Le blogue de Richard Hétu

Un peu plus de 5,5 millions d’électeurs sont appelés aux urnes ce mardi pour participer aux primaires démocrate et républicaine en vue de l’élection à la mairie de New York en novembre prochain. Tout le monde s’accorde pour dire que le gagnant de la primaire démocrate succédera à Bill de Blasio, qui ne peut solliciter un troisième mandat. Aussi est-il intéressant de noter que le New York Post, quotidien conservateur pro-républicain, place tous ses espoirs dans un candidat démocrate, Eric Adams, président de l’arrondissement de Brooklyn, ex-capitaine du NYPD et meneur dans les sondages.

Il faut dire que le Post a porté une très grande attention au cours de la dernière années aux questions liées à la criminalité et à la «qualité de vie» à New York. Et il se trouve qu’Eric Adams est le candidat qui a placé ces questions importantes au coeur de sa campagne. Le fait qu’il ait été membre du Parti républicain sous les maires Rudolph Giuliani et Michael Bloomberg, élus sous la bannière du Grand Old Party, n’a pas dû lui nuire auprès des responsables du journal de Rupert Murdoch.

Mais il y a aussi chez Eric Adams des zones d’ombre qui ne sont pas sans rappeler un autre New-Yorkais qui a été élu à un poste important après avoir reçu le soutien du New York Post. Celui qui pourrait devenir le deuxième maire noir de New York après David Dinkins a fini la campagne en affirmant qu’un de ses rivaux, Andrew Yang, est «un menteur et un fraudeur». Or, les médias de New York, dont l’hebdomadaire New York, ont mis en cause sa propre probité et transparence dans des reportages peu rassurants.

Ainsi, la chroniqueuse du New York Times Michelle Goldberg résume sans doute l’état d’esprit d’un certain nombre d’électeurs démocrates en cette journée électorale où les plus sérieux rivaux d’Adams sont Kathryn Garcia, Maya Wiley et Andrew Yang : «Une administration Adams serait probablement assez terrible. Il a un penchant pour la malhonnêteté et la démagogie, et les deux ont été pleinement affichés quand il a accusé Yang et Kathryn Garcia de racisme parce qu’ils ont eu la témérité d’unir leurs forces contre lui. […]

«À l’aube d’une élection qui déterminera l’avenir du New York post-COVID, on a l’impression de se diriger vers une catastrophe. Les deux hommes en lice sont, pour des raisons différentes, inadaptés à la fonction. New York ne peut pas se permettre un leader qui ne sait pas comment faire le travail. Elle ne peut pas se permettre non plus d’avoir un maire qui, comme l’a rapporté le Times, a repoussé à plusieurs reprises ‟les limites des lois sur le financement des campagnes et l’éthique”, et qui pourrait passer quatre ans embourbé dans les scandales, en utilisant la question raciale pour détourner toutes les critiques. Parmi les principaux candidats, notre seul espoir réside dans les femmes, Garcia et Maya Wiley.»

Évidemment, ce ne serait pas la première fois que l’électorat tourne le dos à une femme compétente pour voter en faveur d’un candidat accusé de malhonnêteté et de démagogie.