Le blogue de Richard Hétu

Les critiques de Donald Trump l’ont vite pointé du doigt après la faillite de la Silicon Valley Bank, qui a vite été suivie par celle de la Signature Bank. Après tout, l’ancien président républicain est celui qui a promulgué en 2018 le texte changeant une règle bancaire qui aurait pu éviter la fermeture de ces banques et la chute importante des actions de plusieurs banques de moyenne taille ce lundi (avec une suite des choses incertaine).

Le changement promulgué par Trump a fait passer de 50 à 250 milliards de dollars le seuil à partir duquel les banques sont considérées comme présentant un risque systémique et font l’objet d’une surveillance plus stricte. La Silicon Valley Bank possédait 209 milliards de dollars d’actifs à la fin de l’année dernière. La Signature Bank en possédait 110 milliards le 8 mars dernier.

Or, ce changement ne se serait pas produit sans l’appui de 17 sénateurs démocrates qui ont voté avec tous les sénateurs républicains en faveur de l’élimination de l’ancienne règle intégrée à la loi Dodd-Frank et adoptée dans la foulée de la crise financière de 2008. Certains des sénateurs démocrates pensaient (erronément) que leur vote aiderait leur campagne de réélection dans des États conservateurs. D’autres se pliaient tout simplement aux pressions exercées par le puissant lobby des banques, y compris celles du PDG de la Silicon Valley Bank, 16e banque américaine avant sa déroute.

Ils avaient pourtant été avertis des risques que le changement entraînerait. Pour s’en convaincre, il suffit de ressortir un vieux tweet de leur collègue démocrate, la sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren :

Senate Republicans voted unanimously for the #BankLobbyistAct. But this bill wouldn’t be on the path to becoming law without the support of these Democrats. The Senate just voted to increase the chances your money will be used to bail out big banks again. https://t.co/bfkEgNdl9C

— Elizabeth Warren (@SenWarren) March 6, 2018

Warren revient à la charge dans une tribune publiée ce lundi par le New York Times, réclamant un retour de la règle que 17 sénateurs démocrates (et 30 représentants démocrates) ont réussi à éliminer en 2018 avec les républicains. Et elle ajoute :

« Les régulateurs ont déclaré que ce sont les banques, et non les contribuables, qui supporteront le coût du filet de sécurité fédéral nécessaire à la protection des dépôts. Nous verrons si c’est vrai. Mais il n’est pas étonnant que le peuple américain soit sceptique à l’égard d’un système qui maintient dans l’incertitude des millions d’emprunteurs de prêts étudiants en difficulté, mais qui intervient du jour au lendemain pour s’assurer que des sociétés de crypto-monnaies valant des milliards de dollars ne perdront pas un centime de leurs dépôts. Ces menaces n’auraient jamais dû se concrétiser. »

Honte à Trump, peut-être. Mais honte aussi aux démocrates qui lui ont permis d’éliminer une règle bancaire nécessaire.

(Photo Getty Images)