Le blogue de Richard Hétu

L'Amérique dans tous ses états

« Je ne veux pas qu’une personne ou cinq personnes nous tiennent tous en otage lors de votes difficiles C’est mon point de vue. »

Don Bacon, représentant républicain désigné du Nebraska, évoquant les conséquences possibles des concessions proposées par Kevin McCarthy pour convaincre les rebelles de son groupe de l’élire à la présidence de la Chambre des représentants. Une des concessions assurera aux membres du Freedom Caucus, groupe composé d’extrémistes, plus de sièges au sein de la commission des Règles de la Chambre. Cette commission dicte les règles selon lesquelles les projets de loi sont présentés à la Chambre.

P.S. : Des négociations menées jeudi semblent avoir permis McCarthy de gagner des appuis chez les rebelles, mais probablement pas assez pour être élu ce vendredi ou jamais.

(Photo Getty Images)

61 réflexions sur “La citation du jour

  1. caron gaston dit :

    Désolé Kévin tu es foutu,Kiss the ring tu vois qu’est-ce ça donne….

    1. Capucine dit :

      Spécifiquement « the brown ring »

      1. Igreck dit :

        Hon … 😂

  2. Mona dit :

    Combat de talibans pour réduire le pouvoir pour quelques-uns

  3. Loufaf dit :

    McCarthy prêt à toutes les bassesses pour se faire élire! Aucune colonne, aucune fierté! Ça ne le dérange pas d’ être à la merci d’ une gang de fanatiques et au diable les autres membres de la Chambre!
    Ils veulent qui exactement les extrémistes? Ils ne semblent même pas le savoir eux- mêmes!
    Ils sont peut- être partis pour battre le record de 1856… 2 mois de niaisage!

    1. Igreck dit :

      Vous pensiez vraiment que le service public était la motivation première de ces abrutis de faire de la politique ❓

  4. treblig dit :

    « Je vous assure que si les démocrates se joignent pour élire un républicain modéré, je démissionnerai de la Chambre des représentants. C’est à quel point je suis certain. Je peux assurer à vos téléspectateurs que cela n’arrivera pas.«  Matt Gaetz sur Fox News.

    Un bénéfice inattendu, d’une pierre 2 coups… Gaetz qui démissionne. Yé…

    1. Madalton dit :

      Des promesses…

      1. Igreck dit :

        … des promesses … des « ponts à vendre » … des menteries …

  5. Ziggy9361 dit :

     » un moral et une santé de fer » sa blanchisseuse.

  6. brady4u dit :

    LA NUIT PORTE-ELLE CONSEIL ?
    Ce matin, je me suis éveillé en pensant différemment que lorsque je suis allé au lit hier soir.

    Hier soir, je me demandais pourquoi après 11 tours de scrutin, Kevin McCarthy ne se retirait pas et ce matin, je me dis qu’avec un speaker aussi faible, les démocrates pourraient bien le laisser passer.

    Après tout, il est un enfant du sérail.

    L’élection du speaker en 1855, celle qui a nécessité 133 tours, portait sur une question fondamentale, l’esclavage.

    Celle de 2023 ne porte que sur un conflit de personnalités et l’orgueil démesuré de quelques-uns.

    D’une part, il y a Kevin McCarthy qui est d’une superficialité désarmante et tellement imbu de sa personne que même Stéphane Dion constitue un modèle d’humilité à ses côtés.

    McCarthy se croit indispensable.
    D’autre part, dans le groupe des 20, il y a quelques spécimens rares qui seraient plus à l’aise chez Barnum & Baily.

    Mais pas tous, loin de là.

    Il s’en trouve bon nombre dont je ne partage pas toutes les idées, mais qui articulent bien leur pensée.

    Qu’on laisse passer McCarthy : avec toutes ses concessions, il est comme un eunuque dans un harem, il sait comment faire, mais il ne peut le faire.

    Le plus triste, c’est qu’en ne pensant qu’à lui-même, c’est toute l’institution parlementaire qui est atteinte et affaiblie.

    La Chambre est le seul organe qui représente vraiment tous les Américains, contrairement au Sénat qui est la chambre des états et au président qui est élu par un collège électoral.

    Affaiblir la Chambre n’est pas l’idée du siècle, c’est plutôt retourner son arme contre celles et ceux qui nous ont élus.

    1. gl000001 dit :

      « quelques spécimens rares qui seraient plus à l’aise chez Barnum & Baily. »
      Dans une cage oui !!

    2. gigido66 dit :

      Sédition, 2e saison, épisode 12

      1. gigido66 dit :

        Titre de l’épisode: « Ça passe ou ça casse »

      2. Igreck dit :

        On a d’abord essayé de l’extérieur … on essaie maintenant de l’intérieur … finalement, ces cr**** d’in-stie-tutions tiennent le coup😡 – S. Bannnon (comme dans Bannissons la CONS-stie-tution)

    3. Guy LB dit :

      @brady : 👌 point de vue intéressant,
      mais surtout d’une grande drôlerie et admirablement bien exprimé.👍

  7. MarcB dit :

    Peu importe que ce soit avec McCarthy, Scalise, ou tout autre président de la chambre, les républicains vont être les otages d’une dizaine de MAGAs qui voudront le beurre, l’argent du beurre, le pain sur lequel va le beurre, l’argent du pain, etc… Ces MAGAs évoqués par Bacon ne sont pas intéressés à gouverner ou légiférer. Ils ne sont intéressés qu’au chaos, l’attention et « maganer » le système.
    À mon avis, la seule solution pour les républicains seraient de tendre la main de l’autre côté de la chambre. Mais ça veut faire preuve d’humilité et marcher sur son orgueil, traits plutôt rares chez les républicains…

    1. Bob Inette dit :

      « … une dizaine de MAGAs qui voudront le beurre,
      l’argent du beurre, le pain sur lequel va le beurre, l’argent du pain, etc… »

      Sans oublier le plus important : Baiser la crèmière !

      1. MarcB dit :

        Et sa soeur, ses cousines, etc…. 🤪

      2. Igreck dit :

        Sans oublier la boulangère🥖…

  8. Lapierre, Guy dit :

    Pourquoi les représentants démocrates ne sont pas derrière McCarthy pour court circuiter les ultra conservateurs qui font un blocus? N’aurait-il pas intérêt à faire élire McCarthy pour éviter toutes les concessions qu’il semble devoir faire pour satisfaire ces ultra conservateurs? Merci

    1. Richard Hétu dit :

      Les concessions sont faites. Une fois élu à la présidence, McCarthy demeure l’otage de sa frange radicale. Les démocrates ne peuvent contribuer à la promotion d’un laquais de Donald Trump et du Freedom Caucus.

      1. le_furote dit :

        Ben, il reste une autre option: des Républicains « modérés » se rallient à Hakeem Jeffries en nombre suffisant, et on passe au prochain appel. Ce scénario est possible? Il doit bien y avoir assez de haine à l’intérieur du caucus Républicain pour avoir 6 « défections » de rouges vers les bleus le temps du vote, non?

        Ciao

      2. Igreck dit :

        Doivent craindre la réaction des milichiens mis sur pause par 🤡

      3. gl000001 dit :

        « Les concessions sont faites »
        Je ne comprends pas. McCarthy a fait des « promesses de concessions » aux 20. « Si vous votez pour moi, je fais des concessions et vous serez sur les comités que vous voulez ». Mais tant qu’ils ne votent pas pour lui, MCCarthy ne peut réaliser ses promesses.
        De plus, si les démocrates aident McCarthy, c’est à eux qu’il devra faire des concessions.

      4. Igreck dit :

        Les Vingt🤪 connaissent mieux que quiCONque ce que VEAU le mec écarté⁉️

      5. Dekessey dit :

        @M. Hétu

        En sommes-nous bien certain? Si les concessions sont faites, pourquoi alors n’a-t-il pas les votes?

      6. MarcB dit :

        Adam Kissinger expliquait hier sur CNN qu’il connaissait ces « 20 » et qu’il pensait que ceux-ci vivaient un « power trip ». Ils se réjouissaient de bloquer le processus. Donc même en leur faisant des concessions, ils vont voter contre pour faire durer leur plaisir….

      7. Igreck dit :

        Ne sont-ils pas là pour détruire le « Système »❓Ils suivent l’idéologie de Steve Bannon : Bannir la Démocratie⁉️

      8. MarcB dit :

        Je ne suis même pas certain qu’ils sont assez brillants pour avoir une idéologie. Ils vivent leur rôle comme une émission de télé réalité: attirer l’attention, amplifier son importance, diminuer/ridiculiser les autres, avoir de bonne cotes d’écoute, etc.
        Bannir la démocratie est un effet secondaire à leurs intentions.

  9. Cubbies dit :

    Paralyser le fonctionnement du Congrès pour satisfaire l’égo de McCarthy. Tout ça est mis en attente par un autre groupe d’extrémistes avec d’autres demandes égocentriques.

    Me vs Not You but Us.

    On voit bien où sont les préoccupations des personnes qui les ont choisis pour représenter leurs intérêts.

    Ridicule et indécent.

  10. Madalton dit :

    Comme je l’écrivais sur un des billets précédents, à force de faire des concessions aux talibans, McCarthy risque de perdre des appuis.

    Parmi les 200 « modérés », il y en a qui ne doivent pas apprécier de donner certains pouvoirs aux talibans.

  11. senorflash dit :

    A non? Alors on peu parler du filibuster?

  12. pierreemerick69 dit :

    Je le regardais en entrevue hier soir, il est tellement mauvais. Il est incapable de dire pourquoi il devrait être speaker, de se vendre, son « explication » est que c’est son tour tout simplement. C’est la vieille politique Pré-Trump, c’est son tour, ça lui revient de droit. C’est peut-être encore comme ça chez les démocrates mais Trump a changé la donne chez les républicains, il doit maintenant montré qu’il est capable de s’ajuster à cette nouvelle réalité.

    1. Madalton dit :

      À la réalité alternative 🤔

  13. Toile dit :

    « Une des concessions assurera aux membres du Freedom Caucus, groupe composé d’extrémistes, plus de sièges au sein de la commission des Règles de la Chambre. Cette commission dicte les règles selon lesquelles les projets de loi sont présentés à la Chambre ».

    C’est comme donner aveuglement un permis de conduire après avoir échoué lamentablement, donner les codes du nucléaire aux fous. Des extrémistes qui édicteront leurs règles. Ca va être beau pour le budget…. Et je ne parle même pas des armes, des frontières, de l’immigration. Méchant chaos en devenir si le mec réussi contre toute statistique. Plus bas que ça, tu meurs.

    Et en sus, pourquoi? «Pas assez pour être élu ce vendredi ou jamais ». Jamais. Ca démontre l’imbécilité du personnage. Que dire des autres concombres fêlés ? Un foutu bordel où le pays n’y a aucun intérêt.

    Ah c’est beau le trumpiste.

  14. monsieur8 dit :

    Il faut être un peu maso pour vouloir diriger un groupe dysfonctionnel comme celui-là.
    Imaginez que tous ces braves gens vont devoir discuter et voter des lois pendant les 2 prochaines années!!!
    Bon courage au gagnant…

  15. onbo dit :

    de Treblig plus haut… « Je vous assure que si les démocrates se joignent pour élire un républicain modéré, je démissionnerai de la Chambre des représentants. C’est à quel point je suis certain. Je peux assurer à vos téléspectateurs que cela n’arrivera pas.« Matt Gaetz sur Fox News.

    Matt Gaetz est tellement premier degré… alors qu’il se croit un stratège de haut vol. Sa double insistance le trahit: « Je suis certain + Je peux vous assurer. »

    C’est ce qu’il souhaite et non ce qu’il craint. Il s’essaie à jouer à Tump, l’autre hautement prévisible.

    Ce qu’il craint pour ce matin, c’est qu’une douzaine de républicains qui ont leur voyage se déclarent pâles ou mieux, que seulement six d’entre eux votent « présent », ce qui accorderait la présidence de la Chambre au candidat démocrate si la chambre démocrate vote comme dans les 11 précédents tours… C’est ça qui donne la chienne à Gaetz qui alors choisirait de démissionner pour s’occuper de ses affaires personnelles plutôt que prétendre si maladroitement être aux affaires de l’État.

  16. Mona dit :

    Continuant en 2023 comme en 2022 à ne rien comprendre au fonctionnement (sic) de la démocratie américaine, je partage cet article de Cairn (bonne source universitaire).
    Pouvoirs « énumérés « , « explicites » ou « implicites  » ces notions éclairent (pour moi en tout cas) ce qui m’apparaît régulièrement comme un dysfonctionnement.

    Pouvoirs présidentiels et du Congrès : de la lettre de la Constitution à la pratique institutionnelle
    Louis Fisher
    Dans Politique américaine 2006/2 (N° 5), pages 53 à 72

    La Cour suprême donne souvent une image immuable et peu réaliste de la constitution américaine, suggérant que le gouvernement fédéral est un gouvernement aux « pouvoirs énumérés », partagés de manière nette et précise entre les trois types de pouvoir. Par exemple, dans l’arrêt États-Unis contre Lopez de 1995, la Cour affirmait : « Nous nous fondons sur les premiers principes. La Constitution crée un gouvernement fédéral aux pouvoirs explicites. » Deux ans plus tard, dans Boerne contre Flores (1997), elle annonçait : « Sous notre Constitution, le gouvernement est un gouvernement aux pouvoirs énumérés ».

    Cette analyse pose de nombreux problèmes. Insister sur les pouvoirs énumérés ou explicites revient à interdire le genre de pouvoirs implicites (implied powers) qui sont courants dans le gouvernement américain. On ne trouve nulle part dans la Constitution le pouvoir dévolu au Congrès d’enquêter, d’assigner à comparaître, ou d’accuser d’« outrage » des responsables du pouvoir exécutif, et pourtant personne ne remet en question l’existence ou l’application de ces pouvoirs implicites. De même, le Président a le pouvoir implicite de remercier des responsables exécutifs. La Cour suprême, en examinant la constitutionnalité d’une loi, a le pouvoir implicite de geler des actions exécutives et législatives en violation de la Constitution. Selon celle-ci, le gouvernement fédéral est un gouvernement aux pouvoirs explicites et implicites. Il est constitué de pouvoirs formels et stipulés, combinés avec des accommodements informels et pratiques.

    L’objectif de cet article est de décrire les types de compromis politiques qui sont régulièrement élaborés entre le Président et le Congrès comme entre les agences du pouvoir exécutif et les commissions parlementaires, même si ces arrangements sont en concurrence avec ce que dit le texte de la Constitution et se préoccupent peu des décisions émises par la Cour suprême.

    Le processus de nomination
    Pour preuve de la clarté du texte constitutionnel, rien ne paraît plus évident et moins ambigüe que ces termes de l’article II : « Il nommera. » (« He shall nominate »). Littéralement, cette phrase semble mettre le pouvoir de nomination exclusivement entre les mains du Président, et c’est en effet ce qu’elle signifie formellement. C’est bien le Président qui soumet une nomination, mais toute tentative de sa part d’exclure d’autres responsables – et notamment des sénateurs – du processus de sélection ne manquerait pas de se retourner contre lui et conduirait inévitablement à des échecs politiques. En théorie, le Président peut tenter de décider seul de nominations. Politiquement, un Président apprendra à ses dépens que le Sénat peut bloquer ses propositions, même en commission, et s’opposer à d’autres initiatives du pouvoir exécutif, qu’il s’agisse de propositions législatives ou de traités. Que cela lui plaise ou non, et quelle que soit la manière dont ses conseillers comprennent l’expression « il nommera », le processus de nomination doit être ouvert au pouvoir législatif.

    Alexander Hamilton, dans le Fédéraliste n° 66, considérait que la sélection d’un nominé était une prérogative purement présidentielle. Il n’y avait selon lui « aucun exercice de choix de la part du Sénat. Les sénateurs peuvent refuser un choix du pouvoir exécutif et obliger ce dernier à en faire un autre, mais ils ne peuvent eux-mêmes choisir – ils ne peuvent que ratifier ou rejeter le choix du Président ». Mais telle ne fut jamais la pratique, même à l’époque de Hamilton.

    Cette réalité politique est tellement évidente que les journaux ont l’habitude d’afficher des grands titres qui annoncent : « Warner désigne cinq personnes pour la magistrature [1]. » On aurait tort de se demander qui est le président Warner ! En réalité, il s’agit du sénateur John Warner de Virginie, dont les noms retenus pour des postes de magistrat dans son État allaient presque certainement figurer sur la liste finale proposée par le Président. Cela ne signifie pas qu’un sénateur a le dernier mot. La Maison-Blanche peut s’opposer aux propositions du pouvoir législatif et soutenir d’autres noms, mais en dernière analyse un sénateur exerce un contrôle non négligeable sur les nominations aux fonctions de juge, de procureurs et à d’autres postes fédéraux au sein d’un État. Dans de telles circonstances, c’est le Président – et non le Sénat – qui se trouve dans la position de donner « son conseil et son accord ». Le président Theodore Roosevelt reconnaissait ces réalités politiques lorsqu’il affirmait : « Les sénateurs et membres du Congrès désignent généralement l’homme, mais je décide du critère, et les hommes doivent y répondre [2]. »

    Mitchel Sollenberger, un doctorant de l’université catholique de Washington D.C., a rédigé une thèse dans laquelle il met la forme littérale de « il nommera » à l’épreuve de l’application pratique, c’est-à-dire la manière dont les individus sont sélectionnés puis confirmés à des responsabilités fédérales. Des historiens reconnus comme Leonard D. White, dans son livre intitulé The Jacksonians, en 1954, ont soutenu que le président Andrew Jackson avait refusé de céder au Sénat pour la sélection de nominés, et résisté aux pressions de divers sénateurs dans le processus de désignation qui précède la nomination. Pourtant, Jackson fut forcé d’apprendre qu’une telle attitude, si elle peut être séduisante en public, est impraticable. Comme Sollenberger le démontre dans son étude, Jackson a souvent nommé contre son jugement initial et en conformité avec un conseil reçu du Congrès. Dans un cas particulier, il accéda à la demande des législateurs pour un poste de juge de district en Pennsylvanie. Bien qu’il ait exprimé des doutes sur les qualités de la personne, il écrivit : « Il n’est peut-être pas le meilleur, [mais] ils disent qu’il l’est. » Lorsqu’il refusa d’accepter la personne suggérée par un sénateur, il le fit dans les formes : « J’ai toujours regretté, lors de nominations, d’avoir à me trouver en désaccord avec les sénateurs d’un État… »

    Les chapitres suivants du mémoire de Sollenberger montrent l’implication forte et constante des membres du Congrès dans le processus de pré-nomination. Il est possible que le président Jimmy Carter ait réduit le rôle du Sénat en mettant en place des commissions chargées d’aider à sélectionner les nominés pour les cours de justice fédérales. L’objectif affiché était de fonder la sélection des juges sur le mérite, et non sur des critères politiques. Malgré l’insistance de Carter sur le mérite, les commissions dédiées aux nominations n’ont pas exclu les sénateurs du processus de pré-sélection, et elles n’ont pas réduit de manière significative les attitudes partisanes ou les considérations politiques. Les sénateurs qui insistaient sur leur participation au processus (c’est-à-dire tous les sénateurs) ont maintenu leur pression. Cette influence du pouvoir législatif ne s’est pas exercée uniquement sur les cours de justice de niveaux inférieurs, mais également sur la Cour suprême. Après qu’il prévalut sur le sénateur Ted Kennedy, Carter accepta que la prochaine nomination au « Premier Circuit » (First Circuit) soit Stephen Breyer, choix de Kennedy. Le président Bill Clinton désigna plus tard Breyer à la Cour suprême, et le Sénat confirma ce choix. [3] Le sénateur Warren Rudman a joué un rôle-clé dans la décision du président George H. W. Bush de désigner David Souter à la Cour suprême.

    La négociation des traités
    Dans son ouvrage reconnu sur Le Président (The President, 1957), Edward S. Corwin concluait qu’« il est aujourd’hui établi que le Président seul a pouvoir de négocier des traités avec des gouvernements étrangers ». Dans sa version annotée de la Constitution, publiée pour la première fois en 1952, Corwin utilisait les termes de « monopole présidentiel » pour décrire l’élaboration d’un projet de traité et sa négociation. Ces affirmations doivent être replacées dans le contexte de la déclaration du juge Sutherland à l’occasion d’un arrêt important portant sur la politique étrangère, Curtiss-Wright contre États-Unis (1936) : « Lui [le Président] seul négocie. »

    La remarque de Sutherland était purement didactique et n’avait aucun lien avec le cas posé à la Cour. Elle était fausse en pratique, et pas tellement vraie en théorie. Corwin, qui était historien, aurait dû se pencher sur l’histoire avant d’emboîter le pas à Sutherland. De même que dans le cas des nominations, les présidents peuvent effectivement affirmer qu’ils sont les seuls à négocier les traités, et exclure les membres du Congrès de ce processus. Cela reste politiquement peu avisé et peut facilement être contré par un Sénat qui refuse de ratifier le traité et par une Chambre des représentants qui refuse de débloquer les fonds nécessaires à son application. Aussi bien dans les principes que dans la pratique, les Présidents font un choix judicieux lorsqu’ils travaillent à la négociation des traités en collaboration avec les sénateurs et les représentants.

    Si l’on considère le texte constitutionnel, le processus d’élaboration des traités n’est pas divisé en deux étapes exclusives et successives, la négociation par le Président suivie de la discussion au Sénat. Le Président « fait » des traités par et avec le conseil et le consentement du Sénat. L’autorité du Président n’est pas distinguée comme responsabilité uniquement exécutive. L’expression « conseil et consentement » peut impliquer la possibilité pour le Sénat de déterminer le contenu d’un traité. Si les rédacteurs de la Constitution avaient voulu limiter le rôle du Sénat à un simple vote sur un traité préparé exclusivement par le Président, le terme de « conseil » serait superflu et l’expression aurait pu être réduite à un simple « consentement » ou accord.

    Le premier président, George Washington, ne partait pas du principe que le processus d’élaboration des traités était un monopole présidentiel. Lorsqu’il s’adressa au Sénat pour la première fois au sujet de la procédure à suivre pour les traités, il déclara que les communications orales avec le Sénat « semblent absolument nécessaires ; parce que [les traités] incluent des problèmes variés, qui non seulement requièrent tous d’être pris en considération, mais dont certains nécessitent également de longues délibérations ; pour procéder auxquelles communiquer par écrit serait fastidieux, sans être satisfaisant [4] ». Washington considérait les traités comme « législatifs par nature », et trouvait donc approprié de les soumettre aux délibérations du Sénat, « dans sa chambre législative [5] ».

    Lorsque Washington évoquait la préparation des traités, il considérait les idées présidentielles comme des « propositions » faites au Sénat afin d’être débattues. Le choix des termes indique que les propositions de traités n’étaient effectivement que cela : des projets qui pouvaient être modifiés et perfectionnés par le Sénat. Il envoya un message au Sénat le 21 août 1789, annonçant son intention de rencontrer des sénateurs dans la Chambre du Sénat « pour prendre conseil auprès d’eux sur les termes du traité sur le point d’être négocié avec les Indiens du Sud ». Il voulait rencontrer les sénateurs avant les négociations elles-mêmes pour leur demander conseil à propos des instructions à donner aux mandataires sélectionnés pour négocier le traité. Les déceptions de Washington et du Sénat au cours de cette expérience sont bien connues. Les sénateurs ne voulaient pas se fonder uniquement sur les informations fournies par le secrétaire à la Guerre, qui accompagnait Washington. Le bruit des véhicules qui roulaient à l’extérieur rendait difficile la conversation. Lorsque les sénateurs annoncèrent qu’ils ne donneraient aucune position claire ce jour-là, Washington s’en trouva contrarié. Il revint deux jours plus tard et obtint du Sénat les réponses à ses questions et son consentement au traité, mais jamais plus il ne vint consulter les sénateurs sur un projet de traité.

    On a mal interprété cette expérience en concluant à tort que les présidents avaient depuis lors exclu le Sénat du processus de négociation. Washington continua à demander le conseil des sénateurs, mais il le fit par écrit plutôt qu’au cours de contacts personnels directs. En 1830, le président Andrew Jackson soumit au Sénat des « propositions » pour un traité avec les Indiens Choctaw. Il indiqua quels amendements lui semblaient nécessaires, mais pu connaître la position du Sénat. Selon lui, les Indiens exigeaient que les propositions fussent soumises au Sénat. Il expliqua que la réponse des sénateurs « aurait un effet salutaire sur une négociation future ». Le président James K. Polk consulta le Sénat sur la négociation d’un traité et par la suite le Sénat fut consulté à la fois pour approuver la désignation des négociateurs et pour donner son avis sur les instructions à leur transmettre [6].

    Le grand exemple d’un Président choisissant de négocier un traité seul, à un prix politique et personnel élevé, est celui du président Woodrow Wilson et du traité de Versailles. Wilson croyait que le Président n’avait pas à consulter le Sénat et à le traiter d’égal à égal. Le Sénat rejeta le traité, et les États-Unis n’adhérèrent jamais à la Société des Nations. Conscients de l’erreur de Wilson, ses successeurs firent participer des sénateurs et des représentants aux délégations américaines qui négociaient les traités. Au cours des négociations pour le traité de l’Atlantique Nord, les sénateurs Thomas Connally et Arthur Vandenburg étaient « en permanence » avec le secrétariat d’État, et le sénateur Walter George rédigea même une des clauses du traité. Pour les laborieuses négociations du traité qui a conduit à la Charte des Nations-Unies, quatre des huit membres de la délégation américaine venaient du Congrès – deux du Sénat et deux de la Chambre des représentants.

    L’idée que le Président est le négociateur exclusif des traités a été affaiblie, plus récemment, par la procédure de « voie express » (fast-track) utilisée pour l’adoption des accords de commerce avec d’autres nations. Selon cette procédure, le projet de loi pour l’application du traité, déposé par le Président, est introduit au Congrès de manière automatique ; le travail des commissions ne doit pas excéder un nombre défini de jours ; le Congrès doit achever les délibérations de séance dans une limite de temps précise ; et les amendements sont interdits, dans les commissions comme en séance. En échange de ces avantages de procédure, les présidents acceptent que des membres du Congrès soient associés de près aux négociations qui aboutissent au projet d’application du traité (implementing bill). En 1991, après que le président George H. W. Bush eût demandé au Congrès d’étendre la procédure accélérée à un pacte commercial avec le Mexique, le Haut représentant au commerce Carla Hills affirma à la commission des Finances du Sénat que la « voie express » permettait « un partenariat authentique entre les deux pouvoirs ». Parce que le Congrès conservait le pouvoir de rejeter le projet de loi, Hills insista sur le fait que le Congrès avait « tout au long du processus un rôle complet dans la formulation des objectifs de la négociation en étroite consultation et alors même que ces négociations progressaient [7] ».

    En travaillant en confiance avec le Sénat au cours de la négociation de traités, un Président peut obtenir des informations importantes pour guider son action et s’assurer ainsi du soutien de cette assemblée. De telles actions ne sont pas imposées par la Constitution, elles sont simplement avisées. Rien dans la Constitution n’interdit au Président et à ses assistants de suivre des procédures intelligentes et constructives. Le pouvoir de négociation des traités se dessine en fonction d’une dialectique riche et évolutive entre le texte constitutionnel, les forces historiques, et les accommodements entre les pouvoirs exécutif et législatif. L’objectif ultime de la négociation d’un traité est de s’insérer dans des engagements durables avec l’étranger. Pour honorer ces promesses, en particulier celles qui engagent les ressources économiques et militaires de la nation, le Président a besoin de développer un consensus et une compréhension mutuelle avec les deux chambres du Congrès.
    L’Accès aux documents du pouvoir exécutif
    Rien, dans la Constitution, ne donne explicitement au Congrès le pouvoir de mener des enquêtes sur le pouvoir exécutif, et rien ne donne au Président le privilège de soustraire des documents à la connaissance du Congrès. La manière dont ces deux pouvoirs implicites s’accommodent lorsqu’ils sont en situation de conflit est un exemple classique de la pratique institutionnelle. Les spécialistes des institutions américaines croient souvent que les conflits sur la Constitution sont, en dernier recours, renvoyés au système judiciaire fédéral et à la Cour suprême des États-Unis pour une résolution définitive, mais en réalité une grande majorité des différends sur des enquêtes du Congrès et les velléités présidentielles défendant un privilège du pouvoir exécutif trouvent une issue politique.

    Lorsque les différends portent sur l’accès aux documents d’agences fédérales, chacun des deux pouvoirs, législatif et exécutif, donne généralement des arguments plausibles pour justifier, respectivement, que le Congrès a besoin des informations requises et que le pouvoir exécutif a le droit de les lui refuser. L’affaire se dénoue lorsque le Congrès prend la décision politique de mettre en œuvre les outils coercitifs qui sont à sa disposition et lorsque le pouvoir exécutif pèse les risque politiques devenus lourds ou intolérables qu’une confrontation prolongée fait courir au Président. Les décisions judiciaires dans ce domaine sont intéressantes, mais elles donnent rarement des dispositions pratiques. Le pouvoir exécutif commence généralement par résister en donnant plusieurs raisons qui justifient le secret des documents, comme la protection du « processus de délibération » ou des « litiges en cours ». Ces arguments ne ferment pas le dialogue ; au contraire, ils l’ouvrent. Le Congrès peut, s’il le souhaite, imposer sa volonté. Antonin Scalia [8], lorsqu’il faisait partie du département de la Justice, en 1975, résuma parfaitement la question. Lorsque les intérêts du Congrès et du Président se heurtent sur l’accès à des informations, la réponse réside généralement dans « les rodomontades et le donnant-donnant habituels du processus politique entre les pouvoirs législatif et exécutif. […] Lorsqu’on en arrive à une impasse, le Congrès dispose des moyens d’imposer sa volonté [9]. »

    Le processus de nomination offre quelques exemples instructifs. Tant que le Président n’a pas soumis le nom d’un nominé au Sénat, le Congrès ne peut avoir accès au dossier qui relate ses expériences et responsabilités passées. Mais une fois que le nom est transmis, les législateurs peuvent demander l’accès à certains documents. Le Président peut certes refuser, mais cela se fait souvent au prix du rejet de son candidat. La désignation de Richard G. Kleindienst pour le poste de Procureur général par le président Richard Nixon en 1972 avait entraîné de longues auditions par la commission des Lois du Sénat. En réponse aux allégations de corruption liées à l’entreprise International Telephone and Telegraph Corp. (ITT), la commission demanda à Kleindienst de témoigner sur son rôle, mais elle exigea également qu’un conseiller de la Maison-Blanche, Peter M. Flanigan, soit entendu. La Maison-Blanche estima que la doctrine du privilège du pouvoir exécutif, celle de la séparation des pouvoirs, et « des précédents historiques établis de longue date » affranchissaient Flanigan et tout autre membre de la présidence de témoigner devant des commissions du Congrès. Doctrines et précédents ou non, il était clair que le Sénat ne validerait pas la candidature de Kleindienst sans audition de Flanigan, et son audition eut bel et bien lieu [10].

    Un exemple plus récent de cette pression du Congrès date de 1986, lorsque le président Ronald Reagan désigna William Rehnquist comme président (Chief Justice) de la Cour suprême. La commission des Lois du Sénat voulait avoir accès à des mémos que Rehnquist avait écrits lorsqu’il travaillait pour le département de la Justice entre 1969 et 1971. La raison avancée pour justifier le privilège du pouvoir exécutif fut une raison courante : la protection de la confidentialité et de l’impartialité du conseil légal soumis aux présidents et à leurs assistants. Argument valable mais qui, selon les circonstances politiques, peut se révéler inefficace. Les démocrates de la commission s’attachant à compter les votes pour engager une assignation (subpoena) des documents, le conflit menaçait d’empêcher non seulement le choix de Rehnquist, mais également celui de Scalia comme juge. Le Sénat prévut de se prononcer sur les deux nominations le même jour. Des négociations en vue d’un compromis s’ouvrirent très vite. Dans un éditorial paru dans le Los Angeles Times, le sénateur Ted Kennedy fit un résumé succinct de la situation : « Rehnquist : pas de documents, pas de confirmation du Sénat. » Pour faire progresser le processus de confirmation des nominés, Reagan accepta de donner à la commission un accès partiel aux mémos de Rehnquist. À ce moment-là, une majorité bipartisane des membres de la commission s’était trouvée pour assigner les documents par la procédure du subpoena. Selon le compromis, six sénateurs et six attachés du Sénat (staff members) furent autorisés à lire les mémos, et plus tard la commission demanda et obtint d’autres documents préparés par Rehnquist lorsqu’il travaillait au département de la Justice. C’est ensuite que le Sénat confirma Rehnquist et Scalia [11].

    Si le pouvoir exécutif menace de retenir des documents après des demandes répétées de la part du Congrès, les législateurs et leurs commissions peuvent habituellement forcer les choses en recourant à l’assignation ou subpoena. Les cours fédérales font grand cas de ces assignations législatives. Les deux Chambres du Congrès autorisent leurs sous-commissions à émettre des assignations pour exiger la mise à disposition de documents et l’audition de témoins pour des problèmes qui relèvent de la juridiction de la commission. Si un témoin refuse de témoigner ou de soumettre des documents en réponse à l’assignation d’une commission, et si celle-ci vote la transmission d’une citation d’« outrage » (contempt resolution) à l’assemblée en séance, la Chambre des représentants ou le Sénat peuvent voter en faveur de cette citation d’outrage, ce qui n’est pas sans conséquence. Bien que la Constitution n’attribue expressément aucun pouvoir législatif face au délit d’outrage et que celui-ci n’est qu’un pouvoir implicite, la Cour suprême reconnut dès 1821 que sans ce pouvoir, le législateur serait « exposé à toutes les indignités et interruptions que l’impolitesse, le caprice ou la conspiration pourraient mener contre lui [12] ». Si l’une des deux Chambres vote une citation d’outrage, le président du Sénat ou celui de la Chambre des représentants (Speaker) doit certifier les faits auprès du procureur des États-Unis compétent, « qui aura comme tâche de présenter le problème au grand jury, pour que celui-ci tranche ». Les personnes qui refusent de témoigner ou de mettre des documents à disposition sont passibles d’une procédure pénale pour offense pouvant conduire à des amendes n’excédant pas 100 000 dollars et des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à un an.

    Entre 1975 et 1981, la procédure d’outrage a été appliquée à six ministres qui refusaient de remettre des documents au Congrès : le secrétaire au Commerce Roger Morton, le secrétaire à la Santé, à l’Éducation et aux Affaires sociales (Health, Education and Welfare – HEW) David Mathews, le secrétaire d’État Henry Kissinger, le secrétaire au HEW Joseph Califano, le secrétaire à l’Énergie Charles Duncan, et le secrétaire à l’Énergie James Edwards. Devant la multiplication de ces citations pour outrage, le pouvoir exécutif céda à la pression et livra les documents. L’on dit souvent que si un même parti contrôle à la fois la Maison-Blanche et les deux chambres du Congrès, le pouvoir de contrôle du Congrès sera limité. Pourtant, deux de ces citations pour outrage (Califano et Duncan) ont eu lieu sous l’administration Carter, lorsque les démocrates contrôlaient les deux pouvoirs, législatif et exécutif [13].
    Le droit de veto des commissions
    Le Congrès a pris l’habitude, historiquement, de soumettre certains types de décisions du pouvoir exécutif au contrôle des commissions. En particulier au début de la Seconde Guerre mondiale, le pouvoir exécutif accepta ce contrôle des commissions qui permettait au Congrès de déléguer à des agences fédérales une large autorité sur les dépenses, tout en utilisant les commissions pour diriger l’utilisation de cette autorité discrétionnaire. Les arrangements entre les commissions et ces agences se firent sous différentes procédures : simple notification à la commission, obtention d’une approbation par la commission, et développement d’une entente mutuelle en vue de « l’ébauche d’un accord ». Dans le cas INS [Immigration and Nationality Act – nde] contre Chadha (1983), la Cour suprême supprima toute forme de droit de veto législatif : qu’il vienne des deux chambres, d’une seule chambre, d’une commission, d’une sous-commission ou même du président d’une commission. Pourtant, en raison d’arrangements politiques importants pour les pouvoirs exécutif et législatif, les droits de veto des commissions et sous-commissions ont persisté. Même une décision de la Cour suprême ne peut rendre nul un arrangement qui est soutenu à la fois par le Congrès et par les agences du pouvoir exécutif.

    Le droit de veto des commissions oblige les agences du pouvoir exécutif à soumettre toute proposition d’action aux commissions concernées préalablement à sa mise en œuvre. Cette procédure se distingue à l’évidence de la procédure habituelle, qui consiste, pour le Congrès, à établir un projet de loi avant de le présenter au Président. L’article I, section 7, de la Constitution prévoit que « tout ordre, toute résolution ou tout vote pour lesquels l’accord du Sénat et de la Chambre des représentants peut se révéler nécessaire (sauf sur une question d’ajournement) » sera présenté au Président pour signature ou veto. Le droit de veto législatif, faute de pouvoir se référer au droit public, a revêtu différentes formes : résolutions simultanées des deux chambres, résolution simple de la Chambre des représentants ou du Sénat, et contrôles en commission ou en sous-commission.

    Depuis le xixe siècle, le pouvoir exécutif reconnaît que certains types de vetos législatifs peuvent s’imposer au Président [14]. Un seul type de droit de veto de commission est apparu au cours de la Seconde Guerre mondiale, portant sur les constructions militaires et l’acquisition de terres par les services militaires. Les responsables du gouvernement ont soulevé plusieurs questions constitutionnelles au sujet de cette intrusion du Congrès dans les décisions du pouvoir exécutif, mais un terrain d’entente fut trouvé entre les différents pouvoirs. Du fait de l’étendue des constructions militaires en temps de guerre, on considéra que la procédure habituelle, selon laquelle le Congrès devait autoriser séparément chacune des installations de défense et chacun des projets de travaux publics, était impraticable. Il était nécessaire d’investir les responsables gouvernementaux d’un pouvoir discrétionnaire, mais le Congrès tenait également à exercer un contrôle réel.

    À partir d’un système informel mis en place en 1942, toute proposition d’acquisition de terres ou de crédit-bail furent soumises à l’avance aux différentes commissions compétentes. La législation provisoire obligeait le secrétaire à la Marine à faire un rapport aux commissions chargées des affaires navales à la Chambre et au Sénat sur tous les projets d’acquisition de terres, que ce soit par crédit-bail ou autre [15]. S’agissait-il là d’un simple rapport fait à l’avance aux commissions et la Marine pouvait-elle ensuite réaliser les projets, avec ou sans l’accord des commissions ? Le secrétaire à la Marine expliqua que les représentants du pouvoir exécutif devaient « parvenir à un accord » avec les commissions chargées des affaires navales. Ce système informel fut remplacé par des directives statutaires en 1944 [16]. Puisque le gouvernement acceptait de tenir compte des objections des commissions, le Congrès consentit, en contrepartie, à faire passer des lois d’autorisation globale accompagnées de compensations importantes plutôt que de faire passer un à un des projets individuels. Les deux parties estimèrent avoir trouvé là un bon compromis. Des clauses supplémentaires sur l’« obtention d’un accord » furent ajoutées en 1949 et 1951 [17]. La présidence signala son opposition à ces droits de veto des commissions, mais ils sont demeurés en vigueur [18].

    La principale critique des droits de veto du pouvoir législatif vint du président Carter, qui fit connaître son opposition très large à tout type de veto législatif, à l’exception de celui déterminant la procédure suivie par le Congrès dans le cas de propositions de réorganisation soumises par le Président [19]. Sa décision de s’opposer au Congrès sur cette question des droits de veto du pouvoir législatif intervenait à une période où cette forme de contrôle par le Congrès faisait l’objet de procédures devant la Cour suprême. Celle-ci rendit finalement son verdict dans l’arrêt Chadha en défendant l’idée que tous les vetos législatifs étaient autant de violations de la clause de Présentation. [20] Ceux qui autorisaient le contrôle du Congrès par une seule Chambre portaient atteinte, en outre, au bicaméralisme. Dès lors que le Congrès avait « pour objectif et pour effet d’altérer le droits et devoirs légaux, et les relations de personnes » en dehors du pouvoir législatif, le Congrès devait légiférer en passant par les deux Chambres et présenter un projet de loi au Président [21]. Le simple fait qu’une loi ou une procédure soit « efficace, pratique, et utile pour faciliter le travail du gouvernement, et ce fait seul ne suffirait pas à la sauver si elle était contraire à la Constitution. Le caractère pratique et l’efficacité ne sont pas les objectifs premiers – ou la marque évidente – d’un gouvernement démocratique ». Il n’était pas suffisant que le droit de veto législatif puisse être un « raccourci pratique » ou un « compromis plaisant [22] ». Beau raisonnement, sauf que les pouvoirs législatif et exécutif sont à la recherche de procédures efficaces, pratiques, et propres à faciliter le fonctionnement du gouvernement, et si des alternatives efficaces ne se trouvent pas, les procédures interdites par les autorités juridiques continueront d’être utilisées. Telle a été la grande leçon depuis 1983 (arrêt Chadha), avec 500 nouveaux vetos législatifs (tous de commissions ou sous-commissions) promulgués [23]. Chadha a ainsi transformé un ensemble de vetos législatifs (ceux des assemblées de type « résolution simultanée » ou « résolution simple ») habituellement exercés au grand jour en vetos de commission et sous-commission nettement plus discrets. Par une mauvaise lecture de l’histoire des vetos législatifs, et parce qu’elle n’a pas compris les besoins pratiques des agences du pouvoir exécutif et des commissions législatives, la Cour a forcé les pouvoirs élus à utiliser des procédures impraticables. Ni le Congrès ni le pouvoir exécutif n’ont souhaité ce modèle de gouvernement statique voulu par la Cour. Les responsables de l’Exécutif veulent toujours disposer d’une large marge de manœuvre dans l’exercice de l’autorité qui leur est déléguée, et les législateurs insistent toujours sur la nécessité de maintenir leur contrôle sans avoir à modifier les règles.

    La plupart des vetos législatifs opposés depuis Chadha obligent les agences fédérales à obtenir l’approbation des commissions des Finances (Appropriations committees). Les présidents promulguent régulièrement ces provisions, tout en déclarant que depuis Chadha elles sont invalides et donc entachées de nullité. Ces déclarations à la promulgation impliquent que, statutairement, les commissions concernées doivent seulement être notifiées d’un programme imminent d’une agence. Or ce n’est pas ainsi que cela fonctionne. Même si une disposition affirme qu’une agence fédérale doit informer une commission et attendre 15 jours avant d’en venir à la mise en œuvre effective de son programme, l’agence préférera contacter la commission à la fin de cette période afin de savoir si elle peut agir ou non. Il est bien trop coûteux d’être de mauvaise foi en ignorant la pratique institutionnelle et d’offenser inutilement la commission.

    Un domaine dans lequel les procédures de veto se multiplient au sein des commissions et sous-commissions sont les actes de « re-programmation », qui consistent à réaffecter des fonds au sein d’un même titre budgétaire. Puisque l’argent demeure dans le compte, il n’y a aucune violation légale ou statutaire. Bien que le Congrès vote des montants élevés et globaux, les commissions des Finances considèrent que l’argent sera dépensé conformément aux ordonnancements établis initialement, lors de la répartition du budget entre les différents départements, et comme amendés par les commissions et les décisions du Congrès. L’on attend des responsables des agences fédérales qu’ils respectent l’intégrité des estimations budgétaires. Les commissions du Congrès réalisent pourtant qu’il est souvent nécessaire et souhaitable pour les agences de corriger leurs prévision initiales, préparées plusieurs mois, et même souvent plusieurs années avant les dépenses effective des fonds, mais ils ne veulent pas que les agences soient seules responsables de ces réallocations budgétaires. Selon le type et l’étendue des réallocations, celles-ci doivent être gérées conjointement par l’agence et les commissions compétentes.

    Le département de la Défense établit régulièrement des instructions détaillées sur les réallocations, ainsi que les procédures et seuils à notifier aux commissions pour obtenir leur accord. D’autres agences établissent des documents moins élaborés, mais tous reconnaissent que le déplacement des lignes budgétaires ne peut relever du seul pouvoir exécutif. Ignorer cette bonne entente reviendrait à prendre le risque de perdre le principe du financement par sommes globales, et tous les avantages de flexibilité que ce système confère au milieu d’un exercice fiscal. Cela inviterait, voire obligerait, le Congrès à recourir à un langage spécifique attribuant des sommes chiffrées pour chaque activité d’un programme, ce qu’aucune des deux parties ne souhaite.

    Le contrôle des commissions sur l’action des agences fédérales est une pratique ancienne. Ce fut un instrument utile pour concilier les intérêts des pouvoirs exécutif et législatif, puisqu’il permet de laisser une part d’autorité à la discrétion des agences, tout en rendant possible une surveillance et un contrôle réel du pouvoir législatif. Chadha n’a pas éliminé – et ne pouvait pas éliminer – les types d’accords entre commissions et agences qui font partie des arrangements politiques. Ces procédures de droit de veto des commissions n’ont pas fait l’objet de procédures contentieuses ou de saisine de la Cour suprême qui pourrait déboucher sur une invalidation, et rien n’indique que quiconque gagnerait à porter les vetos des commissions devant la Cour.

    Les différents écrits sur le Président et le Congrès ont tendance à insister sur les moments de tension spectaculaire, notamment ceux initiés par une décision majeure de la Cour suprême. On remarque moins, en revanche, les arrangements informels mais très pragmatiques qui rendent possible un mode de gouvernement stable et efficace. Il y a un moment où la théorie et la pratique se rejoignent, et il est nécessaire d’examiner et de comprendre les accommodements élaborés au fil du temps pour résoudre les conflits politiques.

    Les rédacteurs de la Constitution ont reconnu que les différents pouvoirs ne pouvaient pas être séparés de manière stricte et qu’un recoupement et un partage naturels des fonctions permettraient au gouvernement d’opérer plus efficacement. Le juge Robert Jackson nota cette subtilité avec beaucoup de sophistication dans son compte-rendu lors du cas Steel Seizure de 1952 : « Le véritable art de gouverner, sous notre Constitution, n’est pas et ne peut pas être conforme aux définitions juridiques des différents types de pouvoirs, fondées sur des clauses isolées, ou même sur des articles individuels sortis de leur contexte. Même si la Constitution partage les pouvoirs le mieux possible afin de garantir la liberté, elle admet également que, dans la pratique, les pouvoirs partagés seront intégrés pour obtenir un mode de gouvernement viable. Elle impose à ces pouvoirs d’être séparés mais interdépendants, autonomes mais réciproques. » Le grand constitutionaliste Alexander Bickel exprima le besoin de praticabilité dans son article publié dans la Harvard Law Review en 1961 : « Aucune bonne société ne peut se passer de principes, et aucune société viable ne peut être gouvernée par des principes. »

    1. Haiku dit :

      @Mona
      Merci du partage. 👌
      Effectivement, l’article est très révélateur !

    2. Igreck dit :

      Fiou…🤯

  17. On est le 6 janvier après tout. Ou ça passe ou ça casse.
    « If you don’t fight like hell, you won’t have a House anymore. »
    Ce sera peut-être le Vendredi du marteau.

    1. gigido66 dit :

      6 janvier 2021 vs 6 janvier 2023, une date qui a le potentiel de devenir fatidiquement mémorable?

  18. Gilles Morissette dit :

    McCarthy a fait tellement de concessions aux Enragés que cela commence à indisposer les Républicains modérés.

    Les « Talibans » ont présentement le « gros bout du bâton » et ils ne se priveront pas pour soutirer tout ce qu’ils peuvent d’un individu considérablement affaibli .

    Ils sentent l’odeur du sang et ils ne lâcheront pas leur proie.

    Ces salopards se contrefichent du mieux-être de la population. Ils veulent le pouvoir, peu importe les conséquences.

    Aujourd’hui marque le 2e anniversaire de la tentative de Coup d’État de la part de la horde de fanatiques qui ont répondu à l’appel de LA CHOSE.

    C’est peut-être également aujourd’hui que McCarthy joue son avenir politique. Après 11 revers consécutifs (Une fiche aussi pire que le CH !!!), il est conscient, je l’espère pour lui, qu’il n’a plus aucune marge de manoeuvre.

    Même s’il parvient à se faire élire, il n’aura AUCUNE crédibilité face à son caucus car il sera à la merci des « Talibans » qui en demanderont toujours davantage.

    Il devra naviguer au travers d’une bande de requins qui n’attendront qu’une occasion pour le déchiqueter.

    On est peut-être en train d’assister à la fin du Parti Républicain tel qu’on l’a déjà connu.

  19. chatderuelle dit :

    un républicain, McCarthy qui prend appui sur une vision monarchique pour prétendre à son poste….!! C’est mon tour…
    Seulement aux USA!!!

    des gens superficiels ça donne ce genre de raisonnement, d’agissement et de conclusion.

    2 groupes face à face, sans raison apparente, sinon un manque d’extrémisme de la part du candidat!!! Un manque d’extrémisme… rien que ça…
    un petit groupe qui propose un et l’autre, n’importe qui sauf la carpette qui attend son tour…ils imaginent quoi? Comme Boebert, croient-ils naïvement que le peuple « économise » ?? Encore là, elle a exposé sa profonde insignifiance et ignorance..
    Repousser un vote ne fait pas économiser…

    la seule finalité est que McCarthy quitte et abandonne le parti à la minorité grouillante et sous-alimentée côté neurones…

    ça pourrait devenir extrêmement gênant pour les USA et assurément dommageable avec ces hurluberlus contrôlant quelque chose d’autre que leur cellulaire….

    c’est grotesque de les voir s’agiter et étrangement, on entend très peu de républicains commenter ce mauvais numéro de burlesque… McConnell, Graham… les autres champions du déchirage de chemises??? pas là??…..
    Faudrait interviewer le big boss du parti républicain pour avoir ses impressions sur le travail de ses troupes ….

    Même pas foutu de mettre leurs souliers du bon pied et ça veut gérer le monde…

    ils peuvent certainement atteindre 18 votes….ou tous mourir en tombant d’une fenêtre…..

  20. Toile dit :

    En ce 6 janvier, je souhaite que les modérés, excédés, donne une belle leçon de savoir être à ces talibans soit de donner leur vote à Jeffries pour qu’il devienne speaker. Ca ne serait pas anodin en ce 6 janvier. Fin de la récréation pour les rebelles et les sans cervelle. Bon on peut rêver.

    1. Igreck dit :

      Y a-t-il suffisamment de conscience dans cet Hémicycle pour aboutir à quelque chose de sensé❓Pourquoi est-ce que j’en doute⁉️

  21. probert dit :

    Quand cette crise sera réglée, la prochaine sera la fermeture de l’état pendant un temps plus long que ce qui a déjà été vu dans le passé lors de l’atteinte du plafond des dépenses du budget.

    1. Igreck dit :

      On ferme la shop et on repart ça sous un autre nom❗️Les Zétats-Désunis d’AmèreHic peut-être❓

  22. Haïku dit :

    RE:
    «Je ne veux pas qu’une personne ou cinq personnes nous tiennent tous en otage…»
    —————————-
    « Toute âme est otage de ses actions. »
    (Anonyme)

  23. Louy dit :

    Et si McCarthy faisait un deal avec les démocrates en reniant toutes ses promesses et autres conneries proposées aux extrémistes républicains, donnant ainsi la priorité aux modérés ?
    Les seuls qui ne seraient pas heureux de cet arrangement seraient justement ceux qui causent les problèmes…

    1. Capucine dit :

      Pas sûr. Surtout que tout ce que tu as à vendre est « s’ta mon tour »… Tout un argument

  24. Jacques Pagé dit :

    Il y a un réel danger de radicalisation de la chambre des représentants, sous la coupe de ce petit groupe d’extrémistes. Ne faites surtout pas l’erreur de les sous-estimer. C’est ce qu’ils visent, particulièrement le comité régissant les règlements de la chambre. Les extrémistes sont en train de tenter la même opération dans les États contrôlés par les Républicains, en votant des lois restreignant le vote et en plaçant leurs gens un peu partout dans la structure de gestion du système de votation et des structures démocratiques en général. Ils ne peuvent gagner à la régulière puisque leurs politiques ne sont pas populaires, alors ils s’organisent pour gagner autrement. C’est un mouvement puissant, minoritaire mais puissant car porté par des Chrétiens évangéliques dont les partisans sont fortement mobilisés et actifs localement et nationalement. Inquiétant!

    1. gigido66 dit :

      Ils minent l’organisation de l’intérieur.
      2e tentative de prendre le contrôle du gouvernement et placer les leurs aux postes clés.
      La première était fort mal orchestrée, la deuxième est à peine plus hypocrite, mais tellemnt visible…
      Que feront les républicains pour combattre la gangraine dans leur propre membreship?

      1. marie4poches4 dit :

        Je tente une réponse, rien!

    2. Igreck dit :

      « Ils ne peuvent gagner à la régulière puisque leurs politiques ne sont pas populaires, alors ils s’organisent pour gagner autrement. C’est un mouvement puissant, minoritaire mais puissant car porté par des Chrétiens évangéliques dont les partisans sont fortement mobilisés et actifs localement et nationalement. Inquiétant! »

      Vous m’enlevez les maux de la bouche☹️

  25. Layla dit :

    Tweet de George Conway
    « I’m no political scientist, but it does strike me that a guy who negotiates by giving stuff up and and getting nothing in return probably wouldn’t make a good leader of a legislative body »

  26. NStrider dit :

    HS – Triste anniversaire
    Une petite distraction du « shit show » en cours.
    Ça fait deux ans que le 45 a essayé de renverser le gouvernement élu, je me permets de mettre le lien pour une version abrégée (par l’auteure elle-même) du rapport qu’elle a produit pour le comité du 6 janvier.
    Ruth Ben-Ghiat est pofesseure d’histoire et d’études italiennes à l’Université de New York, elle est une spécialiste du fascisme et des dirigeants autoritaires. Dans son rapport, elle trace un portrait de ce qui a mené à l’insurrection du 6 janvier et de ses conséquences pour le futur.
    À lire en cette journée particulière.

    https://open.substack.com/pub/lucid/p/my-report-for-the-jan-6-committee?r=g47h9&utm_campaign=post&utm_medium=email

  27. Pierre s. dit :

    ————————————–

    Si Trump était en prison comme il se doit ….
    Rien de out ca n’arriverait actuellement.
    Et p-e même que dans ces 20 tarés y en aurait quelques un en prison ou simplement pas élus.
    et les autres seraient tres tres tranquilles.

    1. Igreck dit :

      Si seulement leur Justice fonctionnait❗️

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