Le blogue de Richard Hétu

L'Amérique dans tous ses états

Le Nebraska et la Caroline du Sud devaient rejoindre dans les prochains jours les États conservateurs qui ont interdit ou restreint l’avortement dans la foulée de l’abrogation de l’arrêt Roe c. Wade par la Cour suprême des États-Unis. Or, à la surprise des pro-choix et des opposants à l’avortement, les efforts des parlementaires républicains de ces deux États en ce sens ont échoué jeudi.

Au Nebraska, un projet de loi destiné à interdire l’avortement après six semaines de grossesse n’a pas récolté les 33 voix nécessaires au Sénat pour surmonter un blocage (filibuster). Le sénateur républicain Merv Riepe a refusé de fournir la 33e voix requise en s’abstenant de voter. Selon le compte-rendu de l’Associated Press, il s’est inquiété du fait qu’une interdiction de six semaines pourrait ne pas laisser suffisamment de temps aux femmes pour savoir qu’elles sont enceintes. Il a proposé en vain un amendement repoussant l’interdiction à partir de 12 semaines de grossesse.

En Caroline du Sud, un projet de loi visant à interdire tous les avortements, sauf dans les cas de viol et d’inceste, a été abandonné face à la menace d’un filibuster formulé par cinq sénateurs républicains, dont trois femmes. L’un des républicains, Tom Davis, dit avoir promis à ses filles de s’opposer au texte. « Dès que nous tombons enceintes, nous perdons tout contrôle sur ce qui se passe dans notre corps », a déclaré le sénateur Davis, se souvenant de ce que ses filles lui ont dit. « Je suis ici pour vous dire que je ne laisserai pas cela se produire. »

Au Nebraska, les parlementaires ne pourront rien changer au statu quo jusqu’à la session de 2024. C’est donc dire que l’avortement restera légal dans cet État des Grandes Plaines jusqu’à 22 semaines de grossesse pour au moins une autre année. En Caroline du Sud, une loi interdisant l’avortement après six semaines de grossesse a été suspendue par la Cour suprême de l’État pour déterminer sa constitutionnalité. En attendant une décision, l’avortement demeure légal dans cet État jusqu’à 20 semaines de grossesse.

(Photo AP)

26 réflexions sur “Avortement : victoires inattendues pour les pro-choix dans deux États conservateurs

  1. marylap dit :

    Il reste des Républicains avec un peu de décence et de jugement? J’en suis bouche bée.
    Par contre je me demande si le sénateur Davis aurait voté autrement s’il n’avait pas eu de filles.

    1. Labinne2 dit :

      Ou s’il n’avait pas regardé les sondages ?

  2. Allaire Anne-Marie dit :

    Moi aussi, j’ai le goût de pleurer de joie ce matin.

  3. NStrider dit :

    Ce genre de réactions augure plutôt bien pour les démocrates en 2024. Le gros bon sens minimal refait surface.

    1. Dekessey dit :

      Ça doit être la stratégie centrale des démocrates pour 2024.
      L’avortement, mais aussi la vérification des antécédents et l’interdiction des fusils d’assault.

    2. C’est la première pensée qui m’est venu itou. 😉

    1. Haïku dit :

      Est bonne !!

  4. On dirait bien qu’il y a des Républicains qui commencent à sentir que la soupe est chaude, ou que les carottes sont cuites (qu’elles aient été ou pas dans la soupe) du côté de leurs positions anti-choix.

  5. Math dit :

    On dirait bien que le fililbuster n’est pas complètement inutile

    1. Bartien dit :

      Est-ce que les répus vont vouloir faire disparaître le filibuster? 🤣

  6. Gilles Gougeon dit :

    Les Républicains savent lire les sondages. Il est évident que le droit à l’avortement sera un élément majeur de la prochaine campagne électorale. Bref, les décisions récentes sont politiques et opportunistes. Rien ne sera jamais totalement réglé dans cette cause où les valeurs de la droite religieuse vont toujours continuer à peser de tout leur poids. Avortement, démocratie: même combat!

  7. Duduche dit :

    Papa Davis a décidé d’écouter ses filles plutôt que craindre la prétendue parole d’un Dieu présenté par une secte monothéiste ,vaguement inspirée par un texte archaïque écrit par des gens qui connaissaient à peu près rien de la complexité du monde qui nous entoure. Doit-on vraiment le féliciter?

  8. Gilles Morissette dit :

    Un méga bravo à ces élues républicaines qui ont fait passser leur conscience et les intérêts des femmes avant la partisannerie politique.

    Ces deux « victoires » démontrent que les femmes ne se laisseront pas manipuler paer des enfoirés de fondamentalistes chrétiens qui s’arrogent le droit der contrôler leurs vies.

    Le dossier de l’avortement va hanter les Républicains qui vont tout faire pour le faire passer sous le tapis d’ici les prochaines élections.

    Espérons, au contraire, que les Démocrates vont enfoncer le clou dans le cul de ces « rongeux de balustre », d’hypocrites, de faux-jetons, de démagogues.

  9. claudiaserei dit :

    Je pensais vraiment que les femmes aux États avaient capitulé! Enfin,non.Ce sont des réactions tardives, mais les femmes réagissent, Il était temps! Rien n’est encore perdu.😊

  10. Loufaf dit :

    Quand la SCOTUS a décidée de vouloir contrôler les femmes, elle s’ est royalement plantée!
    Même en comptant sur des reps conservateurs ça ne passe pas comme une lettre à la poste.
    Ressembler aux Talibans pour exercer un pouvoir sur les femmes n’ est pas très gagnant dans un pays supposé démocratique.
    Les dems ne doivent pas lâcher leur position sur cet enjeu crucial pour leur réélection.

  11. MarcB dit :

    La plupart des républicains sont des humains (j’ai des doutes quant à G Santos…). Leur position peut changer quand on ne parle plus de concepts “abstraits” affectant “les autres” mais de sujets les touchant directement, eux ou leur famille proche.

    Ici, on parle d’un républicain qui a écouté ses filles (ou les sondages), mais on peut aussi nommer Liz Cheney, influencée par sa soeur lesbienne et mariée, dont la position sur le mariage gay a changée.

    https://www.nytimes.com/2021/09/27/us/politics/liz-cheney-same-sex-marriage.html#:~:text=Cheney%20famously%20came%20out%20against,the%20wrong%20side%20of%20history.”

  12. Encorutilfaluquejelesus dit :

    Chose certaine, les républicains sont des pros pour choisir à votre place!

    1. onbo dit :

      @Encorutilfaluquejelesus

      …’pour choisir à votre place!’

      Les Républicains disent qu’il manifestent ainsi leur Liberté. 😉

      1. ctbourgeois dit :

        Leur perception est toute croche volontairement, ils pensent être à l’abri des défections de leur électorat comme leur gourou mal élevé, mais je leur souhaite la pire des défaites tout comme subiront l’un ou l’autre des candidats médiocres du GOP.

  13. HéBenMonVieux dit :

    Il y a donc un peu d’espoir que le gros bon sens reprenne un jour sa place au détriment du dogmatisme qui semble habiter tant d’élu(e)s Républicains.

    Si l’avortement devient effectivement un enjeu central de la prochaine présidentielle, il y a un espoir que le candidat qui représentera le GOP soit peut-être un modéré (donc ni Trump, ni De Santis, ou Tucker Carlson(!!!!!)) ou que les Républicains subissent une dégelée lors de cette élection en réaction à un candidat qui défendrait des politiques visant à restreindre, voire à abolir le droit à l’avortement.

    Les femmes détiennent clairement la balance du pouvoir en vue de cette élection. Si par principe elles se mobilisent et vont voter en masse, dans le but d’empêcher des mesures anti avortement, elles pourront élire un candidat pro choix et possiblement mettre fin à l’ère Trump une fois.

    À tout le moins, si j’étais une femme, jeune ou plus âgée, je ferais tout en mon pouvoir pour m’assurer de conserver le droit de décider ce que je veux faire avec mon corps (lire: décider d’avorter ou non), pour moi ou pour toutes les générations futures.

  14. nefer111 dit :

    SISTERS, MAKE WAR NOT LOVE !!!!
    ✊🏼✊🏼✊🏼✊🏼✊🏼✊🏼✊🏼✊🏼✊🏼✊🏼✊🏼✊🏼

  15. onbo dit :

    h/s mais si proche

    Le juge Kacsmaryk qui a tenté d’interdire la pilule d’avortement dans 50 États risque de se retrouver sous les feux de la rampe.

    Après avoir fait rayer son nom d’un document (où il se prononçait légalement contre les personnes transgenres) afin de mieux paraître devant les membres du Sénat américain dans son entrevue comme juge, (ce qui pose un problème éthique certain), voilà qu’on apprend qu’il a aussi fait caviarder le nom de la ou des entreprises dont il détient personnellement les titres de propriété, ce qui est contradictoire avec les directives qu concernent notamment les juges.

    Le raisonnement est simple: Si un juge de ce niveau s’autorise d’effacer son nom d’un document afin de mieux paraître et ainsi avancer sa carrière, et si ce même juge dissimule l’identité de ses placements, contrairement à la loi, sous l’argument « faites-moi confiance, si un cas devant moi me place en situation de conflit, je vais de moi-même me désister du cas », nous nous retrouvons devant quoi? Et en Cour, devant qui exactement?

    https://www.washingtonpost.com/politics/2023/04/21/kacsmaryk-stock-redact-abortion-pill/

    1. NStrider dit :

      Très peu d’espoir que cela change quelque chose.
      « Le poisson pourrit par la tête ». La situation à la SCOTUS, là où, entre autres, Thomas et Gorsuch sont en conflit d’intérêt clair et net sans que cela ne fasse bouger quoique ce soit, sert « d’exemple » pour les cours inférieures. Alors je ne crois pas qu’il y aura des pressions suffisamment fortes pour que des sanctions soient prises.

    2. Merci !👍

      Un autre repu-pis-plein…

  16. treblig dit :

    Rappelons au passage que l’avortement reçoit 58% d’approbation de l’ensemble de la population américaine.

    Hommes ou femmes, jeunes ou vieux, démocrates ou républicains, états rouges ou bleus ruraux ou urbains, 58% sont pour le maintien de l’avortement. Ce pourcentage augmente considérablement avec les femmes des états démocrates. Selon des sondages, seulement 7 états conservateurs voteraient contre l’avortement et de peu en plus.

    Alors, c’est un thème porteur pour les démocrates lors de la prochaine élection.

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