Le blogue de Richard Hétu

Je reviens sur une information publiée vendredi soir dernier, moment peu opportun pour sortir une histoire importante. Celle-ci concerne la bataille secrète livrée par le ministère de la Justice pour obtenir les courriels de quatre journalistes du New York Times. Après avoir entamé cette bataille dans les dernières semaines de l’administration Trump, le ministère de la Justice l’a poursuivie sous la suivante, allant même jusqu’à demander et obtenir un ordre de bâillon en mars dernier pour empêcher les responsables du journal, mis au courant de la démarche, d’en parler publiquement. Un juge a levé cet interdit de publication vendredi soir.

L’administration Biden a déclaré samedi que la Maison-Blanche n’avait été informée ni des efforts du ministère de la Justice pour obtenir les courriels des journalistes du Times ni de ses efforts pour empêcher le journal d’en faire état publiquement. Le ministère de la Justice n’a jamais réussi à obtenir les données demandées en raison du refus de Google, administrateur du sytème des courriels du Times, de les lui remettre. Le ministère tentait d’identifier les sources des journalistes visés dans le cadre d’une enquête sur des fuites.

L’administration Biden s’est engagée à mettre fin à ce genre d’enquête. «Bien que la Maison-Blanche n’intervienne pas dans les enquêtes criminelles, l’émission de mandats pour saisir les dossiers de journalistes dans le cadre d’enquêtes sur des fuites n’est pas conforme à l’orientation politique du président à l’égard du ministère, et le ministère de la Justice a reconfirmé qu’il n’y aurait pas recours à l’avenir», a déclaré la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki.

Avant cette mise au point, le rédacteur en chef du Times Dean Baquet avait critiqué les administrations Trump et Biden. «Clairement, Google a fait ce qu’il fallait, mais on n’aurait jamais dû en arriver là», a-t-il dit. «Le ministère de la Justice a poursuivi sans relâche l’identité des sources pour une couverture qui était clairement dans l’intérêt public dans les 15 derniers jours de l’administration Trump. Et l’administration Biden a continué à le faire. Comme je l’ai déjà dit, cela porte profondément atteinte à la liberté de la presse.»

Les quatre journalistes visés étaient Matt Apuzzo, Adam Goldman, Eric Lichtblau et Michael Schmidt. Mercredi dernier, l’administration Biden les avait informés que le ministère de la Justice avait secrètement saisi leurs données téléphoniques en 2020. Des journalistes du Washington Post et de CNN ont également reçu ce genre d’informations pour le moins dérangeantes récemment. Mais l’administration Biden n’avait pas encore tout dit. Et si l’on en croit la Maison-Blanche, le ministère de la Justice a même caché des choses au président démocrate.

(Photo EPA)