Le blogue de Richard Hétu

John McCain traitait les lobbyistes d’« oiseaux de proie », ne voulant laisser aucun doute sur le mépris qu’il vouait à cette engeance qui continue à influencer ou à corrompre la politique américaine au profit de leurs riches clients. Il exprimait par ailleurs un dédain aussi profond pour la Russie de Vladimir Poutine, la qualifiant de « station-service qui se fait passer pour un pays ». Or, selon Steve Schmidt, son ancien stratège, il couchait littéralement avec une lobbyiste et employait un autre qui récoltait en même temps des millions de dollars en servant les intérêts de Poutine.

La liaison entre John McCain et la lobbyiste Vicki Iseman avait fait l’objet d’un article du New York Times en février 2008. Le journal notait que les intéressés juraient n’avoir jamais eu de relation amoureuse. Mais pour les conseillers du sénateur républicain d’Arizona, qui tentait alors de remporter l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2008, « même l’apparence d’un lien étroit avec une lobbyiste dont les clients avaient souvent affaire à la commission sénatoriale que M. McCain dirigeait menaçait l’histoire de rédemption et de rectitude qui définissait son identité politique ».

Le lendemain de la publication de cet article, McCain avait tenu une conférence de presse en compagnie de sa femme Cindy. Il avait alors affirmé aux journalistes que Vicki Iseman et lui n’étaient rien d’autre que de bons amis. Aujourd’hui, Steve Schmidt affirme que McCain avait menti de façon éhontée ce jour-là. Dans un texte publié dimanche, l’ex-stratège a même écrit que McCain croyait que sa campagne était finie après les révélations du Times. « Mon gars, j’ai eu une longue relation avec elle », lui a dit le futur adversaire de Barack Obama.

Schmidt était furieux. Il venait d’organiser cette conférence de presse en se fiant aux démentis que lui avaient servis la veille John McCain. N’empêche, après être rentré chez lui en Californie sous le coup de la colère, il est retourné au sein de l’équipe de campagne de McCain, estimant que l’homme, tout compte fait, était plus grand que ses défauts.

Il n’en est plus sûr aujourd’hui. Il rappelle notamment que McCain avait placé à la tête de sa campagne présidentielle de 2008 un lobbyiste, Rick Davis, dont le partenaire d’affaires était nul autre que Paul Manafort. Selon Schmidt, les deux hommes ont récolté des millions de dollars en représentant en Ukraine des oligarques et des politiciens liés à Poutine, dont l’ancien président Viktor Ianoukovytch.

Il rappelle aussi que McCain avait célébré son 70e anniversaire de naissance sur un yacht russe ancré au large de Montenegro avec Davis et l’un de ses clients, l’oligarque Oleg Deripaska.

Steve Schmidt vide son sac après avoir été traité de « pédophile » par Meghan McCain, la fille de John McCain, dont il dit avoir enduré le comportement de « brute » et d’enfant « gâtée, pourrie », pendant 14 ans. L’épithète de « pédophile » semble avoir fait déborder le vase. Est-ce que tout ce qu’a écrit Schmidt sur Twitter ou dans son texte sur les McCain est vrai? J’aurais tendance à répondre par l’affirmative.

(Photo capture d’écran)