Le blogue de Richard Hétu

Le ministère de la Justice américain, qui a fait de la lutte contre le terrorisme intérieur une de ses grandes priorités, a subi un revers retentissant vendredi lorsqu’un jury a acquitté deux des hommes accusés d’avoir fomenté un complot visant à enlever la gouverneure du Michigan Gretchen Whitmer et s’est avéré incapable de rendre un verdict dans le cas de deux autres hommes accusés du même crime. Ce résultat a renforcé au moins une théorie du complot.

Le FBI a employé dans cette affaire une approche qui lui a permis dans le passé d’arrêter et d’accuser de terrorisme de jeunes musulmans aux États-Unis. Des jeunes personnes qui n’auraient peut-être pas évoqué ou planifié une attaque quelconque si elles n’avaient pas été entraînées à le faire et même financées ou armées par des agents ou des informateurs du FBI. Dans certains cas, elles ont été trouvées coupables.

Mais le jury du Michigan n’a pas été convaincu par les preuves présentées par les procureurs fédéraux, qui reposaient sur des enregistrements audio et des textos où les quatre accusés dénonçaient les restrictions sanitaires liées à la COVID-19, parlaient de violence politique et débattaient de la meilleure façon de kidnapper la gouverneur Whitmer. Certains ont même exprimé le souhait que leurs actions déclenchent une guerre civile.

Or, ces mêmes enregistrements et textos semblent avoir servi la thèse des avocats de la défense selon laquelle le complot allégué a été conçu et mis en place par un réseau d’agents et d’informateurs du FBI qui se sont attaqués aux pires instincts de leurs cibles bavardes. Autrement dit, selon les avocats de la défense, les accusés étaient des grands parleurs et des petits faiseurs qui n’avaient aucune intention de passer à l’action.

Les agents du FBI ont eux-mêmes nui à la cause des procureurs fédéraux. L’un d’eux a été congédié l’an dernier après avoir été accusé de violence conjugale. Un autre a tenté de fonder une société de sécurité privée dont les services recoupaient son travail pour le FBI.

Des experts ont notamment reproché au FBI d’avoir procédé trop rapidement à l’arrestation des extrémistes, qui ne s’étaient même pas entendus sur une date pour réaliser leur projet allégué.

Après le verdict d’hier, Jack Posobiec, un des promoteurs du PizzaGate, s’est empressé de publier sur Twitter cette « information » : « Le chef du FBI de Détroit pendant le faux complot (visant) Whitmer a été transféré au bureau du District de Columbia avant le 6 janvier. » Comme d’autres complotistes, Prosobiec voudrait faire croire que l’attaque du 6 janvier 2021 contre le Capitole était une opération du FBI. Son gazouillis a été retweeté par la représentante républicaine de Géorgie Marjorie Taylor Greene, entre autres.

(Photo AP)