Le blogue de Richard Hétu

Plusieurs lecteurs de ce blogue et abonnés de mon fil Twitter ont réagi aux nouvelles conclusions du département de l’Énergie sur l’origine de la COVID-19 en haussant les épaules ou en posant une version de cette question : « À quand les nouvelles conclusions du département de l’Éducation ? » Le Washington Post apporte un éclairage sur cette question dans un texte sur ces nouvelles conclusions, qui ramènent à l’avant-plan à Washington la thèse d’un accident de laboratoire en Chine.

Comme l’explique le Post, le département de l’Énergie chapeaute depuis les années 1960 un réseau de laboratoires qui a été mis sur pied dans le cadre du programme nucléaire américain. Les experts de ce réseau, dont le travail est largement classifié, comprennent les membres de la « division Z » du département, qui participent à des enquêtes secrètes sur les menaces que représentent les armes nucléaires, chimiques et biologiques des adversaires des États-Unis, y compris la Chine et la Russie.

Ces experts ont l’expertise requise pour examiner tout nouveau renseignement sous l’aspect scientifique. Ce qu’ils ont fait dans le cas qui nous intéresse. Leurs nouvelles conclusions est loin de vider la question de l’origine de la COVID-19. Elles ont d’abord été faites avec une « faible confiance », ce qui suggère que leur niveau de certitude n’était pas élevé. Et elles sont contredites par les conclusions de quatre agences du renseignement américain, qui continuent à privilégier la thèse d’une transmission naturelle.

Mais elles font l’affaire des républicains, qui ont adopté rapidement la thèse d’une fuite du laboratoire de l’Institut de virologie de Wuhan pour expliquer l’origine de la COVID-19. Les républicains de la Chambre des représentants pourraient tenir dès ce mardi une première audition sur les circonstances ayant mené à la pandémie de COVID-19. De là à les soupçonner d’avoir fuité l’information sur les nouvelles conclusions du département de l’Énergie au Wall Street Journal, il n’y a qu’un pas.

Chose certaine, les nouvelles conclusions, même si elles n’ont rien de certaines, permettent aussi aux critiques du Dr Anthony Fauci de renouveler leurs attaques à son endroit. Plusieurs de ces critiques ont notamment rappelé que le célèbre immunologue avait rejeté à plusieurs reprises la thèse de la fuite du laboratoire. La femme du sénateur républicain Rand Paul a même profité de l’occasion pour accuser le scientifique d’avoir menti lorsqu’il a affirmé que les NIH (National Institutes of Health) n’avaient pas financé la recherche sur le « gain de fonction » au laboratoire de Wuhan par le biais du groupe EcoHealth Alliance.

Le Dr Fauci a souvent répondu à cette accusation formulée par le sénateur Paul et d’autres en affirmant ni plus ni moins que ces derniers parlaient à travers leur chapeau. Quant aux NIH, ils répètent que les virus étudiés au laboratoire de Wuhan avec l’argent des contribuables américains n’avaient aucune ressemblance génétique avec celui qui cause la COVID-19, comme le rappelle ici le New York Times.

(Photo AFP)