Le blogue de Richard Hétu

Dans les jours qui ont précédé et suivi l’élection présidentielle de novembre 2020, le général Mark Milley, chef d’état-major de l’armée des États-Unis, a contacté son vis-à-vis chinois à l’insu de Donald Trump pour le rassurer que les États-Unis, malgré les tensions en mer de Chine et l’attitude belliqueuse du président américain, ne lanceraient pas une attaque contre la Chine. Il a même dit à son interlocuteur qu’il l’avertirait à l’avance si, d’aventure, les États-Unis finissaient par passer à l’action.

« Général Li, vous et moi nous connaissons depuis maintenant cinq ans. Si nous devons attaquer, je vous appellerai à l’avance. Ce ne sera pas une surprise », a dit le général américain à son homologue chinois lors d’un des appels dont font état les journalistes Bob Woodward et Robert Costa dans Peril, un livre qui paraîtra mardi prochain.

Le Washington Post et le New York Times publient des articles ici et ici à propos du bouquin. CNN relate de son côté une conversation entre le général Milley et la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi au cours de laquelle celle-ci a cherché à obtenir l’assurance que l’arsenal nucléaire des États-Unis était en sécurité et que Donald Trump ne pourrait s’en servir après le 6 janvier.

« Ce que je veux dire, c’est que s’ils n’ont même pas pu l’empêcher d’attaquer le Capitole, qui sait ce qu’il pourrait faire d’autre », a déclaré Pelosi à Milley selon la transcription de la conversation obtenue par les auteurs. « Et y a-t-il un responsable à la Maison-Blanche qui ne faisait rien d’autre que de lui lécher le cul pendant tout ce temps? Vous savez qu’il est fou. Il est fou depuis longtemps. »

Selon Woodward et Costa, Milley a répondu : « Madame la Présidente, je suis d’accord avec vous sur tout. »

Sur Twitter, des conservateurs ont aussitôt accusé le général Milley de trahison, notamment pour ses appels à la Chine, qui ont eu lieu quatre jours avant l’élection du 3 novembre dernier et deux jours après l’assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump.

Autre révélation de Woodward et Costa : contrairement à ce qu’on a pu croire, Mike Pence a cherché une façon de repousser la certification des résultats de l’élection présidentielle au-delà du 6 janvier. Il était même ouvert à l’idée de contester les résultats d’Arizona. Il a demandé conseil sur ces questions auprès de l’ancien vice-président Dan Quayle, qui vient comme lui de l’Indiana. Ce dernier lui a dit qu’il n’avait aucune marge de manoeuvre.

« Mike, tu n’as aucune flexibilité sur ce point. Aucune. Zéro. Oublie ça », a déclaré l’ancien vice-président de George Bush père, selon les auteurs de Peril.

Le livre s’intéresse aussi à Joe Biden. Selon ses auteurs, le président n’a pas caché son exaspération à l’endroit du sénateur démocrate de Virgine-Occidental Joe Manchin, qui a failli saborder son plan de relance économique de 1 900 milliards de dollars au début de son mandat. Il lui aurait dit, dans la langue de Shakespeare : « If you don’t come along, you’re really fucking me. »

On peut imaginer ce que Biden redira à Manchin s’il refait le coup pour son plan de 3 500 milliards de dollars…

(Photo Getty Images)