Le blogue de Richard Hétu

L'Amérique dans tous ses états

Nathan Connolly et sa femme, Shani Mott, ont acheté en 2017 une maison à Baltimore pour 425 000 dollars. Depuis, ils ont investi 35 000 dollars en rénovations et 5 000 $ pour un chauffe-eau sans réservoir. Cinq ans plus tard, ils ont fait appel à une société d’évaluation immobilière pour établir la valeur de leur maison. L’évaluation qu’ils ont reçue – 472 000 dollars – semblait suspecte, compte tenu du fait que les prix des maisons à Baltimore ont augmenté de 42% depuis 2017. Le couple s’est par la suite vu refuser un refinancement de crédit auprès d’un prêteur hypothécaire.

Nathan Connolly savait très bien ce qui s’était passé. Professeur d’histoire à la John Hopkins University, il étudie le rôle de la race dans le marché immobilier. Il a donc fait ce que plusieurs autres propriétaires noirs font aux États-Unis. Il a enlevé toutes les photos des membres de sa famille – il a trois enfants – dans sa maison et demandé à un ami blanc de la faire évaluer par une autre société d’évaluation immobilière en laissant croire qu’il en était propriétaire.

La société a fixé la valeur de la maison à 750 000 dollars.

Le professeur Connolly, 44 ans, a intenté cette semaine une poursuite contre la première société d’évaluation à laquelle il a fait appel de même qu’au prêteur hypothécaire qui lui a refusé un refinancement de crédit.

« Nous étions clairement conscients de la discrimination en matière d’évaluation », a-t-il déclaré au New York Times, qui raconte cette histoire à la fois banale et scandaleuse. « Mais se faire dire en autant de mots que notre présence et la vie que nous avons construite dans notre maison font baisser la valeur de la propriété ? C’est un coup de massue absolu. »

(Photo The New York Times)

40 réflexions sur “Le racisme systémique, version immobilière

  1. Haïku dit :

    « Le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit. »
    (G. Bedos/Haïku).

  2. Black Houses Matter.

    1. Haïku dit :

      Dans le mille ! 🎯

  3. Tout à fait scandaleux !

    Doit-on se surprendre de cela au pays où plusieurs commissions scolaires bannissent des livres qui éveillent les jeunes aux inégalités raciales ?

    Steve Bannon doit rire dans sa barbe…

    1. steve dit :

      « A panel of Fox News hosts expressed outrage on Thursday after one Texas school district temporarily removed the Bible for review during a push by conservatives to ban certain school books. »

      Il semblerait que la bible soit trop violente et qu’elle parle d’homosexualité. Juste retour des choses.

      1. ProMap dit :

        En effet, la Bible est rempli d’histoires de sexe (y compris de viols), de vols, de jalousie, d’inceste, de tuerie de masse, de tranchages de tête, etc. comme dans n’importe quel video online ou pas. La nuance est la suivante :

        La Bible est composée de deux parties : l’Ancien Testament (le Dieu vengeur et tueur de brebis égarées noires) et le nouveau Testament (Jésus Christ, le berger des brebis égarées, même et surtout les noires).

        Le Dieu du premier a provoqué un changement climatique de haut calibre, sa conséquence le déluge, pour assainir l’homme en éliminant l’ensemble des brebis égarées, c,est-à-dire noires. Le Messie, du même Dieu, tendait la joue aux brebis les plus égarées, rôle joué par les Romain en l’occurrence. Lui même , enfin sa mère ayant immigrée dans des contrées lointaines pour lui donner la vie, n’était pas un gars de la place..

        Bizarre quand même que les dits Chrétiens fiers descendants du Deuxième Testament, l’appellation est pourtant claire, citent, parlent et agissent selon le Premier.

  4. Maverick dit :

    Une des règles d’or de l’immobilier est « dé-personnaliser » la maison le plus possible avant une visite afin que l’acheteur potentiel puisse plus facilement s’imaginer comme propriétaire éventuel. Mais c’est effectivement une manière de se protéger d’un acheteur discriminatoire.

    J’ai un couple d’amis homosexuel qui se sont carrément fait dire par l’agent inscripteur d’enlever leurs photos avant une visite pour cette raison.

  5. Test

    Le site fait encore des siennes, Mon commentaire ne s’affiche pas. Quand je reviens à la page principale, je qu’il y a deux commentaires. Quand je clique pour accéder au billet le compteur affiche un commentaire, c’est celui d’Haïku.

    1. Dans mon cas, il en a toujours été ainsi.

  6. Madalton dit :

    Rendu là, ils vont se faire dire qu’ils font baisser la valeur des maisons du voisinage.🙄

    1. Bob Inette dit :

      Un voisin médecin vient souhaiter la bienvenue au nouveau voisin maghrébin.
      Après avoir échangé les politesses, le nouveau voisin dit au médecin:
      « Vous savez, ma maison vaut deux fois plus que la votre! »
      Le médecin: « Je ne comprends pas, nous avons pratiquement la même maison?!?!? »
      « C’est parce que moi, j’ai un médecin comme voisin tandis que vous, vous avez un arabe! »

      1. Constella1 dit :

        Bob Inette
        Haha👌👌

  7. marlo63 dit :

    Ce pays s’enfonce chaque jour un peu plus profondément dans la disgrâce et le déshonneur.

  8. Leblanc dit :

    Le grand péché originel des États Unis d’Amérique….loin de l’expiation

  9. monsieur8 dit :

    Pis on se fait casser les oreilles par ceux qui disent que le problème, c’est les woke.

    On n’est pas rendu ! 🙁

  10. Aucune surprise là-dedans.

    Le racisme systémique existe bel et bien.

    Il prend une forme pernicieuse, sournoise, hypocrite.

    Il cause encore plus de dommages que les formes de racisme que l’on connaît.

    Pas étonnant que dans certains États « Rouges » (ex. la Floride), on interdit les livres où on aborde la question du racisme.

    La censure, l’ignorance ont toujours été utilisés par les régimes autocratiques pour contrôler les gens.

    Plus ils sont ignorants, plus ils seront dociles, plus ils seront faciles à manipuler.

    1. Les choses vont peut-être changer en Floride.

      BREAKING: Today, a fed judge suspended enforcement of FL’s #HB7, the Stop WOKE Act, as it clearly violates the Constitution by infringing on the free speech of biz owners in FL like plaintiffs in our case against HB7. 1/5

      2:07 PM · 18 août 2022·Twitter

      https://twitter.com/protctdemocracy/status/1560327650090033154?s=20&t=ypdjO1o9SrIb3uYMonQLUA

  11. Apocalypse dit :

    « Le professeur Connolly, 44 ans, a intenté cette semaine une poursuite contre la première société d’évaluation… »

    Tous les mots d’église viennent d’y passer … encore une fois. 😠

    Cette société d’évaluation, on devrait considérer ce qu’ils ont fait comme un crime, un vol et ce n’est pas une petite amende qu’ils devraient recevoir, mais des peines de prison; ça ferait réfléchir bien plus qu’un montant d’argent qui ne va rien changer à ces comportements SCANDALEUX.

  12. Carl Poulin dit :

    Excusez-moi mais je suis encore H.S.
    Je viens tout juste de visionner les deux épisodes des Grands Reportages de RDI sur Ghislaine Maxwell.
    À Jeffrey Epstein : j’espère que t’as diaboliquement souffert avant qu’ils t’achèvent dans ta cellule.
    À Ghislaine Maxwell : j’espère que tu vas souffrir énormément dans ta cellule lors de tes prochaines années d’incarcération.
    Maudits prédateurs sexuels de grandes envergures qui vendaient leurs « escortes-esclaves » aux seigneurs de la planète.

  13. _cameleon_ dit :

    Non mais ! Certains mériteraient amplement un ‘Black eye’ dans cette histoire

    https://en.wikipedia.org/wiki/Black_eye

    Scuzez la me la …

    1. Haïku dit :

      @cameleon
      Fort bien dit ! 👌

  14. chatderuelle dit :

    nous sommes en 2022…. ce genre de trucs existe encore… rien n’évolue …
    une vraie tristesse…

    systémique qu’on dit….

  15. Kelvinator dit :

    Est-ce l’institution qui est raciste ou l’action individuelle de ses membres?
    Dans ce cas, est-ce les compagnies immobilières qui ont des lois et règlements racistes, ou ce sont les individus racistes qui travaille dans ces organismes qui applique des principes racistes, à l’encontre des règlements de l’institution?

    1. Pas besoin de lois ou de règlements, mais des directives implicites laissant entendre, comme Trump, que des minorités dans les banlieues ça fait baisser la valeur des maisons.

      1. Kelvinator dit :

        Je me référais à la définition de racisme systémique, ou racisme institutionnelle, en lien avec son utilisation dans cet article. Ça ne correspond pas à la définition.

        C’est comme troll, son utilisation est devenue tellement large qu’elle est complètement différente de sa définition.

  16. Haïku dit :

    RE:
    « Le racisme systémique, version immobilière. »
    (billet).
    —————————————-

    -« Le racisme est une manière de déléguer à l’autre le dégoût qu’on a de soi-même. »
    (R. Sabatier).

    -« Dieu a tout créé. Dieu a créé le racisme. Mais Dieu a aussi créé l’antiracisme.
    Avec tout le respect que je lui dois, Dieu est un sacré fouteur de merde. »
    (P. Geluck).

    -« Mots d’église… Fu€*פ£&☆¿¥⊙₩ . »
    (Haïku).

    1. Bob Inette dit :

      « Moins le blanc est intelligent, plus le noir lui parait bête. »
      (André Gide)

  17. Layla dit :

    Ma conclusion en lisant l’article à deux reprises me dit que ce n’est malheureusement pas gagné pour eux.

    Le problème est réel (pas de doute) et connu du département de la justice.
    On peut lire.

    « The Justice Department’s move in the Austin case came several months after Mr. Biden announced the creation of the Interagency Task Force on Property Appraisal and Valuation Equity, which aims to evaluate the causes of appraisal bias and execute an action plan to root it from the industry. The task force is led by Susan E. Rice, the White House domestic policy adviser, and Marcia L. Fudge, the secretary of Housing and Urban Development.

  18. chatderuelle dit :

    HS …. eh ben….
    Un enfant est décédé cette semaine au Nebraska des suites d’une infection liée à une amibe mangeuse de cerveau (Naegleria fowleri).

    Selon les autorités, l’enfant, dont le nom et l’âge ne sont pas connus, aurait été infecté après avoir nagé dans la rivière Elkhorn près d’Omaha

    Il s’agirait du premier décès du genre au Nebraska, selon USA Today.
    Le Journal de Montréal…

    plusieurs républicains soupirent d’aise…. ils ne courent aucun risque….

  19. _renaud dit :

    Première fois que j’entends parler de racisme en immobilier.

    C’est plutôt déstabilisant. Déstabilisant parce que ce n’est pas un acte isolé.

    Ce n’est pas un méchant individu ou une méchante compagnie raciste. En fait oui ils sont racistes mais ce n’est pas ça le problème.

    Le problème c’est qu’il ne font qu’ajuster leur prix en fonction du marché. Marché qui est dicté par qui? Monsieur, Madame tout le monde. Il est là le vrai problème. Tout ces bons gens tellement ouverts et tolérants …mais seulement jusqu’à un certain point.

    Habiter sur la même rue. Ok ça passe. Les avoirs comme voisin direct, ok. Habiter dans une maison qui leur déjà appartenue …

  20. Haïku dit :

    HS,
    Blague pré-vendredi…
    ———————————
    Un matin en classe, l’institutrice demande aux élèves :

    -« Qu’est-ce que la poule donne ?

    Une petite fille répond :
    -« Elle donne des œufs…

    -« C’est bien Sophie; maintenant qu’est-ce que la chèvre donne ?

    Le petit Robert répond (😉 ) :
    -« Elle donne du lait de chèvre.

    -« C’est très bien, maintenant qu’est-ce que la vache donne ?

    Et le petit Donald45 au fond de la classe répond :
    -« Elle donne des leçons et des devoirs…

  21. P Gre dit :

    Systémique, pervers et généralisé. Écouter ou réécouter les deux parties de l’épisode 5 du projet 1619 vaut la peine. Mais pas si on veut garder le moral.
    https://www.nytimes.com/2019/10/04/podcasts/1619-slavery-sugar-farm-land.html
    De quoi souffre les USA? Cancer généralisé ou non?

  22. Jacques Pagé dit :

    Cette forme de racisme qui remonte loin dans le temps et qui est encore bien présente, est très bien expliquée par John Oliver dans son émission « Last Week Tonight ». À la fois drôle, décourageant et enrageant! https://www.youtube.com/watch?v=_-0J49_9lwc&t=62s

  23. EricP dit :

    Ce scénario a été fait de manière identique en Californie, dans les années 1995-2000 (J’y habitais à l’époque). Cette forme de racisme dure depuis trop longtemps…

  24. Jean Létourneau dit :

    HS – Pour compléter le billet précédent de Richard Hétu.

    Glenn Kirch Kirschner nous explique pourquoi l’affidavit ne sera pas rendu publique. Il met aussi en évidence l’hypocrisie de Lindsey Graham qui d’une part fait tout pour ne pas témoigner devant le grand jury de Géorgie et d’autre part demande la publication de l’affidavit pour pour une justice plus transparente :

  25. Haïku dit :

    HS,
    Voici la nouvelle lettre de Heather Cox Richardson:
    ———

    « En ce jour de 1920, l’assemblée législative du Tennessee a ratifié le dix-neuvième amendement de la Constitution des États-Unis par un vote étroit de 50 contre 49. Miroir du quinzième amendement protégeant le droit de vote des Noirs, le nouvel amendement se lit comme suit :

    « Le droit de vote des citoyens des États-Unis ne sera pas refusé ou restreint par les États-Unis ou par tout État pour des raisons de sexe.

    « Le Congrès aura le pouvoir de faire appliquer cet article par une législation appropriée. »

    Tout comme l’élan en faveur du quinzième amendement, la revendication des droits des femmes avait pris racine pendant la guerre de Sécession, alors que les femmes soutenaient les armées américaines avec leur argent, en achetant des obligations et en payant des impôts ; avec leurs proches, en envoyant des fils, des maris et des pères au front ; avec leur travail, en travaillant dans les usines et les champs, et en prenant la relève des hommes dans les professions d’infirmière et d’enseignante ; et même avec leur vie, en espionnant et en combattant pour l’Union. Au lendemain de la guerre, alors que la nation divisée était reconstruite, beaucoup d’entre elles s’attendaient à avoir leur mot à dire sur la manière dont elle serait reconstruite.

    Mais à leur grand désarroi, le quatorzième amendement lie explicitement le droit de vote aux « mâles », insérant ce mot dans la Constitution pour la première fois.

    L’abolitionniste de Boston Julia Ward Howe, l’auteur du Battle Hymn of the Republic, est indignée. Les lois de l’époque donnaient le contrôle de ses biens et de ses enfants à son mari violent, et bien que loin d’être une agitatrice, elle voulait avoir le droit d’ajuster ces lois pour qu’elles soient justes. À ce moment-là, il semblait que le droit que les fondateurs avaient énoncé dans la Déclaration d’indépendance – le droit de consentir au gouvernement sous lequel on vit – allait être refusé aux femmes mêmes qui avaient contribué à préserver le pays, alors que les hommes blancs confédérés et maintenant les hommes noirs jouissaient de ce droit.

    « La guerre civile s’est achevée, laissant l’esclave non seulement émancipé, mais doté de la pleine dignité de la citoyenneté. Les femmes du Nord avaient grandement contribué à ouvrir la porte qui l’admettait à la liberté et à sa sauvegarde, le bulletin de vote. Cette porte devait-elle leur être fermée au nez ? ». s’est demandé Howe.

    L’année suivante, Elizabeth Cady Stanton et Susan B. Anthony ont créé la National Woman Suffrage Association, et six mois plus tard, Lucy Stone et Julia Ward Howe ont fondé l’American Woman Suffrage Association.

    La National Woman Suffrage Association souhaitait une refonte plus large des rôles des sexes dans la société américaine, en s’inspirant de la Convention de Seneca Falls que Stanton avait organisée en 1848.

    La Déclaration de sentiments de cette convention, qui s’inspirait explicitement de la Déclaration d’indépendance, affirmait que « tous les hommes et toutes les femmes sont créés égaux » et que « l’histoire de l’humanité est une histoire de blessures et d’usurpations répétées de la part de l’homme envers la femme, ayant pour objet direct l’établissement d’une tyrannie absolue sur elle », énumérant les nombreuses façons dont les hommes avaient « frauduleusement privé [les femmes] de leurs droits les plus sacrés » et insistant pour que les femmes reçoivent « l’admission immédiate à tous les droits et privilèges qui leur appartiennent en tant que citoyennes de ces États-Unis ».

    Alors que la National Woman Suffrage Association excluait les hommes de ses membres, l’American Woman Suffrage Association mettait un point d’honneur à inclure également des hommes, ainsi que des suffragettes noires, pour indiquer qu’elle s’intéressait au droit de vote universel, et uniquement à ce droit, estimant que le reste des droits réclamés par leurs rivales passerait par le vote.

    Le mouvement pour le suffrage des femmes a connu un succès initial dans les territoires de l’Ouest, à la fois parce que les législateurs de ces territoires espéraient attirer des femmes dans leurs communautés à forte proportion d’hommes et parce que ces mêmes législateurs étaient furieux du bruit croissant que faisait le vote des Noirs. Le territoire du Wyoming a accordé le droit de vote aux femmes en 1869, et les législateurs du territoire de l’Utah ont fait de même en 1870, espérant que les femmes voteraient contre la polygamie. Lorsque les femmes ont effectivement soutenu la polygamie, les législateurs de l’Utah ont tenté sans succès de leur retirer le droit de vote, et le mouvement pour le suffrage des femmes dans l’Ouest s’est considérablement ralenti.

    Les suffragettes espéraient être incluses dans le quinzième amendement, mais lorsqu’elles n’ont pas été incluses, elles ont décidé de ne pas s’en préoccuper.

    Les suffragettes espéraient être incluses dans le quinzième amendement, mais comme elles ne l’ont pas été, elles ont décidé de tester leur droit de vote en vertu du quatorzième amendement lors des élections de 1872. Selon cet amendement, qui stipule que toute personne née aux États-Unis est un citoyen, elles étaient certainement des citoyens et devaient donc pouvoir voter. Dans l’État de New York, Susan B. Anthony a voté avec succès mais a ensuite été jugée et condamnée – dans une salle d’audience exclusivement masculine où elle n’avait pas le droit de témoigner – pour le crime d’avoir voté.

    Dans le Missouri, un officier d’état civil nommé Reese Happersett a refusé de permettre à la suffragette Virginia Minor de s’inscrire. Minor intente un procès à Happersett, et l’affaire va jusqu’à la Cour suprême. Les juges ont rendu une décision unanime en 1875, décidant que les femmes étaient effectivement des citoyennes, mais que la citoyenneté ne conférait pas nécessairement le droit de vote.

    Cette décision a mis le feu aux poudres pour les Noirs américains dans le Sud, car elle a ouvert la voie aux suprémacistes blancs pour les empêcher de voter en 1876. Mais c’était aussi un coup dur pour les suffragettes, qui ont reformulé leur revendication du droit de vote en s’éloignant de l’idée qu’elles avaient le droit humain de consentir à leur gouvernement, et en s’orientant vers l’idée qu’elles seraient de meilleurs électeurs, avec plus de principes, que les hommes noirs et les immigrants qui, selon la loi, avaient de toute façon le droit de vote.

    Au cours des deux décennies suivantes, le mouvement pour le suffrage des femmes a puisé sa force dans les nombreuses organisations féminines créées dans tout le pays par des femmes de toutes races et de toutes origines qui se sont unies pour mettre fin à la consommation excessive d’alcool, nettoyer les égouts dans les rues des villes, protéger les enfants, mettre fin au lynchage et promouvoir les droits civils.

    Des femmes noires telles que l’éducatrice Mary Church Terrell et la journaliste Josephine St. Pierre Ruffin, éditrice du Woman’s Era, ont apporté au mouvement une vision large issue de leur travail pour les droits civils, mais elles ne pouvaient pas ne pas voir que les femmes noires se situaient entre les mouvements pour les droits des Noirs et les droits des femmes, une position que l’universitaire Kimberlé Crenshaw qualifiera au XXe siècle d' »intersectionnalité ».

    En 1890, les deux principales associations de suffrage ont fusionné pour former la National American Woman Suffrage Association et ont œuvré pour modifier les lois sur le vote au niveau des États. Progressivement, les États et territoires de l’Ouest autorisent les femmes à voter dans certaines élections, jusqu’à ce qu’en 1920, le Colorado, l’Utah, le Wyoming, l’Idaho, Washington, la Californie, l’Oregon, l’Arizona, le Kansas, le territoire de l’Alaska, le Montana et le Nevada reconnaissent le droit de vote des femmes dans au moins certaines élections.

    Les suffragistes ont compris qu’une action au niveau fédéral serait plus efficace qu’une stratégie État par État. La veille de l’investiture du président démocrate Woodrow Wilson en 1913, elles ont organisé un défilé de suffrage à Washington, D.C., qui a attiré l’attention des médias. Elles ont poursuivi la désobéissance civile pour faire pression sur Wilson afin qu’il soutienne leur mouvement.

    Cependant, il fallut un autre effort de guerre, celui de la Première Guerre mondiale, dans laquelle les États-Unis entrèrent en 1917, pour allumer un feu chez les législateurs dont les votes seraient nécessaires pour faire passer un amendement au suffrage au Congrès et l’envoyer aux États pour ratification. Wilson, qui s’est finalement rallié à cette cause alors qu’il faisait face à une élection de mi-mandat difficile en 1918, a soutenu un amendement constitutionnel, demandant aux membres du Congrès : « Devons-nous les admettre uniquement dans un partenariat de souffrance, de sacrifice et de travail et non dans un partenariat de privilège et de droit ? »

    Le Congrès a adopté la mesure lors d’une session spéciale le 4 juin 1919, et la ratification du Tennessee en ce jour de 1920 en a fait la loi du pays. Vingt-six millions d’Américaines ont le droit de vote à l’élection présidentielle de 1920.

    Mais, comme les suffragistes noirs ne l’ont que trop bien compris lorsqu’ils se sont retrouvés coincés entre la lutte pour le vote des hommes noirs et le suffrage des femmes, les lois Jim Crow et Juan Crow ont empêché la plupart des femmes noires et des femmes de couleur de voter pendant encore 45 ans.

    Hier, le ministère de la Justice a déposé un mémoire d’ami de la cour dans l’affaire League of Women Voters v. Secretary of State of Florida, alléguant que « face à la montée en flèche de la participation aux élections de 2020, la législature de Floride a réagi en adoptant des dispositions qui imposent des charges disparates aux électeurs noirs » lorsqu’elle a imposé de nouvelles restrictions au vote.

    Cent ans plus tard, nous menons toujours les mêmes combats. »
    —-
    Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)
    —————‐——————————–
    « Ouch !!!  »
    (Haïku)

    1. Toile dit :

      En effet, ouch! Merci pour ce condensé historique parlant.

      Soyons clair. Le racisme systémique existe. Par définition, quelque chose de systémique définit d’office que c’est un système dûment conçu pour favoriser dans ce cas ci le racisme, le faire prévaloir. L’approche systémique vous couvre de la naissance à la mort dans tous les aspects de votre vie: instruction, santé, habitation, vote, sécurité physique, condamnation, châtiment ( incarcération et peine de mort) droits successoraux etc…. tout est fait pour vous entraver, pour créer des cloisons étanches entre ce qui est perçu comme supérieur des autres perçus comme inférieurs. Que cela couvre l’immobilier ne fait que du sens quand on est dans un tel modèle, après tout c’est un besoin de base, un droit de base universel que d’avoir un toit sécuritaire sur la tête pis c’est clair, un noir c’est inférieur.

      Il y a du racisme chez nos voisins ? Hein, voyons donc ca se peut pas! Seule exception notable: la présence des noirs dans les forces armées, sur les fronts. Alors là, la chair à canon, c’est pertinent.

      Ce qui est le sujet du billet ( racisme systémique – version immobilière ), c’est pas un fait divers ou accidentel… un arbre dans une forêt americaine.

      1. Jean Létourneau dit :

        Racisme ou racisme systémique ?

        En 2020, feu l’anthropologue Serge Bouchard disait : «La société québécoise, … n’est pas une société raciste. C’est une société d’accueil, une société ouverte, une société de curiosité…. / Une notion de racisme systémique est une notion qui nous est étrangère, … c’est une notion qui est anglophone. Systemic racism. … Ça ne s’applique pas à nous… Il y a du racisme dans la société québécoise, il y a des racistes et il va y avoir des événements racistes. Mais au Québec, c’est combattu. Tous les gens sont sur la pointe des pieds, on a une belle sensibilité là-dessus». Mais pour la société états-unienne, je crois qu’un système pernicieux est en place et c’est que la théorie critique de la race essaie de déconstruire.

        Un article de philo en traite ici, c’est un peu au dessus de mes connaissances dans ce domaine, je ne peux pas bien le résumer. Il y a des pour et des contre :
        https://www.philomag.com/articles/racisme-systemique-mais-de-quel-systeme-parle-t

        Je me demande si le couple de noirs était tombé sur un autre évaluateur de la même firme, aurait-il eu le même résultat ? Le racisme flagrant est-il imputable à ce seul évaluateur ou à l’entreprise ?

    2. xnicden dit :

      Très intéressant, merci!

  26. sousmarin dit :

    Non seulement scandaleux d’un point de vue moral mais de plus économiquement stupide.
    Je pressens des D&I punitifs qui vont couler la boîte, bon débarras.

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