Le blogue de Richard Hétu

« J’en ai assez de ce type ! » Kevin McCarthy, chef des républicains de la Chambre des représentants, a répété ce sentiment de ras-le-bol à plusieurs reprises à des collègues lors de conversations téléphoniques remontant au 8 et 10 janvier 2021. Il était tellement dégoûté du comportement « atroce » de Donald Trump lors de la journée du 6 janvier 2021 qu’il était prêt à l’appeler pour le sommer de démissionner. « Ce qu’il a fait est inacceptable. Personne ne peut le défendre et personne ne devrait le défendre », a-t-il dit à ses collègues, reprochant au président républicain d’avoir incité ses partisans à attaquer le Capitole.

« Les démocrates vont s’occuper de ce fils de pute pour nous. » Le 11 janvier 2021, Mitch McConnell, chef des républicains du Sénat, a confié à deux de ses plus proches confidents sa certitude que Donald Trump allait être destitué. En effet, non seulement les démocrates allaient-ils mettre le président républicain en accusation pour la deuxième fois, mais un nombre suffisant de sénateurs républicains se joindraient également à leurs collègues démocrates de la chambre haute pour le chasser à jamais de la politique. « Si ce n’est pas passible de destitution, je ne sais pas ce qui l’est », a-t-il déclaré.

Tout comme McCarthy, McConnell a également soulevé au cours de cette période la possibilité d’invoquer le 25e amendement pour mettre fin à la présidence de Trump. On connaît la suite. Les deux hommes sont rentrés dans le rang dès que leurs collègues leur ont fait comprendre que le 45e président continuait à jouir d’un énorme ascendant sur l’électorat républicain, et ce, en dépit de son comportement séditieux. Un collègue de McCarthy lui a dit que les républicains auraient tout à gagner à s’attaquer à des démocrates comme Hillary Clinton ou Hunter Biden plutôt qu’à Donald Trump.

Le dégonflage de McCarthy et de McConnell est raconté dans un livre à paraître, intitulé This Will Not Pass: Trump, Biden and the Battle for America’s Future, et écrit par les journalistes du New York Times Jonathan Martin et Alexander Burns, dont le Times publie un extrait.

Les auteurs révèlent également que McCarthy, avant de s’aplaventrir, a émis le souhait que les géants du Big Tech, les Twitter, Facebook et Cie, privent de leurs comptes certains représentants républicains qui ont alimenté la paranoïa des électeurs du parti en répétant le grand mensonge de Donald Trump sur le scrutin présidentielle du 3 novembre 2020. Selon Martin et Burns, il a notamment mentionné Lauren Boebert.

« Nous ne pouvons pas supporter cela », déclaré le représentant de Californie à des collègues. « Ne peuvent-ils pas aussi leur retirer leur compte Twitter ? »

McCarthy, qui rêve de succéder à Nancy Pelosi à la présidence de la Chambre des représentants après les élections de mi-mandat, a nié les informations des journalistes du Times.

« Le reportage du New York Times à mon sujet est totalement faux et erroné. Il n’est pas surprenant que les médias institutionnels soient obsédés par le désir de faire tout ce qu’ils peuvent pour faire avancer le programme libéral. […] Si les journalistes étaient intéressés par la vérité, pourquoi demanderaient-ils des commentaires après l’impression du livre ? »

My statement on the New York Times pic.twitter.com/PWi2WkoWzh

— Kevin McCarthy (@GOPLeader) April 21, 2022

Au moment d’écrire ces lignes, Mitch McConnell n’avait pas encore commenté les allégations des journalistes du Times. Contrairement à McCarthy, il n’a ni besoin de Trump ni de Boebert pour survivre.

(Photo Getty Images)