Le blogue de Richard Hétu

Peut-on imaginer un scénario où l’enquête en destitution contre Joe Biden ne mène pas à son « impeachment », c’est-à-dire à la mise en accusation du président démocrate par la Chambre des représentants ? C’est pour le moins difficile, voire impossible. Si les républicains mettaient fin à cette enquête en concluant qu’il n’y a pas matière à rédiger au moins un ou deux articles d’« impeachment » à l’encontre de Biden, ce dernier pourrait à juste titre se dire lavé de tout soupçon, un résultat qui susciterait la révolte chez les républicains d’extrême droite de la Chambre et les électeurs républicains les plus trumpistes.

Ne reste donc aux républicains de la Chambre qu’à trouver une ou deux raisons pour mettre en accusation Joe Biden. Pour le moment, comme le souligne le chroniqueur conservateur du New York Times David French, cette enquête en destitution se distingue de celles qui ont visé Bill Clinton ou Donald Trump, en ce sens qu’elle commence sans aucun élément de preuve incriminant, seulement une série d’allégations non prouvées ou incorrectes.

« En 1998, la Chambre des représentants n’a entamé son enquête en destitution qu’après que des tests ADN effectués sur la robe bleue de Monica Lewinsky ont révélé que Bill Clinton avait menti sous serment au sujet de leur liaison, écrit French. En 2019, la Chambre des représentants n’a ouvert son enquête en destitution qu’après avoir reçu des informations selon lesquelles Donald Trump avait tenté de contraindre le président ukrainien Volodymyr Zelensky à enquêter sur le principal opposant politique national de Trump. Le lendemain de l’annonce de l’enquête par Nancy Pelosi, la Maison-Blanche a publié une transcription approximative de l’appel de Trump avec Zelensky, et les Américains ont pu constater que Trump avait effectivement pressé Zelensky d’enquêter sur Joe Biden, comme “faveur” en réponse à la demande de missiles antichars Javelin de l’Ukraine. »

Et en 2021, la Chambre des représentants n’a même pas tenu d’enquête avant de rédiger et approuver un article d’« impeachment » accusant Trump d’« incitation à l’insurrection » à la suite de l’attaque du 6 janvier 2021 contre le Capitole des États-Unis.

Il est également difficile, voire impossible, d’imaginer un scénario où la majorité républicaine à la Chambre, aussi ténue soit-elle, n’approuve pas la mise en accusation de Joe Biden, peu importe le ou mes motifs allégués. Cela dit, le président démocrate, comme son prédécesseur, devrait être acquitté par le Sénat à l’issue du procès en destitution qui suivrait sa mise en accusation.

En attendant, la représentante républicaine de Géorgie Marjorie Taylor Greene, qui a déjà rédigé ses propres articles d’« impeachment » visant Biden, a confié au New York Times qu’elle souhaitait que l’enquête en destitution contre le président démocrate soit « longue et atrocement douloureuse pour Joe Biden ».

N’y a-t-il pas un vieux proverbe qui conseille de faire attention à ce que l’on souhaite ?

(Photo AFP/Getty Images)