Le blogue de Richard Hétu

« La gouverneure estime que la protection des enfants est primordiale, mais ce permis était une contrainte arbitraire pour les parents, qui devaient obtenir l’autorisation du gouvernement pour que leur enfant puisse travailler. Toutes les lois sur le travail des enfants qui protègent réellement les enfants s’appliquent toujours et nous attendons des entreprises qu’elles s’y conforment comme elles sont tenues de le faire aujourd’hui. »

Le 10 mars dernier, Alexa Henning, directrice des communications de la gouverneure républicaine d’Arkansas Sarah Huckabee Sanders (photo), a défendu en ces termes la promulgation d’une loi qui élimine l’obligation faite aux enfants de moins de 16 ans d’obtenir un permis de travail avant d’accepter un emploi. Cette procédure forçait non seulement les enfants de prouver leur âge – en Arkansas, bon nombre d’entreprises ne peuvent pas employer des enfants de moins de 14 ans – mais également d’obtenir la permission de leurs parents.

Mais ce que Henning a dénoncé comme une contrainte arbitraire est décrit comme une protection indispensable par la page éditoriale du New York Times, qui a condamné vendredi la loi d’Arkansas ainsi que les textes à l’étude dans au moins neuf autres États dirigés par des élus républicains qui veulent étendre les heures de travail des enfants, lever les restrictions sur les métiers dangereux, les autoriser à travailler dans des lieux où l’on sert de l’alcool, ou encore abaisser le salaire minimum pour les mineurs.

Appuyés par les lobbyistes de grandes entreprises, ces élus font valoir que la pénurie de main d’oeuvre ne leur laisse pas le choix de rejeter des lois jugées trop rigides. Or, selon l’édito du Times, les critiques de la nouvelle loi d’Arkansas affirment que de nombreux enfants qui travaillent n’ont pas de parents ou de tuteurs pour veiller à leurs intérêts. En février dernier, le département du Travail a découvert 102 adolescents âgés de 13 à 17 ans dans des usines avec des produits chimiques et des outils dangereux, dont plusieurs étaient des migrants mineurs arrivés récemment aux États-Unis.

Le Los Angeles Times prend le relais ce lundi en publiant une tribune signée par Steve Greenhouse, qui a longtemps suivi les questions liées aux conditions de travail aux États-Unis. Il écrit : « Les adolescents qui effectuent un travail rémunéré de 5, 10 ou 15 heures par semaine dans des emplois sûrs peuvent vivre des expériences enrichissantes. Ils peuvent apprendre la responsabilité, la ponctualité et d’autres compétences. Mais l’abrogation des lois qui leur permettent de travailler six heures les jours d’école ou jusqu’à 23 heures peut avoir des conséquences négatives plus larges. Il est important que les adolescents disposent de suffisamment de temps pour l’école, le sport et d’autres activités, ainsi que de suffisamment de temps avec leurs amis et leur famille et pour dormir. »

(Photo AP)