Le blogue de Richard Hétu

En se défendant d’être un fabulateur patenté, George Santos a qualifié ses mensonges multiples sur son CV d’« embellissements », ce qui est un autre mensonge en soi. Mais, comme tout le monde le sait, mentir dans le cadre d’une campagne électorale n’est pas un crime. Mais qu’en est-il des déclarations financières du représentant désigné de Long Island découlant de son succès soudain dans le monde des affaires ? Ces déclarations pourraient pourraient lui valoir une poursuite pénale. Car elles ne sont pas loin d’être invraisemblables (et criminelles), si l’on se fie à l’interview que le républicain de 34 ans a accordée au site d’information Semafor.

Avant d’aller plus loin, il faut rappeler deux ou trois trucs vérifiables. En 2020, Santos a déclaré des revenus de 55 000 $ en tant que vice-président de LinkBridge Investors, une société de développement commercial. Il a par la suite travaillé pour Harbor City Capital, société de Floride qui a été accusée en avril 2021 par la SEC (le shérif de Wall Street) d’avoir orchestré une pyramide de Ponzi de 17 millions de dollars.

Santos n’a pas été inculpé dans cette affaire. Il dit avoir quitté Harbor City Capital en mars 2021 pour fonder sa propre société, Devolder Organization. Lors de son entrevue à Semafor, il a expliqué que le type de transactions qu’il réalisait à la tête de Devolder consistait, par exemple, à aider un client fortuné à trouver un acheteur pour son avion ou son bateau.

« Je ne vais pas annoncer [la vente de l’avion ou du bateau au grand public] », a-t-il déclaré. « Ce que je vais faire, c’est chercher dans mon Rolodex et dire : “Hé, vous cherchez un avion ? Vous cherchez un bateau ? Je vais juste tâter le terrain. »

Santos a affirmé disposer d’un réseau d’investisseurs, d’institutions et de fonds d’investissement comprenant 15 000 personnes. Dans les six mois qui ont suivi la création de Devolder, il a déclaré avoir « décroché quelques contrats d’un million de dollars ».

« Si vous cherchez un yacht d’une valeur de 20 millions de dollars, ma commission d’intermédiaire peut se situer entre 200 000 et 400 000 dollars », a soutenu Santos, qui a déclaré des revenus entre 3,5 millions de dollars et 11,5 millions de dollars à la tête de Devolder dans une déclaration financière liée à sa campagne.

Mentir sciemment dans une telle déclaration est une infraction fédérale.

Or, la société Devolder a été dissoute en septembre 2022 après avoir omis de déposer un rapport annuel. Selon l’explication de Santos à Semafor, un comptable a soumis par erreur les documents requis en retard. Par erreur.

Croyez-vous à cette explication ? Semafor a voulu avoir des informations précises sur les clients et les transactions de Devolder. Santos ne les a pas fournies.

Selon l’ancien procureur fédéral Dan Goldman, élu le 8 novembre dernier à la Chambre des représentants sous la bannière démocrate dans une circonscription new-yorkaise, la société Devolder a peut-être été créée dans le seul but de canaliser des dons électoraux illégaux. Santos, comme je l’ai souligné dans d’autres billets, a fait un don personnel de 700 000 $ à sa propre campagne en octobre 2022.

« S’il veut éviter une enquête et s’il veut vraiment dire la vérité, comme il a prétendu essayer de le faire [lundi] et comme d’autres élus républicains lui ont demandé de le faire, alors il devrait être un livre ouvert et révéler tout ce qui concerne la société Devolder », a déclaré Goldman.

La réponse de Santos : « Je ne danse pas au rythme du représentant désigné Dan Goldman. Je n’obéis pas à ces types. Si l’on me demandait de produire des documents de cette société, je n’aurais aucun problème à le faire auprès de personnes ayant l’autorité nécessaire, et non auprès de membres autoritaires du Congrès qui pensent avoir autorité sur leurs pairs. »

(Photo AFP/Getty Images)