Le blogue de Richard Hétu

Plus tôt cette semaine, le New York Times a publié des extraits de discours que Xi Jinping a prononcés de 2012 à 2016 devant des hauts gradés militaires et dont la dissémination avait été très limitée jusque-là. Ces discours démontraient que, derrière les voeux de bonne entente avec les États-Unis exprimés en public, le président chinois n’avait de cesse de répéter devant les dirigeants de l’armée de son pays que la Chine devait se préparer à un affrontement inévitable avec l’Occident, qui n’accepterait jamais l’ascension d’une Chine communiste dirigée par le Parti communiste chinois.

De toute évidence, Xi a laissé ces discours en Chine. À son arrivée en Californie où il participera à la réunion annuelle des pays de l’Asie-Pacifique, il a profité d’une rencontre bilatérale avec Joe Biden pour déclarer à son hôte que les États-Unis et la Chine ne pouvaient pas se « tourner le dos ». « La planète est assez grande pour que nos deux pays prospèrent », a-t-il assuré, alors que Washington et Pékin se livrent une concurrence sans merci, économique, technologique, stratégique et militaire, selon le compte-rendu de l’AFP.

« Je crois fermement en l’avenir prometteur des relations bilatérales », a-t-il ajouté, selon le New York Times.

Le président américain a accueilli son homologue chinois en rappelant ses nombreuses rencontres passées avec son homologue chinois. « C’est un grand honneur et un plaisir de vous accueillir aux États-Unis », a-t-il déclaré.

« Nos rencontres ont toujours été franches, directes et utiles. Il est crucial que vous et moi nous nous comprenions clairement », a-t-il ajouté.

Personne ne s’attendait à de grandes percées à l’issue de cette rencontre. Un haut fonctionnaire de l’administration américaine a déclaré que les deux hommes devraient parvenir aux grandes lignes d’un accord qui engagerait Pékin à réglementer les composants du fentanyl, la drogue qui est à l’origine d’une épidémie dévastatrice d’opioïdes aux États-Unis. La Chine a déjà promis une telle réglementation par le passé.

Selon le Times, Biden et Xi devraient également annoncer la création d’un forum de discussion sur la manière de tenir les programmes d’intelligence artificielle à l’écart du commandement et du contrôle nucléaires, au moment même où les États-Unis refusent à la Chine les puces avancées dont elle a besoin pour développer et former des programmes d’intelligence artificielle. Et ils discuteront probablement de la reprise des communications entre militaires, que la Chine a interrompues après la visite de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants, à Taïwan l’année dernière.

Mais personne ne devrait se fier aux déclarations publiques de Xi à Biden, à en croire les discours passés du président chinois devant les militaires de son pays. En novembre 2015, il disait : « Dans les conflits internationaux, les opérations politiques sont très importantes, mais en fin de compte, il s’agit de savoir si vous avez de la force et si vous pouvez utiliser cette force. S’appuyer sur une langue d’argent ne fonctionnera pas. »

(Photo AFP/Getty Images)