Le blogue de Richard Hétu

« L’enfant illégitime de Donald Trump » : ces mots apparaissent bien en vue sur un contrat passé à la fin de 2015 entre le National Enquirer et Dino Sajudin, alors portier à la Trump Tower. Le document, qui garantissait 30 000 $ à Sajudin en échange des droits exclusifs à son histoire, a été présenté mardi aux jurés du procès de Donald Trump à New York, où David Pecker, ex-pdg d’American Media Inc, société mère de l’Enquirer, a poursuivi son témoignage commencé la veille.

Les 30 000 $ versés à Sajudin faisaient partie du stratagème sur lequel s’étaient entendus Pecker, Trump et Michael Cohen lors d’une rencontre tenue en août 2015 au 26e étage de la Trump Tower, selon l’ancien patron d’AMI. Ce dernier a dit avoir accepté d’aider la campagne présidentielle de son ami de longue date en publiant des histoires positives sur son compte ou négatives à propos de ses rivaux et en enterrant celles qui étaient susceptibles de lui nuire.

« J’ai pris la décision d’acheter l’histoire en raison de l’embarras potentiel qu’elle pourrait causer à la campagne et à M. Trump », a expliqué Pecker.

Mais l’histoire de Sajudin selon laquelle Trump a eu une enfant avec une femme de ménage était-elle vraie ? À la barre, Pecker a raconté qu’un Cohen furieux l’avait appelé pour lui dire que son client niait être le père de l’enfant. Cohen a ajouté que Trump était prêt à passer un test de paternité et que, de toute façon, il ne pouvait pas être le père de l’enfant parce qu’il avait des origines germano-irlandaises et que la femme de ménage était hispanique.

De commenter la journaliste du New York Times Maggie Haberman, présente dans la salle d’audience, au sujet de ce raisonnement : « Pour être clair, Pecker semble dire que Cohen a indiqué qu’un enfant d’une mère hispanique ne pouvait pas être celui de Trump. »

Et d’ajouter : « Trump a souvent parlé de “bons gènes” et de lignées sanguines. Lors de sa campagne présidentielle, il a dénigré les immigrés des pays d’Amérique latine et a déclaré que les immigrés sans papiers “empoisonnaient le sang de notre pays”. »

Après avoir passé en revue l’accord entre le National Enquirer et le portier de la Trump Tower, Joshua Steinglass, un des procureurs new-yorkais, s’est attaqué à une plus grosse prise, en l’occurrence Karen McDougal, qui a reçu 150 000 $ pour l’exclusivité de son histoire concernant une liaison amoureuse présumée avec Trump pendant que Melania Trump était enceinte.

Les journalistes ont noté que Trump a secoué la tête, serré les lèvres et croisé les bras à la mention de l’ancienne playmate du magazine Playboy.

Le témoignage de Pecker reprendra jeudi matin.

Cette journée aura été horrible pour Donald Trump. Et elle laisse en présager des pires. Elle a commencé par une audience au cours de laquelle le juge Juan Merchan a donné l’impression qu’il condamnera Trump pour outrage au tribunal et lui infligera une amende pour avoir violé son ordonnance de bâillon au moins dix fois selon les procureurs new-yorkais. Le magistrat s’est montré impatient avec l’un des avocats de Trump, lui disant qu’il était en train de perdre toute crédibilité en tentant de défendre les messages de son client sur les réseaux sociaux qui semblaient clairement violer son ordonnance.

Les procureurs de New York réclament une amende de 1000 $ pour chacune des violations qu’ils ont détaillées. Le juge n’a pas dit quand il trancherait. À sa sortie du tribunal, Trump a qualifié d’inconstitutionnel le bâillon qui lui interdit notamment de s’attaquer aux témoins et aux jurés.

(Photo Jane Rosenberg)