Le blogue de Richard Hétu

Comme on l’a souvent répété, mentir lors d’une campagne électorale – même énormément – n’est pas un crime. De ce côté-là, George Santos n’a donc pas à s’inquiéter. Mais c’est une autre histoire quand on ment pour récolter des fonds électoraux. Et le New York Times vient de sortir une histoire que les procureurs fédéraux de New York ont dû lire avec beaucoup d’attention ce jeudi.

Simplifions cette histoire sans la dénaturer. Un républicain oeuvrant pour le compte d’un Super PAC appelé RedStone Strategies a récolté 25 000 $ auprès d’un riche donateur du GOP en lui racontant que le Super PAC avait pour but exclusif d’aider la campagne de Santos pour un siège à la Chambre des représentants et que l’argent demandé servirait à financer une pub télévisée.

Le Super PAC avait déjà amassé 800 000 $ et cherchait à récolter un montant supplémentaire de 700 000 $, selon un courriel consulté par le New York Times.

Or, la Commission électorale fédérale (FEC) ne possède aucune information permettant de confirmer que RedStone Strategies était enregistré auprès d’elle en tant que groupe politique et aucun document permettant de vérifier les donateurs, les contributions et les dépenses du Super PAC.

Santos et ses avocats ont refusé de répondre aux questions du Times sur RedStone Strategies. Mais le journal a confirmé que le nouveau représentant de New York avait des lien avec RedStone Strategies LLC, une entité incorporée en Floride en novembre 2021, alors que le fabulateur invétéré se préparait à faire campagne pour la deuxième fois dans la 4e circonscription de New York.

Un super PAC, contrairement à un candidat, peut récolter des sommes d’argent illimitées. Il peut soutenir un candidat en particulier, mais il ne peut coordonner ses actions avec ce dernier. Il ne peut pas non plus récolter de l’argent sous de fausses représentations (en disant par exemple que l’argent demandé financera une pub alors qu’il servira à d’autres causes). Et il ne peut pas dépenser plus de 49,9 % de son budget à la cause d’un candidat s’il veut continuer à être considéré comme une organisation caritative et être exempté d’impôts.

Il se peut que RedStone Strategies ait violé toutes ses règles, selon le Times.

Une chose est certaine : l’argent récolté par RedStone Strategies, ses donateurs et ses dépenses demeurent un mystère, tout comme la somme de 700 000 $ que Santos a prêtée à sa campagne en octobre 2022, somme pharamineuse pour quelqu’un qui avait déclaré des revenus de 55 000 $ deux ans plus tôt.

Santos n’a pas l’intention de démissionner comme le réclament de nombreux dirigeants républicains de New York. Kevin McCarthy, lui, s’en lave les mains, affirmant qu’il incombera aux électeurs de le juger en 2024. Mais la justice américaine pourrait bien s’en mêler d’ici là.

(Photo Getty Images)