Le blogue de Richard Hétu

« Pourquoi Biden est-il si impopulaire ? » ; « Pourquoi tant d’Américains sont si négatifs à l’égard de Biden » ; « La Renaissance américaine est déjà à portée de main ». Pouvez-vous deviner la famille idéologique des columnists du New York Times qui ont écrit des textes sous ces titres depuis le 5 septembre ? Je vous surprendrai peut-être en vous apprenant que les trois sont des conservateurs anti-trumpistes. Mais un seul d’entre eux – David Brooks – jette un regard positif sur Joe Biden, dont la présidence contribue selon lui à la renaissance remarquable du secteur manufacturier aux États-Unis, phénomène qui se produit au même moment où la Chine, dont on disait il n’y a pas longtemps qu’elle boufferait l’Oncle Sam pour le petit-déjeuner, connaît de sérieux problèmes économiques.

Je m’arrêterai au texte de Brooks (lien gratuit), qui s’écarte évidemment du discours républicain actuel qui permet de répondre en bonne partie aux questions soulevées dans les textes de Brett Stephens et Ross Douthat. Pendant que l’économie chinoise se dégonfle, les États-Unis ont enregistré un gain net de 530 000 emplois manufacturiers depuis janvier 2017, note Brooks. L’essor est particulièrement torride depuis 2021, alors que les investissements dans la construction d’installations manufacturières ont plus que doublé.

« Une grande partie de cet essor se produit dans les régions montagneuses de l’Ouest, dans le Haut-Midwest et dans certaines parties du Sud-Est. Les puces, les véhicules électriques, les sources d’énergie renouvelables et les batteries sont fabriqués dans des endroits comme le Michigan, le Kentucky, le Minnesota et l’Arizona, écrit Brooks.

« Ces dernières années, par exemple, un grand nombre d’entreprises technologiques ont décidé d’investir dans des usines de fabrication dans l’ancienne Rust Belt de l’Ohio : Intel (20 milliards de dollars), Amazon (7,8 milliards de dollars), Google (3,7 milliards de dollars). Selon une étude de la Hoover Institution, l’Ohio a attiré en 2020 près de 14 fois plus de nouveaux projets d’investissement par habitant que la Californie. »

Brooks attribue une bonne partie de cet essor à la capacité des Américains et des gouvernements locaux de s’adapter. Mais il ne néglige pas le rôle du programme économique de Joe Biden.

« La deuxième leçon que je tire est que les “Bidenomics” fonctionnent – Big Time. Le président Biden a promis d’aider l’Amérique à surpasser la Chine autoritaire et à combler certaines des fractures économiques dans son pays. Ces deux objectifs sont en passe d’être atteints. Selon le département du Trésor, plus de 80 % des investissements réalisés dans le cadre de la loi sur la réduction de l’inflation sont destinés à des comtés où le taux d’obtention d’un diplôme universitaire est inférieur à la moyenne nationale. Près de 90 % des investissements sont réalisés dans des comtés où les salaires hebdomadaires sont inférieurs à la moyenne.

« Je sais que beaucoup d’entre vous pensent que M. Biden est trop vieux, mais je voterais pour un centenaire qui pourrait continuer à produire de tels résultats. »

Ce message d’un pays dont la performance économique est plus qu’enviable à l’échelle du monde finira peut-être à faire son chemin dans la population américaine. Pour l’instant, le discours républicain sur les migrants, l’inflation, la criminalité, le sans-abrisme et la décrépitude de Joe Biden semble dominer de façon démesurée et parfois trompeuse.

(Photo AP)