Le blogue de Richard Hétu

« Par où commencer ? Je commencerai par l’histoire de ma propre famille. L’un de mes arrière-arrière-grands-pères, réduit en esclavage à Charleston, en Caroline du Sud, a effectivement été contraint d’apprendre le métier de forgeron. Mais il n’avait pas la possibilité d’en bénéficier de quelconque façon, car son temps et son travail ne lui appartenaient pas. Ils appartenaient à son esclavagiste. Il appartenait à son esclavagiste. Prétendre que mon ancêtre a bénéficié d’une sorte de faveur en apprenant un métier, c’est ignorer la réalité de l’esclavage racial tel qu’il était pratiqué aux États-Unis. À ma connaissance, il a été vendu comme du bétail au moins deux fois. Dire qu’il a “acquis des compétences”, comme s’il s’était inscrit à une sorte de programme d’apprentissage, relève d’un point de vue anhistorique affligeant. Comme pour les millions d’autres Afro-Américains réduits en esclavage, tout ce qu’il a accompli l’a été en dépit de sa servitude. »

— Eugene Robinson, éditorialiste au Washington Post, réagissant aux nouvelles normes sur l’enseignement de l’histoire afro-américaine dans les écoles publiques de Floride selon lesquelles les élèves devront apprendre que les personnes réduites en esclavage « ont acquis des compétences » qui « pouvaient être utilisées pour leur bénéfice personnel ». Le journaliste trouve particulièrement consternante l’une des réactions du gouverneur de l’État, Ron DeSantis, face à la controverse soulevée par ces nouvelles normes qui découlent de sa croisade anti-wokiste. « Je n’ai pas été impliqué », a dit le candidat républicain à la présidence vendredi dernier.

(Photo Getty Images)