Le blogue de Richard Hétu

L'Amérique dans tous ses états

Plus d’un lecteur de ce blogue a voulu contribuer au thème de sa première campagne de financement en 2023 en suggérant ce célèbre discours du 13 mai 1940 dans lequel Winston Churchill déclare à ses compatriotes qu’il n’a « rien d’autre à offrir que du sang, des larmes et de la sueur ». Mais un lecteur qui tient à rester anonyme en propose un autre de Churchill, qui m’était inconnu. Ce discours, selon notre lecteur, présente « sous forme condensée, tout le génie de la langue et de la formule de Churchill, en même temps que sa magnanimité à l’égard de ses adversaires. À mon sens, une splendeur. »

Il s’agit de l’oraison funèbre prononcé par Churchill le 9 novembre 1940 en l’honneur de Neville Chamberlain, son prédécesseur au poste de premier ministère du Royaume-Uni, qu’il avait accusé deux ans plus tôt d’avoir « accepté le déshonneur pour avoir la paix » en signant avec Hitler les accords de Munich. On trouve ici le texte de ce discours dont je traduis un extrait :

« Il est arrivé à Neville Chamberlain, dans l’une des crises suprêmes du monde, d’être contredit par les événements, d’être déçu dans ses espoirs, d’être trompé et floué par un homme méchant. Mais quels étaient ces espoirs dans lesquels il a été déçu ? Quels étaient ces souhaits dans lesquels il a été frustré ? Quelle était cette foi qui a été abusée ? Il s’agissait certainement des instincts les plus nobles et les plus bienveillants du cœur humain – l’amour de la paix, le labeur pour la paix, la lutte pour la paix, la poursuite de la paix, même au prix de grands périls, et certainement au mépris total de la popularité ou de la clameur. Quoi que l’histoire puisse dire ou ne pas dire sur ces années terribles, terribles, nous pouvons être sûrs que Neville Chamberlain a agi avec une parfaite sincérité selon ses lumières et qu’il s’est efforcé, au maximum de ses capacités et de son autorité, qui étaient puissantes, de sauver le monde de la lutte terrible, dévastatrice, dans laquelle nous sommes maintenant engagés. Cela seul lui vaudra ce que l’on appelle le verdict de l’histoire. »

Une splendeur, indeed. Merci à notre lecteur anonyme pour cette suggestion de discours. Et merci à tous ceux et celles qui profiteront des dernières heures de cette campagne de financement pour apporter leurs contributions, ainsi qu’aux autres qui l’ont déjà fait.

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21 réflexions sur “Churchill, Chamberlain et « le verdict de l’histoire »

  1. treblig dit :

    Et le sens de la réplique assassine :

    Un jour une femme lui a lancé la phrase suivante :

    «  si j’étais votre femme, j’empoisonnerais votre café « 

    Et Churchill de répondre

    «  si vous étiez ma femme, je boirais ce café « 

    1. Benton Fraser dit :

      Cette chère Lady Astor!

  2. Haïku dit :

    « Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur. »
    (Churchill).

    1. Benton Fraser dit :

      Cette semaine, à RDI, il y a eu un documentaire sur l’Ukraine, période 2013 à 2022.
      L’histoire se répète. Pendant toute cette période, les Obama, Trump, Hollande, Macron et Merkel ont tous voulu ménager Poutine pour préserver la paix… et au final, ils ont tous fait un Chamberlain d’eux-mêmes!

      1. Toile dit :

        Je me suis passée la même réflexion. Case départ manquée.

      2. xnicden dit :

        Bien dit.

  3. InfoPhile dit :

    Ce discours donne une idée des raisons derrière le prix Nobel de littérature que ce génie du verbe a reçu en 1953.

    « Le Prix Nobel de littérature distingue les six volumes de ses Mémoires de guerre pour «sa maîtrise de la description historique et biographique ainsi que pour ses discours brillants dans la défense des valeurs humaines exaltées» »

    Depuis le temps que je me promets la lecture de ses Mémoires parues en six volumes, je crois bien que le moment est tout proche.

    1. Bob Inette dit :

      Ensuite, n’oubliez pas de lire les mémoires de Charles de Gaulle et les oeuvres choisies de MAO …

      1. Samati dit :

        @ Bob Inette

        Mao, ce boucher que l’histoire retiendra pour avoir fait tuer entre 30 et 50 millions de ses concitoyens. À ce titre, il bat Staline par quelques millions de meurtres, mais pas en pourcentage de la population, dont le titre revient à Pol Pot.

  4. Jehan Lambert dit :

    J’ai refait une mini contribution en espérant que vous arriviez à 100%!

  5. Pourquoi ces gens d’exception sont devenus des citations parfois fausses, sur FB, et des évidences sans que personne ne se dit, « ouais, je pourrais faire comme lui… »

    on dirait que ces personnes plus grandes que nature n’ont pas de suite….. mais les cons, eux, ont des ribambelles d’émules pires que le « vrai »…..

    Faudrait s’y mettre un jour de valoriser le meilleur ….
    C’est exigeant, mais être moins con, ça doit être trippant aussi…. me semble…

    Serait temps d’exiger plus de ceux qui se pointent… cessez de féliciter le vide mais de souligner la vraie ascension….
    fini d’applaudir de ne plus chier dans sa couche comme une réalisation….
    Notre société mérite mieux…

    On manque de leaders, de créateurs qui n’ont rien à foutre des likes anonymes…

    Faudrait bâtir une génération résiliente qui carburent aux échecs pour grandir et non pas balancer des diplômes à tous vents, inutiles et pédants…
    On accepte des Bush, des trump, des Trudeau et poilièvre, Musk et chose de Amazon comme leaders…

    Me semble qu’à voir, on voit ben qu’on fonce dans le mur…

    Sont où les Churchill, les Roosevelt, les Martin Luther King, les Lévesque du XXI ème siècle….

    On rate quelque chose, me semble…

    1. Bob Inette dit :

      Au contraire ! On a les politiciens qu’on mérite !

      « La démocratie a au moins un mérite, nommément qu’un représentant élu ne peut pas être plus stupide que ses électeurs puisque le plus stupide il est, le plus stupides encore sont ceux qui l’ont élu [ou ont voté pour lui/elle]. »
      (Bertrand Russell)

      « La démocratie est la théorie que le monde ordinaire sait ce qu’il veut
      et mérite de le recevoir à grands coups de pied au c*l. »

      « La démocratie est une pathétique croyance
      dans la sagesse collective de l’Ignorance individuelle. »
      (H.L. Mencken)

    2. M.Rustik dit :

      @Lechat, ils sont où? Aujourd’hui ces gens, ils n’attirent pas assez les likes sur les médias sociaux. Ils ne sont pas assez facilement achetables par les bailleurs de fonds.

      Les 4 noms que vous citez font aujourd’hui l’unanimité comme leaders de très grandes qualités, mais à leurs époques ils avaient tous et chacun des gens influents qui les critiquaient… auraient-ils survécu dans l’opinion publique à ces médias sociaux où leurs images auraient-elles été démolies?
      Churchill n’aurait-on pas mis le focus sur la levée de son coude en oubliant sa capacité à prendre des décisions? Roosevelt, ses bailleurs de fonds qu’il a torpillé avec sa Wealth Tax l’aurait-il démoli en payant des gens pour le faire sur les médias sociaux? Martin Luther King, un noir dans cette époque, les discours blancs haineux aurait-il pullulé assez pour parler plus fort que son message? Lévesque, on aurait mis en première page qu’il est né au Nouveau-Brunswick et combien de « messages de peur » supplémentaires seraient-ils venus contrebalancer son message?

      Où sont-ils… leur laisse-t-on même la place de rayonner?

  6. Benton Fraser dit :

    C’est vendredi et cette blague est prêté à Churchill.

    Une dame à Churchill:
    « Ah ces politiciens! Quand il dit oui, il veut dit peut-être, quand il dit peut-être, il veut dit non et quand il dit non, c’est que ce n’est pas vraiment un politicien! »
    Churchill répondit:
    « Pour une dame, c’est le contraire. Quand elle dit non, elle veut dire peut-être, quand elle dit peut-être, elle veut dire oui et quand elle dit oui, c’est que ce n’est pas vraiment une dame! »

  7. Haïku dit :

    HS,
    Oups, est-ce déja vendredi ?….
    —————————————————
    Une femme reçoit souvent son amant pendant que son mari est au travail.

    Un jour, son fils de 9 ans se cache dans l’armoire pour voir ce que sa mère fait avec cet homme-là…

    Un moment plus tard, le mari rentre à l’improviste.
    Paniquée, la femme cache son amant, dans la même armoire:
    – le fils : « fait sombre ici.
    – l’amant : « ouais c’est vrai.
    – le fils : « j’ai un ballon de foot.
    – l’homme : « content pour toi.
    – le fils : « tu veux l’acheter ?
    – l’homme : « non merci.
    – le fils : « mon père est là dehors…
    – l’homme : « ok, combien ?
    – le fils : « 500 dollars !

    Quelques jours plus tard, le fils se retrouve à nouveau dans l’armoire en compagnie de l’amant de sa mère.
    – le fils : « fait sombre ici.
    – l’homme : « ouais c’est vrai.
    – le fils : « j’ai des super baskets…
    – l’homme se rappelant la dernière fois, grimace : « combien ?
    – le fils : « 1000 dollars !

    Quelques jours plus tard, le père dit à son fils :
    « mets tes baskets et prends ton ballon, on va faire une partie.
    – le fils :  » j’peux pas, j’ai tout vendu.
    – le père : « pour combien ?
    – le fils : « 1500 dollars !
    – le père : « c’est inadmissible d’arnaquer les gens comme ça.
    Ces affaires n’ont jamais coté ce prix là.
    Je t’amène à l’église pour te confesser…

    Le père amène son fils à l’église, le pousse dans le confessionnal et ferme la porte.
    – le fils : « fait sombre ici.
    – le curé : « merde, maintenant t’arrête tes conneries !!

  8. kintouai dit :

    Quand je pense à Churchill, je me dis que boire un « quarante onces » par jour, ça doit sûrement être très inspirant….

  9. Pierre Belley dit :

    J’ai toujours eu Winston Churchill en admiration si je peux dire. Quel orateur! Un leader dans une classe à part.

  10. Bob Inette dit :

    « … Ce discours, selon notre lecteur, présente « sous forme condensée, tout le génie de la langue et de la formule de Churchill, en même temps que sa magnanimité à l’égard de ses adversaires.  »

    Tout dépend de l’adversaire, je suppose :

    HISTOIRE. Quand Winston Churchill approuvait les gaz de combat

    Avant de devenir l’icône de la résistance au nazisme, Winston Churchill a d’abord été un fervent défenseur de l’Empire britannique et un antibolchevique convaincu. Au point de préconiser le recours aux gaz qui avaient été la terreur des tranchées.
    Le secret doit être préservé à tout prix. L’état-major général de l’Empire britannique sait que le monde serait outré si l’on apprenait que Londres a l’intention d’utiliser son arsenal d’armes chimiques. Mais Winston Churchill, alors secrétaire d’Etat à la Guerre, balaie leurs scrupules d’un revers de main. Depuis longtemps partisan de la guerre chimique, il est décidé à s’en servir contre les bolcheviques en Russie. Durant l’été 1919, quatre-vingt-quatorze ans avant l’attaque dévastatrice en Syrie, Churchill prépare et fait lancer une attaque chimique d’envergure.

    Mais le recours à de telles armes suscite l’hostilité du gouvernement, au grand dam de Churchill, qui comptait également employer des engins M contre les tribus rebelles du nord de l’Inde. “Je suis fermement en faveur de l’utilisation de gaz toxiques contre les tribus non civilisées”, déclare-t-il dans un mémorandum secret. Reprochant à ses collègues leur “sensiblerie”, il ajoute que “les objections du ministère de l’Inde face à l’emploi des gaz contre les indigènes sont déraisonnables. Le gaz est une arme plus miséricordieuse que les explosifs de forte puissance, et contraint l’ennemi à accepter une décision en causant moins de pertes que tout autre agent de la guerre.” Il conclut son mémorandum par un trait d’humour noir particulièrement malséant : “En quoi serait-il injuste qu’un artilleur britannique tire un obus qui fera éternuer ledit indigène ? Vraiment, c’est trop bête.”

    Quelque 50 000 engins M, une quantité astronomique, sont expédiés en Russie.
    Des avions britanniques en sont équipés et passent à l’attaque le 27 août 1919,

    Les attaques se poursuivent tout au long du mois de septembre contre plusieurs villages tenus par les bolcheviques : Tchounova, Vikhtova, Potcha, Tchorga, Tavoygor et Zapolki. Mais ces armes s’avèrent moins efficaces que ne l’espérait Churchill, entre autres à cause de l’humidité automnale. A la fin du mois, les attaques cessent. Deux semaines plus tard, les engins M restants sont jetés dans la mer Blanche. Ils y gisent encore, par près de 80 mètres de fond.

    https://www.courrierinternational.com/article/2013/09/13/quand-winston-churchill-approuvait-les-gaz-de-combat

  11. Bob Inette dit :

    Pour ce qui est du « verdict de l’histoire » …
    il ne faut jamais oublier que l’histoire officielle est, trop souvent, écrite par les vainqueurs
    qui n’ont pas intérêt à révéler certains détails parmi les plus sordides utilisés pour vaincre l’ennemi.

    En 1933, arrivée au pouvoir d’Hitler. Staline lit Mein Kampf, ode à l’impérialisme allemand où Hitler indique clairement son désir de conquérir le fameux “Lebensraum”, les colonies de l’Est (c’est vrai que les allemands avaient pris de sérieux retards sur les conquêtes coloniales par rapport aux anglais et aux français).

    Les soviétiques voient le danger et se tournent donc vers les pays occidentaux, la France et l’Angleterre, à la recherche d’une alliance. Seulement voilà, les démocraties occidentales se disent qu’elles tiennent en Hitler le moyen de se débarrasser de l’ogre rouge, menaçant de contaminer idéologiquement leurs propres pays.
    Les demandes soviétiques sont donc rejetées et on permet à l’Allemagne nazie de se réarmer, grâce, en autre, aux investissements des grandes compagnies américaines comme Ford, de la Réserve fédérale et de la Banque d’Angleterre qui financent le redressement de l’industrie lourde allemande.

    La mal nommée “politique d’apaisement” débute alors, en fait une incitation à l’égard d’Hitler d’attaquer l’Union Soviétique.
    Du côté anglais par exemple, Lloyd George, Lord Halifax, Lord Astor, Norman Montagu (gouverneur de la Banque d’Angleterre), soutenaient les initiatives de l’Allemagne vers l’Est.

    Le Duc de Windsor, qui se rendit à Berchtesgaden avant guerre, avoua bien plus tard en 1966 : “(Hitler), me fit comprendre que la Russie communiste était le seul ennemi et que la Grande-Bretagne ainsi que tout le reste de l’Europe avaient intérêt à encourager une marche allemande vers l’Est pour y détruire le communisme une fois pour toutes… Je croyais que nous pourrions être des spectateurs tandis que les nazis et les communistes se feraient la guerre”.

    Dans cette perspective, on comprend mieux l’attitude bienveillante des français et anglais à l’égard d’Hitler pendant les accords de Munich et l’abandon de la Tchécoslovaquie. D’une certaine manière, on pourrait dire que les français et anglais ont été pris à leur propre piège. C’est finalement Staline qui en concluant le pacte avec Hitler a incité celui-ci à les attaquer.

    Tous ces pays étant hostiles à l’Union Soviétique, il était en effet plus sûr pour sa sécurité de les lancer les uns contre les autres, en espérant que cela dure le plus longtemps possible. Et pour que le conflit dure, on livre du pétrole et des vivres à l’Allemagne, qui avait perdu la Première guerre mondiale par manque de ressources.
    L’avantage du pacte était également de récupérer les territoires perdus sur la Pologne et ainsi constituer un “glaci” géographique plus important face à une future invasion qui arriverait un jour ou l’autre.

    Du temps et des territoires, c’est ce qui permettra à l’armée rouge de résister tant bien que mal au blitzkrieg à l’été 1941.

  12. Le mot de Churchill à propos de Neville Chamberlain est traduit ici :

    https://nsmf01.casimages.com/f/2023/02/18//23021802030914553311003.pdf

  13. Gilles Morissette dit :

    Les paroles de Churchill sont nobles et aide à mieux comprendre le sens des actions entreprises par Chamberlain afin de préserver la paix à tout prix.

    Il a tout tenté même de serrer la main d’un monstre comme Hitler.

    Il a replacé les gestes de Chamberlain dans le contexte historique de l’époque.

    Les paroles de Churchill l’honorent certes mais ne feront pas oublier certains de ses travers.

    Cependant, l’HIstoire ne retiendra pas ses détails car elle a tendance à embellir les paroles et les gestes des vainqueurs

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