Le blogue de Richard Hétu

Comment réagissent les électeurs républicains au début informel de la campagne présidentielle de Ron DeSantis, marqué par une tournée médiatique pour promouvoir ses mémoires et quelques discours dans des États clés ? S’il faut se fier à un sondage de l’Université Quinnipiac, ils ne débordent pas d’enthousiasme.

Dans une course hypothétique à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2024, Donald Trump récolte 46 % des intentions de vote contre 32 % pour le gouverneur de Floride. L’ancienne ambassadrice des États-Unis à l’ONU, Nikki Haley, récolte 5 % des intentions de vote, les autres candidats déclarés ou potentiels ne dépassant pas la barre des 3 %.

En février dernier, Trump devançait DeSantis par seulement six points de pourcentage, selon le même sondeur. Ce n’est évidemment qu’un sondage, mais on se serait attendu à ce que le gouverneur de Floride, aidé par l’empire de Rupert Murdoch au grand complet et les plus gros donateurs du Parti républicain, réduise l’écart ou au moins maintienne le statut quo.

La campagne de DeSantis finira peut-être par décoller quand ce dernier la lancera officiellement. Mais je profite l’occasion pour évoquer le doute de David Frum, ancien rédacteur de discours de George W. Bush. Dans un article publié par le magazine The Atlantic, Frum décrit DeSantis comme une machine dans laquelle ont été programmés tous les thèmes susceptibles de plaire à une certaine base républicaine. Et DeSantis les exploite de façon… machinale, sans même prendre la peine de s’adresser à l’occasion à l’électorat centriste ou à aborder des sujets vraiment cruciaux comme l’emploi, la santé ou même l’inflation.

« Le problème auquel les républicains sont confrontés avec cette nouvelle machine est le suivant : ont-ils construit une fusée à étage unique – une fusée qui décolle mais qui n’atteint jamais la vitesse d’évasion ? », demande Frum dans son article.

Après avoir évoqué les ennuis que pourraient valoir à DeSantis les projets de loi extrémistes que le parlement de Floride est en train de lui concocter, notamment sur l’avortement et les armes à feu, Frum répond à sa question dans la dernière phrase de son article : « Il doit espérer qu’une catastrophe extérieure viendra à bout de son adversaire démocrate à sa place – une récession, peut-être – parce que M. DeSantis choisit une voie qui ne lui permettra pas d’atteindre son objectif. »

On verra, bien sûr. On ne sait pas, par exemple, quelles seront les conséquences d’une inculpation de Trump – ou deux – sur la course républicaine.

P.S. : Face à Trump, Joe Biden récolte 49 des intentions de vote contre 45 %, alors qu’il devance DeSantis par un seul point de pourcentage (47 %-46 %).

(Photos CNN)