Le blogue de Richard Hétu

Le New York Times a publié lundi soir une exclusivité qui a suscité un certain enthousiasme chez ceux qui attendent impatiemment (et peut-être vainement) l’inculpation de républicains de l’administration Trump ou du Congrès pour leur rôle dans l’attaque du Capitole des États-Unis, le 6 janvier 2021. Le journal affirmait que le ministère de la Justice avait demandé à la commission du Congrès chargée d’enquêter sur l’attaque de lui transmettre les transcriptions de témoignages recueillis par ses enquêteurs et membres. C’était la première, pensaient certains, que le ministère et le procureur général des États-Unis, Merrick Garland, ne dorment pas au gaz, comme on dit en bon québécois.

Or, une lecture serrée de cette exclusivité est de nature à tempérer cet enthousiasme. On y apprend notamment que la requête du ministère remonte à près d’un mois et que la commission n’y a pas encore répondu. Pourquoi ? Parce qu’elle ne veut pas céder sans conditions des documents qui lui appartiennent et dont elle ne sait pas ce que le ministère en fera. Et parce qu’elle voudrait peut-être aussi échanger ces documents contre des preuves amassées par le ministère, qui a déjà inculpé plus de 800 personnes de petite ou moindre envergure en lien avec le 6-Janvier.

Pendant ce temps, la commission ne sait toujours pas si elle recommandera ou non au ministère de la Justice de porter des accusations contre Donald Trump ou des membres de son entourage. De son côté, le ministère a élargi récemment son enquête pour tenter de déterminer s’il pourrait lui même porter des accusations de cette nature. Mais rien ne devrait aboutir rapidement sur ce front-là.

Si vous avez l’impression qu’on tourne en rond, vous n’êtes sans doute pas les seuls. Rappelons que les auditions télévisées de la commission doivent commencer le 9 juin et que cette même commission devra remettre un rapport avant la dernière ligne droite de la campagne en vue des élections de mi-mandat, qui sonneront vraisemblablement la fin de son existence, à moins d’une énorme surprise électorale.

Bref, pourquoi se presser ?

(Photo AP)