Le blogue de Richard Hétu

L'Amérique dans tous ses états

En 2018, les républicains ont perdu les cinq postes électifs pour lesquels l’ensemble de l’électorat du Wisconsin avait droit de vote, y compris un siège au Sénat des États-Unis. Ils ont récolté 47 % des suffrages pour l’Assemblée de l’État, chambre basse du parlement local, mais conservé 64 % des sièges de cette assemblée. Telles sont quelques-unes des incongruités électorales du Badger State, où sévit depuis 2010 l’une des formes les plus exacerbées du gerrymandering. Cette pratique remontant au 19e siècle permet au parti au pouvoir de redessiner la carte électorale à des fins purement partisanes, une fois tous les dix ans, dans certains États.

Or, cette pratique pourrait aussi permettre aux républicains de jouir d’un pouvoir politique absolu au Wisconsin après les élections de mi-mandat. Même s’ils perdent la course au poste de gouverneur, ils pourraient s’assurer dans les deux chambres du parlement d’une majorité aux deux tiers leur permettant de renverser les vétos d’un gouverneur démocrate.

Tout cela dans un État où les deux partis sont à peu près à égalité en termes de votes brutes.

De déclaré au New York Times la cheffe des démocrates à l’Assemblée de l’État : « Lorsque vous pouvez gagner une majorité d’électeurs et avoir près d’un tiers des sièges, ce n’est pas la vraie démocratie. Nous risquons fort que les gens décident que cela ne vaut pas la peine pour eux de continuer à s’engager parce qu’ils voient à quel point le système est truqué contre les habitants de l’État en faveur des politiciens républicains. »

Les républicains de Caroline du Nord, un autre État où le gerrymandering sévit, pourraient également obtenir des majorités aux deux tiers dans les deux chambres du parlement de l’État leur permettant de renverser les vétos d’un gouverneur démocrate.

Wisconsin et la Caroline du Nord sont aujourd’hui dirigés par des gouverneurs démocrates.

(Photo AP)

20 réflexions sur “Que restera-t-il de la démocratie au Wisconsin après le 8 novembre ?

  1. Roger Allard dit :

    De bien drôles de paroissiens, ces politiciens états-uniens…

  2. gl000001 dit :

    La Bible dit « Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers. »
    Les républicains appliquent bien ce que la Bible dit. Ils sont deuxièmes mais c’est eux qui dirigent !! Et par « diriger », je veux dire « tout arrêter », « défaire », « démolir » !!
    Belles valeurs chrétiennes ou religieuses !!

  3. gamacheg dit :

    Les USA se proclament les champions de la démocratie quand c’est les pires cancres en la matière. Et je ne vois pas le jour où cela pourrait changer.

  4. kintouai dit :

    Un titre plus approprié pour ce billet aurait été : Que restera-t-il de la démocratie au shithole USA après le 8 novembre ?

    « Mais le prix de l’essence…» répondrait un taré d’Amaricain.

    1. Le prix de l’essence sera le même, mais il aura perdu le droit de s’en plaindre.

    2. NStrider dit :

      Je suis tout à fait d’accord avec vous, la question n’est pas assez large.
      Que restera-t-il de la démocratie aux États-Unis ?
      Ou bien d’état ont aujourd’hui des lois restreignants le droit de vote ou instaurants des contrôles ridicules permettant de rejeter des bulletins de vote? 22, 27 j’ai perdu le compte et ces autour de 400 projets de lois et règlements qui ont été ou sont à l’étude à cet effet.

      Les stratèges républicains savent qu’ils ont jusqu’en 2024 pour imposer leur volonté après la démographie joue contre eux. C’est donc certains que s’ils gagnent la chambre des représentants ils vont contrôler le budget et vont tout faire pour empêcher Biden de faire quoi que ce soit ayant un impact positif.
      Ils n’auront même plus besoin de Manchin au sénat pour leur donner un coup de main.
      Ce ne sont pas seulement les citoyens des États-Unis qui vont en souffrir.

      L’Ukraine va en souffrir et cela pourrait même renverser la dynamique actuelle où ils reprennent du terrain aux Russes.
      Et les “coucous” canadiens et québécois entre autres se sentiront encore une plus à l’aise de vomir leurs stupidités et leurs mensonges.

  5. gigido66 dit :

    Il n’en restera que la « cratie » et les républicains s’empresseront de se l’approprier en la qualifiant de républicratie ou, selon leur soumission à l’être suprême, la trumpiscratie ou l’idiotiecratie.

    1. Haiku dit :

      @gigido66
      Excellent ! 👍

    2. Ou bedon une t’es où cratie ?

      1. Haïku dit :

        Également ! 👍

  6. probert dit :

    À long terme on imagine facilement toutes les frustrations, les dysfonctionnements et les tensions qu’un système « truqué » va produire. Personne n’en sortira gagnant. Ça va devenir de plus en plus difficile de gouverner.

  7. Duduche dit :

    « [les républicains] ont récolté 47 % des suffrages pour l’Assemblée de l’État, chambre basse du parlement local, mais conservé 64 % des sièges de cette assemblée. »

    Petits joueurs! Aux dernières élections québécoises, la CAQ a obtenu 72% des sièges avec 41% des votes. Les Solidaires ont obtenu 11 sièges, les Libéraux 21 et le PQ 3 avec sensiblement le même nombre de votes (14-15%). Les Conservateurs 0 sièges avec 13% des votes. Le tout sans « gerrymandering » particulier.

    [la cheffe des démocrates à l’Assemblée du Wisconsin] « Lorsque vous pouvez gagner une majorité d’électeurs et avoir près d’un tiers des sièges, ce n’est pas la vraie démocratie. »

    Quand un système électoral est basé sur deux partis, est-ce vraiment de la démocratie?

    1. el_kabong dit :

      @duduche

      Vous m’avez devancé : on n’a aucune leçon de démocratie à donner quand notre archaïque système électoral pourrait donner un règne « monarchique » (tous les 125 comtés) à un parti avec seulement 21% des votes…

  8. Apocalypse dit :

    Le « filibuster », le « gerrymandering », on a vraiment fait des choses dans ce pays où on se gratte la tête en essayer de comprendre la logique; vrai que c’est facile de critiquer a posteriori, mais il reste qu’on aurait dû faire pleinement confiance à la population pour choisir ses politiciens(ne)s. 🙏

    On a voulu se protéger et il est arrivé exactement ce qu’on essayait d’éviter, soit les Donald Trump de ce monde et pire, de plus en plus de ces énergumènes.

    Et on a l’impression que les choses ne peuvent qu’empirer… 😰😱

  9. Gilles Morissette dit :

    Voilà qui explique les raisons qui font que la démocratie, seulement à travers la planète mais plus particulièrement aux USA, est très malade.

    Aux USA, les Républicains, toujours aussi malhonnêtes et tordus, ont tellemnt tripoté las cartes électorales des États et mis tellement d’entraves à l’exercice du droit de votes affectant les minorités favorables aux Démocrates, qu’ils sont pratiquement assurés d’obtenir un nombre important de sièges, et ce, même s’ils sont perdants au sufffrage universel.

    Les Républicains mettent en pratique la maxime qui dit que lorsqu’on ne peut gagner avec les règles en place, on change les règles afin de s’assurer qu’elles nous favorisent.

    C’est de cette façon que fonctionnent les « crosseurs ».

  10. Apocalypse dit :

    @Gilles Morissette – 15:17

    Les élections se jouent dans une poignée d’états et il est (bien) possible que les démocrates ne puissent gagner ces états dans un futur rapproché. On pourrait donc avoir en permanence les républicains à la Maison-Blanche. 😣

    Il faudrait que les démocrates mettent la main sur une grosse majorité dans les deux(2) chambres – et un président avec des « balls » – pour faire des changements afin d’avoir un système « fair » (juste) pour TOUS les citoyens du pays.

    Dans ce système politique, tu peux tricher, mentir, dire n’importe quoi et cela sans conséquence, même que ça peut permettre le pouvoir qu’on recherche tant.

    1. gl000001 dit :

      Gerrymandering, Filibuster et Collège électoral. Trois patentes antidémocratiques que les républicains défendent becs et ongles parce qu’elles leur permettent de gouverner plus souvent qu’ils ne le méritent. Les conditions gagnantes que vous nommez seront difficiles à avoir.

  11. Carl Poulin dit :

    Que restera-t-il de la démocratie au Wisconsin après le 8 novembre?
    – Brett Favre
    – Aaron Rodgers
    – Gerry Mandering

  12. jeanfrancoiscouture dit :

    Ici aussi nous avons un système qui permet à un parti de gouverner sans avoir obtenu la majorité du vote populaire. Il s’agit du système uninominal à un tour, héritage de la cession de la Nouvelle-France à la Grande-Bretagne.
    Jusqu’à présent, il n’a heureusement jamais permis de confier le pouvoir à une clique similaire à celle qui est en train de pervertir la démocratie US. Les prochaines élections fédérales canadiennes seront l’occasion de voir si ce que j’appellerais un «Trump soft» pourra détenir une majorité de sièges tout en n’ayant pas obtenu une majorité de l’électorat.

    Trois défauts du système US nous sont étrangers: le détestable «gerrymandering», la politisation des personnels électoraux et la politisation extrême des tribunaux. Cela constitue un frein à une prise de contrôle illégitime mais je pense qu’il nous faudra faire attention. Rien qu’à voir la désinvolture arrogante avec laquelle Justin Trudeau, avec le silence complice de la succursale néo-démocrate, impose son «wokisme post national» en matière d’immigration fait clignoter les signaux d’alarme. Imaginez maintenant un Poilievre majoritaire. Heureusement, s’il n’était que minoritaire, je ne vois aucune possibilité qu’il trouve une «succursale» disposée à le seconder.

  13. sousmarin dit :

    En bipartisme, le parti majoritaire doit gouverner sinon ce n’est pas une démocratie !
    Pourquoi les démocrates l’acceptent-ils ? Là est la question…

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