Le blogue de Richard Hétu

Lors du procès qui a mené en novembre dernier à la condamnation de trois hommes blancs pour le meurtre d’un joggeur noir en Géorgie, la dimension raciale avait été à peine effleurée par les procureurs de cet État du Sud, qui ne semblaient pas vouloir se mettre à dos un jury composé de 11 Blancs et d’un seul Noir. Il n’en est pas de même pour le procès qui s’est ouvert devant un tribunal fédéral, où les trois mêmes hommes sont maintenant accusés d’avoir violé les droits civiques d’Ahmaud Arbery en commettant un « crime haineux ».

Si l’on peut se douter qu’Ahmaud Arbery serait probablement encore vivant aujourd’hui s’il avait eu la peau blanche, ce deuxième procès semble lever toutes les interrogations. Travis McMichael, l’homme qui a ouvert le feu sur Arbery, avait déjà évoqué dans des communications passées son désir de tuer des Noirs. Il avait par ailleurs précisé dans un message écrit qu’il aimait son boulot parce qu’« aucun nègre ne travaille avec moi ».

Le mot en n revient souvent dans ses communications, tout comme les mots « singes » et « sous-humains » pour désigner les Noirs.

« Nous avions l’habitude de nous promener en commettant des crimes haineux toute la journée », a-t-il écrit dans un autre échange de textos quelques mois avant la fusillade.

Un autre des accusés a confié dans un texto qu’il n’aimait que sa fille fréquente un Noir et ne voulait pas d’un « n—ger » comme gendre. Un autre encore a déclaré que les « esclaves irlandais blancs avaient été plus mal traités que toutes les autres races aux États-Unis ».

« Quand donc entendez-vous un Irlandais se plaindre qu’on lui doit quelque chose », a-t-il ajouté

Le jury de ce procès est composé de huit personnes blanches, trois noires et une hispanique. Les procureurs fédéraux ne peuvent se contenter de démontrer que les accusés sont des racistes. Ils doivent prouver que leurs préjugés envers les Noirs les ont conduits à tuer Arbery en février 2020.

Le Noir de 25 ans faisait du jogging dans un quartier résidentiel blanc d’une municipalité du sud-est de la Géorgie quand Travis McMichael, son père Greg et un voisin, William Bryan se sont mis à sa poursuite dans deux véhicules. Lors de leur premier procès, les trois hommes ont déclaré qu’Arbery avait été aperçu sur le chantier d’une maison en construction et qu’il le soupçonnait d’être un voleur.

Dans les messages présentés aux jurés ce mercredi, Travis McMichael associe souvent les Noirs à la criminalité et prône à leur endroit une justice primaire. « Je dis : “Abattons-les” », a-t-il écrit dans un message en réaction à une vidéo montrant des jeunes, Noirs pour la plupart, en train de tabasser un adolescent blanc.

Les trois hommes sont passibles d’une peine de prison à vie, condamnation qu’ils ont déjà reçue dans leur premier procès.

(Photos AP)