Le blogue de Richard Hétu

« Je pense que c’est une chose terrible, honnêtement. Le problème, c’est qu’il s’agit d’un moment où, dans toute la société européenne et américaine, on est censé être innocent, on est censé être innocent jusqu’à ce qu’on soit condamné. » Deux ans après avoir été soumis à l’humiliation associée au perp walk, Dominique Strauss-Khan se plaignait encore sur CNN de ce rituel que lui avait infligé la justice new-yorkaise. N’empêche : à en croire certains journaux, dont le Guardian et le New York Times, Donald Trump rêve à son propre perp walk lorsqu’il se présentera à New York pour sa mise en accusation éventuelle en lien avec l’affaire Stormy Daniels.

Perp walk ? C’est la marche de celui qui est accusé d’avoir perpétré un crime, effectuée entre deux policiers et souvent avec les mains menottées derrière le dos. On attribue à nul autre que Rudolph Giuliani la popularité de cette exhibition mortifiante de prévenus. L’ancien maire de New York, friand de publicité, y a souvent eu recours à l’époque où il écrouait les chefs de la mafia, les malfrats de Wall Street et autres bandits de haut niveau en tant que procureur des États-Unis dans le district sud de New York.

Or, selon le journaliste Hugo Lowell du Guardian, Trump a dit à des membres de son entourage qu’il voulait transformer son arrestation en « spectacle » assorti d’un perp walk en bonne et due forme. « L’insistance croissante de M. Trump sur le fait qu’il souhaite être menotté dans le dos pour un perp walk semble obéir à diverses motivations, notamment le fait qu’il veuille afficher sa défiance face à ce qu’il considère comme des poursuites injustes et que cela galvaniserait sa base pour sa campagne présidentielle de 2024 », a écrit Lowell.

Le journaliste du Guardian précise que Trump est conscient qu’un perp walk l’exposerait au danger d’être attaqué physiquement par la foule ou même atteint d’une balle. Mais cela ne l’inquiète pas, car cela ferait de lui un « martyr », a-t-il dit à des proches, selon Lowell. « Il a ensuite ajouté que s’il se faisait tirer dessus, il gagnerait probablement la présidence en 2024, selon les sources », a écrit le journaliste.

Aux dires des journalistes du New York Times Maggie Haberman et Michael Bender, « ceux qui ont passé du temps avec Donald Trump ces derniers jours affirment qu’il est souvent apparu très déconnecté de la gravité de ses éventuels ennuis judiciaires ». D’où sa « fixation » sur le fameux perp walk.

Il est possible que le grand jury de New York vote cette semaine pour inculper Trump. Mais cette inculpation et les chefs d’accusation l’accompagnant devraient rester sous scellés jusqu’au jour de la présentation de Trump devant un tribunal de New York, selon un autre article du Times. La réunion du grand jury prévue ce mercredi a été annulée, selon plusieurs médias. Prochaine réunion : jeudi.

(Photo AP)