Le blogue de Richard Hétu

L'Amérique dans tous ses états

Joe Biden pliera-t-il l’échine devant Kevin McCarthy ? Le président a déjà fait ce qu’il avait promis de ne pas faire : négocier des coupes de dépenses gouvernementales avec les républicains de la Chambre des républicains dans l’espoir d’obtenir un relèvement du plafond de la dette. Ce volte-face lui vaut de vives critiques au sein du camp progressiste, dont celle du chroniqueur Paul Krugman, qui lui reproche dans ce bulletin d’information d’avoir écarté les moyens hétérodoxes qui lui auraient permis selon lui de relever le plafond de la dette de façon unilatérale. La question est aujourd’hui de savoir si Biden acceptera de sacrifier les pauvres pour empêcher les États-Unis de se retrouver en situation de défaut de paiement le 1er juin, ce qui serait catastrophique selon la secrétaire au Trésor Janet Yellen.

Au sortir de leur rencontre de mardi à la Maison-Blanche, Biden et McCarthy ont tenu des propos optimistes sur les négocations, tout en reconnaissant que les deux parties étaient encore loin d’une entente. Les négociations tournent autour des questions suivantes, selon le New York Times : plafonnement des dépenses gouvernementales au cours des dix prochaines années ; récupération des fonds non dépensés destinés à la pandémie de COVID-19 ; imposition de nouvelles exigences pour forcer les Américains à faible revenu à travailler pour recevoir l’aide alimentaire et l’assurance-santé, entre autres ; adoption de règles d’autorisation accélérées pour les projets énergétiques.

Le sénateur démocrate de Pennsylvanie John Fetterman a exprimé une opinion largement répandue chez les progressistes concernant une des questions débattues : « Je ne peux pas, en toute conscience, soutenir une proposition relative au plafond de la dette qui pousse les gens dans la pauvreté », a-t-il déclaré dans un communiqué en s’opposant à l’idée de forcer un plus grand nombre d’Américains à faible revenu à travailler pour recevoir l’aide alimentaire.

La porte-parole de la Maison-Blanche Karine Jean-Pierre a tenu le même discours, affirmant que le président « n’acceptera pas de propositions qui suppriment les soins de santé et la couverture médicale des citoyens ».

Les républicains rêvent depuis toujours de mettre au travail tous les prestataires de l’aide sociale. Pour le moment, la majorité des prestataires sont actifs. En 2021, 61 % des 25 millions de personnes bénéficiant de l’assurance-maladie Medicaid travaillaient à temps plein ou à temps partiel. Les autres étaient à la retraite, handicapées, s’occupaient d’enfants en bas âge ou étaient aux études. De même, la plupart des bénéficiaires de l’aide alimentaire travaillaient et les adultes valides de moins de 50 ans étaient tenus de travailler pour percevoir plus de trois mois de prestations en trois ans, à moins qu’ils ne s’occupent d’enfants.

Les républicains veulent étendre l’obligation de travailler aux 50-55 ans. Ils croient pouvoir sauver 120 milliards de dollars sur dix ans avec l’ensemble de leurs nouvelles exigences. On en déduit que ces économies seraient réalisées par le retrait de l’aide alimentaire ou de l’assurance-santé à des Américains à faible revenu qui ne travaillent pas pour diverses raisons.

À en croire Kevin McCarthy, ces exigences représentent une « ligne rouge » pour les républicains. D’où la question : Biden finira-t-il par sacrifier les pauvres pour relever le plafond de la dette ? Et s’il s’y refuse, les États-Unis tomberont-ils en défaut de paiement parce que les républicains n’auront pas réussi à imposer leurs exigences concernant les Américains les plus pauvres ?

(Photo AP)




36 réflexions sur “Plafond de la dette : Biden sacrifiera-t-il les pauvres ?

  1. POLITICON dit :

    POUR LES RÉPUBLICAINS, LES PAUVRES SONT UNE MONNAIE D’ÉCHANGE

    Ce que les républicains proposent, c’est d’appauvrir les gens déjà dans la misère et continuer à favoriser les riches qui ont un taux d’imposition favorable. Continuer à financer la défense même si la nation n’est pas en guerre et faire crever les citoyens qui ne sont pas en condition de travailler. Enfin, alimentons les riches et remettons les pauvres au régime afin que les multinationales puissent continuer à contribuer aux campagnes électorales des républicains.

  2. monsieur8 dit :

    «  Paul Krugman, qui lui reproche […] d’avoir écarté les moyens hétérodoxes qui lui auraient permis selon lui de relever le plafond de la dette de façon unilatérale. »

    Je ne sais pas de quoi parle Krugman, mais si Biden peut effectivement débloquer la situation sans faire de compromis ni sacrifier qui que ce soit… pourquoi il n’agit pas?

    Il est toujours atteint de bi-partisanerie aveugle? Quelqu’un peut-il lui rappeler que ça ne marche pas? Pas en ce moment en tout cas.

    1. MarcB dit :

      Peut-être parle-t-il du “one trillion dollar coin”, un moyen légal mais totalement tordu qui permettrait “d’imprimer” de l’argent.

      https://en.m.wikipedia.org/wiki/Trillion-dollar_coin

      Avec toutes les entourloupettes juridiques auxquelles nous ont habitués les républicains, ce serait amusant de leur rendre la pareille!
      😁

      1. MarcB dit :

        Krugman a d’ailleurs mentionné cette option en 2013.
        “Paul Krugman said (in 2013), « So minting the coin would be undignified, but so what? At the same time, it would be economically harmless – and would both avoid catastrophic economic developments and help head off government by blackmail. »”
        — Wikipedia

  3. gl000001 dit :

    ¸Les républicains, des super-prédateurs !! Tout ça pour sauver 12 milliards par année. C’est à vomir.

    1. Igreck dit :

      Faut bien qu’il trouve de l’argent, beaucoup beaucoup d’argent, pour payer le 25% de cette dette ac-CUL-mulé pendant le mandat de seulement quatre ans de « Vous-savez-qui » (🤡)

  4. Charlot dit :

    Sacrifier les pauvres? Mais n’est-ce pas là le credo des USA? Il n’y a jamais eu de pauvres aux USA, seulement des fainéants incapables de comprendre que la grandeur de l’Amérique ne s’obtient que par un travail et une ambition qui auront leur juste récompense dans ce pays de miel. Go West young man! Sous le regard de Dieu, of course.

    1. Igreck dit :

      « Sous son regard❗️» – un Repus con-tent

  5. Je m’attendrais à ce que ce soit le spectre de Wall Street (qui a reçu la visite de McCarthy voilà peu) qui empêche les Républicains de commettre l’irréparable. Si c’est le cas, j’espère que Biden le sait.

  6. treblig dit :

    Je ne reprendrai pas qui sont les pauvres en aide alimentaire aux USA. Soulignons, entre autres, que les pauvres ont des problèmes de santé physique et mentale, déficience intellectuelle, analphabètes, toxicomanes … Les républicains s’acharnent sur eux . Comme si tondre encore plus ras les pauvres allaient sauver les finances publiques.

    Moi, grand cœur comme je suis, je m’attaquerais plutôt aux paradis fiscaux et au relèvement des impôts que Trump a baissé de façon inappropriée au cours de son mandat. Mais je suis probablement socialiste dans l’âme

    1. Charlot dit :

      @treblig: Vade Retro Satanas. 😂😂

    2. ProMap dit :

      treblig – J’ai eu la même réflexion. Parler de coupes dans les programmes sociaux ne devrait débuter qu’après que tout le monde paie leur juste part en impôt. On pourrait aussi questionner certains programmes d’aide à l’entreprise. Je parle ici des réductions de taxes ou de subventions à des multinationales qui font des profits records d’année en année. Ces profits profitent à qui? Sans la société, ces profits n’existeraient pas, quelle est la part de la société (ex: infrastructures) dans ces profits. J’arrête ici avant que ma pression monte et me rendrait désagréable.

    3. Igreck dit :

      Le problème c’est que ceux qui squattent un siège au Con-grès appartiennent au groupe des Pleins plutôt qu’au groupe des Pauvres … ceci expliquant sans doute cela⁉️

  7. probert dit :

    Toutes ces discussions touchent à la question de la répartition de la richesse. Reagan a fait croire aux plus pauvres qu’ils allaient eux aussi bénéficier de l’accroissement de la richesse des plus riches. Ça n’a pas été le cas. Les plus riches en demandent toujours plus. Mais arrivera un point où les plus riches devront se poser la question: Est-il préférable pour moi de partager un peu plus équitablement la richesse, de façon à vivre dans un environnement plus sécuritaire, plus constructif, ou de plutôt de devoir vivre barricader chez moi, les armes à la main pour me protéger ?

    1. gl000001 dit :

      😉 Demandons à eux :
      https://www.bbc.com/news/election-us-2020-53891184

      1. Haïku dit :

        Hé hé hé ! 🎯

      2. Guy LB dit :

        @gl etc : là, vous me surprenez. 😳
        J’ignorais que vous traîniez la photo de ces deux zigotos dans votre porte-feuille…
        Je les croyais tombés dans l’oubli, peut-être même les oubliettes.

  8. Jean-Louis Charette dit :

    Pourquoi les républicains n’appuient toujours seulement que sur la manette « Limiter les dépenses gouvernementales » sans jamais accepter de parler de limiter les baisses d’impôts?

    Et dans la catégorisation des dépenses gouvernementales, pourquoi toujours cibler les dépenses d’aide à ceux qui ont le moins de voix au chapitre? Juste à couper les dépenses militaire en deux et le problème de la dette est résolu, tout en préservant les programmes d’aide en éducation, santé, infrastructure, alternatives énergétiques et autres dépenses qui ont le plus d’impact sur la quasi-totalité de la population américaine.

  9. Comment rendre les plus encore plus dépendant de leur boss profiteur; si tu perds ta job, tu perds aussi ton assurance santé et l’aide alimentaire.

    Plus tu es dans le trouble moins on t’aide.
    Et plus tu fait des millions, moins tu paie d’impôt.

    1. gl000001 dit :

      « si tu perds ta job, tu perds aussi ton assurance santé et l’aide alimentaire. »
      En plus que ça les rend idiot et peureux.
      Une fois, on implantait un gros logiciel dans une filiale américaine. L’expert qui faisait ça nous dit qu’il ne peut le faire parce que son boss (qui n’y connait rien) n’est pas là. S’il arrive un problème, ça prend son boss pour décider ce qu’on fait même si c’est pas lui l’expert. L’expert, lui, il ne veut pas perdre sa job car sa femme est enceinte et elle a des complications. Finalement, j’ai trouvé un directeur qui était prêt à prendre la responsabilité en cas de problème. On l’a implanté. Sans problème. L’expert m’a payé une bière ou deux par après.

  10. Je laisse à René Lussier le soin d’exprimer mon indignation matinale

    https://m1.casimages.com/m/2023/05/17//rvqZPb-Pourquoi-ils-coupent-les-pauvres-Point-sinterrogarion.mp3

    Tant que l’entente n’est pas signée, je conserve un espoir. Si jamais Biden accepte, je me gênerais pas pour traiter cette entente d’électoraliste. Ce rituel du relèvement quasi-annuel du plafond de la dette devient une risée internationale. Que dans ce pays, à moins que je trompe…

    1. Haïku dit :

      RE: René Lussier:
      Très à propos. 🎵

  11. Igreck dit :

    😳L’ex-président condamné en appel à trois ans de prison, dont un an ferme à exécuter sous bracelet électronique, pour corruption et trafic d’influence.👍

    Vous serez déçu … ce n’est pas celui dont vous avez d’abord pensé … du moins pas encore⁉️

    https://www.ledevoir.com/monde/europe/791204/nicolas-sarkozy-est-condamne-en-appel-a-de-la-prison-ferme

    1. gl000001 dit :

      Excessivement déçu oui. Méchant Y 🙁

  12. Alexander dit :

    Il y a des pauvres types qui s’acharnent sur les pauvres et les empêchent de sortir de la pauvreté.

    La pauvreté d’esprit est en un sens plus misérable que la pauvreté matérielle.

  13. Dekessey dit :

    Les répourricains n’ont pas pensé à éliminer les énormes baisses d’impôts et taxes que Trump avait consenti aux ultra-riches?

    1. ProMap dit :

      « M. Dekessey, vous n’y connaissez rien en matière d’économie. Les pauvres bénéficient déjà largement d’un faramineux Trickle down en pleine expansion depuis le tax cut historique de 2017 promulgué par notre meilleur Président de tous les temps. Compte tenu de cette entrée d’argent sans précédent chez les pauvres, nous ne pouvons maintenir ces programmes sociaux. Ce serait un gaspillage éhonté. Qui sait, un pauvre pourrait acquérir une Mercedes ou d’une BM à même l’argent de ces programmes sociaux pris à même les impôts sur notre argent durement gagné à la sueur de notre front. » – le MecÉcarté

      1. Haïku dit :

        @ProMap
        Ouch !! 👍

  14. jeani dit :

    C’est quoi le problème?

    Que les pauvres se trouvent une quatrième job s’ils veulent arriver.

    Dixit, un très riche MAGAné du cerveau à force de compter ses sous.

  15. NStrider dit :

    « La porte-parole de la Maison-Blanche Karine Jean-Pierre a tenu le même discours, affirmant que le président « n’acceptera pas de propositions qui suppriment les soins de santé et la couverture médicale des citoyens »».

    C’est la phrase qui me donne espoir que Biden ne les sacrifiera pas. Sinon, il sacrifie la crédibilité de sa porte parole en même temps.
    Et de surcroît, il y aurait une forte réaction de son aile progressiste.
    Pas sûr qu’il ait l’intention de sacrifier tout cela.

  16. gl000001 dit :

    Dieu a dit : « Je partage en deux, les riches auront de la nourriture, les pauvres de l’appétit. » – Coluche

    Et la meilleure :
    « Il faut prendre l’argent là où il se trouve: chez les pauvres. D’accord, ils n’en ont pas beaucoup, mais ils sont si nombreux! » -Alphonse Allais

    1. Haïku dit :

      Superbe !! 👌

    2. Dekessey dit :

      Excellent! 😊

  17. Gilles Morissette dit :

    J’ose espérer que le président Biden n’en n’arrivera pas à cette solution totalement inique et injuste envers les personnes démunies.

    Ce serait une trahison de tous les idéaux qui ont façonné le Parti Démocrate.

    Si cela arrive, je ne me gênerai pas pour le dénoncer haut et fort. !!

    Que les Républicains se servent des personnes à faibles revenus comme monnaie d’échange afin d’obtenir des avantages ne devrait surprendre personne.

    Ce sont des salopards sans AUCUNE conscience sociale qui ont perdu toute forme d’humanité.

    Ce sont des fripouilles qui préfèrent adopter des mesures favorisant les « mieux-nantis » plutôt que la classe moyenne.

    Il ne faut rien espérer de leur part.

    La saga du relèvement du plafond de la dette est un psychodrame qui revient périodiquement dans le paysage politique américain et qui donne lieu à une partie de bras-de-fer entre Démocrates et Républicains.

    Une vrai farce indigne d’un pays civilisé.

    Tout ce cirque parce que son enfoiré de prédécesseur a aggravé le manque à gagner de l’État avec ses faramineuses baisses d’impôts pour les mieux-nantis.

    Le président Biden est donc encore pris à régler un problème que lui aura laissé LA CHOSE et son administration de crapules.

    Oui, le président sera probablement obligé de faire des compromis. Ça fait partie de la « game ».

    Pas au point d’en faire payer le prix aux gens à faible revenu.

  18. Guy Pelletier dit :

    C’est du pur chantage que fait McCartney. Le parti des Riches et ses pantins du Congrès et Sénat cherchent à s’assurer que les Démocrates ne mettront fin aux obscènes baisses d’impôts promue par Trump qui doivent être réévaluées en 2025. Ils veulent qu’elles soient garantie jusqu’en 2033 et ils sont prêts a envoyer sur la rue les bénéficiaires des services sociaux financés par l’État fédéral pour protéger les mieux nantis généreux avec leur financement politique. Rien de moins que des trillions de $$$ que devrait se priver le gouvernement fédéral des États-Unis mais ils se plaigne des 12 milliards $US que coûtent ces services et programme destinés aux plus faibles, pauvres et mal pris de la société qui n’ont pas eus la chance de naître riche et vivre dans une tour dorée ou d’avoir de bon$$$$ ami$$$$.

    https://twitter.com/SteveRattner/status/1658542830229282837

  19. Madalton dit :

    Malheureusement, c’est dans les économies avancées que la pauvreté gagne. On a vu déjà l’appauvrissement qui a sévi en Europe, tandis qu’aux États-Unis on assiste à une éviscération de la classe moyenne et à une concentration de richesse inégalée au sommet. Ainsi, de 2011 à 2021, la part de la classe moyenne dans les actifs financiers nationaux a reculé de quatre points de pourcentage à 25 %, un recul similaire qu’on voit en Inde (malgré des apparences contraires), au Brésil, en Finlande et au Portugal.

    Ceci place les États-Unis pas très loin de leur grand adversaire géostratégique, la Russie, où la part de la classe moyenne a reculé de six points de pourcentage, sous la barre de 20 %

    https://www.finance-investissement.com/nouvelles/economie-et-recherche/ou-se-trouve-la-richesse/?utm_source=newsletter&utm_medium=nl&utm_content=financeetinvestissement&utm_campaign=INT-FR-Infolettre-quotidienne&languageId=fr_CA&hash=2c125d47be51bf0008008d7ac2ea5374

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