Le blogue de Richard Hétu

Lorsque son mari a été confirmé à la Cour suprême des États-Unis, Jane Sullivan Roberts a quitté le cabinet juridique de Washington où elle était associée, histoire d’éviter les conflits d’intérêts potentiels. Elle est alors devenue recruteuse d’avocats de haute voltige qui représentent divers intérêts dans la capitale fédérale. Or, un de ses anciens collègues s’inquiète aujourd’hui du fait que son travail de recrutement pose des problèmes d’éthique potentiels pour le juge en chef John Roberts. Et il demande au ministère de la justice et au Congrès d’examiner cette situation, selon le New York Times.

Selon Kendal Price, l’ancien collègue, la femme du juge Roberts a amassé au fil des ans des millions de dollars en recrutant des avocats qui représentent des clients dont les causes ou les intérêts peuvent se retrouver devant le plus haut tribunal américain. « Je pense que les justiciables des tribunaux américains, et en particulier de la Cour suprême, méritent de savoir si les ménages de leurs juges reçoivent des paiements à six chiffres de la part des cabinets d’avocats », écrit Price dans une lettre adressée au ministère de la Justice et au Congrès.

Kendal Price n’est pas neutre dans ce débat. Il a été congédié de la société de recrutement au sein de laquelle il travaillait avec Jane Roberts jusqu’en 2013. Mais sa requête met en lumière les problèmes éthiques de la Cour suprême à une époque où la confiance du public à son égard est à son plus bas.

Dans ses déclarations financières, le juge Roberts n’est pas tenu de révéler l’identité des clients de sa femme ni les montants qu’elle gagne. Il lui suffit de décrire son travail et le type de rémunération qu’elle reçoit. Dans le cas qui nous intéresse, il a inscrit : « conseillère en recherche d’avocats – salaire ».

Selon Kendal Price, le mot « salaire » est en lui-même trompeur, car Jane Roberts ne reçoit pas un salaire mais des commissions pouvant frôler les 700 000 $ pour recruter un seul avocat.

Pour le moment, on ne connaît que six des avocats recrutés par Jane Roberts au fil des années. Pour le reste, les Américains sont dans le noir. Et ils doivent se fier à la parole des Roberts concernant les conflits d’intérêts, tout comme ils doivent se fier à celle des Thomas.

Le juge Roberts, faut-il préciser, n’a jamais senti le besoin de se récuser d’une cause, contrairement au juge Thomas, qui l’a fait dans une cause concernant une académie militaire fréquentée par son fils. Est-ce à dire que ces gens-là ne se sont jamais retrouvés dans d’autres conflits d’intérêts ?

(Photo Getty Images)