Le blogue de Richard Hétu

Joe Biden s’est moqué ce jeudi d’une accusation selon laquelle il aurait accepté un pot-de-vin de 5 millions de dollars alors qu’il était vice-président des États-Unis. Formulée en juin 2020 par un informateur anonyme, cette information se trouve dans un document du FBI auquel les membres d’une commission de la Chambre des représentants ont eu accès cette semaine. Certains d’entre eux ont révélé que l’informateur avait identifié la société d’énergie ukrainienne Burisma comme étant responsable du versement de ce pot-de-vin pharamineux.

« Où est l’argent ? Je plaisante. C’est un tas de sornettes », a déclaré le président démocrate lorsqu’un journaliste du New York Post lui a posé une question sur le document du FBI mis à la disposition des membres de la commission de Surveillance et de Réforme par le directeur de l’agence, Christopher Wray, pour éviter d’être accusé d’outrage au Congrès par les républicains de la Chambre.

Biden n’a évidemment pas utilisé le mot « sornettes », mais « malarkey » pour qualifier les allégations le visant. Rappelons que ces allégations se trouvaient parmi des documents fournis au FBI par Rudolph Giuliani, l’ancien avocat personnel de Donald Trump, il y a trois ans. Or, selon CNN, « les allégations d’actes répréhensibles commis par le vice-président de l’époque, dont beaucoup provenaient de sources ukrainiennes, étaient suffisamment douteuses pour que le procureur général William Barr demande qu’elles soient examinées par un procureur fédéral à Pittsburgh, en partie parce que M. Barr craignait que la série de documents de Giuliani ne vienne entacher l’enquête en cours sur Hunter Biden, supervisée par le procureur fédéral du Delaware. »

Qu’à cela ne tienne : aux yeux de certains représentants républicains, les allégations de l’informateur ne font aucun doute. Burisma, qui employait à l’époque Hunter Biden, aurait donc versé les 5 millions de dollars au bras droit de Barack Obama pour qu’il obtienne le limogeage du procureur général de l’Ukraine de l’époque, Viktor Shokin (Hunter Biden aurait reçu la même somme).

Comme l’a déjà expliqué le site FactCheck.org et plusieurs autres médias, le limogeage de Shokin, qui était réclamé par l’ensemble de la communauté internationale, n’était pas lié à Burisma ou à Hunter Biden. On reprochait à Shokin de se croiser les bras face à la corruption.

Mais n’essayez pas d’expliquer cela aux représentants républicains de la commission de Surveillance. Selon Marjorie Taylor Greene, par exemple, les informations contenues dans le document du FBI « impliquent Joe Biden dans un système de pots-de-vin pour faire renvoyer un procureur qui enquêtait sur Burisma, où Hunter Biden siégeait au conseil d’administration ».

Lors de la campagne présidentielle de 2020, Donald Trump a propagé les mêmes informations infondées sur les raisons du limogeage de Shokin. Et rebelote, donc, mais en plus sinistre ou cynique.

Ainsi, la représentante républicaine de Caroline du Sud Nancy Made a accusé ce jeudi Biden d’avoir « vendu son pays ». « Les allégations contenues dans ce document sont plus graves que ce qui a été rapporté jusqu’à présent. Il existe des preuves accablantes que le président des États-Unis en exercice a vendu son pays dans le cadre d’un système de corruption en cours », a-t-elle dit.

Pensez-y : ces « preuves accablantes » ont été reçues en juin 2020 par le procureur général des États-Unis de l’époque, William Barr, qui n’a jamais réussi à les authentifier.

Ce jeudi matin, le représentant républicain d’Arizona Andy Biggs a déclaré sur Fox News qu’il y avait là matière à lancer une procédure de destitution contre Biden et à inculper ce dernier. Jugez de sa crédibilité :

Rep. Biggs calls for Biden not only to be impeached but to be indicted, and also adds that he might be guilty of treason pic.twitter.com/X8KthjwD2N

— Aaron Rupar (@atrupar) June 8, 2023

(Photo AP)