Le blogue de Richard Hétu

L'Amérique dans tous ses états

Les États-Unis pourraient être sur le point d’entrer dans une nouvelle ère en matière d’immigration. Selon le Washington Post, l’administration Biden négocie avec le gouvernement du Mexique une entente qui lui permettrait d’expulser en masse et rapidement au Mexique les migrants qui ne proviennent pas de ce pays mais qui y ont transité avant de se présenter à la frontière américaine. Cette entente renforcerait des mesures déjà adoptées et destinées à créer « une présomption contre l’éligibilité de l’asile », comme l’a fait valoir l’administration Biden à la Cour suprême la semaine dernière.

Autrement dit, l’époque pourrait bientôt prendre fin où les migrants pouvaient s’attendre à être admis aux États-Unis en tant que demandeurs d’asile après avoir invoqué à la frontière une crainte de persécution dans leur pays d’origine. L’administration Biden a annoncé début janvier un nouveau programme ayant pour but d’orienter les demandeurs d’asile vers de nouvelles voies légales et de les éloigner des passeurs prédateurs. Les demandeurs sont dirigés vers une application en ligne, qui leur permet de prendre rendez-vous pour une demande d’asile dans un port d’entrée américain ou de demander un permis de deux ans pour vivre et travailler aux États-Unis dans le cadre d’un processus de libération conditionnelle.

Les négociations entre les États-Unis et le Mexique n’ont pas pour but de parvenir à une entente de tiers pays sûrs qui permettraient aux États-Unis d’expulser au Mexique tous les migrants qui y transitent avant d’arriver à la frontière américaine. L’entente recherchée permettrait au Mexique d’avoir un mot à dire sur la nationalité des non-Mexicains expulsés sur son territoire.

Pour le moment, les États-Unis veulent pouvoir expulser au Mexique des migrants de quatre pays qu’ils jugent ne pas pouvoir retourner dans leurs terres d’origine pour diverses raisons. Il s’agit du Venezuela, du Nicaragua, de Cuba et d’Haïti. L’administration Biden fait valoir qu’un nombre record de migrants originaires des trois premiers pays sont arrivés au cours des deux dernières années parce que les relations tendues des États-Unis avec ces nations limitent fortement la capacité des États-Unis à procéder à des expulsions.

Selon le Washington Post, le gouvernement mexicain est prêt à accommoder l’administration, en échange d’avantages dans d’autres dossiers.

Une entente de cette nature représenterait une volte-face pour Joe Biden, qui a promis de traiter les migrants qui affluent à la frontière sud de façon plus humaine que son prédécesseur. Le président regrette peut-être aujourd’hui d’avoir donné la fausse impression que cette frontière sud était ouverte sous sa gouverne. Chose certaine, il semble avoir conclu que sa réélection passe par une nouvelle approche à la frontière sud. Une approche qui déplaira à coup sûr certains démocrates et aux défenseurs des droits des migrants.

P.S. : Le nombre de rencontres entre les agents de la patrouille frontalière américaine et les sans-papiers traversant la frontière sud entre les points d’entrée légaux est passé sous la barre des 130 000 en janvier, le chiffre mensuel le plus bas depuis deux ans, selon un porte-parole du ministère de la sécurité intérieure.

(Photo Getty Images)

23 réflexions sur “Immigration : Biden veut créer « une présomption contre l’éligibilité de l’asile »

  1. marylap dit :

    La question des demandeurs d’asile n’est pas simple à régler. Laisser tout le monde rentrer n’est pas viable comme solution, mais empêcher les gens de faire des demandes d’asile n’est pas mieux.
    La seule chose qui endiguerait le flot de demandeurs serait d’améliorer les conditions de vie dans leur pays.

    1. Léo Mico dit :

      @marylap :
      « La seule chose qui endiguerait le flot de demandeurs serait d’améliorer les conditions de vie dans leur pays. »

      Pour cela il faudrait mettre fin au système capitaliste actuel qui permet aux entreprises des pays riches d’exploiter à très faible coûts des ressources et des humains dans les pays « pauvres ».

      1. Achalante dit :

        La migration des Nicaraguayen est la mainmise des cartels sur le territoire. Pour les sécuriser, les États-Unis devraient offrir d’envoyer des soldats pour faire tomber les cartels. Pays montagneux et boisé, ce serait probablement un autre Vietnam en puissance.

        Le problème de Cuba, c’est évidemment le régime totalitaire en place, et ceux qui demandent asile le font souvent pour des raisons politiques. C’est sûr que la Russie n’a plus la puissance qu’elle avait au temps de la Crise de la Baie des cochons, mais je suis certaine que les États-Unis n’auront pas envie de s’y réessayer.

        Pour Haïti, le problème est la pauvreté du pays et sa corruption rampante. Il faudrait y envoyer non seulement de l’argent, mais des observateurs indépendant et des Casques Bleus pour permettre de vraies élections libres et protéger les nouveaux élus de la tentation, rebâtir le système judiciaire, etc.

        Pour le Vénézuéla, oui, c’est un problème de capitalisme, mais aussi de corruption; si le gouvernement voulait réellement légiférer pour contenir l’avarice des compagnies, ils le pourraient.

        Bref, ce n’est pas simple; reconstruire ces pays ne se fera pas sans que plusieurs ceintures se serrent… donc ça ne se fera pas.

    2. Réjean Brousseau dit :

      Tellement vrai.

  2. Anizev dit :

    Question bête et méchante. Quels sont les droits des migrants (qui n’ont pas fait de demande formelle d’immigration) ?
    Aussi longtemps que l’on évite de trouver des solutions dans les pays d’où partent les migrants (ex.: violence, cartels, gang, corruption etc), le problème des migrants illégaux va perdurer.

  3. Charlot dit :

    En guise de remerciements pour la collaboration du Mexique dans ce projet les USA lui feront cadeau de la statue de la Liberté

    1. monsieur8 dit :

      « Give me your tired, your poor,
      Your huddled masses yearning to breathe free,
      The wretched refuse of your teeming shore.
      Send these, the homeless, tempest-tost to me,
      I lift my lamp beside the golden door! »

  4. gl000001 dit :

    « de les éloigner des passeurs prédateurs. »
    Si ça se produit, ça sera déjà un début d’une politique migratoire plus humaine. C’est un peu mince mais c’est juste en attendant que le problème se règle à la source. Ca, c’est plus compliqué !

  5. Pelleter par en avant…
    c’est pas mal ça…

    Les USA devaient calmer la pression à la frontière sud…
    Comme tout dossier qui traine depuis 35 ans, l’immigration illégale a atteint un niveau d’exaspération élevé aux USA…
    étrangement malgré « tous ces milliers d’immigrants illégaux » identités vendeurs de drogues, violeurs, bandits… la criminalité n’augmente pas réellement aux USA et les tueries de masse sont régulièrement produites par des citoyens américains… et le manque de main d’oeuvre est criant…

    Ben pour dire…

    mais le système d’immigration à la va comme je te pousse, désorganisée, et surtout trempée depuis des décennies dans un racisme systémique est à revoir de fond en comble….

    ce qui se passe à la frontière sud ne justifie en rien ce qui se passe à la frontière nord… Les USA agissent en renégats et si le Mexique a obtenu des concessions ailleurs avec les USA, le Canada doit serrer la vis aux USA et exiger des assouplissements ailleurs pour accepter d’accueillir des migrants…

    Informatiser le système est un geste sans réel effet… plusieurs des migrants fuient la pauvreté… donc l’internet…

    les passeurs « physiques » deviendront cravatés, des avocats… ils seront aussi rapaces que les passeurs clandestins… mais le risque de mort et de viol baissera… un peu….

    Que se passera-t-il au final?

    a peu près rien ne changera…
    les gens dans le système d’immigration aux USA garderont le cap… la pression sera moins forte pour un moment, mais la misère, elle, en Amérique du Sud ne prendra pas de pause…

    Le pire est que même en diminuant l’afflux de migrants à la frontière sud, même en reprenant un certain contrôle, le discours républicain ne changera pas…
    les migrants seront encore décrits comme des vendeurs de drogues, des violeurs et des bandits qui rendent les rues américaines à risque pour les citoyens… ils taperont encore sur ce clou… le Bonhomme 7 heures continuera à exister…

  6. Grenouillage dit :

     » Pour le moment, les États-Unis veulent pouvoir expulser au Mexique des migrants de quatre pays qu’ils jugent ne pas pouvoir retourner dans leurs terres d’origine pour diverses raisons. Il s’agit du Venezuela, du Nicaragua, de Cuba et d’Haïti.  »

    À noter que 3 des 4 pays pays mentionnés ci-haut sont sous l’emprise de sanctions économiques. Quant on sait comment ces sanctions peuvent affecter la vie de ces peuples, on peut comprendre que certains puissent vouloir chercher un monde meilleur ailleurs.

    1. Dekessey dit :

      Bon point!

    2. M.Rustik dit :

      Une sanction économique est ni plus ni moins un acte de guerre pour moi. Cela crée des famines, un manque d’approvisionnement en médicaments et davantage de mortalité et de souffrance dans le seul but de faire valoir ses idéologies politiques. La guerre c’est généralement territorial et politique, les sanctions économiques c’est une guerre sans que le territoire ne soit en jeu.

    3. Kelvinator dit :

      Les sanctions ont le dos large, une bonne part des troubles économique est généré par les gouvernements. C’est le cas au Venezuela qui a tout nationalisé et jeté hors du pays toute personnes avec les compétences nécéssaire pour faire fonctionner leur extraction de pétrole, la principale source de richesse du pays. LA corruption des régimes dictatoriales est aussi en cause. C’est vrai que les sanctions peuvent être néfastes, mais nous avons tendance à avoir une vision simplistes de ceux-ci.

      1. Kelvinator dit :

        Les sanctions sont souvent un moyen de « leverage » pour ramener les gouvernements à la table des négociations, comme le cas de Maduro qui a cessé ses coopération dans la lutte aux traffic de drogues, traffic humain et le terrorisme.
        https://crsreports.congress.gov/product/pdf/IF/IF10715#:~:text=Terrorism%2DRelated%20Sanctions,was%20made%20in%20May%202022.

      2. Grenouillage dit :

        Kelvinator

        Pourquoi alors rajoutés des sanctions économiques face à une situation ou la population est déjà dans une situation précaire ?

         » La sanction est alors supposée créer une situation économique tellement dégradée qu’elle va conduire la population à faire pression sur les dirigeants. Dans ce contexte, la plupart des études et articles sur les sanctions s’interrogent sur leur efficacité pour en conclure le plus souvent à leur inefficacité.  »

        https://www.cairn.info/revue-internationale-et-strategique-2015-1-page-101.htm 

      3. Grenouillage dit :

        Kelvinator.

        Dans l’article que vous venez de soulevez, on mentionne ceci à la fin du texte.

         » Although some in Congress support continued pressure on
        the Maduro government, others favor a more targeted
        approach, arguing that broad sanctions have hurt the
        Venezuelan people. A February 2021 Government
        Accountability Office report found that U.S. sanctions had
        worsened Venezuela’s economic decline and hindered some
        humanitarian aid delivery.  »

      4. Kelvinator dit :

        Oui, c’est un cas de catch 22 si on veut. Ne rien faire et laisser la population souffrir aux mains d’un dictateur, ou tenter des sanctions qui se répercuteront sur la population?
        Laisser Maduro exacerber les tensions avec son voisin colombien en armant des groupes paramilitaires crée en lui-même de nombreuses difficultés pour la populations autant vénézuélienne que colombienne. Il y a rarement une solution parfaite, on choisi plutôt celle qui cause le moins de dommage à long terme pour la population.

  7. Gilles Morissette dit :

    Plate à dire mais l’administration Biden n’a plus le choix de prendre des mesures drastiques de ce genre pour tenter de régler ce problème.

    Je dis bien « tenter » car il n’y a pas et n’aura jamais de solutions faciles qui satisferont tant les « libéraux » que les « consevateurs ». Om doit vivre avec cette triste réalité.

    Le président Biden doit choisir la solution « la moins pire  » de toutes celles qui s’offrent à lui.

    L’idéal serait d’aider ces pays à améliorer leurs conditions de vie économique mais on sait, que dans le contexte acuel, c’est ue solution à long terme qui prendra des décennies avant de se réaliser.

    Or, le problème est « ici et maintenant ».

    L’administration Biden n’a pas le choix d’agir car le problème de l’immigration illégale sera un des enjeux de la prochaine présidentiele.

    Or, on peut être assuré que les Républicains ne manqueront pas d’exploiter ce « filon » avec des solutions encore plus drastiques et inhumaines que celle envisagé par l’administration Biden.

  8. M.Rustik dit :

    Nos bonzes et dirigeants veulent un libre échange économique. Mais toutes personnes qui fait du pricing, ou des bases en prix de revient, vous dira que dans le prix d’un bien et dans sa conception il y a des matériaux, des ressources humaines et des marks-up. Si nous désirons réellement le libre-échange, ce n’est pas juste les matériaux ou les produits fini qui doivent circuler librement. Les marks-up, c’est tel que tel, c’est reliés aux stratégies de ventes, moins besoin de les réguler. Cependant, la main d’oeuvre, pour obtenir un véritable libre-échange devrait circuler aussi librement que les matériaux dans une zone qui se dit de libre-échange. Sans quoi le libre-échange est essentiellement une façade et rate son objectif profond.

    Avec une libre circulation des ressources humaines dans la zone de libre-échange, la question de l’immigration change de visage, et les moyens pour contrôler celle-ci revient à se concentrer sur les frontières maritimes et aériennes de l’Amérique du nord, et de la frontière terrestre au sud du Mexique, qui est somme toute, très étroite.

    Je rêve à cette libre circulation des gens et le droit de travailler là où ses compétences sont le mieux reconnues.

    1. Grenouillage dit :

      M.Rustik dit :
      09/02/2023 à 09:34

      L’UE est parvenu à réaliser cela.

      1. M.Rustik dit :

        @Grenouillage, merci de nous le rappeler, et je suis déçu que nous ne suivions pas l’exemple.

  9. HS tweeter M. Hetu sur la Desantis

    Qui est quand meme relier a la migration… mais des etat-uniens.
    Il y a beaucoup de  »homme blanc riche » qui vont prendre leur retraite en floride.
    Ca cause une migration de ripous vers la floride.

    Le Floride qui était ambivalente deveint de plus en plus rouge.

    Par contre, un meme déplacement de population existe d’etats plus démocrate vers des etats plus ripous.
    Ce qui rends le texas de plus en plus proche du 50% bleu (il y a encore une génération a laissé passé).

    C’est comme un gerrymandring naturel – les rouge se concentre dans un états ce qui affaiblis tous les autres.

    Donc, la monté en puissance de desantis à beaucoup plus à voir avec le deplacement de la population.
    *Bizarement la floride peine a trouvé des professeur et sont rendu a engager d’ancien policier comme professeur*

    La bigoterie de desantis fonctionne bien avec sa population  »d’homme blanc riche » en croissance et a l’intérieur du partie ripous dont la base se réduit au fur et a mesure de sa radicalisation.
    Mais cette bigoterie de desantis (ou de trump) ne passeras pas pour la population en générale.

    Si je m’imagine un desantis comme president agir comme il agit en floride (ce que les extremistes ripous veulent) je ne vois pas d’autre conclusion qu’une guerre civile.

  10. Samati dit :

    Sous le même sujet, un bon geste de l’administration américaine qui a conclu une entente avec la dictature nicaraguayenne pour accueillir plus de 200 prisonniers politiques.

    https://twitter.com/ThomasVLinge/status/1623722275018010626

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