Le blogue de Richard Hétu

L'Amérique dans tous ses états

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J’écoutais l’autre jour à la radio new-yorkaise une entrevue accordée par Salman Rushdie à l’occasion de la sortie de l’édition de poche de son plus récent roman, The Golden House. À la 15e minute de cet entretien, un auditeur demande au romancier comment il aborde les personnages qui ne sont pas de son sexe ou de son orientation sexuelle. L’auditeur, faut-il préciser, s’était décrit comme un hétérosexuel blanc ayant du mal à trouver un éditeur pour son premier roman dont l’héroïne est une Afro-Américaine.

«Selon moi, il n’y aucun sujet interdit à quiconque», répond l’auteur des Versets sataniques. «Vous avez le droit de choisir n’importe qui pour personnage. Cela ne vous met pas à l’abri de la critique. Vous devez faire les bons choix.»

L’animateur de l’émission intervient alors en posant cette question à son invité : «Où tracez-vous la ligne entre le fait d’accomplir un service public en examinant dans vos écrits des gens qui sont différents de vous et l’appropriation culturelle qui les exploite?»

Rushdie répond : «Le ligne tient au sérieux avec lequel vous abordez le sujet. Vous devez être conscient de ce que vous faites et faire de votre mieux. C’est un vieux sujet. Je me souviens que William Styron avait été très critiqué quand il a écrit Les Confessions de Nat Turner parce qu’il touchait à l’expérience afro-américaine et je me souviendrai toujours que la personne qui l’avait défendu avec le plus de vigueur est [l’essayiste afro-américain] James Baldwin.»

Les propos de Salman Rushdie me sont revenus à l’esprit en apprenant la décision du Festival international de jazz de Montréal d’annuler le spectacle SLĀV, créé par le metteur en scène Robert Lepage et la chanteuse Betty Bonifassi. Dans la foulée de la controverse suscitée en bonne partie par la faible présence d’artistes noires dans cette «odyssée théâtrale à travers les chants d’esclaves», cette décisio a consterné ou indigné les défenseurs de la liberté artistique et les pourfendeurs de la rectitude politique et autres dérives intellectuelles ou raciales. J’en suis. Mais les propos de Rushdie rappellent que les bonnes intentions ne soustraient pas les créateurs à la critique.

En traitant de la question de l’esclavage de la façon dont ils l’ont fait, et dans un contexte où les controverses sur l’appropriation culturelle font souvent les manchettes, à tort ou à raison, Lepage et Bonifassi ont-ils fait les bons choix? Étaient-ils conscients de ce qu’ils faisaient? Ont-ils fait preuve de naïveté ou même d’arrogance?

Il est vrai, comme l’a mentionné que Rushdie, que l’auteur de The Fire Next Time a défendu Styron à l’époque de la sortie des Confessions de Nate Turner. Mais il a également dit : «Bill va être critiqué autant par les Noirs que par les Blancs. Styron a touché à quelque chose de très dangereux, de très profond et de très douloureux [la question de l’esclavage]. J’espère que ça lancera un énorme combat afin que les gens apprennent ce qu’ils pensent vraiment les uns et des autres.»

Ce combat, ou ce débat, n’a jamais vraiment eu lieu aux États-Unis, et tout indique qu’il connaîtra le même sort chez nous.

(Photo FIJM)

171 réflexions sur “Rushdie, Baldwin et SLĀV

  1. Jean Saisrien dit :

    >>Ont-ils fait preuve de naïveté ou même d’arrogance?

    D’arrogance je crois… ce sont deux personnes intelligentes, comment auraient-ils pu ignorer le backlash ?

    1. Sjonka dit :

      Pourquoi arrogant ? L’intelligence n’exclue pas la naïveté ou la bonne volonté avec le droit à l’erreur.

    2. Benton Fraser dit :

      Je crois plutôt de naïveté.

      Bonifassi roulait sa bosse avec ces chansons de la culture esclavagiste afro-américaines depuis quelques années sans problème et ne se sont pas douté qu’a l’amener a un niveau supérieur créerait une telle polémique.

      D’autant plus, pour plus de crédibilité au spectacle, les musiciens auraient dû être des représentants de cette communauté.

      1. kelvinator dit :

        Naïveté de croire que le mélange des cultures était encore normal aux XXIe siècle en Amérique du Nord. Faut croire que même la gauche revendique la ségrégation raciale maintenant. Dans quel monde vit-on???

      2. Benton Fraser dit :

        @kelvinator

        Faut croire que même dans l’autobus du showbusiness, il y a des bancs seulement pour les gens de couleurs!

  2. Dan Lebrun dit :

    Depuis l’annulation du spectacle, je dirais que le nombre de critiques ou de  »post » sur le sujet, dépasse largement le nombre de spectateurs qui ont eu la chance de pouvoir assister au spectacle.

    1. sorel49 dit :

      Dans l’atmosphère culturelle “politically correct “ beige au Québec, le monde et des arts et des lettres ne peut pas sortir du carcan prédécidé par des groupes sociaux .

  3. kintouai dit :

    Le «politiquement correct» et l’exacerbation des sensibilités des uns et des autres vont tuer la création artistique. Si des bourgeois comme Zola ou Hugo n’avaient pu parler des prolétaires ni des nobles, ni des femmes, qu’auraient-ils écrit ? Si Michel Tremblay n’avait pu écrire sur les femmes ni sur les hétérosexuels, qu’aurait-il écrit ? Tout cela devient complètement ridicule.

    1. duquettegilbert dit :

      @ kintouai

      Personne ici ni le sujet ne parle des origines de l’auteur mais des origines de la distribution.

      1. kintouai dit :

        @duquettegilbert Je vais donc vous donner un exemple qui devrait vous convenir.

        Le grand Jordi Savall qui, à ce que je sache, n’est pas juif, a déjà donné une série de concerts sur la musique de la diaspora sépharade. À ce que je sache aussi, il n’y avait aucun musicien juif dans son groupe. Et je ne sache pas non plus qu’il y ait eu des protestations de la part de la communauté juive.

    2. Henriette Latour dit :

      👏👏👏👏

    3. Achalante dit :

      Écrire sur les hétérosexuels? Mais tout le monde connaît le « monde » hétérosexuel. C’est la norme. Mais une personne hétérosexuelle ne connaît probablement pas le quotidien d’une personne homosexuelle. Ça ne veut pas dire que c’est impossible pour une personne hétérosexuelle d’écrire un personnage homosexuel, mais la personne doit prendre le temps de faire ses recherches.

      Par exemple, dans l’univers de la « fan-fiction » beaucoup de femmes et de filles écrivent des histoires avec des personnage mâles qu’elles voient comme gays. Les gays qui lisent ces histoires disent que plus souvent qu’autrement, les scènes de sexes sont risible, voire impossible. Ces femmes écrivent ce qu’elles voient considèrent « sexy », sans connaître la réalité de la chose.

      Autre exemple: des hommes qui écrivent du point de vue d’un personnages féminins. Il y a encore eu une histoire à ce sujet; un homme prétendant avoir écrit une histoire d’un point de vue féminin, mais dont la description que le personnage principal fait d’elle-même est horriblement colorée par le point de vue masculin. Un indice? Une femme ne passe pas son temps à contempler sa poitrine; ce n’est pas le centre de ses préoccupations. Elle met son soutient-gorge, et s’il est bien ajusté, elle peut alors l’oublier pour le reste de la journée, jusqu’au moment de la libération lorsqu’elle enlève le dit soutient-gorge. Ça commence ici : https://twitter.com/gwenckatz/status/979852671573049344/photo/1 ensuite, lire : https://www.themarysue.com/describe-yourself-like-a-male-author-would/ et https://www.themarysue.com/if-male-authors-described-men-like-women/

      Pour faire court, oui, c’est possible d’écrire une réalité qui ne nous appartient pas, mais il faut être humble et accepter la vérité des autres, plutôt que d’imposer notre point de vue. Mieux encore : pourquoi ne pas s’adjoindre une personne du groupe concerné comme co-auter, co-producteur, co-réalisateur, co-ce-qu’il-faut? Pour leur donner leur voix, et une partie des lauriers.

      1. kelvinator dit :

        L’art a pour but de donner notre point de vue, pas de refléter celui des autres si on en a pas envie. Un artiste fait de l’art pour lui-même, pas pour plaire à des groupes d’Activistes quand même.

      2. Achalante dit :

        @Kelvinator: Si on ne veut que présenter son point de vue, alors pourquoi utiliser des sources culturelles et des personnages qui ne nous représente pas? Il n’y a rien de mal pour un homme blanc hétérosexuel d’écrire un roman à propos d’un homme blanc hétérosexuel. « Lâchez-vous lousse », comme on dit. Mais si l’on veut représenter une réalité qui nous est autre, la moindre des choses est de faire un minimum de recherche.

        Et si ça ne nous tente pas de faire cette recherche? Il reste la science fiction et la fantaisie. Mettez tout ça en scène dans un univers alternatif avec des races différentes, alors personne ne pourra critiquer quoi que ce soit.

        Mais prétendre représenter une réalité que l’on ne connaît pas sans y mettre un minimum d’effort, c’est enfoncer un bâton dans un nid de guêpes, sans porter de protection : il ne faut pas s’étonner si on se fait piquer.

      3. kelvinator dit :

        @Achalante
        Pourquoi êtes-vous si opposée à ce qu’un auteur parle de quelque chose que vous jugez qui ne le représente pas? C’est votre projection, de croire qu’un auteur parle de chose qu’il ne connait pas.

        L’esclavage, c’est quoi? La soumission, l’humiliation, les préjugés, la haine, la douleur. Vous croyez vraiment qu’un homosexuel ne connait absolument rien sur le sujet? Vraiment? Connaissez-vous les gens que vous condamnez, ou le faites-vous sur la seule base de préjugés et de procès d’intentions? Comment pouvez-vous déclarer « prétendre représenter une réalité que l’on ne connaît pas sans y mettre un minimum d’effort »…
        Les noirs n’ont pas le monopole de la souffrance.

        De plus, qu’est-ce qu’un noir maintenant connait de plus de l’esclavage qu’un blanc? En quoi sont point de vue est le seul valable?

      4. Richard Hétu dit :

        « Qu’est-ce qu’un noir maintenant connaît de plus de l’esclavage qu’un blanc? » Cette question illustre à elle seule l’immense ignorance ou arrogance dont ont fait preuve plusieurs personnes dans ce dossier. Ça fait d’autant plus mal à lire que je vous respecte.

      5. kelvinator dit :

        Ma question avait pour but de circonscrire le coeur de la question, la validité d’un point de vue noir par rapport à celui d’un blanc. Je ne nie pas qu’il y ait une différence, peut-être est-ce l’impression que vous avez eu de mon commentaire, je voulais seulement qu’on me la précise, pour parler des détails plutôt que se borner aux généralités.

        Il y a bien sur l’identité collective, mais puisque l’art sert à relater des émotions, ceux énuméré à mon 2e paragraphe, je cherche à savoir en quoi le point de vue afro-américain est le seul qui soit valable à leur yeux. Quel expérience d’une personne noire actuellement fait qu’elle seule puisse parler du sujet, par rapport à un blanc?

        J’avais en tête un noir qui ne connait pas l’histoire, est-il plus apte qu’un blanc qui s’y connais pour en parler? J’ai entendu des historiens blancs très bien traduire les atrocités de l’esclavage. De mon point de vue d’historien, la connaissance historique prend largement préséance sur la couleur de peau pour comprendre le sujet.

        Je n’ai pas le choix d’insister, car on évite toujours cette précision, se bornant à « il faut respecter », alors qu’à mon sens imposer un tabou produit l’effet inverse justement. C’est vrai que c’est un sujet qui élève les passions.

      6. Richard Hétu dit :

        Je suis d’accord pour dire qu’il n’est pas nécessaire d’être Noir
        pour créer ou participer à une œuvre d’art concernant l’expérience des Noirs. Mais votre question, par sa maladresse – je ne parlerai pas de méchanceté – peut expliquer comment les créateurs de SLAV ont pu tenir pour acquis des choses qui ne l’étaient pas du tout.

      7. kelvinator dit :

        C’est probablement aussi pour cette raison que la question me touche autant.
        Me faire dire que parce que je suis blanc, il m’est impossible de comprendre la situation des autres populations, des minorités, à cause de ma couleur de peau.

        L’histoire c’est ça, comprendre les autres population, se mettre à leur place, cerner leurs difficultés.

      8. kintouai dit :

        @ Achalante J’aime bien que vous rappeliez aux hommes que les seins sont pour eux une obsession, tandis qu’ils ne sont pour les femmes qu’un bout de chair plus ou moins volumineux. La plupart des hommes ne sont pas non plus, contrairement à ce qu’imaginent certaines auteures, obsédés par ce qu’ils ont entre les jambes.

        Ce qui me rappelle une réplique de Steve Martin (dans le film «L.A. Story», je pense) : « Si j’étais une femme, je passerais mes journées à jouer avec mes roberts. » Obsession typiquement masculine !

    4. Henriette Latour dit :

      @kintouai
      Voir dans La Presse + d’aujourd’hui les commentaires de Paul Arcand, Benoît Dutrizac et Guy Nantel avec lesquels je suis entièrement d’accord. La rectitude politique!!! Pathétique.

      1. ____________
        @ Henriette Latour 05/07/2018 à 15:31

        Merci. Et voici le lien vers cet article :

        http://mi.lapresse.ca/screens/810cd6c9-cb13-48ea-95e9-4858a3f990d8__7C___0.html

      2. kintouai dit :

        @Henriette Latour et Louise Lefebvre Merci de m’avoir signalé cet article et de m’avoir fourni le lien.

        Je remarque que les cris des manifestants étaient (d’après l’article) tous en anglais. Je ne serais pas surpris que la soi-disant «exploitation culturelle» n’ait été qu’un prétexte pour faire du Québécois-bashing. L’occasion était peut-être trop belle pour nos Anglo-Québécois racistes de traîner dans la boue un artiste francophone reconnu dans le monde entier.

  4. arrowe77 dit :

    « En traitant de la question de l’esclavage de la façon dont ils l’ont fait… » Oui mais justement, ce n’est pas tellement de la façon que le projet a été fait qui a causé problème mais plutôt le fait qu’ils n’étaient pas noirs. J’aurais aimé qu’on laisse une chance au coureur avant de critiquer.

    Surtout que cette controverse arrive la même année de la sortie de Black Panther, un immense succès au box office mettant en vedette des acteurs Noirs et montrant la culture africaine, et qui est l’adaptation d’un comic book… créé par deux blancs!

    1. Pour Black Panther, le comic book a été créé par deux blancs, oui, mais on s’entend que le personnage a été entre les mains de bien des créateurs depuis! Le film à succès, lui, a mis de l’avant et a été réalisé majoritairement par des personnes noires. Pas juste devant la caméra, mais également derrière, durant tout le processus créatif. La nuance est surtout là, je pense.

      1. Achalante dit :

        Exact. Le film s’est largement inspiré de la version écrite par Ta-Nehisi Coates, un journaliste afro-américain.

      2. kelvinator dit :

        Le but de l’art, un des pierre d’angle de l’art, est l’empathie. Se mettre à la place de l’autres. Voir selon son point de vue. Si votre point de vue diffère de l’artiste, tant mieux, c’est le but aussi.

      3. arrowe77 dit :

        Le point que je faisait était qu’avant d’être un film, Black Panther était un comic book. Si on n’avais pas laissé Stan Lee et Jack Kirby s’inspirer de la culture africaine pour cause de récupération culturelle, il n’y aurait pas eu de comics. Pas de comics, pas de film. Pas de film, une occasion de moins pour les Noirs de célébrer leur culture à l’écran.

  5. Daniel A. dit :

    Ca me rappelle Elvis Gratton qui s’indignait de voir Elvis Wong…un chinois.

  6. duquettegilbert dit :

    Je ne voudrais pas tomber dans la défense du politiquement correct avec mon commentaire. Cela étant dit, je trouve que la comparaison spectacle livre est bancale.

    L’écriture d’un livre nous fait voyager, nous fait utiliser notre imagination on ne lit pas un livre (dans la plupart des cas) en pensant à l’origine ethnique de l’auteur sauf bine entendu lorsque l’auteur écrit sur un sujet personnel ou le touchant de près.

    Lorsque l’on va voir un spectacle, l’imagination du spectateur n’est pas allumé que par l’écriture du spectacle elle l’est aussi par la distribution (le choix des acteurs) et leur jeu. Désolé de le dire ainsi mais Lepage s’est fourvoyé dans sa distribution.

    Au cinéma c’est la même chose, à ce détail près que la transformation des acteurs, le montage, permettent une flexibilité. Mais encore là il y a polémique comme par exemple Scarlett Johansson qui est critiquée pour un rôle d’homme trans et qui a été critiquée pour son personnage asiatique dans Ghost in the Shell.

    Avec tout le talent qu’il y a au Québec et en Amérique du Nord, je ne vois pas comment Monsieur Lepage s’est vu obligé d’avoir une distribution si peu représentative de sa pièce musicale

    1. Nycole L. dit :

      Entièrement d’accord avec vous: pourquoi ne pas avoir engagé des artistes noirs dans son spectacle? Il me semble que cela aurait dû être le choix logique et naturel! Ils ont vraiment manqué de jugement et de sensibilité en « peignant » des artistes blanches en esclaves noires.
      Dommage, cela aurait aurait pu être un rappel de faits historiques accessibles pour tous les gens friands de spectacles musicaux et aussi d’histoire.

      1. Si chaque créateur avait une vision aussi rigide de qui doit tenir quel type de rôle dans ce type de création artistique, nous n’aurions pas eu le plaisir de voir un Don Perdo sous les traits de Denzel Washington dans l’adaptation d’une pièce de Shakespeare… Ou je suis peut être trop « bon publique », si les acteurs ont du talent , je me laisse facilement convaincre de la crédibilité d’une scène.

      2. Hum, hum… « bon public », peut être.

    2. kelvinator dit :

      Toute les pièces de théâtre classique ne devrait être joué que par des blancs alors? Ou même mieux, que par des hommes blancs, puisque les hommes tenaient tout les rôles au début. C’est vraiment cette vision de l’art que vous défendez?
      Ou peut-être avez-vous un excuse lorsque ce sont les blancs qui sont remplacés?

    3. A.Talon dit :

      @ duquettegilbert 14h42 et Nycole L. 15h08

      Je suis d’accord en principe avec vous deux, d’autant plus qu’il y a de nombreux acteurs québécois «de couleur» peinant à se trouver un emploi en temps normal. N’oublions pas cependant que le théâtre n’est que conventions, probablement plus que toute autre forme d’arts d’interprétation. Le spectateur sait fort bien que tout ce qu’il voit sur la scène est faux: les décors sont en carton-pâte, les acteurs n’ont rien à voir avec leurs personnages, le drame qui se joue est simulé et il n’y aura aucune conséquence un fois le rideau tombé. Seul le drame humain qui est présenté est authentique. Tout le reste n’est que conventions, les spectateurs acceptant d’y croire l’espace d’un moment. Rendu là, pourquoi devrait-on être scandalisé de voir des acteurs blancs interprétant des esclaves noirs? Est-ce dire qu’il ne sera jamais possible à un Haïto-Montréalais d’interpréter Duplessis dans «Charbonneau et le Chef» ou Cyrano de Bergerac dans la pièce d’Edmond Rostand?

  7. eau-vive dit :

    C’est un sujet très complexe qui demande réflexion et respect pour le vécu des autres.
    Cependant je ne suis pas d’accord pour boycoter une oeuvre artistique en prétendant que c’est de l’appropriation culturelle.
    Ça dépend beaucoup de l’intention de l’auteur: veut-il juger, critiquer ou simplement mettre en lumière une page d’histoire où des êtres humains ont été exploités ?
    Dans le cas de SLAV il me semble que Robert Lepage et Lorraine Pintal auraient dû expliquer leur démarche au lieu de s’enfermer dans un silence qui paraît arrogant. En tout cas, ils ont manqué une bonne occasion de faire participer des Noirs à cette création, il ne manque pourtant pas de talents !

  8. jeanfrancoiscouture dit :

    Tout un sujet que celui-là. Et il y aura toujours des «professionnels de l’indignation» pour s’indigner de quelque chose et des médias pour leur servir d’amplificateur détruisant souvent toute chance de mener un débat intelligent et constructif..
    Pour alléger un peu l’atmosphère, je vous laisse sur un cas inversé d’appropriation culturelle. Bonne lecture.. ‘

    https://www.quora.com/If-you-dont-want-James-Bond-to-be-played-by-a-black-actor-does-this-make-you-a-racist

  9. Gaétan Pilon dit :

    Il y a deux volets dans cette histoire – l’appropriation culturelle et la représentation d’esclaves afro-américains par des personnes au teint clair. Il est de mon avis que si seulement l’une de ces condition aurait été présente qu’aucun scandale n’aurait éclaté. Il ne faudrait pas non plus oublier que des afro-américains comme le non le dit il ne s’en trouve pas au Canada malgré que bien des personnes qui se réclament comme afro-descendants puisse tenter de s’identifier à eux – dans leur quête identitaire à eux.

  10. L’appropriation culturelle est un sujet tellement complexe, et je préfère essayer d’écouter les personnes qui ont le plus de chance d’être heurtées que les voix qui semblent « dominer » trop facilement la conversation. Des gens de ma famille avaient vu une version du spectacle de Mme Bonifassi précédant SLAV, et avaient beaucoup apprécié… Mais personnellement, même lorsque le projet avait moins de visibilité, la description m’avait mise un peu mal à l’aise.

    À mon avis, l’idée de la pièce elle-même n’était pas mauvaise et (je pense) partait de bonnes intentions. C’est un manque de sensibilité et d’humilité face à l’Histoire qui auront donné les résultats que l’ont a pu observer… Dommage qu’il soit si difficile d’avoir une discussion raisonnable sur le sujet, alors que pour beaucoup de gens une incompréhension face au backlash pousse à se braquer sur leur position au lieu d’écouter.

  11. Débat très complexe. Où tracer la ligne?
    Si auteur et réalisateur sont blancs et les acteurs noirs, est-ce ok? j’en ai pas l’impression.
    Est-ce qu’un peintre blanc peut peindre des exclaves noirs?
    Si une actrice telle que Scarlett Johannson se fait critiquer pour jouer le rôle d’un transgenre car le rôle aurait dû revenir à un transgenre, est-ce à dire qu’un transgenre ne pourra jamais jouer le rôle d’un homme ou d’une femme?
    J’ai bien peur que de tout catégoriser finira par nuire à toute forme d’art et surtout à l’inspiration de l’artiste.

    1. Dans un cas de représentation comme avec Scarlett Johannson, la question à se poser est si le fait qu’une personne blanche ou cisgenre (et donc naturellement faisant partie d’une majorité dans le monde du cinéma) risque de potentiellement enlever du travail à des gens qui sont issues de minorités raciales ou sexuelles.

      Combien d’acteurs ou actrices trans pouvez-vous nommer sans passer par Google? La question se pose aussi concernant la race (d’autant plus que Scarlett Johannson a interprété l’an dernier un personnage japonais adans un film!) : combien d’artiste de couleur pouvez-vous nommer, et est-ce que ce chiffre est beaucoup plus faible de si on vous demande de nommer des artistes blancs? Pourtant, ça ne veut pas dire que ces gens ne sont pas talentueux: le problème est que les même opportunités ne leur sont souvent pas offertes. Alors si les blancs/cisgenres vont piger dans ce qui leur est offert en plus…

      Dire qu’on veut éviter de catégoriser revient trop souvent à désavantager des gens qui le sont déjà. C’est surtout ça le problème, au fond. Tout mettre sur un pied d’égalité est beau en théorie, mais en pratique ça revient souvent à ignorer que présentement le système en place désavantage certaines personnes. C’est effectivement une question complexe!

    2. JeDu dit :

      Je trouve aussi la situation très complexe et ça me consterne
      de voir que les gens règlent ça en une phrase ou deux. Il me semble que tout est rendu noir ou blanc dans notre société (sans jeu de mot sur la couleur de la peau).
      Sois nous sommes contre, sois nous sommes pour, mais on ne peut plus facilement dialoguer, voire débattre.
      Le simple fait d’essayer d’amener un éclairage différent sur une situation fait en sorte qu’on se fait classer dans une catégorie ou dans l’autre, sans aucun discernement.
      Je n’aime pas du tout ce vers quoi ceci nous mène. Ce sont les petits messages rapides à saisir et à distribuer qui font leur chemin (ex. lock her up) tout ce qui demande un peu de réflexion est mis de côté.

  12. Curdy dit :

    J’ai l’impression que ça devient offensant lorsque l’objectif est mercantile. Du moment qu’on demeure dans la création, il est difficile d’y voir de la matière à reproches. Lepage et Bonifassi qui développent une œuvre de qqes soirs pour le festival de jazz… Ce n’est pas non plus le Centre Bell sold out pendant deux semaines…

  13. kelvinator dit :

    Étrangement, ce problème d’appropriation culturelle ne semble exister qu’aux USA.

    Partout ailleurs, les gens salue les mélanges culturels. Est-ce à dire que la société américaine est à ce point clivé que même la race, après le sexe et l’orientation sexuelle, vous met dans une case dont vous ne pourrez jamais sortir, confiné à la couleur de votre peau comme seul qualificatif???

    1. Achalante dit :

      Il y a une différence entre l’appropriation culturelle et le mélange culturel. Le mélange devient appropriation si on oublie l’origine de l’élément culturel approprié. C’est le jazz et le rock-and-roll, qui provient en grande partie de la culture musicale afro-américaine, mais dont rapidement, les plus grands acteurs ont été blancs alors que les artistes noirs étaient discriminés. C’est de porter communément des vêtements ou des éléments d’habillements appartenant au sacré d’une culture. Comme la plume d’aigle. Et le bindi? Ça indique que la femme hindoue a fait sa prière. Si vous n’êtes pas hindous, ne portez pas de bindi. Mais le sari, salwar kameez, ou le henné? Ce sont des vêtements/éléments de touts les jours; tant que vous ne prétendez pas avoir créé le style, pas de problème pour le porter.

      C’est du moins ce que j’ai compris; tous ne s’accordent pas sur les définitions; et, faisant partie de la majorité blanche en Amérique du Nord, l’opinion des membre des minorités concernés a préséance sur la mienne.

      1. kelvinator dit :

        Appropriation et mélange sont la même chose. Un artiste doit s’approprier un concept pour pouvoir le mélanger. Appropriation devient une nuance hautement subjective applicable selon la perception de la personne. Est-ce qu’un noir jouant Beethoven est de l’appropriation culturelle? Est-ce qu’un asiatique chantant du grégorien est choquant à ce point?

        Cette logique devient rapidement insensé lorsqu’on l’applique à la culture « blanche », un terme que je n’aime évidemment pas utiliser. Cette vision divise les cultures en races, tout comme la nouvelle extrème droite américaine. Le concept de culture a remplacé celui de race. Pour moi, la culture est indépendante de la « race », ou l’ethnie. C’est un consensus social, ou toute les races sont incluses. Vouloir la séparation, c’est vouloir l’immobilisme social, culturel. C’est nier l’évidence historique, la culture s’est toujours mélangé, et se mélangera toujours. Encore plus à l’ère moderne. Il faut simplement s’enlever cette mentalité de victime ressassé depuis des générations. Cette séparation à un moindre degré s’est fait entre francophone et anglophone, entre protestant et catholiques, entre natifs et migrants. Avez-nous vraiment besoin d’encore plus de séparation? Pourquoi ne pas simplement accepter que des gens aiment les autres cultures et veulent le imiter, par amour. Pourquoi toujours imaginer de la malice dans cela? Pourquoi projeter vos propres insécurités sur les autres?

      2. Achalante dit :

        @Kelvinator: Sauf que la culture caucasienne, et tout particulièrement anglo-saxonne, est omniprésente, presque envahissante. De la même façon qu’on ne peut être raciste envers un blanc (du moins, dans la plupart des pays d’Europe et d’Amérique du Nord, parce que le racisme se fait par l’ostracisme d’un groupe, et cela ne peut être fait contre un groupe dominant), on ne peut s’approprier la culture d’un groupe qui est déjà partout; ça devient de l’intégration à la majorité.

        Mais un membre d’un groupe de la majorité qui prendrait des éléments d’un groupe moins favorisé *sans en donner le crédit au groupe/aux membres du groupe* d’où cela provient fait de l’appropriation. Ce n’est pas la même chose que de l’inspiration. J’ai donné des exemples précis dans mon précédent message; les avez-vous même lus, et tenté de les comprendre?

  14. Gaétan Pilon dit :

    Être prétentieux c’est un peu ça – être naif et arrogant. Robert Lepage s’est surement dit – au Québec c’est des crétins – ils veulent du Lepage je leur donnerai du Lepage – et j’engagerais une chanteuse Italienne pour le role titre – vraiment génial!

    1. Sjonka dit :

      Tant qu’a dire des inepties sur un sujet qu’on ne connaît pas, vaut mieux s’abstenir. Que savez vous des pensées de M Lepage !

    2. Henriette Latour dit :

      👎

    3. Benton Fraser dit :

      Robert Lepage voyait le spectacle comme un devoir de mémoire et un hommage sur la résilience de cette communauté.

      On peut leur reprocher d’avoir été malhabile mais certainement pas d’avoir eu de mauvaises intentions ou d’arrière pensée avec ce spectacle…

    4. Henriette Latour dit :

      👎👎

      1. Henriette Latour dit :

        Pourquoi ma réponse ne se situe-t’elle pas où je veux qu’elle apparaisse. Les applaudissements s’adressaient à kintouai et l’autre à Gaétan Pilon.

    5. RICK42 dit :

      Gaétan… vous dites des sottises… Betty Bonifassi n’est pas une chanteuse italienne, mais bien française née à Nice.

    6. 65Jaypee dit :

      Tu joues à l’andouille ou tu l’es vraiment?

  15. Madalton dit :

    Si on fait de l’esprit de bottine, Grégory Charles devrait cesser ses spectacles de gospel avec sa chorale composée majoritairement de jeunes blancs. Quand ce n’est pas raciste, sexiste ou homophobe, on devrait pouvoir produire une pièce comme Slàv.

    Il me semble qu’on s’indigne facilement au Québec.

    1. Achalante dit :

      SAUF QUE! M. Charles est afro-Canadien, et il a fait des recherches sur ce côté de la culture afro-nord-américaine avant de se lancer dans cette aventure en particulier. Que les chanteurs soient caucasiens n’y change pas grand chose; en tant que maître-d’œuvre du concept, c’est sa voix (sans mauvais jeu de mots) qui prédomine.

    2. Henriette Latour dit :

      👏👏👏👏

      1. Henriette Latour dit :

        Encore fois à la mauvaise place même si j’appuie sur le bouton répondre à madalton.

      2. Achalante dit :

        Non,pas à la mauvaise place. C’est une particularité de ce forum. Toutes les réponses à un même message sont un peu plus à droite, mais affichés dans l’ordre où ils ont été envoyés. Comme j’ai répondu avant vous, ma réponse se trouve donc avant la vôtre, mais au même niveau; je sais donc que vous ne me répondiez pas.

  16. cytoman71 dit :

    Je crois qu’il y a une différence entre la controverse « Scarlett Johannson » et celle de SLAV.
    Dans le cas d’un rôle joué par un acteur/actrice c’est ridicule de dire que ça aurait dû être un Trans qui obtiennent le rôle car justement le propre d’un bon acteur c’est de pouvoir se métamorphoser… Dans le cas de SLAV , le gros du problème est l’absence de réaction de Robert Lepage….j’aurais aimé aussi que le FJM défende un peu plus ses artistes avant de capituler aussi facilement

    1. duquettegilbert dit :

      @ Cytoman71

      On se rejoint et je me suis probablement mal exprimé sur « Scarlett Johannson ». J’ai dit : Au cinéma c’est la même chose, à ce détail près que la transformation des acteurs, le montage, permettent une flexibilité.

      Mon : Mais encore là il y a polémique comme par exemple Scarlett Johansson…Ghost in the Shell. Voulais démontrer que la polémique peut être partout.

    2. Achalante dit :

      Au contraire. Que peut savoir une femme cisgenre de la réalité d’un homme transgenre? Comment peut-être prétendre représenter cette réalité honnêtement si elle n’en connaît rien? Et il y a fort à parier que ni le directeur ni le producteur n’en savent plus.

      Truc pour se souvenir de la solution : un homme transgenre est un homme né dans un corps de femme; une femme transgenre est une femme née dans un corps d’homme. Ni l’un ni l’autre ne sont des travestis. Si l’on ne peut trouver des artistes transgenres, il vaut mieux utiliser un homme cisgenre pour un rôle d’homme transgenre, et une femme cisgenre pour un rôle de femme transgenre. Au moins, ça représente une réalité de la personne, plutôt que de présenter sa « fausseté ».

      1. S’il s’agit d’un documentaire, il faut effectivement représenter la réalité de la personne. Par contre, un film représente une fiction, libre à l’auteur de représenter ses personnages comme il l’entend.

      2. Rustik dit :

        Et ça prend un autiste pour jouer Rain Man (film 1988)?

        J’étais en accord quand vous disiez que l’acteur doit faire un travail de recherche (un de vos précédents commentaires)… mais disons que pour celui-ci, je suis vraiment en désaccord.

      3. Achalante dit :

        @Rustik: Et comment croyez-vous qu’ils vont faire leur recherche si ils ne savent pas faire la différence entre un(e) transgenre et un(e) travesti(e)?

        Oublions le fait que la plupart des acteurs/actrices transgenres ne sont appelés que sur des castings pour des rôles transgenres, et seront complètement ignorés pour des rôles cisgenre, et donc que le fait qu’un acteur cisgenre qui obtient un rôle de transgenre réduit encore les possibilités pour les acteurs transgenre.

        Il serait encore préférable de donner le rôle d’un homme transgenre à un homme cisgenre qu’à une femme cis-genre. Ou doit-on commencer à ouvrir tous les rôles d’hommes aux femmes, et tous les rôles de femmes aux hommes? Après tout, c’est de l’art, n’est-ce pas?

        P.S.: Le film est basée sur la vie réelle d’un homme transgenre réel. (Et dans un film de fiction, peu nombreux sont les écrivains qui ajouteraient des rôles de transgenres sans que ce soit un point intégral de l’histoire.)

      4. kelvinator dit :

        Vous n’aimez pas qu’un blanc se mette dans la peau d’un noir?
        D’accord, ça reste votre choix.
        Pourquoi vouloir empecher les autres alors? Est-ce un oeuvre de subvertion pour qu’il faille l’honnir?

        Votre position est on ne peut plus contradictoire.
        « Oublions le fait que la plupart des acteurs/actrices transgenres ne sont appelés que sur des castings pour des rôles transgenres, et seront complètement ignorés pour des rôles cisgenre »

        Vous semblez être décu que les transgenre n’obtiennent que des rôles transgenre, mais exigez que les cis n’obtiennent pas de rôle trans… Vous ne voulez pas que les trans aient d’autres rôle que des trans? Car selon vous, ils ne pourraient pas comprendre comment agir en cis.

      5. Achalante dit :

        Encore une fois, plus lentement : la culture dominante est connue de tous. Le « défaut » est homme, blanc, hétérosexuel, cisgenre, neuronormal. À peu près tout le monde sait ce que ça fait d’être comme ça, c’est le point de vue prédominant dans les livres, les films, les pièces de théâtre, etc.

        Mais toute personne faisant partie d’une minorité se confronte à des difficultés qui ne sont pas visible aux membres faisant partie de la « normale ». Les gens de minorités visibles sont confrontés au racisme de mille et une façons. De même, les femmes font face à du sexisme, parfois de façon inattendue. Les personnes autiste, ou sourdes, ou aveugles, ou handicapées? Même chose. Ils vivent une réalité qui n’est pas connue des autres à moins de réellement faire des effort pour les comprendre.

        La caucasianisation (ou blanchissage, en traduction de « whitewashing ») dans les films a deux effets négatifs. De un, enlever des possibilités d’emplois à des personnes de minorités visibles à qui les autres rôles sont généralement fermés (autre source de racisme : lorsque qu’un casting est ouvert « à tous », ils sont généralement annoncés seulement dans des groupes à prédominance caucasiennes, et rarement dans des groupes à majorité autres; et même dans les agences de talents multi-raciales, ils envoient généralement des acteurs blancs, parce que blanc = défaut). De deux, on efface du même coup l’existence de ces groupes, et ne les montrant pas, ou en les montrant mal (« black face » ou « yellow face », le fait de maquiller un acteur caucasien pour qu’il passe pour un membre d’une autre communauté, et la race devient alors soit un élément comique, soit complètement caricaturale; voir le cas Apu Nahasapeemapetilon : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1097300/simpson-apu-hank-azaria-polemique-stereotypes .)

        Il y aune allégorie qui est utilisée pour donner une idée du problème. Prenez un sac de M&M, Smarties, ou n’importe quel item. Prenez une liste de film. Pour chaque rôle, mettez un bonbon dans une pile correspondant au type de personne représentée; pour faire simple, limitons-nous au facteur racial. Donc, une pile avec un bonbon pour représenter chacun des personnages blancs; une pile pour les personnages africains ou de descendance africaine, une pile pour les personnages asiatiques, une pile pour les personnage latins, etc. Il y a fort à parier que la pile des blancs sera grosse, et qu’il n’y aura que quelques bonbons dans certaines piles. Maintenant, prenez un bonbon (ou dix) de la pile des blancs, et mettez-le dans une autre pile. Ça paraîtra à peine dans la pile des blancs, mais ça fera une grosse différence dans les autres. Inversement, si vous prenez un bonbon de la pile des asiatiques (ou maghrébins, ou sémite [particulièrement si musulman], et oui, malgré les progrès, même dans la piles des africains), et que vous le mettez dans la pile des blancs, on enlève beaucoup, proportionnellement, de cette pile, alors que vraiment, la pile de blancs n’a pas vraiment besoin d’un bonbon de plus.

        Et si ce n’est pas encore clair :
        https://www.huffingtonpost.com/entry/what-is-wrong-with-whitewashing-movies_us_59a6ee5ee4b08299d89d0b75
        https://www.reddit.com/r/flicks/comments/6yz56i/why_whitewashing_is_bad_but_poccasting_in_white/
        http://www.cbc.ca/parents/learning/view/why-representation-in-media-matters-for-kids
        Ou en français :
        http://habilomedias.ca/littératie-numérique-et-éducation-aux-médias/enjeux-des-médias/diversité-et-médias/minorités-visibles/les-minorités-visibles-dans-les-médias-de-divertissement

        Et si la lecture n’est pas votre fort :
        https://www.youtube.com/watch?v=wGuueqUy2Cc

        En d’autre terme, en donnant un rôle déjà rare à une personne ne faisant pas partie du groupe concerné, vous enlevez l’une des rares voix à ce groupe; c’est comme dire : « ils ne sont pas importants, on peut bien faire comme on veut ».

        Finalement : pour un rôle d’homme transgenre, le meilleur choix de casting est de choisir un homme transgenre. Si on ne le peut pas (par paresse, ou toute autre raison), il vaut mieux alors choisir un homme cisgenre, qui a au moins l’une des deux caractéristique. Mais le pire choix possible est de choisir une femme cisgenre, qui n’en a aucune.

        Et si malgré tout cela vous ne comprenez pas, c’est que vous ne voulez pas comprendre, et je perd mon temps.

  17. Sjonka dit :

    Je suis très mitigée de toute cette affaire. Il est vrai que les créateurs et concepteurs auraient pu mieux travailler le spectacle, prévoir les coups à venir surtout niveau communication, inclure beaucoup plus de noirs, autant à la conception que pour les acteurs. Il y avait probablement beaucoup d’innocence à croire que le spectacle comme présenté passerait sans accroc et que les gens ne verrait que le point de vue artistique.

    Des gens se sont fait traiter de racistes parce qu’ils ont voulu voir une pièces sur des chants d’esclaves noirs. Ils ont voulus apprendre cette culture mais parce que chanté par quelques blancs et que le metteur en scène est blanc, ils se sont fait insulter sur la place publique. Allo la dérape !

    Mon autre problème c’est ce côté d’appropriation culturel. C’est un débat nouveau pour moi et je ne sais que penser. Pour moi, de l’appropriation est lorsqu’on prend quelque chose à quelqu’un et qu’après on lui interdit de faire de même. Est ce qu’on doit crier à l’appropriation parce que des québécois font maintenant des suchis? Doit on interdire à une soprano noire de chanter des opéras italiens ? Crier au meutre parce qu’un français porte une chemise à carreaux noire et rouge.

    Les noirs américains ont une grande culture mais qui a malheureusement été bâtie par l’esclavage. Est ce à dire qu’a cause de cela un blanc ne peut pas se permettre de faire connaître un pan de cette culture? Moi je pense que oui et si les gens apprécie alors ce sera une nouvelle vague que tous artistes, noirs, blancs, jaune ou vert pourra exploiter.

    Est ce que la culture doit maintenant devenir aussi « politicaly correct » que la politique qui nous rebute tant ? J’avoue que de vouloir parler d’une culture qui n’est pas sienne est délicat et on devrait bien s’entourer ce faisant, mais s’en empêcher, non. S’époumonner au scandale parce qu’une blanche chante quelque chose chanté par un noir. Je trouve ça trop gros pour moi mais il est vrai que j’ai deux prises contre moi en partant, je suis blanche.

    P.s. Mes questions dans ma réflexion ne sont pas sarcastiques mais réelles. Si qq veut y répondre, calmement et sans insultes, il me fera plaisir de réfléchir à ces dites réponses.

    1. Henriette Latour dit :

      @sjonka
      👏👏

  18. kelvinator dit :

    On pourfend SLAV, mais on encense Hamilton…
    Double standard hypocrite quand même…

  19. P-o Tremblay dit :

    En tant que blanc mon opinion sur le sujet est totalement sans importance. Tout simplement car il m’est impossible de vraiment comprendre les enjeux et ce même si je crois les comprendre. Si la communauté noire dit non… alors c’est non.

    1. Benton Fraser dit :

      N’empêche que Bonifassi a reçu l’aide de cette même communauté noire pour ses recherches sur le sujet!

      La communauté a le dos large… lorsque des gens parlent en son nom!

  20. Apocalypse dit :

    @kintouai – 14h36

    ‘Tout cela devient complètement ridicule.’

    Tout à fait d’accord!

    En ce qui me concerne, tant que le créateur (i.e. Robert Lepage) est respectueux, il ne devrait pas y avoir de problème. On ne parle pas ici d’un imbécile, mais de quelqu’un de très intelligent et respecté, ça aurait été intéressant d’avoir sa vision des choses.

    Bill Maher s’est souvent plaint du ‘politiquement correct’ et il a bien raison, on s’enfonce dans le ridicule.

    Des chef-d’oeuvres sont souvent constestés, alors nous allons avoir droit qu’au banal, au manque d’originalité et au vide. Bienvenue au 21ième siècle :-(.

    Qu’on critque, pas de problème, mais au point d’annuler les représentations … Ouch, certain(e)s en ont fumé du bon.

  21. Lecteur_curieux dit :

    Il y a quelques jours donc avant l’annulation, je lisais quelqu’un soutenant Bonifassi, j’en était pas si sûr tout en ayant peu de sympathie pour les protestataires.

    J’avais tout de même fait ma recherche Google et j’ai trouvé l’article suivant écrit en décembre 2017 et posant des questions très pertinentes à Bonifassi qui ne semblait pas comprendre le problème. Auteure Marilou Craft.

    https://urbania.ca/article/quest-ce-qui-cloche-avec-le-prochain-spectacle-de-betty-bonifassi/

    En lisant cela et son discours, de l’ironie jaillissait en moi, elle se fait prendre à son propre jeu. Just too bad.

    1. Andy29 dit :

      Merci pour ce lien. Ça m’aide vraiment à comprendre ce qui choque, ce qui blesse.

      Je trouve surtout dommage que les spectateurs aient été traités de racistes; ça me semble exagéré. Je crois que la plupart des gens ne voient pas le problème, pas par mauvaise foi ou par insensibilité, juste par ignorance. Le dialogue est toujours la meilleure façon de régler ce genre d’incompréhension mutuelle… mais il est vrai que le dialogue ne peut avoir lieu que si les deux parties écoutent vraiment ce que l’autre a à dire… et ça n’a visiblement pas été le cas.

      Cela dit, je crois que si on interdit les oeuvres qui choquent, blessent, heurtent, on est en terrain glissant. Mais bon, SLAV n’a pas été interdite, plutôt annulée par le promoteur (festival), et là, c’est un choix « commercial ».

  22. Cyto dit :

    Un instant, ni la mise en scène ni l’interprétation des chants n’était remise en question. Je n’ai pas vu la pièce, comme tout ceux qui en parlent, mais des blanches qui interprètent des esclaves noires? Vraiment? Lepage aime provoquer, d’accord, mais c’est certain qu’il allait y avoir un retour de bâton sur ce choix. Ça a été mal géré comme crise, pourtant prévisible.

    D’une certaine manière, c’était assumé puisque les femmes n’avaient pas le visage peint au charbon (ironie)

    Pour ce qui est de l’appropriation culturelle, ma foi, ça a attiré l’attention vers cette partie de la culture noire. Je trouve que c’est un plus.

  23. Apocalypse dit :

    @duquettegilbert – 14h42

    Dans le cas de Scarlett Johansson et Ghost in the Shell, c’était totalement ridicule et les gens ont eu raison de planter le film qui était fort mauvais soit dit en passant.

    Pour ce qui de l’histoire de transgenre, encore là, c’est ridicule et le film va aussi se planter. Scarlett Johansson n’a eu ce rôle que pour sa réputation et son beau visage qui devraient, selon les créateurs du films, attirer les spectateurs dans les salles: pas certain, pas certain.

    Qu’un transgenre joue un joue un femme ou un homme dans un film, pas de problème, mais Scarlett Johansson jouant un transgenre: ‘are you kidding me’?

    1. cytoman71 dit :

      @apocalypse
      Je ne conteste pas le fait que le « choix » de Johansson » et seulement pour attirer les foules dans les salles de cinémas mais je crois que vous avez tort un acteur / actrice devrait pouvoir jouer un transgenre….
      c’est quoi chaque rôle d’homosexuel devra être joué par un acteur gai!! un junkie par un vrai junkie….
      Come on…. ce que l’on veux c’est la meilleure personne pour joué le rôle!!!
      c’est ça le métier d’acteur!

    2. duquettegilbert dit :

      @ Apocalypse

      J’ai utilisé l’exemple de Scarlett pour démontrer qu’il peut y avoir de la polémique partout. Et comme je le disais à Cytoman, : Au cinéma c’est la même chose, à ce détail près que la transformation des acteurs, le montage, permettent une flexibilité.

      Mon : Mais encore là il y a polémique comme par exemple Scarlett Johansson…Ghost in the Shell. Voulais démontrer que la polémique peut être partout.

  24. Peace&Love dit :

    Naïveté, arrogance ou une série d’impardonnables maladresses?

    Une chose m’apparait certaine c’est que la finale est un beau gâchis. Je trouve cela triste pour Betty Bonifassi et son projet qu’elle élaborait depuis plusieurs années.

  25. Lecteur_curieux dit :

    Le bilan de Marilou Craft, il y a 2 jours plus ce que Bonifassi aurait dit sur elle…et l’annulation. Je suis avec Marilou à 100%, même si c’est avec ses deux articles que j’ai entendu parler d’elle.

    https://urbania.ca/article/slav-bilan-de-marilou-craft/?intref=authorRelated

  26. A.Talon dit :

    Il serait peut-être temps de relativiser un peu dans cette malheureuse histoire de dérive idéologique de nos nouveaux curés de la rectitude politique.

    Tout d’abord, nous ne sommes pas Américains, peu importe notre couleur de peau. Nous n’avons pas connu la même histoire ni vécu les mêmes violences. Nos cicatrices historiques ne sont donc pas les mêmes et nous n’avons pas à être jugés selon les mêmes critères. Est-il utile de rappeler que l’immense majorité des Noirs vivant présentement parmi nous (et faisant partie intégrante de notre société) n’ont jamais eu d’ancêtres mis en esclavage par nos propres ancêtres? Je ne dis pas qu’il n’y avait pas d’esclavage en Nouvelle-France, entendons-nous bien, mais le phénomène était d’une autre nature (c’était surtout les Amérindiens qui en faisaient les frais) et se pratiquait à une toute autre échelle (il n’y avait pas de plantations chez nous). Pourquoi alors nous accoler une culpabilité collective pour des actes posés dans d’autres pays, à d’autres époques par d’autres gens? Parce que nous partageons la même couleur de peau?

    Il serait peut-être bon aussi de rappeler qu’en tant que minoritaires, conquis puis longuement dominés par l’occupant anglo-saxon, nous avons nous aussi été fréquemment soumis, tout au long de notre histoire, à ce même phénomène d’appropriation culturelle au profit du «partenaire» le plus puissant. À toutes fins pratiques, tout nos symboles identitaires y sont passés, de la feuille d’érable au castor, jusqu’au nom de ce pays et son hymne national. Tout ces symboles qui servaient à nous identifier nous ont été spoliés par ces «Canadians» qui prétendaient que nous nous n’avions ni culture ni histoire. Et le phénomène est toujours en cours présentement: même quelque chose d’aussi trivial et récent que notre illustre fast-food local, la poutine, a fini par devenir une marque culturelle «canadian» de par le vaste monde, au mépris de sa véritable histoire. Dire qu’on se moquait encore de cet humble met à l’ouest de l’Outaouais il n’y a pas si longtemps…

    «Poutine Dynamics»
    par Nicolas Fabien-Ouellet (Université du Vermont)
    Article de la revue Cuizine, Volume 7, Numéro 2, 2016
    https://www.erudit.org/fr/revues/cuizine/2016-v7-n2-cuizine02881/1038479ar/

    1. ghislain1957 dit :

      Donc, partout où l’on sert de la poutine, on s’approprie la culture Québécoise. Sortons dans la rue avec nos casseroles, ça presse! 😉

      1. A.Talon dit :

        Ne déformez pas le message. Ce que soutient fort à propos M. Fabien-Ouellet c’est que les «Canadians» se sont appropriés cette création culinaire typiquement québécoise en prétendant qu’elle est issue du génie national canadien, effaçant au passage tout ce qu’il pourrait y avoir de Québécois ou de Canadien-Français dans l’histoire de ce met. C’est ni plus ni moins qu’un vol de propriété intellectuelle à l’échelle de toute une communauté.

  27. Gaétan Pilon dit :

    Ils se décrivent comme entrepreneur social – leur business c’est de créer des changements – ils sont si envieux de la capacité de certaines personnes de s’exprimer hors-norme que dès que quelque chose apparait sur leur radar de la rectitude ils s’en emparrent et se mettent à faire du lobbying pour que cette chose littérallement disparaisse de devant leurs yeux – c’est beaucoup demandé et parfois ils obtiennent. Il faut les compter à présent – dans le cas de SLAV un de ceux-ci était sur les ondes de RDI disant qu’il avait entamné une signature pour la cessation du show – les mêmes excités des black face.

  28. Autrement dit :

    Le bel canto appartient au patrimoine de l’humanité. Qu’il soit italien n’empêche pas l’interprétation par des non italiens au contraire, ils contribuent à le faire connaître et le perpétuer. L’exemple paraît bancal? Prenez le jazz alors. Personne ne conteste ses racines afroaméricaines et ses monuments. Cela n’empêche pas les Stan Gets, Shorty Rogers, Gerry Mulligan d’y contribuer et de l’enrichir. Ces chants d’esclaves méritent d’être connus. Point. La provocation n’était peut-être pas voulue mais elle est salutaire si elle permet d’attirer l’attention sur ce patrimoine particulier et sur la condition qui lui a donné naissance, condition malheureusement universelle. Le public peut-il s’exprimer sur la pertinence et le rendu de cette prestation? On dirait que non. C’est bête, on est au Canada, au Québec, pas chez des voisins demeurés. La polémique grandira le prestige du metteur en scène et réduira celui du festival. Il pourra toujours programmer de la musique de voisins demeurés.

  29. loup2 dit :

    Ouin. Si je pousse le bouchon.
    Le Blues, musique d’origine afro-américaine.
    Éric Clapton un British blanc est t’il qualifié pour en jouer ?

    1. Benton Fraser dit :

      Mais je crois que son père était canadien… on s’approche!

      Et pour atteindre le point Godwin… même dans la musique, cette citation de Woody Allen (dans Manhattan je crois):
      « Lorsque j’entends du Wagner, cela me donne l’envie d’envahir la Pologne! »

      1. loup2 dit :

        @ Benton Fraser
        Vous avez raison. Je savais pas ça.

        Wikipédia a écrit :

        Né à Ripley, à proximité de Guildford, dans le Surrey au Royaume-Uni, Eric Clapton est le fils d’un soldat canadien et d’une mère anglaise. Son père, parti combattre en Europe peu après sa naissance, est ensuite retourné au Canada. Sa mère, qui n’a alors que seize ans, est trop jeune pour s’occuper de lui, aussi le jeune Eric est confié à ses grands-parents maternels (dont le nom, Clapp, est à l’origine de la rumeur selon laquelle le véritable nom du guitariste serait Clapp). Il sera plus tard définitivement abandonné par sa mère, partie à son tour au Canada au bras d’un autre soldat.

        L’histoire de sa naissance restera longtemps un secret de famille, et l’enfant n’apprend qu’à l’âge de neuf ans que ceux qu’il croyait être ses parents ne l’étaient pas, et que sa prétendue grande sœur est en réalité sa mère. Le choc est terrible pour Eric.

  30. ghislain1957 dit :

    Tellement ridicule cette histoire d’appropriation culturelle, c’est comme dire qu’un Chinois portant un blue jeans s’approprie la culture américaine.

    Si tout est fait avec un respect de l’histoire et de la culture dont on parle, je ne vois pas où est le mal.

    1. gl000001 dit :

      Les jeans ont été créés aux USA mais avec du tissu qui venait de Gènes (Genova) en Italie. Blu de Gènes … blue jeans. Donc les jeans aux italiens 😉

  31. lindavana dit :

    Betty Bonifassi a eu l’idée de reprendre ces chants car elle les trouvait beaux et inspirants. Robert Lepage a eu envie d’amener ça une coche plus loin parce que, lui aussi trouvait l’idée inspirante. Ou est le problème? Pourquoi parle-t-on d’appropriation culturelle?

    Ça enlève quoi à qui? Ben oui il n’y a pas que des noirs en scène… Est-ce qu’on doit déchirer sa chemise pour ça, si le spectacle est beau? Si il respecte l’esprit de ces chants? Les billets se sont tous vendus, c’est donc signe que le spectacle intéressait beaucoup de gens. Pourquoi le retirer alors?

    Il me semble qu’il y a tellement d’autres sujets qui méritent notre indignation collective. Un spectacle, ça reste quand même juste un spectacle.

    1. Henriette Latour dit :

      @lindavana
      👏👏 d’autres sujets méritent notre indignation collective.

  32. ghislain1957 dit :

    BREAKING: PRUITT QUITS AS HEAD OF US EPA

  33. ghislain1957 dit :

    Pruitt quits as head of US EPA

    https://www.bbc.com/news/world-us-canada-44733072

    1. duquettegilbert dit :

      @ Ghislain1957

      Doublement merci pour cette information 😉

  34. Lecteur_curieux dit :

    Ohhh spécial pour le texte de Craft où je suis porté à la soutenir à 100%, les liens qu’elle donne en référence ne visent pas son texte précisément mais le mouvement de protestation.

    https://urbania.ca/article/slav-bilan-de-marilou-craft/?intref=authorRelated

    Il reste que c’est un sujet délicat et si on est pas Noir ou métisse on ne peut pas le comprendre complètement, des maladresses ou de l’ignorance peuvent blesser de manière profonde. L’identification à leurs ancêtres est très grande et le racisme existe toujours.

    Quand même Bock-Côté ce type je n’ai aucune admiration pour lui, il ne comprend rien à rien même si n’aime pas du tout le discours de la gauche victimaire.

  35. Le Cyclope dit :

    L’appropriation culturelle me semble un caméléon idéologiqu’on peut utiliser dans divers mélanges. Parle-t-on de culture, de race, d’ethnie, voire même de religion?

    1. Le Cyclope dit :

      Oups, fausse manœuvre. Et diversion impromptue….

      L’appropriation culturelle me semble un caméléon idéologique qu’on peut utiliser dans diverses situations. Parle-t-on de culture, de race, d’ethnie, voire même de religion? Toutes ces choses à la fois, et aucune. La culture n’appartient à personne, mais elle est une caractéristique identitaire de tous ces groupes.

      Par exemple, la néo-musulmane québécoise Marie-Michele Lacoste peut-elle être accusée d’appropriation culturelle? Pourtant plusieurs ont souligné que le port du nigab est d’abord culturel, alors pourtant que cette dame en fait un élément significatif de sa conversion religieuse. Et personne n’en a soufflé mot, alors pourtant qu’il y aurait eu matière à se questionner. On a plutôt dérapé sur la question de se voiler pour donner ou recevoir un service public.

      Aussi loin qu’on peut reculer dans l’Histoire, les conquêtes et les défaites ont menées à des assimilations et des rebrassages culturels, idéologiques, politiques, ethniques. Par exemple, la France est issue de la civilisation gallo-romaine, un amalgame entre les cultures propres aux romains et aux gaulois. Et à ce que je sache, l’expérience n’a pas été que mauvaise.

      Il semble que dans le cas de Slâv, c’est le manque de contribution des noirs à l’élaboration et la production de l’œuvre qui a choqué certains, mais notons que le bât semblait blesser surtout sur le fait que les blancs n’ayant pas connu l’esclavage; ils ne pourraient donc en parler. Ce qui, dès son énoncé, me semble inexact. Ce qui déjà nous éloigne de la stricte question culturelle. Mais admettons tout de même que l’Histoire récente a surtout fait état des misères des premiers.

  36. Bidulen dit :

    En tant que personne de race noire, ma première pensée était « laissons Mozart seulement aux Autrichiens »; bref, j’étais indigné devant ces manifestations. Après réflexion, j’ai réalisé que le contexte était défavorable à Slav: montée de racisme en Amérique du Nord, difficultés pour les ethnies de prendre plus de place dans les arts… les artistes « ethniques « en arrachent. On aurait pu engager des Noirs…
    Cependant, les arts appartiennent à tous.

  37. Gaétan Pilon dit :

    L’approbation culturelle est tellement plus à la mode ces temps-ci que l’appropriation culturelle. Pablo Picasso disait qu’un véritable artiste vole. C’est un peu ça SLAV deux créateurs de talents qui ont décidé de s’unir pour ainsi voler la vie de milliers valeureux esclaves qui depuis les voutes du paradis les entendent et s’indignent – non pas vraiment…

  38. Layla3553 dit :

    Je vous soumets, l’opinion de Josée Legault

    dans son article du 27/06/2018 Journal de Montréal «  Les humains sont de ma race »

    http://www.journaldemontreal.com/2018/06/27/les-humains-sont-de-ma-race

    et aussi son opinion du 4 juillet 2018…

    http://www.journaldemontreal.com/2018/07/04/annulation-de-slav-un-dangereux-precedent

    Josée Legault pose des questions qui me semblent naturelles ( un peu plus bas) et je me posais les mêmes questions…mais mon questionnement m’amène à penser que si ton art te permet de faire ressortir la profondeur d’un texte sans avoir vécu cet état de chose, n’est ce pas grandiose? Ne démontre t il pas ton immense talent. n’est ce pas raciste de vouloir qu’un noir chante des chants de noirs, je ne comprends pas cette tempête.

    Pour revenir à Josée Legault elle écrit ceci

    Faut-il être «blanc» et acadien d’ascendance pour chanter des chansons acadiennes sur la déportation ?
    Faut-il être italien d’origine pour chanter un opéra de Rossini ?
    Faut-il avoir du sang huron pour jouer une musique huronne ?
    Faut-il être canadien-français de souche pour chanter du Gilles Vigneault ? Etc. Etc.

    On peut aussi lire

    « Toujours selon Le Devoir, ce mouvement a «été lancé par Lucas Charlie Rose, un artiste de la communauté noire de Montréal. (…) M. Rose dénonce aussi le prix des billets, trop élevé pour bon nombre de citoyens de sa communauté. « On ne peut pas acheter un billet de 60 à 90 $», déplore-t-il.»

    Elle ajoute

    Or, quel préjugé hallucinant que de lancer une ineptie pareille. Comme si toutes les personnes noires étaient pauvres et que toutes les  personnes blanches ne l’étaient pas.»

  39. Peace&Love dit :

    Approprier selon le Larousse en ligne: Adapter quelque chose à un emploi, à une destination.
    Un synonyme selon la même source: accommoder. Je trouve ça ironique.
    Appropriation culturelle, drôle d’expression. Je me souviens qu’il y a pas si longtemps on parlait de culture du viol. Une autre expression avec le mot  »culture ». Doublement ironique.
    Se peut-il qu’on joue tellement sur les mots qu’on en oublie les sentiments?

  40. Nicmef dit :

    Vraiment ridicule…Mais bon …. Une phrase me vient à l ‘esprit.
    White men can’t jump.

  41. Lecteur_curieux dit :

    http://mi.lapresse.ca/screens/c3da428a-36ff-4093-aadd-d7daa2db2559__7C___0.html Petrowski elle y allait de front, c’est bien de Craft dont elle a parlé le 26 juin.

    Je n’avais pas perçu Craft de cette façon là ne l’identifiant pas à une militante. N’empêche que Nathalie Petrowski est d’une grande arrogance et confirme la caricature que le magazine Croc faisait d’elle dans les années ’80.

  42. Henriette Latour dit :

    Tant qu’a y être, la comédie musicale Cats aurait dû être jouée par des chats.

    1. Peace&Love dit :

      A mon tour de vous applaudir Madame Latour!

    2. Rustik dit :

      « Tant qu’a y être, la comédie musicale Cats aurait dû être jouée par des chats. »

      J’adore! (mais comme je ne peux mettre de « like »… ça ne passe pas au travail où les courriels sont « lus » avant de partir… alors, j’écris « like »^^)

      1. el_kabong dit :

        Henriette Latour dit :
        « Tant qu’a y être, la comédie musicale Cats aurait dû être jouée par des chats »

        Bien sûr, bien sûr… pour être certain que j’ai bien compris votre point, je vous dirai que pour mon prochain spectacle, portant sur la 2e guerre mondiale, dans ma « liberté artistique », le rôle d’Hitler sera tenu par un acteur noir, celui de Churchill par un asiatique, Staline par un mexicain et Roosevelt par un inuit… vous allez venir??

      2. kelvinator dit :

        Vous seriez accusé de sexisme si vous dépeigniez des femmes au combat comme dans Battefield 5.

        Si vous avez quelque chose d’intéressant à dire avec votre spectacle, surement que des gens viendront. L’art choque, c’est fait pour ça. Âme sensible s’abstenir.

  43. noirod dit :

    Tout ce qui dépasse ne serait ce que d’ un iota la rectitude est monté au pilori et le scandale est moussé au centuple sur les réseaux sociaux ou tout le monde et son voisin s’improvisent des apôtres connaisseurs de ce qui est bon ou non. Inutile de parler du sujet ca sert a rien et l’outrance s’ adapte a n’ importe quoi.

    Tiens par exemple. 300 copains de copains facebook forment un troupeau et manifestent sous les réflecteurs des média. 300 personnes sur 8 millions ! Mais on leur donne de l’ importance, une voix ….Un groupe de ti-counes qui veulent changer le monde,le Québec,la politique mais qui ne savent pas écrire une phrase sans faire 3 fautes…

    Moi ce qui du meme coup me fascine c’ est que cette tendance a la pudibonderie et au muselage de l’ opinion différente est en meme temps contre balancée par une liberté d’ expression sur les réseaux sociaux qui cautionne le racisme, le sexisme, le language ordurier et que sais je que la majorité n oserait jamais , au grand jamais dire dans la vraie vie dans la face de quelqu’ un qui a une vue différente de la sienne.

    Alors voila je n’ai meme pas émis d’opinion réelle sur le sujet que vous développez dans ce billet juste pour mieux illustrer le ridicule de la contestation. Les deux partis ont de bons points mais en 2018 la tolérance se fait une belle jambe…

  44. Gaétan Pilon dit :

    @nicmef – White men can’t jump? Tu adorais Get Out si tu ne la jamais vu. Spoiler alert. Une bande de blancs qui obsédent sur les qualités athlétiques légendaires de l’homme noir tente de se l’approprier de manière chirurgicale. C’est un satire en passant.

  45. Guylaine dit :

    Autant je crois en la liberté artistique, et qu’une femme peut jouer un homme, un blanc un noir, un asiatique un indien, toutes les variantes, etc. et que tout ça est bon, avec les bons maquillages et les bons vêtements, je pense que, dans ce cas bien précis, vu que le sujet est l’esclavagisme, qu’on parle des esclaves noirs américains, emprisonnés et gardés esclaves en raison de la couleur de leur peau qui les a identifiés comme « inférieurs » pendant des siècles, et que ça laisse des traces profondes qu’on retrouve encore aujourd’hui, les auteurs auraient pu se forcer un peu plus et trouver des acteurs à la peau foncée.

    Cela aurait été plus respectueux. Mettons. Justement parce que la couleur de la peau est au centre de la question.

    C’est un sujet encore très sensible, et avec tout ce qui se passe, la douleur n’est pas prête de s’effacer. Come on, un peu de respect si vous voulez traiter ce sujet.

  46. Richard Desrochers dit :

    Le terme « appropriation culturelle » est en soi une aberration. À ce compte, plus personne n’a le droit d’apprendre ou de raconter l’histoire de qui que ce soit sauf la sienne propre.
    Je suis convaincu que Shakespeare n’avait pas beaucoup de Noirs ou de Maures pour jouer Othello. Et la Chine qui a inventè la poudre à canon devrait poursuivre la NRA. L’histoire des peuples et des groupes n’est pas brevetée.
    La seule chose qu’on peut reprocher à de telles « appropriations » concernent la vraisemblance et rien d’autre. Trouvez la chose vraisemblable, crédible ou pas, dans les limites de la licence poétique ou de la liberté artistique, et laissez les cuisiniers français cuire des raviolis s’ils sont bons, ou mettre du foie gras dans nos poutines.

  47. fallaitquejteuldise dit :

    S’approprier un sujet, c’est le pigmenter de ses connaissances, de son vécu, de ses valeurs et d’y transposer sa vision dans un cadre artistique ou politique (ce blogue). Une œuvre est-elle dénaturée en dehors de son contexte? Un commentaire formulé envers les républicains par un canadien est-il crédible? Une opinion, une vision, est tout autant valide, il reste à savoir si le public ou le lecteur à la maturité pour en apprécier les nuances.

  48. Lecteur_curieux dit :

    http://www.lapresse.ca/debats/votre-opinion/201609/28/01-5025339-diversite-culturelle-au-theatre-notre-propre-milieu-ne-nous-soutient-pas.php

    Un autre texte où je ne vois pas une gauchiste victimaire «loser» mais quelqu’un qui dénonce et revendique de façon pleinement justifiée. Prochaine étape si elle veut être une winner et avec d’autres. Créer eux-mêmes leurs emplois. Là tu en aurais de la diversité si tu attends après les autres, tu n’auras que les miettes. Cela vous prend des bâtisseurs,des vrais leaders, des vedettes aussi.

    Tu ne te mets pas à dos un type comme Normand Brathwaite mais ce dernier avait manqué d’écoute et employant même le mot très dénigrant mais lui c’est un métisse, n’empêche qu’il a dénigré ses propres frères. Qui a tort ? Qui a raison?

  49. Lecteur_curieux dit :

    Ici aussi je donne raison à Craft : https://www.mcc.gouv.qc.ca/fileadmin/documents/Politique-culturelle/Memoires___Metadonnees/Marilou_Craft_memoire.pdf Mais si vous voulez changer le monde il vous faut des compagnies théâtrales majoritairement noires.

    Le théâtre a de la difficulté à être viable et le cinéma aussi. Impossible de faire comme Eddie Murphy au Québec.

    https://en.wikipedia.org/wiki/The_Nutty_Professor_(1996_film)

    Si tu veux des rôles pour les Noirs, cela te prend des vedettes noires, des producteurs noirs, des réalisateurs noirs.

    Il faut penser aussi comme Quincy Jones et Michael Jackson.

    Comme Carl Lewis ou comme P.K. Subban. Pas tout le monde mais quand tu as un champion tu t’en inspires. Michael Jordan aussi.

  50. Gaétan Pilon dit :

    Parler de quotas dans le domaine artistique voilà ce qui est ridicule – l’argument comme quoi il y a beaucoup d’artistes noires sans travail est ridicule – comment fait-t-on pour savoir si un artiste est sans travail ou sans talent? Je suis pas mal sûr qu’à talent égale l’équipe de production aurait choisi des personnes noires mais qu’à défaut ils ont choisi ceux qui leur sont tomber sous les bras. C’est sans doute la meilleure excuse. Est-ce à dire que des personnages blanches ne peuvent réseauter dans le but d’augmenter leur condition ou se trouver du travail. C’est ça qu’un jour les noirs devront comprendre – que tout le monde – toutes les races – couleurs – appelle ça comme tu veux – réseaute d’abord entre eux sans que ça ne soit dirigé contre quelqu’un ou un autre groupe, race ou couleur. L’histoire des afro-américains est tragique mais il ne faudrait pas oublier que sur l’autre continent des africains – des dirigeants – ont également participer à la traite d’esclaves. Black Panther c’était nice. Ça venait aussi procurer le plus grand phantasme possible aux afro-descendants et du phantasme il en faut. J’ai bien aimé la dualité des personnages et que le personnage de vilain en était un qui voulait transférer toute la technologie et la fortune lié au vibratium aux deux milliards de personnes noires alors que le héros de l’histoire – par dépis – finit par céder sa technologie au plus grand nombre possible soit l’ensemble de la terre. Preuve aussi de la cartoonisation du débat racial il est intéressant de savoir que le mouvement politique des Black Panthers a directement été inspiré par le comic de Stan Winston et son comparse. Bref certains donnent et d’autres recoivent qui finissent par redonner et ainsi de suite – pourquoi s’arrêter – c’était un opéra jazz et des entrepreneurs sociaux ont tout gâcher.

    1. defier dit :

      @ Gaétan Pilon

      « c’était un opéra jazz et des entrepreneurs sociaux ont tout gâcher. »

      Ils n’ont rien gâché. Au contraire, ils ont déclenché un débat ouvert.
      Un débat qui nous force à réfléhir, à sortir de notre cocon, à nous sensibiliser au combat des autres.

      D’un spectacle, Slav est devenu une une protestation, une cause sociale, un symbole de combat.
      Le monde du spectacle au Québec et à travers la planète, sort grandi de l’aventure Slav.
      L’échec est la meilleure université du monde.

      Bonne soirée quand même.

      1. gl000001 dit :

        Un retentissant Non, à tout ce que vous avez écrit.

    2. Lecteur_curieux dit :

      Craft n’a jamais demandé l’annulation ou la censure du spectacle mais un débat. Pour les Noirs qui n’ont pas assez de travail dans le milieu c’est une réalité mais la seule façon de vraiment changer les choses, c’est de devenir un décideur, un bâtisseur. D’être aux commandes dans ton théâtre, ton Festival,etc.

      Pour le FIJM, c’est pas leur premier mauvais choix de programmation. Qui ne se souvient pas de ?

      http://www.lapresse.ca/arts/festivals/festival-de-jazz/201007/02/01-4295192-laurie-anderson-lou-reed-et-john-zorn-sons-stridents-et-autres-huees.php

      Mal se préparer ne pas choisir la bonne salle ou encore c’est même pas le bon Festival pour le projet.

      1. gl000001 dit :

        Si tu vas voir un show de LAurie Anderson et que tu ne connais pas Laurie Anderson, tu vas probablement huer. Les mal-préparés n’étaient pas ceux qu’on pense.

  51. Anne-Marie Allaire dit :

    Si vous avez vu le magnifique film I AM NOT YOUR NEGRO sur l’oeuvre de Baldwin, on peut comprendre qu’il a toujours défendu les gens qui cherchaient a comprendre. Ce n’est malheureusement pas ce qui m’est apparu des critiques du spectacle de Lepage.

    1. Benton Fraser dit :

      Cela ressemble a une forme d’apartheid culturel…

  52. InfoPhile dit :

    Je ne peux pas croire qu’un créateur de l’envergure de Lepage n’ait pas vu passer dans son esprit un feu jaune tournant au rouge. Même fugace.

    Des chants d’esclaves! Des hommes, des femmes asservis, exploités jusqu’à la moelle, dont l’humanité était remise en question par leurs maîtres; victimes donc d’un mépris, ma foi existentiel! Et victimes de toutes sortes de sévices, d’humiliations, confinés et ségrégués. Victimes de violences horribles aussi. Et cela, pas que le temps d’une représentation. Ni trois jours ou trois semaines. Non: La vie durant! Du berceau à la tombe! Et sur des générations!

    Ce devrait être un truisme que seuls des comédiens noirs pouvaient figurer dans le rôle de ces esclaves. C’est choquant qu’il en a été autrement!

    Je n’ai pas vu cette odyssée théâtrale, mais a priori il me semble très grossier de traiter les spectateurs qui allaient assister à la représentation de racistes, voire de les intimider tel qu’on me l’a décrit. Savaient-ils de quoi il en retournait? J’espère que personne ne s’imagine qu’ils allaient se réjouir de la profonde souffrance humaine à la représentation de laquelle ils allaient assister.

    Il est vrai que le thème général porte sur l’asservissement et qu’il déborde donc le cadre racial et même ethnique. Mais quand on titre : »Slav », il faut assumer que l’attention est d’abord attirée par ce que ce titre évoque. On ne vit quand même pas en vase clos même si l’écart entre l’Amérique anglophone et le Québec est important. Le sujet est trop sensible pour que quelques échos ne se fassent pas entendre jusqu’ici.

    Soit Robert Lepage l’a échappé, un peu bêtement il faut le dire, soit il est passablement déconnecté de ce que les afro-descendants montréalais peuvent offrir ici même à en matière d’art de la scène tant en ressources humaines qu’en créativité pure.

    Madame Bonifassi a un passé d’une impressionnante intégrité. Cette dame ne carbure pas au fric au détriment de ce qui l’anime, de son âme d’artiste. Sinon elle aurait accepté les plantureuses offres qu’on lui a faites suite à l’immense succès des « Triplettes de Belleville » il y a une quinzaine d’années. Je ne doute absolument pas de la noblesse et de la sincérité de ses intentions.

    Seulement, elle et Robert Lepage auraient bénéficié d’avis qu’un esprit éveillé n’aurait pas manqué de solliciter.

    L’affaire est quasi close. J’espère qu’on ne tournera pas le fer dans les plaies que ces deux artistes devront panser.

    1. kelvinator dit :

      Un blanc en noir, dans un spectacle sur les esclaves, est-ce que cela vous choque au point que vous voulez interdire cette représentation artistique?
      Les goûts sont personnels, c’est tout à fait concevable que vous n’aimiez pas cette pièce, mais pourquoi l’interdire? Vous êtes contre l’art qui choque, ou seulement lorsque ce n’est pas vous qui est choqué?

      Personnellement, de voir un blanc, à la place du noir, c’est un message clair pour dire que ça pourrait être n’importe qui. Nous pourrions tous être à cette place, à endurer ces supplices.

      Il y a toujours eu des esclaves, les afro-américain ne sont pas les seuls. L’art est intemporel, elle fait appel à la nature humaine, qui transcende le temps, les époques, et surtout les cultures!! C’est pourquoi Homer perdure, les sagas nordiques, les légendes asiatiques et les contes africains sont encore lu. Toujours interpréter par d’autres gens, d’autre culture.

      1. Achalante dit :

        Combien de personnes noires faisaient pertie de la production? Pas une seule? Ils n’ont pas trouvé une seule personne noire avec un talent suffisant pour le spectacle? Est-ce parce que ça n’existe pas? Ou était-ce un choix délibéré? Le premier cas me semble impossible, et le second, clairement raciste. La troisième option qui existe, c’est qu’ils n’ont pas cherché, ce n’était pas important pour eux et ils n’ont fait aucun effort en ce sens. Cette option n’est pas raciste en elle-même, mais en s’appuyant sur un état de fait né du racisme, cela perpétue le racisme.

      2. kelvinator dit :

        Vous savez que vos accusations sont basés sur des mensonges? Des noirs étaient du spectacle.

        « s’appuyant sur un état de fait né du racisme, cela perpétue le racisme. »
        La ségrégation raciale perpétue le racisme. Refuser à quelqu’un de faire quelque chose à cause de sa couleur de peau est de la ségrégation, il n’y a aucun autre mot pour qualifier cette position.

      3. surlaclôture dit :

        @kelvinator

        « Nous pourrions tous être à cette place, endurer ces supplices »

        Votre point de vue est tout à fait pertinent et j’aurais aimé que Lepage ou Bonifassi nous servent un argument de ce genre pour expliquer leur démarche. Malheureusement, les hauts cris poussés par le metteur en scène sur la liberté d’expression, ou les arguments de la chanteuse sur sa propre appropriation de l’histoire de l’esclavage à travers le filtre slave n’étaient pas de nature à apaiser les perceptions d’indifférence que le spectacle a suscitées…

        Surtout quand plus de 1000 artistes de la diversité figurent au catalogue de l’UDA!

      4. kelvinator dit :

        Cette notion ou il faille être noir pour parler de l’histoire noir m’est insupportable d’intolérance.

        Pourtant, c’est exactement le point de vue de Lepage dans sa réponse. L’avez-vous lu? Visiblement pas, car il répète ce que j’avais précédemment émis :
        « Depuis la nuit des temps, la pratique théâtrale repose sur un principe bien simple : jouer à être quelqu’un d’autre. Jouer à l’autre. Se glisser dans la peau de l’autre afin d’essayer de le comprendre et, par le fait même, peut-être aussi se comprendre soi-même. Ce rituel millénaire exige, le temps d’une représentation, que l’on emprunte à l’autre son allure, sa voix, son accent et même à l’occasion son genre. »

  53. Gaétan Pilon dit :

    Le plus grand perdant dans tout ça c’est le festival de jazz de Montréal qui passent pour des vrais caves alors qu’ils auront retirés de la programmation la pièce maîtresse de cet édition – et l’oeuvre d’un créateur tout aussi maître – simplement par l’action de quelques activistes – des entrepreneurs sociaux – qui sous le coup de la menace aurait obtenu gain de cause et faire en sorte que cet oeuvre soit vu par le moins de gens possible – c’est historique – c’est décevant.

  54. Gaétan Pilon dit :

    C’est comme si Picasso aurait fait don d’une toile à l’Espagne (Catalogne?) et qu’elle aurait été exposé dans le plus grand des musées du pays et que suite à des protestations d’une légère amplitude cet oeuvre aurait été retiré. Pire cet oeuvre aurait été commandé. Pourquoi croyez-vous que Lepage se tient en silence sinon qu’il éprouve trop de désaroi face à toute cette tumulte – ça me rappelle un peu quand un autre visionnaire en la personne de Guy Laliberté (ou Eric c’est comme vous voulez) avait promis de batir un complexe hotel-casino-salle de spectacles dans le quartier saint-henri et que des entrepreneurs sociaux avaient cette fois-là plaider comme quoi cela augmenterait la pauvreté dans le quartier du aux problèmes de jeu. Dégouté – Laliberté avait simplement annulé le projet (déménageant son siège sociale en californie quelques temps après) Peut-être est-ce exactement ce qui s’est produit dans ce cas ci mais par humilité Lepage décide d’écoper.

    1. NiCMeF dit :

      Absalon

      Merci…J’ai écouté avec bcp d’intérêt. Les invités sont très engagés. Mais ce que je trouve vraiment fascinant, c’est le rythme de la discussion…Chacun tour à tour prend la parole et expose son point de vue, civilement, poliment, sans injures, sans invectives, sans couper la parole….Fascinant…Quel fossé qui sépare cet instant avec certains tours de table médiatiques actuels qui sont plus fondés sur les confrontations, la polémique pour la polémique et les antagonismes. Bref le respect règne….Mais bon, bien sur ils sont tous en accord…

      Heston avant la NRA et encore Démocrate, Poitier après les Defiant Ones et avant In the Heat of the Night…Mankiewicz vient de terminer Cléopatra et probablement déjà conscient que le film sera le plus grand flop de l’histoire à ce moment-là. Merveilleux document ..

      1. Benton Fraser dit :

        _______________

        « …fondés sur les confrontations, la polémique pour la polémique et les antagonismes. Bref le respect règne….Mais bon, bien sur ils sont tous en accord… »

        On croirait que vous parlez du GOP!!!

  55. Absalon Absalon dit :

    Puisqu’il est question de débat,
    en voici un absolument fascinant, ne serait-ce que par le tour de table :

  56. jcvirgil dit :

    Les dirigeants du FIJM sont a l’image de ce qu’on dit des Quebecois. Ils n’aiment pas la chicane et plutot que de defendre leur choix artistique, ils ont prefere plier.

    Robert Lepage a choisi de faire un spectacle musical sur l’horreur de l’esclavage qui a touche pleins d’humains au fil des temps.

    La periode de l’esclavage africain est surement une des pages les plus sombre de l’histoire de l’humanite mais helas il y en a d’autres et la couleur de la peau des artistes qui jouent son oeuvre ne devrait pas etre plus importante que l »oeuvre , l’emotion et la reflexion qu’elle desire susciter chez le spectateur.

    1. jeanfrancoiscouture dit :

      A noter que Spectra qui produit le FIJM a été vendu au groupe CH, c’est à dire à la famille Molson qui est propriétaire du Canadien de Montréal. Celte structure de propriété a-t-elle eu une influence sur la décision d’interrompre le spectacle SLAV? Au moment de la vente, il fut dit que ce serait «business as usual» Or, une controverse comme celle suscitée par le petit groupe de contestataires qui n’avait vraisemblablement rien vu du spectacle en question et qui a appliqué ici une grille d’analyse relevant plutôt des indignations qui foisonnent sur les campus américains, ça ne relève certainement pas du «business as usual»

      Le Québec étant une petite société, qui plus est ne parlant pas la langue de l’Amérique et ayant conséquemment peu accès aux grands canaux de communication, a vite dû «prendre son trou» illustrant ici une application concrète de cette affirmation de Cioran qui dit: ««Les grands peuples, ayant l’initiative de leurs misères, peuvent les varier à volonté; les petits sont réduits à celles qu’on leur impose.»
      (Cioran, SYLLOGISMES DE L’AMERTUME, Gallimard, 1952 et 1980)

      .

  57. papitibi dit :

    Infophile a écrit à 18h40 – et ça me servira d’amorce:

    Je ne peux pas croire qu’un créateur de l’envergure de Lepage n’ait pas vu passer dans son esprit un feu jaune tournant au rouge.

    Lepage a raté le signal que lui a adressé son propre consultant, Webster.

    Est-ce un motif de reproche? Oui. Est-ce un motif d’annulation?Non.

    Tout comme moi, Lepage est un Nègre Blanc d’Amérique – selon la définition qu’en donnait Pierre Vallières. Le Québécois de souche francophone a longtemps étéostracisé. Mis à l’écart. Méprisé, même dans un microcosme où il est pourtant largement majoritaire. Quand j’étions petit, j’ai vu ma maman s’efforcer de demander conseil à la vendeuse francophone au Morgan’s (La Baie) ou au Eaton’s du centre-ville à Montréal. La vendeuse, elle même francophone, s’efforçait de répondre en anglais – comme l’exigeait son boss.

    Un Anglo-Canadien ou un Américain blanc d’origine allemande n’a pas vécu ça…

    Je suis à 20% de souche acadienne; mes ancêtres ont subi le Grand Dérangement et moi j’ai suivi leurs traces de Grand-Pré à la Louisiane en passant par Boston, avant leur enracinement au Québec. Les Anglo-Canadiens et les critiques de Lepage ne savent rien de notre histoire; ils nous font reproche d’ignorer leurs sensibilités – ce en quoi ils ont partiellement raison, mais aussi longtemps qu’ils feront mine d’assimiler les francos du Qc (dont Lepage) à la classe dominante blanche du 18e et du 19e siècle, ils feront eux-mêmes preuve d’ignorance et d’insensibilité.

    = = =

    Bonifassi a fait connaître aux francos blancs du Qc la réalité des esclaves noirs. Aussi longtemps qu’elle sert la communauté noire issue de cet esclavage, bravo. Dès que Lepage met en scène cette réalité – sous les traits de Blancs, haro! Wo!

    La démarche (parce que avec-pas-de-Noirs) était imprudente, j’en conviens. Sauf que moi je vais reconnaître aux créateurs le mérite d’avoir mis les projecteurs sur une réalité que mes contemporains connaissent trop mal.

    Alors ce que je dis, c’est que toute cette gang qui a vomi sans rien comprendre à NOS luttes, sans rien comprendre à NOTRE COMPLICITÉ à leur égard, je les emmerde.

    La direction du Festival a fait fausse route en cédant au chantage. Les Noirs se sentent outragés? Ceux qui, au sein de cette communauté, se vengent des Amaricains en nous chiant dessus (as a group), je les emmerde.

    Et à mon tour d’exiger des excuses. Désolé, mais c’est comme ça. Vous me faites penser à Trump, qui encense ses pures ennemis et s’en prend à ses alliés les plus fidèles. Vous avez vous-mêmes (les dénigreurs) manqué de recul et fait preuve d’une ignorance au moins égale à celle que vous NOUS reprochez.

    Moi, je me sentais très près. Là, vous m’avez repoussé. Vous NOUS avez repoussés collectivement. Vous me faites passer pour un raciste. Vous NOUS dépeignez comme d’immondes racistes, insensibles à VOTRE cause.

    J’aime pas ce que vous faites à la société québécoise francophone. Period. .

    1. kintouai dit :

      Bravo, monsieur Papatibi ! Je vous lève mon chapeau. Comme je l’écris plus haut, j’ai l’impression que l’«exploitation culturelle» n’a été qu’un prétexte, vite saisi par nos Anglo-Québécois racistes, pour traîner dans la boue un artiste francophone reconnu dans le monde entier.

    2. Peace&Love dit :

      Quelle éloquence!

      1. papitibi dit :

        Hum… vous allez faire rougir mon incommensurable humilité! 😉

      2. Peace&Love dit :

        A papitibi19:03,

        En toute modestie, dites-vous? Allons, svp, acceptez le compliment. Le plaisir est pour moi.

    3. Achalante dit :

      Il y a un pricipe qui se répend chez les féministes : l’intersectionalité. Ce pricipe dis qu’il y a plusieurs niveaux de privilèges, ou inversement, d’asservissement. Une femme est défavorisée par rapport aux hommes. Mais aussi, une personne de couleur est défavorisée par rapport aux personnes blanches. Une personne souffrant de maladie mentale ou neuro-atypique est défavorisée par rapport aux personnes « saines d’esprit». Une personne dont la langue maternelle ou la culture ne correspond pas à celle de la majorité fait aussi face à des obstacles supplémentaires. Les gais, lesbiennes, transgenre, fluides de genres, asexuels, etc, de même. Et plein d’autres cas.

      Où est-ce que je veux en venir? Les femmes noires ont beaucoup reproché aux féministes blanches de la deuxième vague de les oublier dans leurs combats; on peut être féministe et raciste. Mais les nouvelles féministes savent qu’elles doivent non seulement militer pour les femmes, mais faire un effort supplémentaires pour les femmes noires, parce que ces dernières partent d’encore plus loin. Et une femme noire autistique encore plus. Il faut prendre le temps de leur faire de la place et de les écouter dans le mouvement féministe, parce que ces personnes n’ont presque pas d’influence; leur particularité ne sont pas connues; elles n’ont presque pas de voix. Il faut faire un effort pour les inclure, sinon elles seront oubliées. On n’est vraiment égal que si tous sont égaux.

      M. Papitibi, votre communauté a souffert? Personne ne vous l’enlève; du mouns, personne chez les peogressistes « allumés ». S’il-vous-plaît, n’oubliez pas que d’autres ont vécu pire. Allez-vous les écouter, ou allez-vous rejeter leurs demandes du revers de la main, parce que vous ne les comprenez pas? Vous êtes de descendance acadienne, soit, mais vous êtes aussi un homme blanc parlant français dans une société majoritairement francophone (je suppose, du moins; et vous êtes probablement neuro-typique et ne souffrant pas de handicap physique). Tout cela vient avec son lot de privilège, et il est important de s’en souvenir. Prenez le temps d’écoutez ceux qui n’ont pas ces privilèges; ils vivent une réalité bien particulière dont vous ne vous doutez peut-être pas… Pas par quelque faute de votre part, mais parce que nous avons tous tendance à regarder devant soi, et qu’il faut faire un effort conscient pour s’arrêter et regarder derrière. Ferez-vous cet effort?

      1. papitibi dit :

        n’oubliez pas que d’autres ont vécu pire. Allez-vous les écouter, ou allez-vous rejeter leurs demandes du revers de la main, parce que vous ne les comprenez pas?

        D’autres ont connu pire? Bien sûr. Personne ne le conteste. Les Juifs ont subi le pire des génocides; est-ce que ça les autorises à nier aux Arméniens le droit de hurler leur douleur face aux exactions de l’Empire Ottoman à leur égard? Est-ce que le terme GÉNOCIDE n’appartient qu’aux seuls Juifs? Et pourtant, certains d’entre eux ont semblé vouloir s’approprier le terme? Et les Roms, bordel? Et les Sioux, les Commanches, les Dakotas, etc, au Sud de la frontière?

        C’est PAS pcq d’autres groupes ont connu pire que nous, Québécois de souche francophone et descendants des victimes du Grand Dérangement de 1755 avons perdu le droit de brailler.

        Robert Lepage ne nie à personne ses droits. En revanche, une certaine bien-pensance de souche africaine lui a nié son droit à lui d’exprimer sa solidarité et sa sensibilité de créateur.

        Ne virez pas les choses à l’envers… Please.

        vous êtes probablement neuro-typique et ne souffrant pas de handicap physique

        Wo! Qu’est-ce que vous appelez un HANDICAP PHYSIQUE? Moi, je n’ai jamais vu des deux yeux. Jamais. Et depuis une dizaine d’années, je me dirige vers la canne blanche. Et je détiens peut-être le recors Guinness des infarctus et des interventions à l’intérieur du muscle cardiaque… C’est-y un handicap physique, ça? Bien sûr, pour le record mondial, j’exagère un peu.

        Et l’insuffisance cardiaque dont je souffre? Ça me parait un peu handicapant, moi, de devoir m’arrêter aussi fréquemment pour reprendre mon souffle mais bon, je dois manquer d’objectivité. Si vous le dites! 😉

        Prenez le temps d’écoutez ceux qui n’ont pas ces privilèges; ils vivent une réalité bien particulière dont vous ne vous doutez peut-être pas…

        Mon métier à moi – un métier que mes non-handicaps m’ont contraint à abandonner il y a plus de 10 ans, c’était DÉFENSEUR de la veuve, de l’orphelin, de l’opprimé et des victimes en tous genres. Dont, notamment, des enfants de 3 ans abusés sexuellement. Alors, non, ne me dites pas que moi je suis peut-être pas au courant que des gens souffrent…

        En 2010, sauf erreur, j’ai fait écho à la première diffusion du docu LE PEUPLE INVISIBLE (Desjardins/Monderie) à la télé, en publiant chez Richard Hétu un réquisitoire contre le génocide culturel des Alhonquins. C’est que, voyez-vous, d’une part je vis en territoire Anishnabè et d’autre part, mes clients autochtones et moi avons assisté impuissants au dépeçage de leurs familles après que des amendements à la Loi sur la protection de la jeunesse eurent favorisé le placement définitif des enfants autochtones auprès de parents d’accueil et adoptants blancs, francophones, etc.

        Ça s’appelle ACCULTURATION. Ça s’appelle GÉNOCIDE CULTUREL. Tuer l’indien dans l’Indien. Le mettre à l’abri (!) de la langue et des us et coutumes de ses parents. En faire un blanc. Bin plus subtil que les anciens pensionnats autochtones auxquels a été soumis notamment le député du comté voisin du mien, le Cree Roméo Saganash.

        Et vous me dites que moi, pas assez sensible au phénomène pour le bien comprendre?
        Sacraman!

        Ferez-vous cet effort?

        Qu’en pensez-vous?
        Moi, ce que j’en pense c’est que vous ne cognez pas sur le bon clou.

    4. InfoPhile dit :

      Alors qu’on parle de Black lives Matter depuis quelques années en raison de décès, et même de meurtres tant qu’à moi, d’Afro-Américains, tous victimes de balles de policiers ou de leurs gros bras (I can’t breath…) et de « justiciers » paranos (rappelons-nous l’assassinat révulsant de Trayvon Martin), et alors que le président des États-Unis tient des propos à connotation raciste, genre il y a du ben bon monde parmi les suprématistes, un artiste de réputation internationale d’ici, à côté d’un pays où il n’est franchement pas évident d’être une personne de couleur – est-ce possible en ce 21e siècle? Et pourtant oui! -, se plaint d’intolérance parce qu’on lui reproche vertement et sans quartier son insensibilité.

      Eh oui! Malgré ce contexte troublant, il n’y aurait rien là d’ignorer d’embaucher des artistes noirs pour évoquer l’asservissement et reprendre des chants d’esclaves afro-américains sur une scène au beau milieu d’un festival, international de surcroît. Une sur le lot – de service? – ça suffirait. Eh bien non! Un minimum de sensibilité et de respect aurait requis une distribution entièrement noire et probablement un droit de regard de représentants des principaux concernés sous forme d’un endossement et, pourquoi pas, de partenariat.

      Robert Lepage erre platement. Son déni est gênant. Aiguisez vos antennes l’artiste, car manifestement vos perceptions doivent s’affiner. Raciste? Mais jamais dans cent ans! Quoique peuvent en dire quelques ignorants, provoqués et surexcités par ceux qui ont l’habitude de casser du sucre sur notre dos et qui ne dédaigneraient pas ternir la réputation des Québécois.

      Non, l’artiste est tout simplement dans le champ de la désinvolture. Et trop largement pour que je n’en sois pas navré.

      P.S. Au regard du nombre d’exilés du Grand Dérangement et des 12 millions d’Africains déracinés puis réduits à l’esclavage, et de la grande précarité où est plongée encore aujourd’hui une forte portion de leurs descendants, je suggère très amicalement de garder une petite gêne.

      1. papitibi dit :

        Je le répète, Infophile, Robert Lepage a péché; Webster, qu’il avait embauché pour l’instruire sur la négritude, avait cherché à lui ouvrir les yeUX et Lepage a fait la sourde OREILLE. Il a manqué de PIF.

        Cela, j’en conviens. À vrai dire, peu nombreux sont ceux qui refusent d’en convenir mais là n’est PAS la question.

        Les vraies z’affaires, c’est que malgré cet aveuglement, ce manque de pif et cette oreille un peu sourde, Lepage est sans doute plus sensible à la réalité de la négritude que les plus fielleux de ses détracteurs (dont certains sont venus de trop loin et trop récemment) sont eux-mêmes sensibles à l’Histoire et aux luttes incessantes des Québécois et Acadiens pour garder leur langue et leur culture bien vivante.

        Or, interdire aux créateurs de SLAV tout dialogue C,O.N.S.T.R.U.C.T.I.F avec leurs dénigreurs, désolé, mais c’est AUSSI participer à la mise à mort de cette culture qui a survécu contre vents et marées et malgré les vents contraires.

        Les dénigreurs de Lepage sont bien plus fermés que lui; pourtant, c’est lui qu’ils accusent de fermeture.

        Moi, qui suis un vieux blanc de sexe masculin, francophone et hétéro au milieu d’une société où ma génération, mon sexe, mon orientation, ma langue et ma couleur exercent une influence prépondérante, j’ai toujours milité pour que chacun et chacune puissent prendre leur place. Et ce, même si PRENDRE LEUR PLACE, c’est en même temps prendre une partie de MA place.

        Mais ne me demandez pas à moi de me taire quand un Robert Lepage qui partage ma philosophie et mes objectifs se voit traiter de raciste par des gens qui n’ont compris ni son crédo socio-politique, ni lle sens de sa démarche artistique, dont je crois qu’elle visait essentiellement à sensibiliser à LA CAUSE de ceux qui l’ont pourtant crucifié.

        Tout comme – à titre d’exemple – le NIGGER BLACK de Yvon Deschamps visait à dénoncer le
        racisme. Réaction épidermique, toutefois, en 1998, portéev par THE GAZETTE, La ligue des Noirs et Dan Philiips… qui a fait amende honorable par la suite.

        Tout comme l’affiche de cette pièce de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, LE PRÉNOM, avait soulevé la colère du B’nai Brith en juillet 2012; la pièce portait sur l’attribution du prénom ADOLF à un bébé que l’affiche avait affublé (par dérision) d’une moustache hitlérienne.
        http://www.lapresse.ca/arts/festivals/juste-pour-rire/201207/12/01-4542911-le-bnai-brith-demande-le-retrait-de-laffiche-le-prenom.php

        Parfois, le dénigrement est un sous-produit de la méconnaissance des objectifs et du sens de la démarche de l’auteur. Les premiers à hurler sont les ceusses qui se croient discriminés. Ensuite viendront des groupes comme LA MEUTE, STORMFRONT, ATALANTE, PEGIDA et autres déchets de la droite identitaire, qui se délecteront de ces réactions épidermiques des z’autres pour nourrir la haine et le repli sur soi.

        C’est-y ça que vous souhaitez? J’en doute. Et c’est PAS ce que je souhaite. Mais mon expérience du phénomène ACTION –> RÉACTION me suggère que par cette réaction aussi excessive que prématurée, la communauté noire s’est tiré dans le pied.

      2. kelvinator dit :

        Je comprend votre position infophile.
        Vous voyez l’esclavage comme tabou lorsque raconter par d’autres gens que les noirs. C’est ce confinement au silence que je ne comprends vraiment pas, surtout dans un cadre ou la nature du spectacle ne vient même pas en tête, la seule chose qui importe est la race des créateurs!!

        L’identité d’un individu ne devrait pas être relégué à un niveau tribal, ou seul les gens de « sa race » influe sur sa personne. Pour être influencé par les autres cultures, il faut impérativement s’y mêler, se mettre à leur place, avec empathie.

        Comment être contre l’empathie??

  58. chrstianb dit :

    Bordel, ce qu’on peut en entendre des niaiseries à propos de SLAV. Oui, il y a des acteurs noirs dans le show et la partie consacrée à Haïti est jouée par la comédienne Kattia Thony d’origine haïtienne. Son point de vue:
    http://www.lapresse.ca/arts/spectacles-et-theatre/theatre/201807/05/01-5188469-lune-des-comediennes-noires-de-slv-defend-sa-participation-a-la-piece.php

    J’ai le premier album de Betty Bonifassi qui m’a fait découvrir cette culture afro-américaine sauvegardée, ne l’oublions pas, par Alan Lomax un ethnologue et musicien blanc.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Alan_Lomax

    Extraits de l’album de Betty Bonifassi 2014:
    https://itunes.apple.com/ca/album/betty-bonifassi/id908477107?l=fr

    Vidéoclip officiel de «No More My Lawrd» de Betty Bonifassi
    https://www.youtube.com/watch?v=LWdzy4Xxw30

    Une des chansons en version d’origine «Berta, Berta»
    https://www.youtube.com/watch?v=sxC04N23U3o

    Alors, appropriation culturelle? Pantoute!

  59. kintouai dit :

    À lire l’excellente chronique de Christian Rioux dans Le Devoir :

    https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/531828/l-apartheid-culturel

    1. gl000001 dit :

      Ca me fait penser à Thériault qui a écrit sur les esquimaus (comme on disait à l’époque). A l’origine, il voulait écrire une histoire sur les indiens Séminoles. Ses livres bruleraient aujourd’hui !!

    2. jcvirgil dit :

      Un billet très éclairant en effet sur les dérives d’une *nouvelle gauche* qui n’est pas sans nous rappeler le temps de l’index , des dogmes et des excommunications pratiqués par l’église catholique de notre enfance !

      1. gl000001 dit :

        La « nouvelle gauche » est un extrémisme.

    3. Benton Fraser dit :

      L’aparthied culturel…. ben cou’donc, ça me dit quelque chose….

  60. JE pense que l’art de l’écriture,de la création es discriminé par ces faux anti racistes de tout poil pour intervenir quand ça fait pas leur affaire.Si ça part comme ça,il y a bien des livres,pièces de théâtre et films qui vont disparaitre.

  61. gl000001 dit :

    Du politically correct poussé à l’extême. Rien de bon ne va sortir de là !

  62. Le Cyclope dit :

    Robert Lepage a enfin réagit au retrait de SLAV. Il déclare n’avoir jamais été accusé d’appropriation culturelle et encore moins de racisme. Il déplore aussi « l’affligeant discours d’intolérance  » et l’atteinte à la liberté artistique.

    Faut dire que le Québec carbure ses derniers temps à la dénonciation du racisme systémique et de la xénophobie, réels ou supposés. C’est sur qu’une œuvre comme celle-là allait causer des remous, mais comme ce fut justement été souligné dans un contexte plus général, sans vouloir porter un jugement, les opinions marginales sont amplifiées dans notre société.

  63. Lecteur_curieux dit :

    Je n’aime pas la rhétorique ni d’un côté ni de l’autre. Robert Lepage c’est pas un ti-clin ni un tout-nu ni supposé être un braillard. Alors s’il croit à son projet avec ou sans modification qu’il se trouve de nouveaux partenaires et dans un autre théâtre (le TNM est un théâtre bourgeois) pour que son spectacle soit à l’affiche, l’automne ou l’hiver prochain. Et ensuite ? Tu vas le présenter aux États-Unis et en France pour plus tard revenir le rejouer au Québec en tournée en province si possible. C’est son projet à lui de le défendre et/ou l’adapter plutôt que simplement jouer la diva.

  64. jcvirgil dit :

    Robert Lepage a réagi ce matin :*«Au fil de ma carrière, il m’est souvent arrivé de consacrer des spectacles entiers à la dénonciation d’injustices subies à travers l’histoire par des groupes culturels spécifiques dont aucuns des acteurs n’étaient issus. Ces spectacles ont été joués partout à travers le monde, devant les publics les plus divers, sans jamais que l’on ne m’accuse d’appropriation culturelle et encore moins de racisme. Bien au contraire. Ces réalisations ont toujours été bien accueillies et ont fait d’Ex Machina l’une des compagnies de théâtre les plus respectées au monde», s’est défendu M. Lepage.

    «S’il n’en tenait qu’à moi, le spectacle tiendrait encore l’affiche, car je revendiquerai toujours le droit, au théâtre, de parler de tout et de tous. Sans exception. Aucune», a-t-il conclu.

    http://www.journaldemontreal.com/2018/07/06/annulation-de-slav-un-coup-porte-a-la-liberte-dexpression-artistique-selon-robert-lepage
    *
    ********************
    La position de larves qu’ont choisis de prendre les dirigeants du FIJM, donnant ainsi raison à un groupuscule composé d’extrémistes qui n’avaient en majorité même pas vu le spectacle est indigne .

    Une fois le spectacle choisi dans le cadre de leur festival ils avaient le devoir de le défendre, ils se sont plutôt écrasés .

    1. Lecteur_curieux dit :

      « Une fois le spectacle choisi dans le cadre de leur festival ils avaient le devoir de le défendre, ils se sont plutôt écrasés .» Des dirigeants de ce type n’existent plus ou pratiquement plus du moins au Québec. Ils ont peur de la controverse. ils ont peur pour leur image, ils ont peur des poursuites. Bref, ils ont peur d’avoir peur.

      Évidemment l’extrême opposé ne serait pas mieux cela ressemblerait à Donald Trump et là vous auriez la quasi-totalité de la communauté noire à dos. Pour ceux que je connais, aucun n’a parlé de ce sujet sur les médias sociaux. Et au final juste deux personnes blanches dans le réseau. Alors? L’importance relative du sujet n’appelle pas tant que cela, pas à ce point.

  65. Gaétan Pilon dit :

    Des larves en effet. Espérons que ça créer de beaux papillons. Chose intéressante Lepage refuse catégoriquement – contrairement à Rushdie – l’étiquette d’appropriation culturelle. J’aime bien sa réaction. Cet entrepreneur social aura eu raison du FIJM – vive la mixité!

  66. Gaétan Pilon dit :

    Les gens de Sherbrooke et de Drummondville auront tout de même la chance de voir cet opéra gospel – fort à parier que la valeur ira en augmentant et que surement les mêmes clowns de MTL tenteront de faire interdire le spectacle.

  67. Daniel Legault dit :

    Je partage l’opinion et les faits rapportés par M. Papitibi ainsi que la position de M. Lepage.

    Certains auraient intérêt à lire ‘Nègres Blancs d’Amérique’.

    Il y a eu de l’esclavage au Québec mais jamais à l’échelle industrielle.

    Le Québec n’a pas à s’excuser.

    Présentement on crie trop facilement au racisme et pour certains le racisme est uniquement attribuable aux blancs. Les autres communautés ne font jamais de racisme!

    1. InfoPhile dit :

      « Le Québec n’a pas à s’excuser. »

      En effet et d’autant que les ancêtres des Québécois étaient à cette époque des cerfs dans un système seigneurial. Les autres ont pour la plupart décampé lors de la Conquête.

  68. defier dit :

    PERSONNE N’EST RACISTE

    Personne ne se croit raciste, pourtant…
    La moitié des posts puait le racisme à plein nez.
    Je suis certain que cette moitié se demande, regarde outour pour découvrir qui sont ces maudits racistes.
    Certains ont beaucoup de difficultés à se regarder dans le mirroir.
    On est raciste ou pas. On est raciste de 1% à 100%.
    Quel est votre score.

    Ce fut le meilleur sujet depuis le début.
    Très grande qualité des interventions.

  69. InfoPhile dit :

    @papitibi

    La liberté que les créateurs revendiquent avec raison ne doit évidemment pas être confondue avec le droit de dire n’importe quoi, n’importe quand, n’importe comment. Plus que la moyenne des ours, l’influence des créateurs est telle qu’elle s’accompagne de facto d’une responsabilité sociale qui exige d’eux une rigueur sans faille, à fortiori quand on a affaire à l’un des plus doués et notoires d’entre eux.

    Tangentiellement, très, c’est ainsi que la dépression de crocodile de Mike Ward me laisse de glace. L’irresponsabilité n’ayant pas sa place dans un contexte de grandes responsabilités.

    En Robert Lepage on parle d’un auteur connu sur la scène mondiale qui présente une oeuvre dans le cadre d’un festival international très réputé. Au beau milieu de ses bons sentiments et de sa conscience habituellement joliment aiguisée, il reste néanmoins qu’il est cruellement ironique d’évoquer une injustice historique en commettant celle d’ignorer des talents locaux à qui il revenait d’occuper la scène, conformément à un esprit de respect. Et d’autant cruelle dans le contexte où les artistes de couleurs d’ici – et non pas ceux de là-bas aux States – peinent à se trouver du boulot.

    En l’occurrence, et pour des raisons évoquées plus haut, les nerfs étant déjà exacerbés et les susceptibilité étant à fleur de peau, fatalement dans la cohue il y a des exagérations, des raccourcis et toutes sortes de rumeurs déformantes tout à fait typiques du téléphone arabe. D’où me semble-t-il s’impose une grande prudence quand il s’agit de traiter d’un sujet aussi sensible, aussi à vif qu’il est à hurler. Nous constatons qu’elle n’a pas été suffisante.

    Que des frustrés, des caractériels, des bipolaires non traités et autres pyromanes tous azimuts, lire des deux côtés, s’estiment à tort conviés à un bal, c’est précisément une conséquence qu’il fallait prévoir; surtout en cette ère des médias sociaux.

    Et c’est là que l’imprévoyance de ce créateur m’ahurit. Mais qui ne l’a jamais échappé lance la première pierre, celle qui blesse, celle qui condamne pesamment, celle qui étiquette à tout jamais. Dieu m’en garde! Un impair ne sera jamais qu’un impair et non l’expression d’un racisme fortement condamnable ou d’une indifférence qui le serait tout autant. En ce sens, je pourrais tout aussi bien me poser en défenseur de Robert Lepage. On ne déboulonne pas un phare à la moindre éclipse!

    Que les habituels et prévisibles pourfendeurs des nationalistes – pris au sens large – québécois s’en donnent à coeur joie, c’est un fait qui ne peut nous surprendre. Doit-on s’en choquer ou pire se laisser prendre à leur jeu et de ce fait s’adjoindre les « services » de ceux dont on pourrait très heureusement se passer? Ce serait envenimer bêtement des rapports qui à mon avis vont en s’améliorant. Alors faisons et laissons braire: continuons à construire et à dialoguer. Je nous trouve beaux à nous voir établir de plus en plus de ponts dans le respect de notre nation et donc dans le respect de notre langue.

    Speak white, Michèle Lalonde:

    1. kintouai dit :

      @infophile Excellent texte, comme toujours. Mais permettez-moi de ne pas être d’accord avec certains points que vous soulevez.

      Lepage a voulu évoquer dans cette oeuvre, non seulement l’esclavage noir, mais l’esclavage en général (dont, rappelons-le, les Noirs n’ont pas l’exclusivité, loin de là, tout comme les Juifs n’ont pas l’exclusivité du génocide). Il était donc logique qu’il n’y ait pas eu que des Noirs dans son spectacle. La question de deux sur six, de trois sur six, etc. n’est que de l’arithmétique ayant servi de prétexte à des Anglo-saxons pour déverser leur racisme anti-francophone.

      D’ailleurs, quand vous dites qu’en dénonçant ce racisme anglo-saxon, on « envenime bêtement des rapports qui à mon avis vont en s’améliorant », où voyez-vous une amélioration sinon que les francophones ont complètement abdiqué leur volonté de se faire respecter et se laissent lentement glisser vers l’acadianisation, puis la louisianisation ?. Bien sûr que les rapports s’améliorent : les anglophones reprennent progressivement leur place arrogante («Speak white») et les francophones plient de nouveau l’échine.

      J’aurai au moins eu la joie extrême, dans mon existence, de faire chier ces salopards de racistes anglo-saxons pendant 50 ans et de leur donner la frousse de leur vie en 1995. Ça, ça valait tout l’or du monde et ça compensait un peu toutes les brimades, toutes les vexations qu’ils nous ont fait subir pendant deux siècles. Personne ne pourra nous enlever ce moment de fierté où une majorité de Québécois francophones se sont tenus debout et ont crié leur désir d’un pays.

    2. J.C.Virgil dit :

      @infophile 10h36

      Merci pour cet immense poème tiré de la nuit de la poésie qui a eu lieu durant la crise d’octobre en 1970 si je ne m’abuse et qui en démontrait fort bien le causes profondes sans pour autant cautionner les enlèvements et la violence du FLQ.

      Je ne partage cependant pas votre point de vue sur SLAV . Vous dites que Robert Lepage avait le devoir de démontrer plus de sensibilité et de faire une plus grande place à des acteurs chanteurs *visibles* (terme *politically correct*, mais complètement stupide quand à moi pour décrire une personne de race noire !) .
      S’il ne l’a pas fait c’est probablement qu’il a choisit les meilleurs acteurs-chanteurs disponibles quand il l’a monté tout en présentant une diversité culturelle adéquate et que son oeuvre parlait par elle-même.

      D’ailleurs la majorité des gens l’ont fort bien compris .

  70. InfoPhile dit :

    @kintouai

    D’abord un gros merci pour vos propos aimables.

    « Il était donc logique qu’il n’y ait pas eu que des Noirs dans son spectacle. La question de deux sur six, de trois sur six, etc. n’est que de l’arithmétique ayant servi de prétexte à des Anglo-saxons pour déverser leur racisme anti-francophone. »

    Étant donné le contexte, l’actualité au sud de nos frontières et même en Europe où on sent monter une intolérance raciale, ne vaut-il pas mieux parler et agir en matière d’égalité des chances? Or, qui souffre encore d’inégalités des chances, de quasi impossibilité de migrer socialement sur ce continent en dehors de nos frères de couleur (Afro-descendants et autochtones)? Une distribution entièrement noire aurait envoyé un puissant message allant très au-delà de nos frontières. Un message réconfortant d’une exemplaire solidarité pour des gens discriminés qu’en raison de la pigmentation de leur peau et qui en plus subissent un fort contre-coup après un semblant d’ouverture au sud d’ici. Quelle folie quand on y pense.

    En ce sens et sans acharnement, Robert Lepage a raté un sacré rendez-vous. Pour le dire franchement, c’est un peu à se demander à quel point il est sensibilisé à la réalité des Afro-descendants.

    Hormis pour les mange-canayens à la Calganov, je crois que nous nous sommes fait comprendre auprès de pas mal d’anglos. Surtout, nous nous sommes émancipés comme je souhaite ardemment que les gens de couleur le fassent. Oui nos acquis sont fragiles et je souhaiterais envoyer un message très clair du genre: vous voulez allez au CEGEP et même à l’université? À l’exception des anglos de souche, je dirais d’accord mais en français.

    Because 6-8 millions de francophones dans un continent de 360 millions d’anglophones ce sera toujours précaire, et que personne de sensé choisit l’acculturation et l’assimilation.

    Dans mon enfance il y avait dans mon voisinage quasi immédiat deux métis, un noir et un autochtone (Abénaquis). Je n’avais jamais remarqué la différence autrement qu’ils étaient tout simplement plus bronzés que moi. C’était des camarades de jeu comme je les aimais. Point.

  71. kintouai dit :

    Pour conclure ce débat (qui nous a tout de même changé des turpitudes de Sa Trumpitude), je suggère ce magnifique texte de Patrick Moreau, publié dans la section « Idées » du Devoir :

    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/531901/les-lecons-de-cette-affaire

    1. Layla3553 dit :

      @kintouai 22:40

      Effectivement très bon texte.Merci Layla

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