Le blogue de Richard Hétu

De nombreux républicains de Géorgie se grattent encore la tête. Pendant cinq jours la semaine dernière, Herschel Walker a interrompu sa campagne en vue du second tour de l’élection sénatoriale de son État, qui aura lieu le 6 décembre. La pause a coïncidé avec le long congé de la fête de Thanksgiving et le début du vote par anticipation, un moment crucial dont son rival démocrate, le sénateur Raphael Warnock, a profité pour mobiliser ses électeurs et exploiter une nouvelle controverse concernant la légende du football.

CNN a révélé la controverse la veille de Thanksgiving. La chaîne d’information a pu confirmer que Walker a demandé à bénéficier d’une exonération fiscale pour sa maison au Texas, en indiquant qu’il s’agissait de sa résidence principale, et ce, même s’il se présentait à l’élection sénatoriale de Géorgie en tant que résident de cet État. Il n’a pas encore répondu aux questions des journalistes sur ce sujet. En fait, il a quasiment cessé de parler aux journalistes.

Selon le New York Times, qui consacre un article à la « stratégie » de Walker à moins d’une semaine du scrutin, ses alliés ont justifié sa pause de cinq jours en invoquant des obligations personnelles, dont un service commémoratif en l’honneur de son ancien entraîneur de football à l’Université de Géorgie vendredi dernier et le 85e anniversaire de naissance de sa mère le lendemain.

Pendant ce temps, le sénateur Warnock et ses alliés ont profité de leurs moyens financiers supérieurs pour inonder les ondes de pubs attaquant Walker. L’une d’elles montre les réactions estomaquées d’électeurs en voyant des extraits de discours où Walker parle de vampires, de loup-garous et de changements climatiques de façon plus ou moins compréhensible.

Le camp républicain a répliqué en diffusant au début de la semaine une nouvelle pub qui revient sur les allégations de violence conjugale formulées par l’ex-femme de Warnock et les avis d’expulsion envoyés à des locataires d’un immeuble dont l’un des propriétaires est l’église où Warnock est le pasteur principal. Ces allégations ont été remises en question par le site PolitiFact et d’autres médias, dont la chaîne locale de NBC à Atlanta.

Personne n’ose dire que la course est perdue pour Walker, qui compte notamment sur l’appui du gouverneur républicain de Géorgie Brian Kemp, qui a fait campagne pour lui après avoir été réélu avec éclat. Mais sa pause de cinq jours inquiète des républicains. Et ce paragraphe tiré de l’article du Times rappelle toutes les casseroles qu’il devra faire oublier s’il veut se faire élire :

« Sa campagne a été l’une des plus turbulentes de l’histoire récente : on a découvert que M. Walker avait menti ou exagéré des détails sur son éducation, ses affaires, ses dons caritatifs et son travail dans les forces de l’ordre. Il a reconnu un passé de comportement violent et erratique, lié à une maladie mentale, et n’a pas contesté l’accusation d’agression portée par son ex-femme. Deux femmes ont affirmé qu’il les avait incitées à avorter, bien qu’il se soit présenté comme un candidat farouchement opposé à l’avortement. Il a nié leurs dires. Il prononce régulièrement des discours décousus, que les démocrates font largement circuler avec allégresse. »

L’élection sénatoriale de Géorgie n’est pas aussi cruciale qu’elle aurait pu l’être si les républicains avaient gagné un siège de plus le 8 novembre dernier. Mais un 51e sénateur serait important pour les démocrates, qui n’auraient plus besoin du vote décisif de la vice-présidente Kamala Harris pour rompre les égalités. Il permettrait également aux démocrates d’exercer un plus grand contrôle sur les commissions du Sénat et de procéder plus facilement aux nominations de juges, d’ambassadeurs ou d’autres hauts fonctionnaires.

Plus de 1,1 million d’électeurs de Géorgie ont déjà voté par anticipation. Des records de participation ont été atteints dans plusieurs circonscriptions, et pas seulement celles qui ont tendance à préférer les démocrates.

Barack Obama est attendu ce jeudi à Atlanta. Sa femme Michelle, elle, a enregistré des appels téléphoniques pour encourager les électeurs à se rendre aux urnes.

(Photo AP)