Le blogue de Richard Hétu

Le site d’information Politico a obtenu des enregistrements de responsables républicains révélant leur stratégie pour contester les élections de mi-mandat au Michigan et dans plusieurs autres États américains. Stratégie qui pourrait plonger la journée du scrutin dans le chaos et semer le doute sur l’intégrité du système électoral, et ce, même dans les arrondissements et circonscriptions où aucune infraction vérifiable ne s’est produite.

Selon Politico, quatre différents réseaux seront activés au Michigan et dans d’autres États le jour du scrutin et après. On y trouvera :

1) Des préposés au scrutin adeptes du « grand mensonge » de Donald Trump sur l’élection présidentielle de 2020 qui sont formés pour contester les votes, en particulier dans les zones à forte concentration de démocrates;

2) Des avocats républicains avec lesquels les préposés au scrutin peuvent communiquer rapidement pour documenter une fraude électorale présumée;

3) Des procureurs de district favorables au Parti républicain qui pourraient intervenir illico pour bloquer le comptage des votes dans certaines circonscriptions;

4) Des loyaux républicains installés au sein des conseils chargés de certifier les élections.

Il s’agit d’une stratégie dont Steve Bannon, ex-conseiller de Donald Trump, a souvent parlé et que Politico documente avec les enregistrements. Je cite un extrait de l’article de Politico, qui évoque les inquiétudes de deux experts électoraux :

« [Ils] ont tous deux déclaré qu’ils voyaient un effet domino susceptible de semer le doute sur l’élection, même en l’absence d’infraction initiale : un préposé au scrutin motivé par des considérations politiques qui s’associe à un avocat local zélé pour perturber le vote, suivi d’une contestation devant le comité de vérification des votes […]. “Vous ne devriez pas avoir des préposés au scrutin qui rapportent aux organisations politiques ce qu’ils voient”, a déclaré M. Hasen. “Cela crée un potentiel de perturbation des bureaux de vote et peut conduire à des retards ou à la privation du droit de vote des électeurs, surtout si [préposés au scrutin] arrivent avec l’attitude que quelque chose est tordu dans la façon dont les élections sont gérées”. »

Dans un des enregistrements obtenus par Politico, un responsable républicain du Michigan dit à des militants intéressés à devenir préposés au scrutin : « En tant que préposé au scrutin, vous avez tellement plus de droits et de choses que vous pouvez faire pour arrêter quelque chose qu’en tant que contestataire d’un bureau de vote. » Il ajoute : « Ce sera une armée. Nous allons avoir plus d’avocats que nous n’en avons jamais recrutés, parce que, soyons honnêtes, c’est là qu’il faudra se battre, n’est-ce pas ? »

Politico a également obtenu des enregistrements où le responsable d’un groupe lié à Rudolph Giuliani parle de recruter dans plusieurs États des procureurs de district pour intervenir « en temps réel » dans des contestations concernant le scrutin.

Le reportage de Politico s’ajoute à celui du New York Times publié plus tôt cette semaine sur l’avocate Cleta Mitchell, qui a déjà joué un rôle dans les efforts du camp Trump pour renverser les résultats du scrutin de 2020. Ces jours-ci, Mitchell mobilise les militants de la base républicaine pour en faire une « armée de citoyens » formés à la surveillance agressive des bureaux de scrutin.

Tout cela n’aura peut-être pas un effet majeur sur le déroulement des élections de mi-mandat. Mais les articles de Politico et du New York Times donnent à entendre que les républicains pourraient de nouveau crier au vol et à la fraude le 8 novembre prochain.

(Photo Getty Images)