Le blogue de Richard Hétu

Quelles sont les chances que la Chine ait prévu de faire flotter un ballon-espion visible à l’oeil nu au-dessus des États-Unis pendant plusieurs jours ? Nulles ? Minces ? Si vous répondez à ces questions par l’affirmative, vous n’aurez pas de mal à trouver crédible la théorie évoquée par le Washington Post pour expliquer cette violation flagrante de l’espace aérien qui a causé une crise internationale.

Selon le Post, les renseignements et les militaires américains suivaient la trajectoire du ballon depuis son décollage de Hainan, une île située au sud de la Chine. Cette trajectoire devait conduire le ballon au-dessus de l’île de Guam, un territoire américain. Mais cette trajectoire a changé soudainement et « l’engin a pris un virage inattendu vers le nord, selon plusieurs responsables américains, qui ont déclaré que les analystes examinent désormais la possibilité que la Chine n’avait pas l’intention de pénétrer le cœur des États-Unis avec son dispositif de surveillance aérienne », précise le Post.

Et d’ajouter : « Le ballon a flotté au-dessus des îles Aléoutiennes de l’Alaska, à des milliers de kilomètres de Guam, puis a dérivé au-dessus du Canada, où il a rencontré des vents forts qui semblent l’avoir poussé vers le sud, sur le territoire continental des États-Unis, ont déclaré les responsables, s’exprimant sous couvert d’anonymat pour décrire des informations sensibles ».

En d’autres mots, les Chinois auraient largement ou complètement perdu le contrôle de leur ballon, qui a été abattu le 4 février dernier au large de la Caroline du Sud. La crise internationale qui a suivi aurait donc été causée au moins en partie par une erreur.

Et qu’en est-il des trois autres « objets » volants abattus par la suite ? La Maison-Blanche a indiqué mardi que ces engins ne représentaient vraisemblablement aucune menace pour la sécurité nationale. John Kirby, coordinateur des communications stratégiques du Conseil national de sécurité, a précisé que les renseignements américains n’écartent pas la possibilité que les trois engins appartiennent à une organisation commerciale ou à une entité de recherche et soient donc « bénins ».

Selon le Post, la Chine a déjà envoyé des ballons au-dessus de Guam et d’Hawaï pour surveiller des installations militaires américaines. C’est cette réalité que ses dirigeants auraient tenté de cacher en évoquant un ballon météorologique égaré au-dessus des États-Unis. Face à la fureur provoquée à Washington par l’incident, les dirigeants chinois ont par la suite accusé les États-Unis d’avoir envoyé plus de 10 ballons de surveillance au-dessus de leur espace aérien.

P.S. : Nous voici rendus à mi-chemin de la première campagne de financement de ce blogue en 2023. Je ne saurais trop insister sur l’importance de maintenir le rythme des deux premiers jours pour l’atteinte de notre objectif. Merci à tous ceux et celles qui apporteront leurs contributions d’ici la fin de la journée, ainsi qu’aux autres qui l’ont déjà fait !

(Photo Getty Images)