Le blogue de Richard Hétu

Tout au long de la semaine dernière, vous avez peut-être entendu ou lu – sur ce blogue ou ailleurs – que la Chambre des représentants ne pouvait rien accomplir sans un « speaker » élu en bonne et due forme. Ce n’était pas exactement vrai. Pour fonctionner, la Chambre ne doit pas seulement s’entendre sur un président mais également sur les règles qui régiront ses actions au cours des deux prochaines années. Un vote sur ces règles doit avoir lieu ce lundi soir. Or, Kevin McCarthy n’est pas encore assuré d’avoir les voix nécessaires pour assurer l’adoption des règles. Sans blague.

Selon les journalistes qui suivent les activités de la Chambre, un certain nombre de représentants républicains relativement modérés trouvent que McCarthy a fait beaucoup trop de concessions aux frondeurs extrémistes pour les gagner à sa cause. Au moment d’écrire ces lignes, le nouveau président de la Chambre tente donc de limiter le nombre de défections dans son propre camp avant la tenue du vote. Il ne peut pas perdre plus de quatre voix républicaines, comme c’était le cas lors des scrutins pour le poste de président. Aucun démocrate ne votera en faveur des nouvelles règles.

Le New York Times résume ainsi certaines règles découlant de concessions arrachées par les extrémistes du Freedom Caucus : « La mesure qui doit être votée lundi soir comprend la règle dite de Holman, qui permet aux législateurs d’utiliser les projets de loi sur les dépenses pour définancer des programmes spécifiques et licencier des fonctionnaires fédéraux ou réduire leur salaire ; elle ouvre les projets de loi sur les dépenses à un nombre illimité d’amendements ; et elle ouvre la voie à la création d’une nouvelle sous-commissions spéciale sous l’égide de la commission judiciaire, dont les travaux seront axés sur l’“instrumentalisation” (weaponization) du gouvernement fédéral. »

Cette sous-commission s’intéressera notamment aux enquêtes du FBI et du ministère de la Justice sur les efforts de Donald Trump et de ses alliés, dont certains représentants républicains, pour renverser les résultats de l’élection présidentielle de 2020. Autrement dit, des élus visés par ces enquêtes tenteront de démontrer que celles-ci sont partisanes et corrompues. C’est ce qu’on appelle un conflit d’intérêt, qui devrait intéresser la commission d’éthique de la Chambre. Mais cette commission perdra quasiment tout son mordant et ses moyens en vertu des nouvelles règles proposées.

Mais revenons à la nouvelle sous-commission spéciale. Selon un autre article du New York Times, ses membres républicains tenteront non seulement d’obtenir des documents confidentiels sur les enquêtes les ciblant mais également sur celles qui visent particulièrement Donald Trump. Ils mettront ainsi en question la séparation des pouvoirs entre le législatif et le judiciaire, un point que le FBI et le ministère de la Justice ne manqueront pas de soulever lorsqu’ils contesteront les demandes de Jim Jordan et compagnie devant les tribunaux.

Mais avant d’arriver là, Kevin McCarthy devra passer à partir de 17 h son premier test en tant que président de la Chambre.

(Photo AFP/Getty Images)