Le blogue de Richard Hétu

Imaginez la scène : le maire démocrate de New York Eric Adams marche le long d’une rue de New York, entouré de ses gardes de corps, quand des agents du FBI surgissent de nulle part. Les agents du FBI demandent aux gardes du corps de s’écarter et entraînent le maire dans son VUS, à l’intérieur duquel ils lui présentent un mandat de perquisition pour les appareils électroniques en sa possession – au moins deux téléphones cellulaires et un iPad, selon un compte-rendu du New York Times.

La scène, qui s’est produite plus tôt cette semaine, représente une escalade majeure dans l’enquête menée par la justice fédérale sur un stratagème présumé impliquant des prête-noms qui auraient permis au gouvernement turc et à une compagnie de construction appartenant à des ressortissants turcs de contribuer des fonds à la campagne électorale qui a mené Adams à la mairie de New York en 2021.

Les procureurs fédéraux cherchent aussi à déterminer si des ressortissants ou le gouvernement turcs ont reçu des faveurs en retour.

Jusqu’à aujourd’hui, l’enquête semblait ne concerner que la responsable du financement de la campagne électorale d’Adams, une jeune femme de 25 ans appelé Brianna Suggs. Cette dernière a fait l’objet d’un mandat de perquisition à son domicile le 2 novembre dernier. Dès après avoir eu vent de cette perquisition, le maire de New York a interrompu une visite à Washington pour rentrer à New York, où il a nié tout rôle dans cette affaire.

L’ancien capitaine du NYPD a répété le même message ce vendredi après que le Times a éventé la saisie de ses appareils électroniques. « En tant qu’ancien membre des forces de l’ordre, j’attends de tous les membres de mon équipe qu’ils respectent la loi et qu’ils coopèrent pleinement à toute enquête, et c’est exactement ce que je continuerai à faire », a-t-il dit en ajoutant qu’il n’avait « rien à cacher ».

Sauf que c’est le Times qui a révélé la saisie de ses appareils intervenue… lundi.

Ce n’est pas la première fois que des membres de l’entourage d’Adams ont des démêlés avec la justice liées à des questions financières. Alors qu’il était sénateur d’État, Adams a lui-même été accusé par l’inspecteur général de New York d’avoir fraternisé avec des lobbyistes et accepté d’importantes contributions de campagne de la part de personnes affiliées à des candidats à un contrat de loterie vidéo à l’hippodrome d’Aqueduct. Accusation qu’Adams avait attribuée en partie à sa race.

« Les candidats noirs aux élections sont souvent soumis à des normes plus strictes et injustes, en particulier ceux qui, comme moi, sont issus de milieux défavorisés », avait-il déclaré dans un communiqué durant sa campagne à la mairie en 2021. « Aucune de mes campagnes n’a jamais été accusée d’une infraction grave en matière de collecte de fonds, et aucune contribution n’a jamais affecté ma prise de décision en tant qu’agent public. Je ne suis pas passé d’une personne qui appliquait la loi à une personne qui l’enfreint. »

(Photo AP)