Le blogue de Richard Hétu

On peut dire sans risquer de se tromper que le sénateur républicain de Floride Rick Scott suscite chez son chef, Mitch McConnell, une hostilité rare, voire inégalée parmi le groupe du GOP à la Chambre haute du Congrès américain. Le sénateur républicain du Kentucky a exprimé cette hostilité jeudi lors d’une entrevue accordée à une station radiophonique de son État. Ce faisant, il a donné raison à Joe Biden sur une des questions les plus controversées liées à son discours sur l’état de l’Union.

Lors de cette allocution, le président démocrate a déclaré que certains républicains – « poliment, je ne les nommerai pas » – veulent s’attaquer aux deux programmes gouvernementaux les plus populaires – Social Security (retraites) et Medicare (assurance maladie pour les personnes âgées) – afin de réduire les déficits budgétaires. De nombreux républicains présents dans l’enceinte du Capitole ont fait entendre des cris et des huées, allant même jusqu’à traiter Biden de menteur, ce que des commentateurs et éditorialistes conservateurs ont également fait.

Le chef de la Maison-Blanche ne disait pourtant rien de plus que la vérité. « Contactez mon bureau, je vous montrerai la proposition », a-t-il dit, sourire en coin, en faisant référence au plan en 11 points présenté en février 2022 par Rick Scott « pour sauver l’Amérique ».

Ce plan n’était pas anodin puisque Scott était alors à la tête du comité responsables des campagnes sénatoriales pour les élections de mi-mandat. Les démocrates l’ont tout de suite attaqué, car il prônait notamment d’augmenter les impôts de la moitié des Américains qui ne versent rien au gouvernement fédéral en raison de leurs faibles revenus et de laisser expirer tous les programmes fédéraux au bout de cinq ans, y compris Social Security et Medicare. « Si une loi mérite d’être conservée, le Congrès l’adoptera à nouveau », pouvait-on lire dans le plan de Scott.

À l’époque, Mitch McConnell avait dénoncé ce plan à peine sorti des presses. Il pressentait que les démocrates allaient s’en servir pour attaquer les républicains au cours des campagnes pour les élections de mi-mandat. Et il constate que ce plan sert encore aux démocrates, et plus précisément à Biden, pour marquer des points contre son parti.

D’où sa déclaration de jeudi : « Ce n’est pas un plan républicain. C’était le plan de Rick Scott. Il n’y avait aucun plan pour augmenter les impôts de la moitié des Américains ou pour mettre fin à Medicare ou au retraites dans le plan républicain ». Et McConnell de planter un couteau dans le dos de Scott en employant le nous royal : « Je pense que nous sommes dans une position plus autorisée pour déclarer ce qu’est la position du parti que n’importe quel sénateur seul. C’est tout simplement une mauvaise idée. Je pense que ce sera un défi pour lui de gérer cela lors de sa propre réélection en Floride, un État qui compte plus de personnes âgées que tout autre État américain. »

Scott doit défendre son siège en 2024. Bonne chance !

(Photo The New York Times)