Le blogue de Richard Hétu

L'Amérique dans tous ses états

En 1998, Caroline Ouko, une native du Kenya, a immigré aux États-Unis avec ses deux garçons à la poursuite de ce qu’elle a appelé le « rêve américain ». Ce rêve s’est transformé en cauchemar le 6 mars dernier lorsque l’un de ses fils, Irvo Otieno, âgé de 28 ans, est mort suffoqué, environ 11 minutes après avoir été plaqué au sol et immobilisé par un groupe de policiers et d’employés d’un hôpital psychiatrique de Virginie. Otieno était menotté pendant qu’il était traité de la sorte.

Sept policiers et trois employés de l’hôpital ont été accusés de meurtre au second degré en lien avec cette affaire par la procureure du comté de Dinwiddie, une décision confirmée mardi après-midi par un grand jury. Otieno, qui souffrait de troubles mentaux, avait arrêté à son domicile trois jours auparavant. Le 6 mars, la police l’avait été transféré de la prison à l’hôpital psychiatrique. La mère d’Otieno affirme qu’il n’a pas eu accès à sa médication pendant sa détention.

« Tous les systèmes ont laissé tomber mon fils », a déclaré Caroline Ouko au New York Times, en énumérant les institutions chargées de veiller à son bien-être au cours des trois jours qui ont suivi son arrestation, notamment la police, les hôpitaux et le système judiciaire. « Ils lui ont tendu un piège. »

Le New York Times et le Washington Post ont obtenu et diffusé une vidéo de l’intervention qui a mené à la mort d’Irvo Otieno. Ce dernier était en proie à une crise lorsque la police l’a arrêté, le 3 mars dernier. Il avait été aperçu en train de prendre des lampes à énergie solaire disposées sur la propriété d’un voisin et de frapper à sa porte. Sa mère l’avait ramené à la maison mais un voisin a appelé le 911 pour signaler une entrée par effraction.

La mère d’Otieno n’a pas précisé le diagnostic de son fils. Mais ce dernier souffrait de problèmes de santé mentale depuis son séjour dans un collège de Californie qui l’avait recruté en raison de son excellence comme joueur de football. Il connaissait de longues périodes de stabilité qui pouvaient être interrompues par des crises nécessitant son hospitalisation.

L’un des avocats de Caroline Ouko, Benjamin Crumb, qui a représenté les familles de George Floyd et Tyre Nichols, a mentionné l’existence d’une autre vidéo montrant la brutalité présumée de policiers à l’endroit d’Otieno alors qu’il était dans une cellule de prison. Voici le topo de CBS News sur la mort du jeune homme :

(Photo New York Post)


44 réflexions sur “Du rêve au cauchemar américain

  1. belwet dit :

    Juste 10 personnes pour le maitriser? Et le fait qu’il n’avait plus accès à sa médication n’a pas aidé son cas. Un noir, donc on passe au Plan A: TOUS DESSUS. Plan B: Y’en a un?

    1. Steve dit :

      10 c’est trop ? Un pas assez ? Combien selon vous est nécessaire pour cette intervention filmée ?

      Préférez vous le taser ? La balle d’un pistolet ? Un coup de matraque ? Peu importe votre choix, ils sont potentiellement tous mortels.

      Allez dites moi, qu’auraient du faire ces agents face à un type en crise ?

      1. jeanfrancoiscouture dit :

        @Steve: Me semble que le fusil à filet serait une intéressante solution de rechange. Au Japon, il semble que l’on s’en serve assez souvent mais ici, personne, ou à peu près, n’en parle.

        https://www.journaldemontreal.com/2014/10/18/les-fusils-a-filet-plutot-que-le-taser

        **https://fr.wikipedia.org/wiki/Fusil_%C3%A0_filet#:~:text=Un%20fusil%20%C3%A0%20filet%20est%20une%20arme%20non,%C3%A9tudier%2C%20de%20les%20soigner%2C%20ou%20de%20les%20vendre.

      2. Steve dit :

        Monsieur Couture, pensez -y… Attraper un noir au filet. Ce n’est pas le temps et l’époque pour suggérer cela !

      3. jeanfrancoiscouture dit :

        @Steve. «Attraper un noir au filet. Ce n’est pas le temps et l’époque pour suggérer cela !»

        Mais alors, il reste quoi? L’arme à feu? L’écrasement à douze? Pour quiconque en crise, il me semble que se faire prendre au filet, c’est pas mal mieux que se faire envoyer au crématorium ou au cimetière.

  2. ça continue encore et toujours….

    ils ont quoi à la place du cerveau ces gens?

    On ne peut que questionner la formation académique et professionnelle de ces policiers et intervenants….
    c’est pratiquement insoluble comme situation… des gens mal formés, mal éduqués qui font des emplois mal définis??

    à croire que ce genre de travailleurs soient incapable de réfléchir par eux-mêmes….

    Quand t’es 10 sur un gars menotté… me semble qu’il doit en avoir un dans le tas qui dit « Bon ok, j’pense qu’on peut le lâcher »… non?

    10 hommes c’est l’équivalent d’une tonne de stupidité… ça en prend moins que ça pour tuer un homme….

    à ce qu’on voit, les formations bâclées sont une norme aux USA… et le jugement est toujours en option….

    Quand c’est rendu que les professionnels qui sont sensés être là pour t’aider sont un potentiel élevé de mort violente, ça ne va pas bien….

    troublant que les cas de mort violente soient toujours contre des gens qui ont le malheur d’avoir une couleur de peau plus foncée….
    une autre « coïncidence » sans doute …

    Pendant ce temps, DeSantis panique sur les wokes et les cycles menstruels…. et trump se pavane en s’embrassant dans un miroir en s’imaginant une « victime »… les républicains proposent quoi comme solution??? Ah oui, bien sûr…. Armer les patients!!!

    1. Gilles Morissette dit :

      @chatderuelle (22/03/2023 à 10:19)

      Non. Ils vont proposer d’armer le personnel médical (médecins, infirmiers, préposés, etc).

      1. Steve dit :

        Aucune arme dans les centres psy. On croit même voir sur l’image que l’étui du policier n’a pas son arme. Tout est invention physique dans ce milieu.

    2. belwet dit :

      « On ne peut que questionner la formation académique et professionnelle de ces policiers et intervenants » Pour la police, la « formation » n’est souvent qu’un 6 semaines de « cours » alors qu’ici au Canada, on parle d’années.

    3. Steph dit :

      Tout à fait d accord avec vous. Manque de formation ,manque de jugement , emploie mal défini. J ai eu meilleur formation que ça, travaillant aux urgence hôpital. Ont étaient max. 5 personne avec chacun son rôle. Un une patte l otre une jambe , un pour la tête. L otre attirer l attention. C est dégueulasse, ça fait réagir et ont ce sens frustrer voir ca

  3. marie4poches4 dit :

    Je n’ai pas pu regarder la vidéo en entier mais assez longtemps pour comprendre qu’il y a un tas d’incompétents autour de lui. Ils sont tous plantés là à regarder et attendre…Où sont les infirmières, les médecins? L’injection d’un calmant dès le début aurait évité cette mort.
    Et les policiers, ils n’ont pas eu leur leçon avec George Floyd?

    1. belwet dit :

      ce n’est pas encore dans leurs « 6 semaines de formation ». P-ê dans 10 ou 20 ans?

    2. Steve dit :

      Ceci n’est pas du cinéma.

      On injecte rien de force avant de lire son dossier et de connaitre son poids. Vous ne voulez pas le tuer d’une allergies ou d’une surdose quelconque.

      1. marie4poches4 dit :

        @Steve
        Un patient très agité est emmené à l’urgence, il n’a pas de dossier et ne coopère pas, on ne connait pas ses allergies ni son poids. Le patient risque de se blesser ou de blesser les autres. Alors on fait quoi selon vous? On prend pas de chance et on fait rien???

        Un bon conseil, faites vos recherches!

  4. Loufaf dit :

    Aucune leçon à tirer du cas de Floyd de la part de la police? Ça fait vraiment dur! Et tout de suite la prison sans aucune médication!
    Pendant ce temps , la Justice tergiverse à inculper le gros fêlé d’ un seul de ses nombreux crimes! Système judiciaire à trois vitesses! Un pour les riches, un pour les blancs et un pour les noirs!

  5. On dirait que quand une publicité dit « Écrase ! », aux États on ne comprend pas la même chose qu’ici.

    Il faudrait vraiment que les forces de police comprennent ce que sont des troubles mentaux, pas seulement chez les autres, mais ceux qui courent dans leur profession.

    1. Haïku dit :

      Ouch !!! 🎯

    2. constella1 dit :

      👌👍

  6. Denis Bergeron dit :

    Sur la statut de la Liberté on devrait écrire : «Soyez blanc, protestant et ayez un accent américain ou mourez!»

  7. Gilles Morissette dit :

    Une autre bavure policière qui illustre tout ce qui ne fonctionne pas dans les méthodes d’intervention des flics lorsqu’ils doivent contrôler un individu en proie à une crise.

    On en a déjà eu des exemples chez nous.

    Le plus renversant dans ce clip est de voir le personel de l’hôpital regarder SANS RIEN FAIRE, les flics en train d’assassiner M. Otieno. Au mieux, on pourrait les accuser de non-assistance à une personne en danger de mort. Au pire, de complicité de meurtre .

    Le journaliste a bien raison de rappeler qu’un hôpital psychiâtrique possède de multiples moyens lui permettant de contrôler un patient en état de crise, qui auraient pu être utilisés et qui n’auraient pas mis la vie de M. Otieno en danger.

    Tout ça nous ramène à l’éternel probème du manque de formation des flics, leur incompétence face à des situations semblables et le laxisme pour ne pas dire la complicité des autorités (police, hôpital, etc) à appliquer des mesures de contrainte sans tuer le patient.

    Unj autre bel exemple d’une violence institutionnalisée, érigé en système !!

    Triste fin pour une personne qui avait besoin d’aide et que le système a laissé tomber.

    1. lanaudoise dit :

      Mon mari travaillait à PInel. N’en revenait jamais de l’incompétence des policiers en tel cas. Avec leur cours de NAPI (non agressive personal intervention), à quatre ils n’avaient pas de problème à immobiliser une personne en crise. Mieux: la parole suffisait souvent…

      1. lanaudoise dit :

        Ces chers policiers qui venaient de tabasser un petit homme en crise n’en revenaient pas. « Détachez-le, on s’en charge ».

  8. gl000001 dit :

    Un hôpital psychiatrique qui ne sait pas gérer des crises chez leurs patients.
    Il était médicamenté avant d’arriver là et il ne les a pas eu le temps qu’il était là.
    C’est peut-être l’organisation de cet hôpital qui a besoin d’être traité pour des troubles !! Et la prison par ou il est passé.

    1. _renaud dit :

      Au Canada les hôpitaux psychiatriques sont les parents pauvres du système de santé, j’imagine que ce ce n’est pas mieux aux États-Unis.

  9. gl000001 dit :

    Disparu, le « rêve américain » n’est maintenant plus qu’un pale souvenir. Au mieux, une anecdote pour certains.

    1. Bob Inette dit :

      George Carlin disait qu’il fallait dormir debout pour croire au « rêve amariquin ».

      Quand t’es pas de la bonne couleur, pas du bon pays. pas de la bonne religion …
      T’as pas intérêt à être pauvre et malade car le système veut rien savoir de toi !!

      1. lanaudoise dit :

        Ta vie vaut moins que celle des autres. Nous aussi, à Joliette, on a vu ça. Présumé d’avance que parce que tu n’es pas « de race » (la race est une notion sans base scientifique) blanche, tu es forcément un drogué et quelqu’un qui ne s’occupe pas de sa santé, quelqu’un dont la vie est de moindre valeur. Joyce Echaquan avait un problème cardiaque bien réel et on l’a laissée mourir en présumant du n’importe quoi.

  10. _renaud dit :

    Cette histoire est infiniment triste. Le dénouement mais tout ce qui est arrivé avant également. Des familles laissées à elles-mêmes et qui doivent composer avec des cas de maladies mentales sévères.

    Surtout que depuis quelques années c’est la mode. Les gens parlent de leur anxiété et de leurs petits problèmes mais pour les vrais cas lourds qui ont besoin d’aide c’est too bad, you’re on your own.

  11. anizev dit :

    L’incompétence à son meilleur. On se à plusieurs pour neutraliser quelqu’un, après on est surpris qu’il ne respire plus, et on passe à autre chose. Une journée ordinaire, quoi !

  12. Bidulen dit :

    C’est la faute des médias.
    -Un républicain

    1. Bob Inette dit :

      C’est la faute du défunt !
      Y’avait juste à pas être noir et malade !
      – Les RetrumpliQAns fondamentalistes chrétiens

      1. gl000001 dit :

        Ne pas oublier le « Thoughts and prayers » et d’aller à la confesse pour ces pensées impures 😉

  13. gigido66 dit :

    On se dit: Ben voyons donc, comment se fait-il que ces gens répètent un tel comportement pour neutraliser une personne, se mettre à plusieurs sur lui afin qu’il arrête de bouger leur semble la seule alternative et bien sûr la bonne. Personne ne se pose de questions après tout ce qui s’est passé comme événements malheureux vus et revus à la télé.
    La réponse vient peut-être du fait que ces gens sont rivés sur la chaîne FoxNiouse qui ne doit pas faire grand état de ces « faits divers » quand ça concerne une personne racisée. Avec cette hypothèse, on en vient à penser que ces gens ne seraient absolument pas sensibilisés aux erreurs et conséquences graves de ces techniques de maîtrise qui relèvent d’une autre décennie.
    À quand la formation adéquate de ces dits protecteurs du citoyen?

  14. Pierre s. dit :

    ————————

    H.S

    L’idiot Trump et ses avocats sont enfermé à Mar a Lago
    et ils se plaignent du manque d’information à propos de ce qu’ils souhaitent
    tant : L’opportunité pour le gros cave de se donner en spectacle et de se la jouer victime à fond.
    Non mais quel cirque, quel mépris des institutions …

    L’idée étant que tu ramasse ce gros fumier à l’abris des caméras, tu garde ca 48 heures en
    intérogation serré et tu droppes une avalanche d’accusations avec moults preuves. Puis tu le relâche.
    En prenant bien soins de filmer les 48 heures de détentions … si le gros s’invente des histoires
    se la joue victime, délire complètement … tu sors le TAPE.

    1. Madalton dit :

      Tu te mets à douze dessus après l’avoir menotté et tu attends…🙄

  15. lanaudoise dit :

    Qu’est-il arrivé dans ce collège de Calfornie? Il y a-t-il une histoire d’abus? Ou est-ce seulement fortuit, un simple élément déclencheur? On a tellement entendu parler de milieux toxiques dans le sport ce dernières années. Sujet repris dans la fiction A coeur battant, entre autres.

    1. lanaudoise dit :

      Souffrait-il de stress post-traumatique?

  16. On parle souvent de thérapies de groupe.

    Dans les situations d’utilisation d’une force injustifiée, il y a souvent plusieurs intervenants. Il y a une espèce réaction osmotique. Tous réagissent de la même façon sans discernement, pas un pour lever la voix, pour réveiller les autres. Une thérapie de groupe à inversée. Je suis sûr que chacun des individus n’est pas aussi pire que cette meute indisciplinée. MarioUBCQ a peut-être des pistes d’explications.

    1. jeani dit :

      @Jean Letourneau

      Je ne suis pas Marco, mais j’ai participé à plusieurs reprises à l’utilisation d’une force justifiée en milieu hospitalier (code blanc).

      Primo, il est plutôt rare que nous faisions intervenir les forces de police pour contrôler une personne agitée.
      Secondo, même avec des policiers, c’est un membre du personnel hospitalier qui assume le « lead » pour diriger l’équipe.
      Tertio, la personne agitée n’a pas besoin de peser 100 kg pour être difficile à contrôler en vue de lui administrer la médication requise.
      Finalement, trop souvent ce qui se passe chez nos voisins du sud dépasse tellement les bornes. Bien sûr, il n’y avait personne qui « leadait » le groupe et c’est inacceptable.

      1. jeani, merci de votre partage

        Ce sont les policiers qui remettaient le patient à l’hôpital. Donc, ils avaient la responsabilité initiale avant le transfert. Il semblerait qu’il aient attendus trop longtemps avant de transférer de la prison. Quel traitement a-t-il eu à la prison ? Manquait ses médicaments, et de leadership…

  17. [Correction] Une thérapie de groupe à l’inverse (inversée)…

  18. Pierre Belley dit :

    La bas y ont pas l’air a être en pénurie de personnel.

  19. Racza dit :

    Quand j’entends parler de
    « American Dream » je ne peux m’empêcher de penser à ce film : « Requiem for a dream »
    J’ai toujours pensé qu’il relatait exactement l’état des lieux du rêve américain

    1. Haïku dit :

      Bon rappel !

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