Le blogue de Richard Hétu

L'Amérique dans tous ses états

«C’était ma deuxième fusillade. J’étais donc un peu préparée… parce que je m’attends toujours à ce que quelque chose se passe.»

Faris Nunn, 8 ans, expliquant à un journaliste de la télévision comment elle s’était sentie samedi soir lorsque des coups de feu ont éclaté à l’extérieur du stade de baseball de Washington et semé la peur à l’intérieur, où elle se trouvait. Sa mère a expliqué plus tard qu’un homme était mort par balle en novembre dernier à l’extérieur d’un centre récréatif de Washington où sa fille participait à une activité.

(Photo capture d’écran)

58 réflexions sur “La citation du jour

  1. Michel Tanguay dit :

    Pauvre pays martyre. In Gun we trust!

  2. Fred dit :

    American dream…la face cachée du cauchemar!!

    1. Stéphane dit :

      Aux States, « on s’attend toujours à ce que quelque chose se passe »…

      1. gl000001 dit :

        Mais rien ne change pour contrôler les armes !! Après le Big Lie … The Great Contradiction !!

  3. Léo Mico dit :

    Communiqué à venir de la NRA :
    « Nous ne comprenons pas comment des enfants de 8 ans peuvent aller voir un match de baseball sans être armés. C’est vraiment dangereux ! »

    1. lanaudoise dit :

      🤣🤣🤣. The gunshow must go on!

    2. Mona dit :

      @Leo Mico
      👍👌

      1. Haïku dit :

        Je seconde !! 🎩

  4. Loufaf dit :

    Eh oui! C’ est  » normal » les fusillades aux states. On s’ y prépare et on vit avec ça, en espérant ne pas être la prochaine victime. La petite a 8 ans, et déjà résignée …. Comment voulez- vous instaurer un contrôle des armes à feu, quand une partie de la population ne peut vivre sans ses armes, et l’ autre est résignée face aux tueries.

    1. Guy LB dit :

      @Loufaf : 👌 vous soulevez un excellent point :
      la perception chez les Américains que les fusillades sont aussi inévitables que la neige en hiver, la chaleur en été et un nombre minimum de morts sur les routes. Ce pays a un urgent besoin d’un grand vent de révolte, d’arrêter de croire que leur système social est le meilleur au monde et fait l’envie du reste de la planète… même s’il y a beaucoup de vrai là-dedans. Quel paradoxe !

      1. lanaudoise dit :

        En attendant, les lobbyistes sont plus forts que la majorité, laquelle est en faveur d’un meilleur contrôle.

    2. Madalton dit :

      On vit avec comme avec la COVID en espérant ne pas être la prochaine victime.

  5. Layla dit :

    Vivre comme ça c’est pas une vie pour un enfant de 8 ans.
    Voyons donc elle s’attend à ce qui se passe quelque chose.
    Comme s’attendre à un hold up en milieu de travail. Mais un enfant…

    1. Guy LB dit :

      @Layla : ce n’est pas une vie
      pour une enfant de 8 ans, ni pour personne d’ailleurs. Imaginez le sentiment quand on s’attend à un hold-up chaque fois qu’on met les pieds à la banque… C’est d’une grande tristesse.

    2. Dekessey dit :

      @Layla.
      Exact. Toute personne normale devrait être grandement perturbée sinon traumatisée par ce qu’elle vient de vivre.
      Pour cette petite de 8 ans, c’est presqu’un samedi comme les autres.

      1. Haïku dit :

        Dekessey
        Touché !

  6. Mélanie dit :

    Le gros problème au États-Unis c’est le partie républicain.

  7. kelvinator dit :

    Les USA sont les champions olympique toute catégorie pour les tueries de masse!!

  8. Anne-Marie dit :

    Si la jeune fille habitait le Honduras et avait fait une telle déclaration, on s’indignerait c’est certain, mais on sait que c’est un pays pauvre gangrené par la corruption et la violence des gangs. Là, on parle d’une jeune Américaine qui vit dans la capitale des États-Unis un pays supposément hautement démocratique et sécuritaire! On s’indigne devant le constat de dangerosité d’une enfant qui vient tout juste d’atteindre l’âge de raison! La violence des armes a fait sa place dans un pays riche.

  9. Jean Saisrien dit :

    Probablement à cause des jeux vidéos…

    1. lanaudoise dit :

      😂👏

    2. Capitaine B dit :

      … ou à cause du heavy metal! 🤘

      1. gl000001 dit :

        Gangsta rap !!

  10. garoloup dit :

    @Jean Saisrien c’est un sarcasme, j’espère…

    1. lanaudoise dit :

      Ben voyons donc. C’est la vérité vraie. Ne croyez-vous pas tout ce qu’a dit DT lors de sa présidence?

    2. Guy LB dit :

      @garoloup : je suis certain que @Jean Saisrien ironise
      (son nom est un bon indice) en anticipant les explications vaseuses que ne manqueront pas de nous servir les républicains pro-vie, pro-famille, pro-Dieu mais pro-guns. Allez donc comprendre…

      1. gl000001 dit :

        Il va y avoir des tonnes de gens avec des cheveux sales ou tout croche !! Il y aura plus de caméras fermées lorsqu’on Zoomera avec eux !!

  11. stellaire11 dit :

    Ce fétichisme des armes, cela commence à relever d’une pathologie nationale : plus il y a d’armes en circulation , plus de personnes se sentent insécures et plus d’armes sont achetés. Or, statistiquement, ces armes sont plutôt utilisés pour se suicider, déchargées accidentellement ou pour tuer son conjoint.

    Mais comme le sacro-saint 2ème amendement ne peut être remis en question, ce culte des armes va continuer, hélas. Une des raisons pour laquelle j’ai peur de mettre les pieds aux États.

    Le comble de l’hypocrisie du parti républicain qui se dit pro-vie, mais est pro-arme, pro-peine de mort et contre les subsides pour les familles pauvres.

  12. Jean Létourneau dit :

    HS – Comment FaceBook permet à un polémiste de s’enrichir: doit être payant à quelque part, disait M.Rustik)

    PBS dans un sérié titrée « Démêler la désinformation » publie:
    L’indignation en tant que modèle commercial : comment Ben Shapiro utilise Facebook pour construire un empire.

    La conclusion via un traducteur:
    Facebook a eu du mal en interne sur la façon de gérer cette coordination de page, selon un rapport du New York Times l’année dernière. Un employé a déclaré au Times que Facebook craignait que « prendre des mesures contre un important réseau de droite pourrait déclencher une réaction républicaine ».

    Publiquement cependant, rien n’indique que Facebook considère le succès de l’engagement du Daily Wire comme un problème.

    Freelon, le professeur de l’UNC, affirme que Shapiro a fait un travail brillant en enfilant l’aiguille pour engager une grande partie de la base républicaine avec un contenu polarisant tout en ne se heurtant pas aux plateformes de médias sociaux.

    « Peu importe ce que vous pensez des penchants idéologiques de Ben Shapiro », dit Freelon, « il est difficile de nier qu’il fait ce qu’il fait bien. »

    https://www.npr.org/2021/07/19/1013793067/outrage-as-a-business-model-how-ben-shapiro-is-using-facebook-to-build-an-empire

    1. Jean Létourneau dit :

      NPR la radio publique, plutôt que PBS la télé publique.

  13. NStrider dit :

    Je reprend aujourd’hui un commentaire que j’avais fait le 24 juin 2020 sur un billet de M. Hétu:
    « -24juin –
    Lors de mon dernier séjour aux États-Unis (Columbus day 2016, je garde mes $$$ de ce côté de la frontière depuis novembre 2016) je suggérais à un ami de Virginie de promouvoir l’achat et le port d’armes par les afro-américains, les latino-américains et les gens originaires du Moyen-Orient. Ils devraient investir la NRA et en prendre le contrôle. Je suis certain qu’on verrait rapidement émerger une nouvelle vision du 2ieme amendement. »

    1. gl000001 dit :

      Le BRA … Black Rifle Association. Je ne ferais pas une joke de mononcle là-dessus 😉

      1. karma278 dit :

        La BRO… Black Rifle Organisation???

  14. Jean Létourneau dit :

    Oui, j’imagine la NRA dirigée par une transe afro-américaine, ça ferait de l’effet!

  15. lanaudoise dit :

    Cet article explique bien cette histoire de deuxième amendement. Je note au passage l’ironie qui fait que les anti-confédérationnistes se retrouve dans la Federalist society, groupuscule qui choisit maintenant les juges de la Cour suprême (il paraît que MItch empêchera toute nomination de la part de Biden). Sous des principes fallacieux, les Pères fondateurs ne prétendant pas avoir créé une constitution coulée dans le béton pour toujours (le béton n’existait pas à l’époque).
    https://www.anti-k.org/2018/02/24/deuxieme-amendement-de-constitution-americaine-amendement/
    Nota: le site original ne serait plus sécuritaire? Alors, je le copie-colle. Texte exceptionnel.

    Pourquoi le deuxième amendement de la constitution américaine est-il un… amendement? : article – Revue Argument

    http://www.revueargument.ca/

    Pourquoi le deuxième amendement de la constitution américaine est-il un… amendement?
    Un texte de François Charbonneau
    Thèmes : États-Unis, Philosophie, Société
    Numéro : Argument 2016 – Exclusivités web 2016

    Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi le deuxième amendement de la constitution américaine est précisément cela, un amendement ? C’est une question qu’on ne se pose pas assez, il me semble. Si vous suivez un peu l’actualité, vous savez à quoi je fais référence : le deuxième amendement de la constitution des États-Unis d’Amérique garantirait aux Américains le droit de porter une arme pour se défendre. Du moins, est-ce ainsi que l’on interprète généralement le sens de ce deuxième article du fameux « Bill of Rights » américain. Mais pourquoi est-ce un amendement et non un article de la constitution elle-même ? Pourquoi les pères fondateurs américains n’ont-il pas inclus d’emblée le droit de porter une arme dans le texte même de la constitution ? Pour le comprendre, il faut réfléchir aux enjeux politiques auxquels faisaient face les pères fondateurs américains en 1787. Mener cette réflexion nous amènera à conclure non sans un paradoxe apparent que jamais les pères fondateurs américains n’ont souhaité garantir aux citoyens des États-Unis le droit de porter une arme pour leur propre protection.

    En 1787, les anciennes colonies américaines sont devenues 13 États indépendants. Ces 13 États sont alors liés les uns aux autres par les Articles de la confédération, traité qui, pour diverses raisons, est devenu à ce moment-là totalement désuet. On aurait tort de se représenter les États-Unis de l’époque en considérant ce qu’ils sont devenus aujourd’hui. À l’époque, l’entité politique est formée de 13 petits États indépendants, situés sur une mince bande de terre à l’extrémité est de l’Amérique du Nord, et qui collaborent relativement peu entre eux. Mais ces États associés ont contracté mutuellement une dette pendant la guerre d’indépendance, dette qu’ils ont de plus en plus de difficultés à rembourser. Ce n’est pas la seule raison, mais c’est certainement la principale qui fera en sorte que les Américains de l’époque jugeront nécessaire de réécrire le traité les liant les uns aux autres. À l’origine de cette réécriture, qui deviendra la constitution de 1787, on trouve donc la volonté de mettre en place « une union plus parfaite », l’Union présente étant justement, pour l’instant, déficiente.

    Or, la nouvelle constitution proposée inquiète beaucoup ceux que les historiens appelleront plus tard les « antifédéralistes », c’est-à-dire ceux qui s’opposent à son adoption. La principale critique des antifédéralistes tient à ce que cette nouvelle constitution ne s’appuie pas du tout, selon eux, sur les principes sur lesquels reposait la pensée politique des Américains au moment de la Déclaration d’indépendance, à peine une dizaine d’années plus tôt. Pour le dire très simplement, la pensée politique des patriotes américains en 1776 se nomme le « whiggisme », ou « true-whiggisme ». Elle correspond à une manière très particulière de comprendre ce qu’est la liberté. Elle apparaît essentiellement aux XVIe et XVIIe siècles chez des penseurs qui tentent de comprendre les conditions de possibilité de la liberté, principalement dans un contexte monarchique. Cette pensée politique trouve sa meilleure incarnation dans la pensée d’Algernon Sidney, un auteur aujourd’hui tout à fait oublié, mais qui a exercé une profonde influence sur les révolutionnaires américains. Pour Sidney, qui mourra en martyr de la liberté quelques années avant la Glorieuse Révolution anglaise de 1688, le pilier de la liberté se trouve dans la résistance de l’individu au pouvoir. Dans la perspective qui est la sienne, la tendance naturelle de l’homme au pouvoir est d’accroître son propre pouvoir au détriment de la liberté des autres hommes. Les hommes libres doivent donc défendre jalousement leur liberté, les armes à la main si nécessaire, en opposant une résistance constante au pouvoir du Roi. Dans l’esprit de Sidney, et de bon nombre de penseurs whigs après lui, la liberté se mérite. Elle est la récompense de ceux qui l’ont défendue chaque fois qu’un monarque a tenté d’usurper le pouvoir, se faisant par le fait même tyran. Évidemment, pour Sidney et la plupart des Anglo-Saxons du XVIIIe siècle, seuls les Anglais sont vraiment libres, parce que seuls les Anglais défendent leur liberté les armes à la main. L’évènement de référence d’une telle défense de la liberté est en Grande-Bretagne la Glorieuse Révolution à l’issue de laquelle le « peuple » se serait « donné » un Roi aux pouvoirs limités par un Bill of Rights. Une telle compréhension de la liberté avait le mérite de faire craindre le pire aux monarques anglais s’ils essayaient de repousser indûment les limites de leur pouvoir, et on peut dire sans peur de se tromper que les Anglais du XVIIIe siècle étaient effectivement plus libres que leurs contemporains. Mais n’oublions pas que leur compréhension du politique leur permettait aussi de justifier des réalités plus troublantes : si les hommes libres le sont pour avoir eu le mérite de défendre leur liberté, par essence les esclaves méritent donc leur sort. Ceux-ci n’avaient qu’à se battre jusqu’à la mort pour défendre la leur. Suivant cette vision manichéenne du monde, il n’y a pas d’autres options que de vivre libre ou mourir, live free or die, comme le veut encore aujourd’hui la devise de l’État du New Hampshire.

    Si les Anglais des colonies d’Amérique ont réagi avec tant de virulence à la tentative du Parlement anglais de les taxer, c’est très précisément parce qu’ils étaient habités par cette compréhension politique de la liberté. Il fallait absolument défendre sa liberté les armes à la main contre la volonté du Parlement anglais d’élargir son pouvoir de manière indue. Seuls les hommes non libres peuvent accepter de payer des taxes sans d’abord avoir été consultés.

    Au moment de déclarer leur indépendance, les Américains pensent qu’ils n’auront pas de difficulté à battre les troupes de la Grande-Bretagne, et qu’ils auront encore plus de facilité à anéantir les mercenaires prussiens qu’envoie contre eux le roi George III. Encore une fois, c’est la pensée « whig » et la relecture des écrits d’Algernon Sidney qui les convainquent que la victoire est une quasi-certitude. En effet, le credo whig est cette conviction qu’un homme qui se bat pour sa liberté possède une plus grande valeur militaire qu’un soldat payé pour combattre. C’est aussi la raison pour laquelle les Américains du XVIIIe siècle estiment que la liberté est mieux assurée par des milices bien organisées que par une armée permanente. Les premières victoires des milices américaines contre les troupes de George III, notamment à Lexington, à Concord et à Breed’s Hill semblent d’ailleurs à leurs yeux confirmer cette théorie.

    Or, si les membres du Congrès américain, et en particulier les Pères fondateurs comme George Washington, ont appris quelque chose de la Guerre d’indépendance, c’est que les milices ne sont guère d’un grand secours lorsqu’il s’agit de véritables batailles rangées. La Guerre d’indépendance va démontrer que les milices résistent très mal à l’assaut des troupes régulières qui sont, elles, bien entraînées et nettement plus efficaces. George Washington savait fort bien que sans l’intervention de l’armée et de la marine françaises, jamais les révolutionnaires américains n’auraient réussi à battre les troupes régulières de Sa Majesté. Et c’est notamment la raison pour laquelle la nouvelle constitution, à la rédaction de laquelle il participe, prévoit que les États-Unis auront dorénavant une marine et des forces armées permanentes.

    Pour les antifédéralistes cependant, cette nouvelle constitution proposée en 1787 est une hérésie. Elle ne ressemble en rien à ce qu’ils connaissent de la pensée politique whig et des saints principes de la liberté au nom desquels ils se sont battus pendant de longues années. L’oubli le plus flagrant ? La nouvelle constitution ne contenait pas de Bill of Rights précisant les droits des citoyens américains. Mais pourquoi les pères fondateurs qui ont écrit cette nouvelle constitution n’avaient-ils pas inclus une telle charte des droits ? Eh bien, parce qu’ils la jugeaient redondante par rapport aux constitutions des États et en ce sens plutôt inutile.

    Pour la plupart des rédacteurs de la constitution américaine négociée à Philadelphie à l’été 1787, une charte des droits n’a en effet de sens que sous un régime monarchique. Le peuple marque ainsi les limites et l’étendue des pouvoirs qu’il confère à son Roi. Mais à quoi peut bien servir une charte des droits dans une République ? Selon les Pères fondateurs américains, du moins au moment de la négociation à l’été 1787, une charte des droits en contexte républicain relève d’une contradiction logique. Puisque c’est le peuple qui est au pouvoir et que le peuple fait les lois, le peuple n’a pas à être protégé contre lui-même. On protège le peuple contre le monarque, bien entendu, puisqu’il peut se faire tyran. Mais dans un système démocratique, où le peuple choisit périodiquement ses représentants, quelle pourrait bien être la pertinence de « garantir » aux individus des droits ?

    Cette manière de comprendre la nature d’une République qui était celle des rédacteurs de la constitution n’avait pourtant rien pour convaincre les antifédéralistes qui continuaient de tenir pour à jamais valables les principes de la pensée politique whig. Une bonne partie de la population américaine était d’ailleurs en parfait accord avec ces antifédéralistes. La grogne était suffisamment grande pour faire craindre aux Américains d’alors que la constitution ne soit jamais ratifiée. C’est la raison pour laquelle certains ont proposé d’inclure le fameux « Bill of Rights » sous la forme d’une série de 12 amendements devant être adoptés aussitôt après la ratification de la constitution. En fin de compte, seulement 10 de ces amendements seront ratifiés (un onzième le sera également, mais plus de deux cents ans plus tard, en 1992) et sont depuis connus sous le nom de Bill of Rights. Fait significatif : l’article 1, qui porte sur la liberté d’expression, n’aurait pas dû être l’article 1, mais bien l’article 3, si tous les articles avaient été ratifiés.

    Que retrouve-t-on dans ce fameux Bill of Rights ? La série d’amendements se lit comme un parfait bréviaire de la pensée politique whig. Il s’agit d’une importante concession faite aux antifédéralistes par les promoteurs de la constitution, et cela dans le seul but de la faire adopter. On y trouve les principaux éléments de la pensée whigs, tels que la liberté d’expression, le droit d’être jugés par ses pairs (tribunal par jury), l’habeas corpus, le droit de ne pas s’incriminer soi-même, de ne pas devoir loger des soldats dans sa maison, de ne pas se faire imposer l’exercice d’une religion par l’État, et ainsi de suite.

    Mais la plus grande concession à la pensée politique whig se trouve dans le deuxième amendement de la constitution portant sur le droit de porter des armes. Cet amendement se lit comme suit : « Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, le droit qu’a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé. » Cet amendement reprend la conviction, au cœur de la pensée politique whig, et pourtant invalidée par la Guerre d’indépendance américaine, que la milice est plus efficace pour défendre un État qu’une armée professionnelle. Or les auteurs de la constitution ne s’inquiétaient pas outre mesure de cette disposition, puisque la constitution prévoyait aussi la création d’une armée et, surtout, d’une marine permanentes, placées sous le contrôle du commander-in-chief.

    Le deuxième amendement a donc tout à voir avec la pensée politique whig qui faisait de la milice un rouage essentiel d’un État libre et n’a rigoureusement rien à voir avec le droit théorique qu’aurait un individu de posséder une arme à feu pour sa protection personnelle. Prétendre le contraire est une aberration (sans compter que les Pères fondateurs américains vivaient à une époque où l’on mettait beaucoup de temps à charger un fusil d’une seule balle, ce même fusil étant souvent inefficace à plus d’une dizaine de mètres). De plus, se baser sur un document écrit à une époque qui ne connaît pas encore l’électrification pour justifier le droit de posséder des mitraillettes militaires crachant des milliers de balles à la minute n’est pas seulement absurde, c’est indécent.

    Cela étant, il ne sert à rien de sombrer dans le désespoir. S’il faut reconnaître un mérite aux Pères fondateurs, c’est qu’ils se savaient faillibles. C’est précisément parce qu’ils savaient qu’ils ne pouvaient pas tout prévoir qu’ils ont inclus dans la constitution américaine un mécanisme ingénieux : une formule d’amendement. Cette formule d’amendement a permis de protéger un certain nombre de droits individuels sous la forme, justement, du Bill of Rights. Or, sans être parfaites, les dispositions qui le composent ont quand même le mérite de protéger les Américains contre l’oppression potentielle de leur propre gouvernement, et l’on sait maintenant que les gouvernements démocratiques peuvent eux aussi en certaines circonstances se montrer despotiques. Un peu partout dans le monde, des chartes des droits permettent de protéger les minorités contre une possible oppression de la majorité. On aura compris le caractère paradoxal de l’héritage antifédéraliste : l’antifédéralisme nous a donné à la fois la paranoïa antigouvernementale qui a traversé l’histoire des États-Unis et qui s’incarne aujourd’hui dans le mouvement Tea Party comme dans le lobby des armes à feu, mais ce même mouvement a aussi, en exigeant une charte des droits, puissamment contribué à créer un système politique qui, même s’il connaît d’innombrables ratés dans la pratique, est fondé sur des principes qui sont eux-mêmes sains. N’oublions pas que chaque fois que l’on a abrogé des lois discriminatoires contre des groupes en particulier (abolition de l’esclavage, mouvements des droits civiques, droit à l’avortement et plus récemment la reconnaissance du mariage gai) on a toujours invoqué le Bill of Rights… qu’exigeaient bruyamment les antifédéralistes.

    Les pères fondateurs américains avaient bien des défauts, mais ils avaient le mérite, disions-nous, de se savoir faillibles. En ce sens, ils n’ont pas écrit une bible, mais un document organique appelé à changer au gré des circonstances. Il serait souhaitable que ceux qui entretiennent un rapport quasi religieux avec la constitution américaine comme s’ils lisaient la parole divine se rappellent que les pères fondateurs américains eux-mêmes ne pensaient pas avoir créé une œuvre parfaite et éternelle, mais au contraire souhaitaient la voir amender au besoin. Et la meilleure preuve que les pères fondateurs envisageaient la possibilité que la constitution soit amendée est de se rappeler que les amendements contenus dans le Bill of Rights, amendements auxquels tiennent tant les Américains sont, justement, des amendements.

    FRANÇOIS CHARBONNEAU

    *L’auteur tient à remercier Marie-Andrée Lamontagne et Patrick Moreau pour leurs commentaires judicieux.

    1. Mona dit :

      @lanaudoise
      C’est un texte très intéressant merci.
      Il comble de vraies difficultés (pour moi lacunes😏) de compréhension et raisonnement pour cette société dont les faiblesses, les mollesses idéologiques et morales, les contradictions et paradoxes, ne cesseront de me surprendre (en bien et en mal).

      L’auteur François Charbonneau est il professeur d’économie politique à l’université d’Ottawa ?

    2. constella1 dit :

      lanaudoise

      Merci pour ce texte
      Ça explique bien des choses encore aujourd’hui d’ailleurs
      Je retiendrai ceci en particulier
      « les Américains du XVIIIe siècle estiment que la liberté est mieux assurée par des milices bien organisées que par une armée permanente »

      Si l’on se fie à l’actualité récente ils sont toujours au XVllle siècle
      On a qu’à penser au 6 janvier…

  16. Rej dit :

    Incroyable

  17. POLITICON dit :

    Lorsqu’une enfant de 8 ans informe les adultes que ca fait partie de sa vie de tous les jours d’être préparée à affronter les balles. C’est pas très différent de ce qui se passe dans d’autres régions du monde, en Palestine, en Syrie. Les enfants, les femmes et des familles entières sont en mode survie. Combien de tueries et d’enfants tués faudra t-il à cette société de prendre des mesures drastiques et définitives? Si vous évincez la NRA du financement politique et du lobbyisme pour réduire leur influence sur le politique, vous réglez une partie du problème. L’autre partie c’est au niveau constitutionnel. Si un cadre politique ne permet pas ou presque de changer, raturer certains bouts écrit il y a 250 ans pour l’ajuster à l’évolution social de la masse, aussi bien mettre le cadenas. Pour le port d’armes du temps des cowboys pour protéger leur troupeau ca passait il y a 150 ans, aujourd’hui tu peux t’acheter un gun dans une tombola aux states. On s’entend que c’est un gun qui donne très peu de chance à une enfant de 8 ans d’avoir une vie heureuse et une santé mentale équilibrée.

    1. lechatderuelle dit :

      POLITICON
      le plus paradoxal est que selon plusieurs historiens, à l’époque des cow-boys très peu de gens avaient des armes… le cinéma a sublimé cette vision des choses de cette époque ….

      1. Richard Hétu dit :

        Pouvez-vous nommer un historien qui prétend une telle chose?

      2. philippe deslauriers dit :

        J’ai pas trouver grand chose chose sur le sujet – Noi aussi j’ai déjà entendu dire la meme chose
        Ce site dit que presque tout le monde vivant en zone rurale avait une arme.
        **https://chipschweiger.medium.com/history-of-the-american-west-the-reality-of-guns-and-the-wild-west-151af6e0a055

         »The rifle (winchester 1873) was also awash across the West, with some half-million manufactured before the turn of the 19th Century. »

        Et c’Est juste un gun parmis tant d’autre…

        Donc, oui, les gens était armé dans le old west.

      3. @POLITICON
        @Richard Hétu

        « The men who enrolled in militias in the early days of the nation—and, under the 1792 Militia Act, enrollment was mandatory for all able-bodied free white men between the ages of 18 and 45—had six months to buy themselves “a musket, bayonet, and belt, two spare flints, a cartridge box with 24 bullets, and a knapsack. »

        Déjà une bonne proportion de la population devait une arme en 1792. Tiré de:
        https://www.topic.com/automatic-for-the-people

  18. Haïku dit :

    Le témoignage de la fillette de 8 ans dit tout !!
    Absolument épouvantable !!

  19. Gilles Morissette dit :

    Je trouve ça d’une tristesse infinie d’entendre une fillette de 8 ans dire des choses semblables.

    À cet âge, un enfant devrait pouvoir s’amuser sans risquer de recevoir une balle perdue tirée par un « cinglé du gun ».

    On entend de tels propos dans des pays ravagés par des guerres sans fins, des conflits ethniques ou autres.

    Cependant, on ne devrait pas les entendre dans un pays qui se prétend le symbole de la démocratie, des droits de la personne, de la liberté.

    La violence par armes à feu est devenu une banalité aux USA au point où on y prête peu d’attention lorsque ça arrive.

    Cette fillette, comme beaucoup d’autres, se fait voler son enfance, et ce, au nom du foutu 2e Amendement.

    Dire qu’il y a des abrutis qui croient régler le problème en armant les enseignants.

    Ce pays est gravement malade.

    1. lanaudoise dit :

      C’est arrivé aussi au Québec. Je connais un homme dont le fils adolescent a tué son ami. Négligent avec un grand n, il n’avait pas suivi les exigences québécoises voulant que les armes et les munitions soient entreposées de façon sécuritaire. J’imagine qu’au sud, il n’y a pas de telles exigences… Libarté.

  20. Gilles Morissette dit :

    Un gros merci à tous ceux et celles qui m’ont apporté leur soutien après que j’ai raconté, hier, (« La citation du jour, 2021/07/18 ») l’histoire de ma petite-fille de 4 ans atteinte d’un cancer pernicieux, agressif et incurable.

    Merci également à tous ceux et celles qui ont fait un don à « GoFundMe » afin de soutenir les parents dans ce long combat dont l’issue est incertaine.

    Comme je l’avais exprimé hier, je vais prendre congé de ce blogue, du moins pour quelque temps.

    Les dernières semaines, soit depuis le 31 mai dernier, ont été plus qu’éprouvantes et j’ai besoin d’un peu de recul afin de me préparer à ce qui s’en vient.

    Ma petite-fille termine cette semaine, la première phase des traitements de radiothérapie qu’elle reçoit.

    Des examens suivront et l’équipe médicale déterminera les suites à donner.

    On se prépare donc à tous les scénarios incluant les pires.

    On devra se serrer les coudes et faire face à la réalité si difficille soit-elle.

    Florence reçoit des soins prodigués par des gens dévoués pour qui le bien-être du patient est LA PRIORITÉ. Nous leurs en sommes trèrs reconnaissants.

    Vous allez me manquer mais je vais essayer, de temps à autre de jeter un oeil, sur les posts de M. Hétu et de lire quelques uns de vos commentaires, histoire de garder contact avec la réalité.

    Merci à tous et à toutes et au plaisir de renouer ave ce blogue sous peu (je l’espère).

    1. Haïku dit :

      Bon courage à vous et vos proches !!

    2. constella1 dit :

      Gilles Morissette

      Merci à vous de nous avoir partagé votre si difficile et douloureuse réalité actuelle
      Ça nous a permis ainsi de pouvoir contribuer financièrement à la cause de Florence votre magnifique petite fille et d’aider un tant soit peu à son bien -être
      Permettez-moi de vous offrir cette chanson que j’ai entendu ds une série télévisée et dans laquelle une courageuse enfant souffrait d’un cancer et pour laquelle tout le monde se battait
      Bon courage à vous et aux vôtres

      https://youtu.be/5ysNqGfJ9iI

      1. Gilles Morissette dit :

        @constella 1 (`19/07/2021 à 13:52)

        Merci pour cette magnifique chanson.

        Votre témoignage me touche beaucoup

        J’avais les yeux remplis de larmes en l’écoutant.

        Je crois que l’émission dont vous parler est « Dr. House ».

        Merci encore et bonne continuité.

      2. constella1 dit :

        Oui en effet chanson tirée de l’émission Dr House
        Heureuse que ça vous ait plu et prenez soin de vous

    3. Hubertine dit :

      Bon courage à vous et votre famille, M. Morissette. Je suis de tout coeur avec vous.

  21. philippe deslauriers dit :

    quand tu interprete ca:

    A well regulated Militia, being necessary to the security of a free State, the right of the people to keep and bear Arms, shall not be infringed.
    traduction: Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, le droit qu’a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé.

    Comme quoi que tu peux porter une arme pour aller faire l’épicerie pour te protéger de ton voisin…

    Le droit de porter des armes (a l’intérieru du milice) pour se protéger de envahiseur étranger (les Anglais dans le temps) a été  »ré-interpreter » en Stand Your ground – Tu peux tirer sur n’importe quel de tes voisins que t’aime pas qui osent mettre un peid sur ton terrain.

    Et il n’y a pas personne qui fait: Hé! c’est pas du tout ce que le 2e amendement dit?

    Le probleme c’est pas le 2e amendement, c’est ceux qui  »linterprète » comme ils veulent bien l’entendre.
    Comme Sandy Hook nous l’as très bien démontrer, le probleme c’est les États-uniens.

    Rendu a ce point, je vois meme plus l’utilité de discuté des armes au US – autrement que a quel point on veut pas ca chez nous! –
    Ils aiment ca comme ca, et ils ont accepter ca comme monde de vie. Tans mieux pour eux.

    ** Je supporte la formation du BRA, ou la simple militarisation des black pour leur propre protection comme le 2e ammendement leurs permets
    Anyway, ils se font déjà tirer dans le dos au cas ou ils seraient armé.

  22. Madalton dit :

    Allô la terre! comme disait notre ancien PM. Ça n’a pas d’allure.

    Tant qu’un dirigeant de la NRA ou un membre de leur famille ne sera pas victime d’une tuerie de masse, la NRA ne changera pas.

    1. philippe deslauriers dit :

      Le 14 Juin 2017 il y a un gars qui a tirer sur des membre du congres qui jouait au baseball.
      Ca a tu changer quelque chose? NON!

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