Le blogue de Richard Hétu

Le Conseil d’éducation de la Floride a approuvé mercredi de nouvelles normes controversées concernant l’enseignement de l’histoire afro-américaine dans les écoles publiques de l’État. Selon le compte-rendu du Washington Post, les élèves devront désormais apprendre que les personnes réduites en esclavage « ont acquis des compétences » qui « pouvaient être utilisées pour leur bénéfice personnel ». Comme quoi l’esclavage avait quelque chose de bon.

En vertu des nouvelles normes, l’enseignement portant sur les violences collectives infligées par des Blancs aux Noirs devra par ailleurs être accompagné de mentions concernant « les actes de violence perpétrés contre et par les Afro-Américains ». Traduction : il y avait des mauvaises personnes des deux côtés, et pas seulement de celui des racistes et du Ku Klux Klan.

Les nouvelles normes ont été dénoncé par de nombreux critiques, dont le plus important syndicat des enseignants de Floride. « Ces normes ne rendent pas service aux élèves de Floride et constituent un grand pas en arrière pour un État qui exige l’enseignement de l’histoire afro-américaine depuis 1994 », a déclaré la Florida Education Association (FEA) dans un communiqué.

Le commissaire de l’Éducation Manny Diaz a défendu les changements, y voyant une façon de rendre la matière plus « robuste ». « Je pense qu’il s’agit d’une norme qui va s’imposer dans d’autres États », a-t-il dit, assurant que la Floride continuerait à « enseigner le bien, le mal et la laideur de l’histoire américaine » d’une manière adaptée à l’âge des élèves.

Les critiques des nouvelles normes dénoncent une « dilution » de l’histoire afro-américaine. À l’école élémentaire, par exemple, les élèves apprendront à « reconnaître Rosa Parks et Thomas Jefferson comme des individus qui représentent les États-Unis », mais cette approche exclura un enseignement plus approfondi de leur histoire et de leurs luttes « au profit d’une identification et d’une mémorisation faciles », a déploré le syndicat des enseignants.

« Manifestement, dans le but de protéger les élèves du wokisme, ces nouvelles normes veilleront à ce que, jusqu’à la quatrième année, les connaissances des élèves de l’école élémentaire sur l’histoire afro-américaine ne dépassent pas la capacité de savoir qui est un Afro-Américain célèbre lorsqu’ils en voient un », a déclaré la FEA.

L’adoption des nouvelles normes fait suite à la promulgation en 2022 par le gouverneur de Floride Ron DeSantis de la loi appelée Stop WOKE Act. Cette mesure interdit l’enseignement de la théorie critique de la race, un mouvement intellectuel qui examine la manière dont les politiques et les lois perpétuent le racisme systémique. Le Stop WOKE Act défend également aux enseignants de dispenser un enseignement qui fait que d’autres élèves « se sentent coupables » d’actes commis par d’autres dans le passé.

La loi exige néanmoins que les écoles enseignent comment les libertés ont été violées par le sexisme, l’esclavage, l’oppression raciale, la ségrégation raciale et la discrimination raciale – et que cet enseignement soit dispensé d’une « manière adaptée à l’âge ». Or, ses critiques déplorent non seulement le fait que cette matière soit désormais « diluée » mais également qu’elle soit réservée aux élèves les plus âgées.

(Photo AP)