Le blogue de Richard Hétu

Le Nevada compte 17 comtés, qui ont chacun un superviseur électoral. Sur ce total, dix ont été forcés à démissionner ou ont choisi de partir de leur propre chef. Des travailleurs électoraux de niveau inférieur ont également démissionné face à des harcèlements constants. Dans le compté de Washoe, le deuxième le plus populeux de l’État, la responsable des inscriptions électorales a été accusée de trahison et d’addiction par un groupe de citoyens mené par un complotiste antisémite, ce qui l’a poussée à démissionner à son tour, histoire de protéger sa famille. Et dans le comté de Storey, le secrétaire général a été remplacé par le vice-président du Parti républicain du Nevada, dont le nom s’est retrouvé sur une des listes de faux grands électeurs préparées par l’entourage de Donald Trump dans le but de renverser l’élection présidentielle de 2020.

Ces éléments d’information se trouvent dans un article signé par le chroniqueur du Washington Post Dana Milbank sur le chaos électoral auquel il faut s’attendre le 8 novembre au Nevada, un des États clés des élections de mi-mandat. Démocrates et républicains y sont notamment engagés dans des luttes très serrées pour les postes de gouverneur et de sénateur. La majorité à la chambre haute du Congrès dépendra peut-être de l’issue de la course entre la sénatrice démocrate sortante Catherine Cortez Masto et l’ancien procureur général du Nevada, le républicain Adam Laxalt.

Mais le chaos annoncé ne découlera pas seulement de l’exode de responsables et travailleurs électoraux expérimentés et indépendants, selon Milbank. Il tiendra aussi à la décision d’au moins quatre comtés conservateurs de remplacer le dépouillement des votes par machines par un dépouillement manuel, au prétexte que le dépouillement par machines n’est pas fiable. Cette décision, qui fait suite à des allégations infondées sur le trucage des machines à voter, n’aura pas seulement pour effet de retarder l’annonce des résultats le 8 novembre. Elle introduira également des erreurs dans le décompte, car le dépouillement manuel des suffrages est en réalité la moins fiable des méthodes, selon les experts.

Le Nevada sera vraisemblablement un cas extrême de ce qui se prépare dans d’autres États. Le magazine New York rappelle notamment dans son numéro courant les efforts de Cleta Mitchell, avocate proche de Donald Trump, pour former des milliers de partisans trumpistes pour jouer le rôle d’« observateurs » du scrutin du 8 novembre dans leurs patelins respectifs. Ceux-ci auront pour mission de signaler toute fraude potentielle. En réalité, les négationnistes de l’élection présidentielle de 2020 semblent vouloir multiplier les zones de friction pour créer le chaos électoral le jour du vote et crier à la fraude électorale si nécessaire.

Un dernier mot sur le Nevada : en 2020, la secrétaire d’État d’Arizona, Barbara Cegavske, a combattu avec succès le président de son propre parti afin de protéger les résultats électoraux de son État, qui ont donné Joe Biden gagnant par un peu plus de 30 000 voix. Elle ne peut pas solliciter un troisième mandat. Jim Marchant, le républicain qui veut la remplacer, a formé un groupe de candidats négationnistes de l’élection présidentielle de 2020. Il a promis que, si lui et les autres membres de ce groupe sont élus, « nous allons réparer tout le pays, et le président Trump sera à nouveau président. »

(Photo AP)