Le blogue de Richard Hétu

Ayant déjà été dépeint comme un fraudeur au long cours par le juge Arthur Engoron, Donald semble avoir renoncé à tout effort pour gagner les faveurs du magistrat pour la suite des choses. « Ce juge devrait être radié du barreau », a déclaré l’ancien président aux journalistes pendant une pause de son procès civil pour fraude qui s’est ouvert ce lundi matin à New York. « C’est un juge qui devrait être démis de ses fonctions. Certains disent que ce juge pourrait être inculpé au pénal pour ce qu’il fait. Il interfère avec une élection. »

Trump: This is a judge that should be disbarred. This is a judge that should be out of office. This is a judge that some people say could be charged criminally for what he's doing. He’s interfering with an election pic.twitter.com/VCJKNFqvTK

— Acyn (@Acyn) October 2, 2023

Trump a également lancé ce qui ressemblait à un appel à la violence en critiquant la procureure générale de l’État de New York Letitia James, qui souhaite le voir condamné à une amende pouvant aller jusqu’à 250 millions de dollars et lui interdire de diriger une entreprise à New York. « Je ne pense pas que les citoyens de ce pays vont accepter cela. […] C’est une honte. Et vous devriez vous en prendre à cette procureure générale », a-t-il déclaré.

Donald Trump: “I don't think the people of this country are going to stand for it…This is a disgrace. And you ought to go after this attorney general.” pic.twitter.com/gXlff6Fs8R

— Republican Accountability (@AccountableGOP) October 2, 2023

Il est entendu que Trump portera en appel les décisions du juge Engoron, qui devra déterminer à l’issue du procès les pénalités qui doivent être infligées au défendeur pour avoir frauduleusement gonflé la valeur de ses actifs immobiliers pendant une décennie. Christopher Kise, l’un des avocats de Trump, a d’ailleurs formulé en lever de rideau des arguments que le juge Engoron a déjà rejetés mais qu’il entend sans doute répéter devant un tribunal d’appel.

« Le président Trump n’a pas fait de fausses déclarations », a-t-il dit, contredisant les conclusions du juge Engoron selon lesquelles Trump a créé un « monde fantaisiste » d’évaluation immobilière qui « ne peut être considéré que comme de la fraude ».

L’air maussade ou ennuyé pendant les arguments de Kise, Trump s’est animé pendant les arguments d’Alina Habba, autre membre de son équipe juridique, dont les propos étaient largement politiques. L’avocate s’en est notamment prise à la procureure générale de l’État de New York.

« Mme James a dit qu’elle allait entrer dans le bureau du procureur général et qu’elle allait s’en prendre à Trump », a déclaré Habba, en faisant référence aux remarques que James, une démocrate, avait faites pendant la campagne électorale de 2018.

Le juge Engoron a corrigé Habba à plusieurs reprises, lui reprochant notamment cette attaque contre James. Il a rappelé que les propos antérieurs de James sur Trump n’étaient pas un enjeu dans le procès à la suite d’une de ses décisions qui a été confirmée par un tribunal d’appel.

L’un des procureurs de l’État a fait valoir de son côté que Trump pouvait certes exagérer la valeur de ses actifs immobiliers en s’adressant au magazine Forbes ou à des téléspectateurs, mais « vous ne pouvez pas le faire en menant des activités commerciales dans l’État de New York », a-t-il déclaré.

Après une pause pour le lunch, un premier témoin a été appelé à la barre. Il s’agit de Donald Bender, qui était le comptable de la Trump Organization et qui est bien connu de ceux qui ont suivi le procès de la Trump Organization l’année dernière. Le procès pourrait durer trois mois.

À noter : Trump n’était pas tenu d’être présent en cour aujourd’hui. Et il ne devrait pas l’être à nouveau jusqu’à ce qu’il soit appelé à la barre. Mais, de toute évidence, il voulait tourner à son avantage la première journée de ce procès en influençant la couverture médiatique et en créant du contenu qui lui permettra de solliciter à nouveau sur internet des fonds auprès de ses partisans.

(Photo Reuters)