Le blogue de Richard Hétu

L'Amérique dans tous ses états

Joe Biden est à la fois en faveur de l’autonomie de Washington, DC, et de sa quête pour devenir le 51e État américain. Mais il est aussi d’accord avec une résolution qui est sur le point d’être adoptée par les deux chambres du Congrès et dont l’objectif est de bloquer un nouveau code pénal adopté par le Conseil municipal de Washington. Cette résolution, déjà appuyée par la Chambre des représentants à majorité républicaine, devrait être entérinée mercredi par environ 70 sénateurs, dont environ 20 démocrates.

Washington, rappelons-le, dépend directement du Congrès en tant que district fédéral. Malgré tout, il faut remonter plus de 30 ans en arrière pour retrouver une situation où le Congrès a bloqué une mesure du Conseil municipal de Washington. Celle qui nous intéresse aurait pour effet de réduire les peines de prison maximales pour certains crimes, d’augmenter les peines pour d’autres et d’éliminer de nombreuses peines minimales obligatoires. Selon la page éditoriale, le nouveau code pénal rendrait Washington plus dangereuse encore en réduisant les peines « pour les crimes violents tels que les car-jackings, les cambriolages avec effraction, les vols et même les homicides ».

Cette conclusion, qui ne fait pas l’unanimité, explique la position contradictoire de Biden, que certains décrivent comme une trahison. Partisan de l’autonomie de Washington, il légitime aujourd’hui une intervention des républicains du Congrès qui empiète sur cette autonomie. Son objectif est évident : contrer les critiques des républicaines selon lesquelles les démocrates ont une approche laxiste à l’égard de la criminalité.

Mais est-ce vraiment laxiste de vouloir moderniser un code pénal adopté en 1901 pour ramener, par exemple, la peine maximale pour car-jacking de 40 ans à 24 ans ? Dans un tweet justifiant sa décision, Joe Biden a donné en exemple la réduction des peines infligées pour car-jacking, sans préciser le nombre d’années dont il est question. Démagogie ?

Lors des élections de mi-mandat, le thème de la criminalité a notamment joué en faveur des républicains de New York, qui ont réalisé des gains inattendus dans les circonscriptions situées en banlieue de la Grosse Pomme. Ce thème domine aussi l’élection à la mairie de Chicago, comme je l’explique dans un article publié dans La Presse ce lundi. Une élection où les démocrates sont aussi divisés qu’ils le sont à la suite de la décision de Biden concernant DC.

Notons que le président du Conseil municipal de Washington a tenté, au moment où j’écrivais ces lignes, de retirer la loi modernisant le code pénal du district afin que celle-ci ne puisse être bloquée par le Sénat. Il n’est pas certain qu’une telle manoeuvre soit légale.

(Photo Getty Images)



22 réflexions sur “Criminalité : la « trahison » de Joe Biden

  1. NStrider dit :

    La peur, la peur de l’autre, la peur de la différence c’est ce qui caractérise le parti républicain. La peur.

    1. NStrider dit :

      J’oubliais, par dessus tout la peur du changement m, de l’évolution.

      1. Hier j’écoutais un reportage sur le stunami de 2011 au Japon.

        Une des villes rasé a préféré dépensé des milliards pour remblayé le sol ou se trouvais l’anciennes ville pour pouvoir reconstruire la ville exactement au même endroit plutôt que de changer et déplacé le village plus en montagne.

        Cela a pris 10 ans a coupé les montagnes environnente pour remblayé la ville d’une dizaine de mètre.

        Quand la peur du changement nous tient!

    2. Igreck dit :

      C’est pourquoi il m’arrive parfois de les appeler les « Cons-servent-la-Peur »❗️

  2. Charlot dit :

    Il y avait des « car » en 1901? Et même du « car-jacking « ? Eh ben! Toujours en avance les USA.

    1. MarcB dit :

      Première automobile:
      Karl Benz a déposé un brevet en 1886, donc oui, il devait y avoir des automobiles.

    2. gl000001 dit :

      Calèche-jacking !!

  3. Kelvinator dit :

    Autrement dit, Washington DC est dirigé par le congrès de la même manière que Houston est dirigé par le gouverneur du Texas. Le congrès prend la place du gouverneur.

    Il y a probablement du bon et du mauvais dans cette loi, mais de prétendre que c’est un coup de couteau dans le dos comme le fait Slate est largement exagéré à mon sens. Surtout que Slate prétend que le maximum de 40 ans est presque jamais atteint, et que la moyenne se situe autour de 15 ans… Pourquoi tout ce branle-bas de combat pour changer quelque chose qui est rarement employé?

    1. Richard Hétu dit :

      Non. Le gouverneur du Texas ne peut pas bloquer les lois ou règlements de Houston. Mauvaise comparaison. J’ai donné un exemple de réduction de peine, mais le branle-bas de combat s’étend à plusieurs peines, dont certaines devaient être remises à jour. Un devoir de cohérence entre alors en ligne de compte pour les peines de 40 ans qui ne sont jamais appliquées.

      1. Kelvinator dit :

        C’est vrai, mais Houston ne peut décider quel seront les peines criminels dans leur ville, ça reste au niveau de l’État. Ce serait plutôt comme si Washington DC était au même niveau qu’un État. J’avoue que nous n’avons pas de comparatif içi, c’est difficile de se faire une idée de la hiérarchie législative lorsque le congrès est impliqué.

    2. el_kabong dit :

      @kelvinator

      La logique contraire s’applique tout autant : si ce n’est jamais appliqué pourquoi ne pas le changer?
      Pourquoi le Canada a aboli la peine de mort puisqu’elle n’était plus appliquée depuis longtemps?

      Simple devoir de cohérence comme dit notre hôte…

      1. Kelvinator dit :

        Oui, c’est vrai, ça peut valoir la peine de le changer, c’est plutôt l’hyperbole de Biden qui plante un couteau dans le dos que je trouve excessif, pas le besoin de changer les lois.

  4. monsieur8 dit :

    Si la répression (peines minimales, sentences capitales, etc.) était une manière efficace de lutter contre la criminalité, les USA serait le pays le plus sûr du monde.

    Mais vas donc essayer d’expliquer à un cowboy ce que sont la prévention et la réhabilitation… bonne chance!

    1. gl000001 dit :

      Une balle dans le dos du gars qui court vers toi. C’est la meilleure façon de prévenir le crime !!

      1. Igreck dit :

        Entourloupette 🤪

  5. Donc, les US avec, de très loin, son plus grand taux de population incarcéré, est l’un des pays avec le plus bas taux de criminalité??? Le pays le plus sécure du monde?

    Je me demande combien de gens avant de faire un crime pèsent le pour et le contre du temps qu’il auront à passé en prison si il se font pincé.

    Impossible de parler de prison au US sans parler de racisme systémique: ±30% des hommes noirs au US iras en prison dans ca vie contre 0.5% pour l’homme blanc.

    1. karma278 dit :

      « Je me demande combien de gens avant de faire un crime pèsent le pour et le contre du temps qu’il auront à passé en prison si il se font pincé. »

      Par expérience, ZÉRO %.
      Ils étaient tous convaincus que JAMAIS les autorités ne sauraient les identifier.

  6. Gilles Morissette dit :

    Le président Bidern est à l’image du parti Démocrate. Divisé sur la question de la criminalité.

    Les Américains sont convaincus que des lois sévères assortis de peine de prison sévères, vont enrayer la criminalité.

    ERREUR.

    Cette logique a fait en sorte que les prisons sont surpeuplés, les conditions de détention,dans certains cas, sont en deça de ce qui normalement devraient être appliqués et finalement… la criminalité n’a pas connu de baisse significative.

    Que voulez-vous. Les mythes ont la vie dure au pays des cowboys et du « gun ».

    « TOUGH ON CRIME » !!

    Voici un article qui devrait faire réfléchir ceux qui croient encore à ce principe. Ça date de 1995 mais je ne crois pas que la situation ait changé à ce point.

    https://www.ojp.gov/ncjrs/virtual-library/abstracts/failure-get-tough-crime-policy

  7. aux USA, ils aiment les prisons, ça rassure le bon citoyen…
    toutefois, ça n’a aucun effet sur les « mauvais » citoyens…

    les peines de prison sont lourdes en regard des délits…
    y’a même la peine de mort…
    Est-ce que ça change quelque chose ?? Ben non…

    la drogue, même affaire… de la répression, des milliards en enquêtes, poursuites, contrôle, surtout pour punir les utilisateurs…
    Est-ce que ça change quelque chose? Ben non….

    la prostitution, même affaire… encore des centaines de millions de dépenser …
    Est-ce que ça change quelque chose? Ben non…

    mais politiquement c’est rassurant pour le bon peuple qui se sent, ainsi, rassuré même si la situation ne change jamais…
    y’a toujours autant de criminels, de trafiquants et de proxénètes…

    et les braves gens en redemandent! Plus de lois, plus de policiers, plus de fric… plus de peines, plus de prisons… plus d’armes en circulation… plus de démagogie, plus de préjugés et de stéréotypes…

    et on continue…

    1. Igreck dit :

      Exactement comme dans le domaine de la Santé. On dépense des fortunes en soins mais très peu en prévention parce qu’une blessure future est moins évidente que la blessure actuelle et les con-tribuables sont incapable de comprendre (facilement) les liens de causalité.

  8. Mona dit :

    Je crois qu’il est temps de relire l’histoire de la prise du pouvoir par Hitler issu de la faiblesse, des divisions des démocrates, des inégalités et crise économique, de la complicité des industriels, des intérêts d’une petite bourgeoisie avide, D’un racisme endémique … et d’un pouvoir près à tous les compromis pour tenir, tenir, tenir …
    Une étincelle (l’incendie du Reichstag), une crise ( 1929), de hommes ou femmes en place dans les institutions, un climat de violence permanent, et Hitler sera élu avec 92%.
    2023
    Marjorie Taylor Green, 2eme sur l’ordre de succession…

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