CHANSOM. Il chuintait.
La première fois que j’ai écouté les Cyniques, c’était en 1972, soit le dernier spectacle Exit. J’avais 9 ans et comme gl000001, je ne comprenais pas grand chose.
Je connaissais cependant Camil Samson et le sketch sur Camil Samson qui prend de la drogue me faisait rire.
Les jeunes respire de l’héroïne et ça se pique avec de la colle d’avion. Pour savoir de quoi je parle, j’ai fumé un peu de rhachirche mesdames et messieurs. Il s’est passé quelque chose qui ne m’était jamais arrivé. Après 2-3 touffes, mon cerveau s’est mis à réfléchir.
Une petite anecdote, je suis né et grandi à Québec et dans les années 1980, il y avait un problème avec l’antenne de la station CKCV où Camil Samson animait une émission. Les gens de Cap-Rouge captaient le signal de la station via leur grille-pain et autres appareils.
Il y a un auditeur d’André Arthur à CHRC qui avait appelé pour se plaindre de cette situation et il dit ma plus grande crainte est que mes plombages captent l’émission de Camil Samson.🤣
Écoutez l’extrait des Cyniques à partir de 16:58
https://youtu.be/VS-VkqE3BRU?si=ybB4ZbzwaKsBf1Dv
Il y avait ce sketch sur un député de l’Union National:
« Chère concitoyens, je vous promet comme député de travailler 24 heures sur 24…. et le reste du temps, pour vous autres! »
Plotôt » certains sniffent de la mayonnaise et se shootent au beurre de peanut! »
En 2011, L’Actualité est allé à la recherche de 35 citations politiques québécoises:
https://lactualite.com/politique/35-citations-ce-que-nous-sommes/
https://lactualite.com/politique/35-citations-declarations-hasardeuses/
https://lactualite.com/politique/35-citations-ce-quils-nauraient-pas-du-dire/
https://lactualite.com/politique/35-citations-moments-de-sagesse/
Mention spéciale à Jean Chrétien:
Le Québec a autant de chances de devenir souverain que Jacques Chirac de remporter la course à la présidence de la France. — Jean Chrétien, en 1995
Quelques années plus tard, on m’a laissée entrer dans le musée de Shawinigan (très belle exposition de sculptures) justement au moment où Jean Chrétien faisait visiter Jacques Chirac; Infoman étant à l’entrée qui voulait prévenir contre le monstre du Lac des Piles
Et pour celle-ci:
Pourquoi acheter des carabines à répétition, des armements nucléaires pour s’amuser ? C’est dangereux, et quand c’est dans la maison, il peut y avoir un enfant qui se serve de ça. — Jean Chrétien
Mais ça ne battra pas la réplique d’un des candidats à la chefferie du parti Créditiste qui lors d’un envolée oratoire au micro derrière son lutrin qui a vu son dentier jaillir de sa bouche ! Il l’a rattrapé de la main droite et se l’est remis en bouche aussitôt, après quelques secondes d’hésitation, il s’est exclamé : « Mieux vaut perdre son dentier que de perdre la tête ! ». Vraiment impayables ces créditistes…
C’était Arthur Boies si mes souvenirs sont exacts.
Marl Laurendeau des Cyniques disait qu’il était très difficile de faire des blagues sur le Crédit Social, les citations d’un Camil Samson et d’un Réal Caouette étant souvent plus drôles….
Les Cyniques avaient un humour à la limite de ce que l’Église et les autorités toléraient.
Au début on riait parce tous le monde riait, plus vieux on comprenait.
Cela me rappelle comment le Québec était catholique. C’est une bonne chose que l’on ait sorti la religion des écoles et du gouvernement.
On voit ce que ça donne dans la Belt Bible. Les USA seraient un meilleurs pays avec moins de religion.
@lanaudoise
Merci d’avoir trouvé l’extrait où Paul Charpentier a perdu son dentier en présentant le député Armand Bois comme candidat au leadership du Ralliement des créditiste.
J’ai cherché sans trouver ce nom pendant un long moment.
J’espère que Richard Hétu pourra mettre en ligne le commentaire que j’ai posté cers 01h50 et qui relate mes souvenirs de l’époque alors que j’habitais Cap-Rouge, en alternance avec Kamouraska où mes grands-parents ont pris soin de moi pendant la maladie de ma mère.
Dans mon commentaire j’ai probablement oublié de mettre des ***devant un lien.
Contribution faite. Merci pour tout
Merci de nous informer que cette « citation » vient des cyniques. Je savais pas. Ça me fait penser au Bye Bye de 1993 où Dominique Michel, personnifiant Sonia Benezra, dit « Et ça là , ça vient de mon fond ! ». Par la suite beaucoup de gens ont cru que ça venait de Sonia Benezra originalement. C’est parfois difficile de démêler le vrai du faux, encore plus quand ce sont des événements du passé.
Je ne sais pas si d’autres ont des souvenirs pour me contredire, mais il me semble bien qu’à une époque où l’humour était dominé par les Ti-Gus et Ti-Mousse et les Jérolas, les Cynique ont été les premiers à s’en prendre ouvertement et longuement sur la religion (« La visite à l’Oratoire »), à traiter plus ouvertement le sexe (« La partie de hockey ») et les tabous (le monologue de Laurendeau sur les sacres) et à être carrément… cyniques.
Les cyniques avec leurs blagues sur la religion ont sérieusement contribué à vider les églises au début des années 70.
Une grande majorité de Québécois (beaucoup de femmes!) ont abandonné la pratique religieuse quasiment du jour au lendemain lorsque le Vatican a publié à l’été de 1968 l’encyclique Humanae vitae portant sur le mariage et la régulation des naissances.
Sur un ton absolument paternaliste, les vieux boucs cardinaux renouvelaient l’interdiction du sexe hors mariage, du sexe entre mariés sans l « intention » de procréer et l’interdiction totale de toutes méthodes artificielles de contraception.
C’est à ce moment précis que ma mère (pratiquante d’habitude, culturelle et sociale plutôt que de convictions religieuses) a cessé d’aller à la messe du dimanche!
Ce n’est pas Camille Samson qui a déclaré qu’avec le Crédit social on va faitre un pas vers le précipice. C’est un autre orateur (dont je ne me souviens plus du nom). Ce week-end là le CS tenait son congrès et plusieurs orateurs se succédaient au micro pour stimuler les participants.
Les déclarations de Camil Samson et de son pendant Réal Caouette pourraient faire l’objet d’un livre tellement leurs propos étaient farfelues.
Ces deux politiciens étaient des humoristes sans le savoir.
Plusieurs des participants à ce blogue ont cité des déclarations de ces deux « célèbres » personnages, ce qui m’a rappelé de beaux souvenirs puisque j’étais assez âgé à l’époque pour me rappeler de cette période.
Connaissez-vous « LE PÉRIL JAUNE »? Ça se passait dans les années ’60, au moment ou les écoles polyvalentes mixtes ont fait leur apparition. On transportait les Jeunes (filles et garçons) dans les mêmes autobus scolaires.
Le duo Caouette-Samson avaient dénoncé cette pratique, en parlant du « péril jaune » Selon eux, ces autobus n’étaient rien d’autre que des lieux de dépravation, des endroits ou les Jeunes (filles, garçons) pouvaient se livrer à des actes sexuels, et ce, dans la plus grande promiscuité.
Le Crédit Social était composé de gens qui n’acceptait pas la Révolution Tranquille et les changements que cela entraînaient sur la société québécoise. Ils voyaient disparaître le Québec qu’ils avaient connu afin de laisser la place à une société plus ouverte, plus moderne, plus évolué.
Ca leurs faisait peur. Le Crédit Social devenait alors leur refuge.
Ce parti était très populaire en région, notamment en Abitibi et au Saguenay-Lac-St-Jean (ma région natale). Le Comté fédéral de Roberval (ou nous habitions) a élu pendant plusieurs années, un député créditiste.
Si on veut faire une comparaison, les fondamentalistes chrétiens et les néo-conservateurs (surtout Républicains) seraient ce qui se rapproche le plus du Crédit Social.
Des gens qui vivent dans un passé qui n’existe plus mais qui refuse de l’admettre, qui s’accroche à une illusion et qui cherche à imposer leurs valeurs rétrogrades au reste de la société.
Le Crédit Social aura été un épisode loufoque, une anomalie dans une société en pleine mutation.
Vous avez raison. Mais, le plus stupide des théories de ce parti politique, était illusté par la philosophie de son leader, Réal Caouette, qui affirmait que pour réduire la dette du pays et la pauvreté des plus démunis, le gouvernement n’avait qu’à imprimer plus de billets de banque !
Un député du CS au Lac-St-Jean, parlant des familles qui ne réussissaient pas a rejoindre les « deux bouts », montra concrètement la solution: Il sorti une ficelle…. et rejoint les deux bouts!!!